Il faut pouvoir chanter les Césars et les dieux; M OER IS. Des chansons de Ménalque écoutez quelques vers; Des grottes d'Amphitrite, De l'alcyon tranquille Sous ces ombres nouvelles Tout conspire aux beaux jours; A rentrer dans nos bois. LYCIDAS. Un soir, dans ces vallons, sur des tons plus sublimes, MOE RIS. Desastres trop connus n'observons plus les routes; « L'ame du grand César, astre plus radieux, Répand ses feux brillants sur les célestes voûtes, Et la fécondité sur ces aimables lieux. Sous l'aspect bienfaisant de ce signe propice « Nos coteaux s'orneront de raisins plus nombreux, Et les arbres plantés sous son fertile auspice, << Auront encor des fruits pour nos derniers neveux.>> Pardonnez, je ne puis rien chanter davantage; Ma mémoire s'éteint, tout s'éteint avec l'âge : in. I I J Je savais assez d'airs pour chanter tout le jour; Non, je n'ai plus de voix comme dans ma jeunesse; Mais LYCIDA S. Non, Moris, c'est de vous que je veux les entendre; Des bergers pour l'orner dépouillent un ormeau : Cédez-moi ce fardeau, chantez même en marchant; MOERIS. Cessez de m'arrêter, arrivons à la ville Avant que le soleil s'ouvre l'onde tranquille; Il va finir sa course, et son char plus penchant NOTES. Cette églogue nous rappelle la première. Le père de Virgile ne put long-temps jouir en repos du bienfait de César, ni du privilége dont il est parlé dans le Tityre. Il fut chassé de sa terre par Arius, officier des légions de Marc-Antoine. Sous le nom de Maris, il raconte ici son infortune au berger Lycidas, tandis que Virgile son fils, parti pour Rome, est allé porter sa plainte à ses protecteurs sur cette nouvelle violence. Quel sujet, cher Maris, vous conduit à la ville? Mantoue. Par votre fils Ménalque au dieu de Rome offerts. Virgile. Sont un essai de ceux qu'il fera pour Varus. C'est le même dont il est parlé dans la sixième églogue. Si vous étiez, hélas! moins voisins de Crémone. Après la victoire remportée sur Cassius et Brutus, les triumvirs distribuèrent à leurs soldats les territoires des villes qui avaient suivi le parti des meurtriers de Jules-César : Crémone était de ce nombre; ses campagnes ne suffisant pas, on étendit le partage des terres jusqu'aux villes voisines, à celles même qui n'étaient point coupables; Mantoue en souffrit, quoiqu'elle n'eût point armé contre le triumvirat. « L'ame du grand César, astre plus radieux... » Après la mort de Jules-César une comète parut au ciel; le peuple crédule la prit pour l'ame de César. Déjà de Bianor j'aperçois le tombeau. Le fondateur de Mantoue. Cédez-moi ce fardeau, chantez même en marchant. Les chevreaux dont Mœris a parlé. |