Obtiens de sa pitié, protectrice immortelle, Qu'il renouvelle en nous les larmes, les sanglots De ce roi pénitent, dont la douleur fidelle S'exhalait en ces mots : ..
O monarque éternel, Seigneur, Dieu de nos pères, Dieu des cieux, de la terre et de tout l'univers, Vous dont la voix soumet à ses ordres sévères Et les vents et les mers,
Tout respecte, tout craint votre majesté sainte; Vos lois règnent partout; rien n'ose les trahir: Moi seul j'ai pu, Seigneur, résister à la crainte De vous désobéir.
J'ai péché; j'ai suivi la lueur vaine et sombre Des charmes séduisans du monde et de la chair; Et mes nombreux forfaits ont surpassé le nombre Des sables de la mer.
Mais enfin votre amour, à qui tout amour cède, Surpasse encor l'excès des désordres humains: Où le délit abonde, abonde le remède; Je l'attends de vos mains.
Quelle que soit, Seigneur, la chaîne déplorable Où depuis si long-tems je languis arrêté, Quel espoir ne doit point inspirer au coupable Votre immense bonté!
Au bonheur de ses saints elle n'est pas bornée. Si vous êtes le Dieu de vos heureux amis, Vous ne l'êtes pas moins de l'ame infortunée, Et des péheurs soumis.
Vierge, flambeau du ciel, dont les démons farouches Craignent la sainte flamme et les rayons vainqueurs, De ces humbles accens fais retentir nos bouches; Grave-les dans nos cœurs,
Afin qu'aux légions à ton Dieu consacrées Nous puissions, réunis sous ton puissant appui, Lui présenter un jour, victimes épurées, Des vœux dignes de lui.
GRAND Dieu, par quel encens et par quelles victimes Pourrai-je détourner ton courroux que je crains? J'ai mérité la mort, et pour de moindres crimes Le monde a vu tomber la foudre de tes mains.
L'excès de tes bontés augmente mon offense; Tu me combles de biens au lieu de me punir; Et l'on voit, ô prodige! une égale constance En moi pour t'offenser, en toi pour me bénir.
Il est vrai, mon Sauveur, mes fautes sont mortelles; Toujours ma passion s'oppose à tes projets: Mais, hélas! si tu perds tous ceux qui sont rebelles, En quel lieu de la terre auras-tu des sujets?
Mes crimes d'un côté provoquent ta justice, De l'autre ta bonté demande mon pardon. As-tu moins de bonté que je n'ai de malice? Serai-je plus méchant que tu ne seras bon?
L'hiver, accompagné des vents et des orages, Vient de quitter la place à la belle saison:
La terre est sans glaçons, le ciel est sans nuages; L'un montre son azur, l'autre son vert gazon.
Par toi l'air est serein, et la terre féconde; Grand Dieu, c'est toi qui fais, en dépit des hivers, Retourner sur ses pas la jeunesse du monde, Et renaître à nos yeux l'éclat de l'univers.
S'il est ainsi, de grâce, arrête le tonnerre; Epargne ton ouvrage, ô Dieu, mon créateur! Tu fais un nouveau ciel, une nouvelle terre; Peux-tu pas dans mon corps former un nouveau cœur?
Il y va de mon bien, il y va de ta gloire; Dompte par ton esprit mon esprit obstiné:
Ton triomphe est le mien, je gagne en ta victoire; Quand tu seras vainqueur je serai couronné.
DIEU se lève; le ciel s'abaisse Sous les pas de son créateur: La nature est dans la tristesse; L'univers frémit de terreur. Précédé des feux du tonnerre, Il parle, il ébranle la terre, Il vole sur l'aile des vents: A sa présence l'air s'embrase, La foudre éclate, tombe, écrase Babylone et ses habitans.
Tel qu'un trait brûlant et rapide Qui part, frappe et donne la mort, Ainsi d'un monarque intrépide
Son bras a repoussé l'effort.
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