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Dans les célestes tabernacles
Transmis des portes du trépas,*
Touchez, changez, par vos miracles,
Ceux qui n'en reconnaissent pas;
Que Dieu, par des lois glorieuses,
Change en palmes victorieuses
Les cyprès de vos saints tombeaux,
Et que vos cendres illustrées,
De la foi, morte en nos contrées,
Viennent rallumer les flambeaux!

Fiers conquérants, héros profanes,
Pendant vos jours dieux adorés,
Que peuvent vos coupables mânes?
Vos sépulcres sont ignorés:
Par le noir abîme engloutie, ́
Votre puissance anéantie
N'a pu survivre à votre sort;.
Tandis que, de leur sépulture,
Les saints régissent la nature
Et brisent les traits de la mort.

Tout change. Des divins cantiques Je n'entends plus les sons pompeux; Le ciel me voile ses portiques"

Dans un nuage lumineux.

Tout a disparu comme un songe:
Mais ce n'est point un vain mensonge
Qui trompe mes sens éblouis;

Rome a parlé; tout doit l'en croire:
Son oracle a marqué la gloire
De Stanislas et de Louis.

Peuples, dans des fêtes constantes
Renouvelez un si beau jour;
Prenez vos lyres éclatantes,
Chantres saints du céleste amour;
Répétez les chants de louanges
Que l'unanime voix des anges
Consacre aux nouveaux immortels;
Et que, sous ces voûtes sacrées,
De fleurs leurs images parées
Prennent place sur nos autels.

Jeunes cœurs, troupe aimable et tendre, Formez un nuage d'encens;

Deux jeunes saints ont droit d'attendre Vos hommages reconnaissants:

A leur héroïque courage

L'univers a vu que votre âge,

Capable d'illustres travaux, Peut aux enfers livrer la guerre, Être l'exemple de la terre,

Et donner au ciel des héros.

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ODE VI.

A UNE DAME,

Sur la mort de sa fille, religieuse à A***.

UNE douleur obstinée

Change en nuits vos plus beaux jours;
Près d'un tombeau prosternée,
Voulez-vous pleurer toujours?
Le chagrin qui vous dévore
Chaque jour avant l'aurore
Réveille vos soins amers;
La nuit vient et trouve encore
Vos yeux aux larmes ouverts.

Trop justement attendrie,
Vous avez dû pour un temps
Plaindre une fille chérie

Moissonnée en son printemps;
Dans ces premières alarmes
La plainte même a des charmes

Dont un beau cœur est jaloux ;
Loin de condamner vos larmes,
J'en répandais avec vous.

Mais c'est être trop constante
Dans de mortels déplaisirs;

La nature se contente

D'un mois entier de soupirs:
Hélas! un chagrin si tendre
Sera-t-il su de ta cendre,

Ombre encor chère à nos cœurs ?

Non, tu ne peux nous entendre,
Ni répondre à nos clameurs.

La plainte la plus amère
N'attendrit pas le destin;
Malgré les cris d'une mère,
La mort retient son butin;
Avide de funérailles,

Ce monstre, né sans entrailles,
Sans cesse armé de flambeaux,
Erre autour de nos murailles,
Et nous creuse des tombeaux.

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