Que l'objet de nos maux! Dans l'oisive langueur de nos douleurs extrêmes Cessons de nous plonger; Allons rendre l'honneur et les devoirs suprêmes Pasteurs, rassemblez-vous, dépouillez vos guirlandes Paraissez, apportez de funèbres offrandes, Marchez sans chalumeaux; renversez vos houlettes, Sur ces autels, jonchés de pâles violettes, Élevez le tombeau du berger que je chante Et, pour éterniser sa mémoire touchante, «Sous ce froid monument le beau Daphnis repose: Il n'a presque vécu que l'âge d'une rose; << Il était le pasteur d'un aimable troupeau, сс « Lui-même était encor plus aimable et plus beau. «Bergères, qui passez dans ce bocage sombre, «Donnez des larmes à son ombre, MÉNALQUE. Votre chant m'a charmé; cette tendre peinture Quand pour se rafraîchir il trouve une onde claire, Mais il faut pour Daphnis que je chante à mon tour: Je ne mets point sa perte au rang de nos désastres; Du beau Daphnis chantez la gloire: Contempler sans nuit et sans voiles La marche et les clartés des célestes flambeaux : Les tonnerres et les orages, Et les mondes divers, et l'empire des eaux. Revenez, Jeux, Plaisirs, Naïades, Flore, Cérès, Amours, Dryades; Que tout au dieu Daphnis applaudisse en ces lieux ; Qu'il soit chanté sur la musette, Qu'une foule d'échos répète : Daphnis n'est plus mortel, il est au rang des dieux! A notre bonheur tout conspire, Dans les mêmes vallons bondissent réunis. De belles nuits, des chants fertiles: Les mêmes dons, le même hommage Que reçoivent de nous les premiers immortels; J'irai verser à pleine coupe Et le lait et le vin sur tes nouveaux autels; Échauffés d'une douce ivresse, Nous te célébrerons à l'ombre des ormeaux; Les bergers unis aux bergères Et mariront leurs voix au son des chalumeaux. Tant que l'abeille au sein de Flore A celles du dieu des vendanges, MOPSUS. J'ai souvent entendu l'agréable murmure Mon amitié, berger, préviendra vos présents: Il est d'un bois choisi, d'un son doux et facile; Les fêtes des bergers, leurs amours, leurs combats. MOPSUS. Nul don ne m'est plus cher qu'une telle musette: Sur son airain brillant nos chiffres sont tracés; NOTES. La mort d'un Frère de Virgile, nommé Flaccus Maro, et représenté sous le nom de Daphnis, fait le sujet de ce poëme. Mopsus, élève du poète, pleure Daphnis: Virgile, sous le nom de Méualque, en fait l'apothéose. |