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. Nos cœurs s'envolent à sa suite,

Et jusqu'aux chars errants du Scythe
Portent la voix de notre amour.

Toi, que la Suède en vain désire', Si quelque soin touche les morts, Ombre, que la Vistule admire, . Que ne reviens-tu sur ses bords? Ton aspect domptant la furie Dans les antres de Sibérie Replongerait leurs habitants: Mais tandis que je te rappelle, Stanislas dans l'ombre éternelle A précipité ces Titans.

Il règne. Agile Renommée,
J'entends ta triomphante voix;
La Rebellion désarmée

Tombe, et se range sous ses lois.
Que la brigue s'anéantisse!
Dissipe, céleste Justice,
Un fantôme de royauté;
Assure à son unique maître,

I Charles XII.

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Et des splendeurs d'un tendre époux,
Les cieux t'appellent sur ses traces,
Va partager des jours plus doux:
Ton goût, tes vertus révérées,
Tes graces, paraient nos contrées;
Tu vas emporter nos regrets.
Heureux, en perdant ta présence,
Que l'Esther qu'adore la France
Te retrace dans ses attraits!

Ainsi des rois ton nom suprême,
Puissant Louis, est le soutien ;
En défendant leur diadême
Tu relèves l'éclat du tien.

Où sont ces rivaux indomptables
Qui bravaient tes vœux équitables?
Qu'ils paraissent à nos regards!
Mais quoi! leurs cohortes craintives
Ont déjà déserté leurs rives,
Et tu règnes sur leurs remparts.

Doutaient-ils donc que ce tonnerre

Ne fût encor celui d'un roi
Qui sut imposer à la terre

Un silence rempli d'effroi ?
France, si long-temps assoupie,
Va foudroyer leur ligue impie
En souveraine des combats;

Et compte encor sur leurs murailles
Tes triomphes par tes batailles,
Et tes héros par tes soldats.

Mânes français, mânes illustres,
Vous vainquez dans vos nourrissons;
Dans un loisir de quatre lustres
Vos faits ont été leurs leçons :
Ils rentrent, héritiers fidèles,
Dans ces altières citadelles
Où la gloire porta vos lois;
Au sein des palmes de nos pères
De leurs fils les destins prospères
Ont fait éclore les exploits.

Guidés par ces foudres rapides
Que toujours Mars favorisa,

Ils marchent, vainqueurs intrépides,
Aux yeux du héros d'Almanza.

Tributaire encor de la Seine,
Superbe Rhin, calme ta peine,
Console tes flots en courroux;
De l'Éridan l'onde enchaînée
Va partager ta destinée,

Et ne plus couler que pour nous.

Je vois Villars, c'est la victoire;
Il fut héros, il l'est encor:

Un nouveau trait s'offre à l'histoire,
Un Achille dans un Nestor :
Sûr de remettre l'aigle en fuite,
Fait à vaincre, il mène à sa suite
Les Amours, devenus guerriers;
Et les Ris, en casques de roses,
Dans son second printemps écloses,
Portent sa foudre et ses lauriers.

A sa belliqueuse allégresse

Les vieux vainqueurs qu'il a formés
Sentent renaître leur jeunesse
Et leurs courages ranimés.

Sur leurs chars, en chiffres durables,
Ils gravent les noms mémorables
De Stolhoffen et de Denain;

Déjà,
1, par un nouveau prodige,
Ils ferment les bords de l'Adige
Aux secours tardifs du Germain.

Amants des vers, ô que de fêtes
Vous promettent ces jours heureux!
De nos renaissantes conquêtes
Renaîtront nos sons généreux :
Reprenons ces nobles guitares
Que touchaient nos derniers Pindares
Pour le héros de l'univers;
Fleurissez, guirlandes arides:
Toujours les siècles des Alcides
Furent les siècles des beaux vers.

Grand roi, sur ce brillant modèle
Dissipe le sommeil des arts:
Ranime leur burin fidèle;
Par lui revivent les Césars.
Connaît-on ces rois insensibles
Dont les trônes inaccessibles
Furent fermés aux doctes voix ?
Ils n'avaient point fait de Virgiles;
La mort plongea leurs noms stériles
Dans la populace des rois.

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