Fais naître de nouveaux Orphées; Dès que dans nos vertes prairies Alors les Muses unanimes S'il n'avait les yeux de l'Amour. IS. A. S. monseigneur le prince de Condé. ODE II. SUR L'AMOUR DE LA PATRIE. DANS cet asile solitaire Suis-moi, viens charmer ma langueur, Muse, unique dépositaire Des ennuis secrets de mon cœur. Aux ris, aux jeux, quand tout conspire, Pour n'exprimer que des regrets: En vain sur cette aimable rive En vain Cérès, long-temps captive, Sur des bords plus beaux à mes yeux. Loin du séjour que je regrette En a marqué tous les instants; Me retrace l'éloignement. Faut-il qu'un souvenir que j'aime, Mais que dis-je ? forçant l'obstacle La douce erreur qui me ramène Vers les objets de mes soupirs Est le seul plaisir qui me reste D'un bien qui manque à mes désirs. Soit instinct, soit reconnaissance, Transplantez ces peuples sauvages, Sans ce penchant qui nous domine Par un invisible ressort, Le laboureur en sa chaumine Vivrait-il content de son sort? Hélas! au foyer de ses pères, Triste héritier de leurs misères, Que pourrait-il trouver d'attraits, Si la naissance et l'habitude Ne lui rendaient sa solitude Souvent la fortune, un caprice, Mais sous quelque beau ciel qu'on erre, D'où le ciel nous paraît plus beau : Cette estime de la patrie Suit l'homme au-delà du tombeau. Oui, dans sa course déplorée S'il succombe au dernier sommeil La terre serait moins légère Ainsi, par le jaloux Auguste |