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ODE IX.

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SUR LA CONVALESCENCE

DU ROI.

COMPAGNE des Bourbons, brillante Renommée, Toi qui viens annoncer la gloire de mon roi, Souffre, dans ce beau jour, qu'à la France charmée Je l'annonce avec toi.

Tous mes vœux sont remplis, tu m'ouvres la barrière;
Ta lumière immortelle a pénétré mes sens,

Et des cieux, avec toi, je franchis la carrière
Sur les ailes des vents.

Des rives de la Seine aux campagnes de l'Ebre,
Des Alpes à l'Escaut, et du Rhin aux deux mers,
Je vois ces champs heureux, cet empire célèbre,
L'honneur de l'univers.

Tu parles; je les vois ces fidèles provinces
S'attendrir, s'embellir à son brillant récit;

Par-tout du plus grand roi, du plus chéri des princes
L'heureux nom retentit.

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«Qu'il règne ! que tout cède à la présence auguste

« D'un roi forcé de vaincre, et d'instruire les temps

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«

Au char des conquérants!

Moins sensible au renom que lui fait la victoire, « Qu'au repos des humains, au bien de ses sujets, «Du destin des vainqueurs il ne veut que la gloire « D'arbitre de la paix.

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« Qu'il vive! que son règne et célèbre et paisible Passe l'âge et l'éclat des règnes les plus beaux, « Ainsi que sa sagesse et son cœur né sensible

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A ces vœux redoublés, que cent concerts secondent,
Le vaste sein des airs répond de toutes parts,
Et du fond des forêts les cavernes répondent
A l'airain des remparts.

Quel pompeux appareil et de jeux et de fêtes!

Les arts, peuple brillant, servent tous tes désirs;
Ta vaillance commande au destin des conquêtes',
Et ton goût aux plaisirs.

Ociel!quel changement! Nymphe immortelle, arrête!
Quel coup de foudre annonce un orage imprévu !
Tes rayons sont éteints; tout cède à la tempête :
Le jour a disparu.

Aux acclamations des fêtes renaissantes
Quel silence profond fait succéder l'horreur!
Il cesse; le tumulte et des voix gémissantes
Redoublent la terreur.

Quelque fléau subit frappe-t-il la patrie?
Le cri de sa douleur s'élève dans les airs,
Tel qu'il part d'un vaisseau que les vents en furie
Vont plonger dans les mers.

Une faible lueur a percé les ténèbres :

Quel spectacle! quel deuil, citoyens et guerriers! Tout gémit, tout frissonne, et des ombres funèbres Entourent nos lauriers.

Quel sombre égarement! où court ce peuple en larmes? Que vois-je! un tombeau s'ouvre ; ô douleur! je frémis.

Quel tombeau ! je succombe aux plus vives alarmes; Il est près de Louis.

Ciel! peux-tu l'ordonner! eh! quels sont donc les crimes D'un peuple humain, fidèle aux vertus comme aux lois, Pour frapper d'un seul coup cet amas de victimes Qui t'adresse sa voix?

Occupé de Louis plus que du diadème,

L'État n'offre à mes yeux qu'une famille en pleurs Près d'un père expirant, qu'on pleure pour lui-même Du plus profond des cœurs.

De l'empire des lis tutélaire génie,

Viens, suspends tes lauriers, fruit d'un temps plus

serein:

Un siècle de succès nous est moins que la vie

Du plus cher souverain.

Tu veillais sur ses jours quand son ardeur guerrière
Sous les foudres de Mars l'exposait en soldat;
Sauve ces mêmes jours, le trésor, la lumière
Et l'ame de l'État.

O bonheur ! quelle aurore a dissipé les ombres?

L'espérance descend vers ce peuple abattu;

Le plus beau jour succède aux voiles les plus sombres: Louis nous est rendu !

Respirez, renaissez, provinces alarmées,
Couronnez-vous de fleurs, signalez vos transports;
Employez vos clairons, triomphantes armées,
Aux plus tendres accords.

Pour chanter l'heureux jour qui ranime la France De Pindare ou d'Horace il ne faut point la voix; Le cri d'un peuple heureux est la seule éloquence Qui sait parler des rois.

S'il fallait, ô Destin! cette épreuve cruelle
Pour peindre tout l'amour dans nos cœurs imprimé,
Quel peuple fut jamais plus tendre, plus fidèle?
Quel roi fut plus aimé?

Réduits au froid bonheur de l'austère puissance,
Les maîtres des humains, au sommet des grandeurs,
Ignorent trop souvent quel rang on leur dispense
Dans le secret des cœurs.

S'ils savent être aimés, suivis de la contrainte,

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