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SCENE I.

HARPAGON, CLEANTE, ELISE, VALÈRE, DAME CLAUDE, tenant un balai; MAÎTRE JACQUES, LA MERLUCHE, BRINDAVOINE.

ALLONS,

HARPAGON.

venez çà tous, que je vous distribue mes ordres pour tantôt, et règle à chacun son emploi. Approchez, dame Claude; commençons par vous. Bon, vous voilà les armes à la main. Je vous commets au soin

de nettoyer partout; et surtout, prenez garde de frotter les meubles trop fort, de peur de les user. Outre cela, je vous constitue pendant le souper au gouverne ment des bouteilles; et, s'il s'en, écarte quelqu'une, et qu'il se casse quelque chose, je m'en prendrai à vous, et le rabattrai sur vos gages.

MAITRE JACQUE, à part.

Châtiment politique!

HARPAGON, à dame Claude.

Allez.

SCÈNE II.

HARPAGON, CLÉANTE, ÉLISE, VALÈRE, MAITRE, JACQUES, BRINDAVOINE, LA MERLUCHE.

HARPAGON.

Vous, Brindavoine, et vous, La Merluche, je vous établis dans la charge de rincer les verres, et de donner à boire, mais seulement lorsque l'on aura soif, et non pas selon la coutume de certains impertinens de laquais qui viennent provoquer les gens, et les faire aviser de boire forsqu'on n'y songe pas. Attendez qu'on vous en demande plus d'une fois, et vous resouvenez de porter toujours beaucoup d'eau.

MAITRE JAQUES, à part.

Oui, le vin pur monte à la tête.

LA MERLUCHE.

Quitterons-nous nos sovquenilles, monsieur ?

HARPAGON.

Oui, quand vous verrez venir les personnes; et gardez bien de gåter vos habits.

BRINDAVOINE.

Vous savez bien, monsieur, qu'un des devans de mon pourpoint est couvert d'une grand tache de l'huile de la lampe.

LA MEELUCHE.

Et moi, monsieur, que j'ai mon haut-de-chausses tout troué par derrière, et qu'on me voit, révérence parler...

HARPAGON. à La Merluche.

Paix ; rangez cela adroitement du côté de la mu→ raille, et présentez toujours le devant au monde. ( A Brindavoine, en lui montrant comme il doit mettre son chapeau au devant de son pourpoint pour cacher la tache d'huile.)

Et vous, tenez toujours votre chapeau ainsi, lorsque vous servirez.

SCENE III.

HARFAGON, CLÉANTE, ÉLISE, VALÈRE MAÎTRE JACQUES.

HARPAGON.

Pour vous, ma fille, vous aurez l'oeil sur ce que l'on desservira, et prendrez garde qu'il ne s'en fasse aucun dégât. Cela sied bien aux filles. Mais cependant prépa◄. parez-vous à bien recevoir ma maîtresse, qui vous doit venir visiter, et vous mener avec elle à la foire. Entendez-vous ce que je vous dis?

• ÉLISE.

Oui, mon père.

SCENE IV.

HARPAGON, CLÉANTE, VALÈRE, MAITRE

JACQUES.

HARPAGON,

Er vous, mon fils le damoiseau, à qui j'ai la bonté de pardonner l'histoire de tantôt, ne vous allez pas aviser non plus de lui faire mauvais visage.

CLÉANTE.

Moi, mon père ? mauvais visage ? Et par quelle

raison?

HARPAGON.

con

Mon dieu nous savons le train des enfans dont les pères se remarient, et de quel œil ils ont tume de regarder ce qu'on appelle belle-mère. Mais si vous souhaitez que je perde le souvenir de votre dernière fredaine, je vous recommande sur-tout de régaler d'un bon visage cette personne-là, et de lui faire enfin tout le meilleur accueil qu'il vous sera possible.

CLEANTE.

A vous dire le vrai, mon père, je ne puis pas vous promettre d'être bien aise qu'elle devienne ma bellemère; je mentirois si je vous le disois; mais pour ce qui est de la bien recevoir, et de lui faire bon visage, je vous promets de vous obéir ponctuellement sur ce chapitre.

HARPAGON.

Prenez-y garde, au moins.

CLEANTE.

Vous verrez que vous n'aurez pas sujet de vous en

plaindre.

HARPAGON.

Vous ferez sagement.

SCENE V.

HARPAGON, VALÈRE, MAITRE JACQUES.

HARPAGON.

VALERE, aide-moi à ceci. Oh ça ! maître Jacques, approchez-vous; je vous ai gardé pour le dernier.

MAITRE JACQUES.

Est-ce à votre cocher, monsieur, ou bien à votre cuisinier, que vous voulez parler ? car je suis l'un et l'autre.

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Attendez donc, s'il vous plaît.

(Mattre Jacques ôte sa casaque de cocher, et paroit

vétu en cuisinier.)

Tome V.

Bb

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