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ODE

IMITÉE DE PLUSIEURS PSAUMES,

faite par l'auteur huit jours avant sa mort.

J'AI révélé mon cœur au Dieu de l'innocence;
Il a vu mes pleurs pénitens:

Il guérit mes remords, il m'arme de constance:

Les malheureux sont ses enfans.

Mes ennemis, riant, ont dit dans leur colère:
Qu'il meure, et sa gloire avec lui ! ·

Mais à mon cœur calmé le Seigneur dit en père:
Leur haine sera ton appui.

A tes plus chers amis ils ont prêté leur rage;
Tout trompe ta simplicité:

Celui que tu nourris court vendre ton image,
Noire de sa méchanceté.

Mais Dieu t'entend gémir, Dieu vers qui te ramène
Un vrai remords né des douleurs,
Dieu qui pardonne enfin à la nature humaine
D'être faible dans les malheurs.

J'éveillerai pour toi la pitié, la justice
De l'incorruptible avenir;

Eux-même épureront par leur long artifice
Ton honneur qu'ils pensent ternir.

Soyez béni, mon Dieu, vous qui daignez me rendre
L'innocence et son noble orgueil;

Vous qui, pour protéger le repos de ma cendre,

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Veillerez près de mon cercueil!

Au banquet de la vie, infortuné convive,

J'apparus un jour, et je meurs;

Je meurs, et sur ma tombe, où lentement j'arrive,
Nul ne viendra verser des pleurs.

Salut, champs que j'aimais, et vous, douce verdure,
Et vous, riant exil des bois !

Ciel, pavillon de l'homme, admirable nature,
Salut pour la dernière fois!

Ah! puissent voir long-tems votre beauté sacrée
Tant d'amis sourds à mes adieux!

Qu'ils meurent pleins de jours, que leur mort soit pleurée,
Qu'un ami leur ferme les yeux!

Par GILBERT.

ODE.

Dies ir, dies illa.

Les feux vengeurs vont tout détruire;

Parmi la foudre et les éclairs
Le Seigneur vient, et je vois luire
Le dernier jour de l'univers.
Ses trompettes se font entendre,
Réveillent, raniment la cendre
Des morts devant lui rassemblés;
Et sa redoutable puissance
Exerce déjà sa vengeance

Par l'effroi dont ils sont troublés.

La mort et la nature cèdent

A la divine autorité :

Aux jours périssables succèdent
Les siècles de l'éternité.

Ce livre s'ouvre, où sont tracées
Nos actions et nos pensées,
Aux regards de l'Etre infini :

Pour le salaire ou le supplice

Tout est pesé par la Justice;
Rien de caché, rien d'impuni.

Ah! Seigneur, je me sens confondre;
Contre moi s'élèvent tes loix:
Coupable, que puis-je répondre
Où le juste même est sans voix?
Pardonne, majesté suprême;
Tu te dois ma grâce à toi-même;
En vain le supplice m'est dû:
Sois mon juge moins que mon père;
Oppose encore à ta colère

Tout ton sang pour moi répandu.

Ecoute ce sang qui te crie

Qu'il coula pour le genre humain :
C'est par ta croix que je te prie
Qu'un Dieu ne soit pas mort en vain.
D'un seul regard daigne m'absoudre:
Ta colère allume la foudre;
Ah! retiens-la prête partir.

Mes pleurs coulent, l'effroi me glace;
Mais en tremblant j'attends la grace
Toujours offerte au repentir.

A tes pieds tombe Madeleine ;
Tous ses crimes lui sont remis:
Un vil brigand t'implore à peine,
Qu'à ses vœux le ciel est promis.
Voilà, Seigneur, mon espérance.
Un prodige de ta clémence

Peut encore éclater en moi.

Dans mon cœur impur tout t'irrite :

Tu n'y vois rien qui le mérite;

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Qu'au jour vengeur je te bénisse,
Loin de ce peuple criminel

Qui doit dans l'horreur du supplice
Vomir un blasphême éternel.
Le cœur brisé, les yeux en larmes,
Seigneur, vois de quelles alarmes
Me perce ta sévérité!

J'en frémis; mais pourquoi m'en plaindre?
C'est te désarmer que te craindre;

Et j'en rends grâce à ta bonté.

Par LAMOTTE.

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