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Noms immortels, sacré séjour,

Sur votre rive fortunée

Apollon ramène sa cour.

De n'entendre plus vos Orphées, Dieux de ces bords, consolez-vous; Un favori des doctes Fées

Dans lui seul vous les rendra tous.

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ODE IV.

A MONSEIGNEUR

L'ARCHEVÊQUE DE TOURS.

Loin de moi, Déités frivoles,
Que la fable invoque en ses vers!
Muses, Phébus, vaines idoles,
Ne profanez point mes concerts!
Vérité, consacre mes rimes:
Sur tes autels, seuls légitimes,
On verra fumer mon encens;
Fille du ciel, Vérité sainte,
Descends de la céleste enceinte,
Pèse à ton poids mes purs accents.

Les vertus, et non pas la mitre,
Font la grandeur des vrais prélats:

C'est peu d'en porter le beau titre,
Si les mœurs ne l'annoncent pas,
Si la fastueuse indolence,

Fille de l'oisive opulence,
Occupe ces trônes sacrés

Où l'humble foi, mère du zèle,
Plaça dans un temps plus fidèle
Des pontifes plus révérés.

A cet auguste caractère

Un grand cœur répond autrement:
Il n'est le chef du sanctuaire
Que pour en être l'ornement;
Pour éclairer la multitude
Il puise dans l'active étude
Des immortelles vérités

Cet esprit, ces traits de lumière,
Dont sur une contrée entière
Il doit réfléchir les clartés.

Tels furent, dans l'Église antique,
Digne du Pontife immortel,
Ces pasteurs d'un zèle héroïque,
Dont la cendre vit sur l'autel:
Assidus habitants des temples,

Ils y brillaient par leurs exemples
Plus que par un faste odieux;
Et leur humilité profonde

Leur assurait l'encens du monde,
Et les premiers trônes des cieux.

Oh! qui te rendra ces oracles,
Église, immuable Sion?

Ne verras-tu plus leurs miracles
Sur ta fidèle nation?

Comme une veuve infortunée,
A tes malheurs abandonnée,
Languiras-tu sans défenseur?
Mais à tort j'en forme le doute,
Ils vivent; l'enfer les redoute
Dans plus d'un digne successeur.

D'un héritier de leur grande ame
Rastignac t'offre tous les traits;
Rempli du même esprit de flamme,
Il tient les mêmes intérêts:
Peuple, spectateur de sa gloire,
Parle, retrace la mémoire

De ces jours de sacrés travaux,
Où, dans une noble fatigue,

De soi-même on le voit prodigue,

En père, en apôtre, en héros.

Tout vit heureux sous son empire;
L'équité prononce ses lois,
Sur son front la douceur respire,
La bonté parle par sa voix;
Du pauvre il prévient la misère,
Dans lui l'orphelin trouve un père,
L'innocence y trouve un appui ;
Il protége l'humble mérite;
Et la vertu, souvent proscrite,
Triomphe toujours devant lui.

Il sait la rendre aimable à l'homme,
Et la parer d'attraits vainqueurs,
Quand il veut, nouveau Chrysostome,
Instruire et réformer les cœurs :
Son éloquence fructueuse,
Par sa force majestueuse,
Maîtrise et force les esprits:
Promenant les graces dociles
Sur les terres les plus stériles,
Il en forme les champs fleuris.

Au goût des sciences sublimes

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