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110.5.1912

ODE PREMIÈRE.

AU ROI,

SUR LA GUERRE.

1733.

AINSI les héros de Solime
Respectaient le sang des humains;
Ainsi, pour désarmer le crime,
Ils n'armaient qu'à regret leurs mains:
A l'ombre des sacrés portiques,
Rois citoyens, rois pacifiques,
Ils fuyaient les champs du trépas;
L'ordre exprès du Dieu des batailles
A de sanglantes funérailles
Pouvait seul conduire leurs pas.

Toujours l'ange de la victoire
Précédait leurs fiers bataillons,
Toujours les ailes de la gloire
Reposaient sur leurs pavillons:
Tels sont les exploits et les fêtes
Que l'aurore de tes conquêtes,
Grand roi, présage en tes beaux jours;
Des princes l'honneur de son temple
Le ciel te voit suivre l'exemple,
Il te doit les mêmes secours.

Combattre et vaincre sans justice,
De tous les rois être ennemi,
C'est n'être héros par caprice,

C'est être héros qu'à demi :
Loin de nous ces vainqueurs bizarres
Qui de leurs sujets, rois barbares,
Méprisent les cris douloureux!
Loin cette gloire trop funèbre
Qui pour les jeux d'un fou célèbre,
Fait un peuple de malheureux!

La France, exempte de ces craintes,
Souscrit aux vœux de ta vertu;

Ses palmes ne seront point teintes

D'un sang à regret répandu:
Instruite que tu dois tes armes

Au sort du monde, à ses alarmes,
Aux égards d'un auguste amour,
Sa fidélité s'intéresse

A cette héroïque tendresse

Qui forge ton glaive en ce jour.

Moins sensible aux conquêtes vastes
Qu'à l'heureux sort de tes sujets,
Tu faisais écrire tes fastes

Par la main seule de la Paix ;
Mais le Souverain des armées
Veut que tes mains plus renommées
De lauriers chargent ses autels.
Prends la foudre, et montre à la terre
Que ton cœur n'épargnait la guerre
Que pour épargner les mortels.

Quels plus équitables trophées
Que ceux que va dresser ton bras
Sur les discordes étouffées 1,
Sur un reste de cœurs ingrats!

I La Pologne.

En vain l'envie, au pas oblique,
D'une suprême république
Vient tenter la fidélité,

Et lui porte d'indignes chaînes
Sous les apparences trop vaines
De secourir sa liberté :

Tu ne parais dans la carrière
Que pour dissiper ces complots,
Et lever l'injuste barrière
Qui ferme un trône à son héros:
Secondé par d'heureux ministres,
Tu brises ces trames sinistres.
Qu'il règne, ce roi vertueux!
Sa gloire était moins bien fondée,
Et sa vertu moins décidée,
S'il n'avait été malheureux.

Tel qu'après l'éclipse légère
De son empire étincelant
Du sein de l'ombre passagère
L'astre du jour sort plus brillant;
Tel, vers les régions de l'Ourse
Stanislas reprenant sa course
Éclate enfin dans tout son jour:

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