SCÈNE IV. HARPAGON, ANSELME, ÉLISE, MARIANE, CLEANTE, VALÈRE, FROSINE, LE COMM. JACQUES, LA FLÈCHE. MISSAIRE CLÉANTE. NE vous tourmentez point, mon père, et n'accusez personne. J'ai découvert des nouvelles de votre affaire; et je viens ici pour Vous dire que, si vous voulez vous résoudre à me laisser épouser Mariane votre argent Ne vous en mettez point en peine, il est en lieu dont je réponds, et tout ne dépend que de moi : c'est à vous de me dire à quoi vous vous déterminez; et vous pouvez choisir, ou de me donner Mariane, ou de perdre votre casselte. HARPAGON. N'en a-t-on rien ôté ? CLEANTE. Ri en du tout. Voyez si c'est votre dessein de souscrire à ce mariage, et de joindre votre consentementà celui de sa mère, qui lui laisse la liberté de faire un choix entre nous deux. Mais vous ne savez pas que ce n'est pas assez que ce consentement, et que le ciel, (montrant Valère.) avec un frère que vous voyez, vient de me rendre un père ( montrant Anselme,) dont vous avez à m'obtenir. ANSELME. Le ciel, mes enfans, ne me redonne point à vous pour être contraire à vos voeux. Seigneur Harpagon, vous jugez bien que le choix d'une jeune personne tombera sur le fils plutôt que sur le père. Allons, ne vous faites point dire ce qu'il n'est pas nécessaire d'entendre; el consentez, ainsi que moi, à ce double hyménée. HARPAGON. Il faut, pour me donner conseil, que je voie ma cassette. CLEANTE. Vous la verrez saine et entière. HARPAGON. Je n'ai point d'argent à donner en mariage à mes enfans. ANSELME. Hé bien, j'en ai pour eux; que cela ne vous inquiète point. HARPAGON. Vous obligerez-vous à faire tous les frais de ces deux mariages? ANSELME. Oui, je m'y oblige. Êtes-vous satisfait? HARPAGON. Oui, pourvu que pour les noces vous me fassiez faire un habit. ANSELME. D'accord. Allons jouir de l'allégresse que cet heureux, jour nous présente. LE COMMISSAIRE. Holà, messieurs, holà. Tout doucement, s'il vous plaît. Qui me paiera mes écritures? HARPAGON. Nous n'avons que faire de vos écritures. LE COMMISSAIRE. Oui ; mais je ne prétends pas, moi, les voir faites 'pour rien. Pour votre paiement, voilà un homme que je vous donne à pendre. MAITRE JACQUES. Hélas! comment faut-il donc faire? On me donne des coups de baton pour dire vrai, et on me veut pendre pour mentir. ANSELME. Seigneur Harpagon, il faut lui pardonner cette imposture. HARPAGON. Vous paierez donc le commissaire? ANSELME. Soit. Allons vite faire part de notre joie à votre mère. HARPAGON. Et moi, voir ma chère cassette. FIN DU TOME CINQUIÈME. GEORGE DANDIN, comédie. INTERMEDES DE GEORGE Dandin, 113 . 199 L'AVARE, comédie. Fin de la Table du cinquième volume. 217 |