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ondoyantes: tu fends les airs, et déchires, dans ta course lumineuse, ces voiles ténébreux qui couvrent la terre. O prodige! tu l'arraches au sommeil lugubre où elle est ensevelie; elle sort de ses ruines et sourit à ton aspect; elle tressaille et renaît cent fois dans l'ardeur de tes embrassemens: tu l'embellis de toutes les grâces du printemps. Tu répands avec profusion, dans son sein amoureux, l'esprit des fleurs et les germes des fruits: tes feux vivifians pénètrent, jusques dans ses entrailles; ils y forment l'or le plus pur, et ces magnifiques pierreries où brillent tes ráyons étincelans, et ces superbes diamans qui relèvent la majesté du front des Rois.

O père de la fécondité! avec quelle excellence tu la prodigues au monde entier! époux de la nature, tu allumes dans son sein les flammes sacrées de l'amour conservateur. Ces flammes conjugales circulent rapidement dans ce corps immense, et soudain la terre et les cieux, inondés de cette sève de feu, sont peuplés d'habitans nouveaux. Tout s'anime, tout vit, tout respire: dans les champs de l'air, sur le sommet des hautes montagnes, au fond des forêts, et jusqu'au sein des mers profondes, tes feux, ô Dieu du jour, tes feux paternels vont donner l'existence à des générations innombrables, qui se la transmettent fidèlement pendant la longue succession des siècles renaissans. Reyrac. Hymne au Soleil.

Le Printemps du climat de la Grèce.

Dans l'heureux climat que j'habite, le printemps est comme l'aurore d'un beau jour : on y jouit des biens qu'il amène, et de ceux qu'il promet. Les feux du soleil ne sont plus obscurcis par des vapeurs grossières ils ne sont pas encore irrités par l'aspect ardent de la canicule : c'est une lumière pure, inaltérable, qui se repose doucement sur tous les objets, c'est la lumière dont les Dieux sont couronnés dans l'Olympe.

Quand elle se montre à l'horizon, les arbres agitent leurs feuilles naissantes : les bords de l'Ilissus retentissent du chant des oiseaux; et les échos du mont Hymette, du son des chalumeaux rustiques. Quand elle est près de s'éteindre, le ciel se couvre de voiles étincelans, et les nymphes de l'Attique vont d'un pas timide essayer sur le gazon des danses légères: mais bientôt elle se hâte d'éclore, et alors on ne regrette ni la fraîcheur de la nuit qu'on vient de perdre, ni la splendeur du jour qui l'avait précédée; il semble qu'un nouveau soleil se lève sur un nouvel univers, et qu'il apporte de l'orient des couleurs inconnues aux mortels. Chaque instant ajoute un nouveau trait aux beautés de la nature; à chaque instant, le grand ouvrage du développement des êtres avance vers sa perfection.

O jours brillans! ô nuits délicieuses ! quelle émotion excitait dans mon âme cette suite de tableaux que vous offriez à tous mes sens! O Dieu des plaisirs ! ô printemps ! je vous ai vu cette année dans toute votre gloire; vous parcouriez en vainqueur les campagnes de la Grèce, et vous détachiez de votre tête les fleurs qui devaient les embellir vous paraissiez dans les vallées, elles se changeaient en prairies riantes; vous paraissiez sur les montagnes, le serpolet et le thym exhalaient mille parfums; vous vous éleviez dans les airs, et vous y répandiez la sérénité de vos regards. Les Amours empressés accouraient à votre voix, ils lançaient de toutes parts des traits enflammés, la terre en était embrasée. Tout renaissait pour s'embellir: tout s'embellissait pour plaire. Tel parut le monde au sortir du chaos, dans ces momens fortunés où l'homme, ébloui du séjour qu'il habitait, surpris et satisfait de son existence, semblait n'avoir un esprit que pour connaître le bonheur, un cœur que pour le désirer, une âme que pour le sentir.

Barthélemy. Voyage d'Anacharsis,

L'Orage.

L'horizon se chargeait au loin de vapeurs ardentes et sombres le soleil commençait à pâlir: la surface des eaux, unie et sans mouvement, se couvrait de couleurs_lugubres, dont les teintes variaient sans cesse. Déjà le ciel tendu et fermé de toutes parts, n'offrait à nos yeux qu'une voûte ténébreuse que la flamme pénétrait, et qui s'appesantissait sur la terre. Toute la nature était dans le silence, dans l'attente, dans un état d'inquiétude qui se communiquait jusqu'au fond de nos âmes. Nous cherchâmes un asyle dans le vestibule du temple, et bientôt nous vîmes la foudre briser à coups redoublés cette barrière de ténèbres et de feux suspendue sur nos têtes: des nuages épais rouler par masses dans les airs, et tomber en torrent sur la terre; les vents déchaînés fondre sur la mer, et la bouleverser dans ses abîmes. Tout grondait, le tonnerre, les vents, les flots, les antres, les montagnes; et de tous ces bruits réunis, il se formait un bruit épouvantable qui semblaît annoncer la dissolution de l'univers. L'aquilon ayant redoublé ses efforts, l'orage alla porter ses fureurs dans les climats brûlans de l'Afrique. Nous le suivîmes des yeux, nous l'entendîmes mugir dans le lointain; le soleil brilla d'une clarté plus pure; et cette mer dont le vagues écumantes s'étaient élevées jusqu'aux eieux, traînait à peine ses flots jusque sur le rivage. Le même. Voyage d'Anacharsis.

L'Ouragan des Antilles.

L'ouragan est un vent furieux, le plus souvent accompagné de pluie, d'éclairs, de tonnerre, quelquefois de tremblemens de terre, et toujours des circonstances les plus terribles, les plus destructives que les vents puissent rassembler. Tout à coup, au jour vif et brillant de la zône torride, succède une nuit universelle et profonde; à la parure d'un printemps éternel, la nudité des plus tristes hivers. Des arbres

aussi anciens que le monde sont déracinés, ou leurs débris dispersés; les plus solides édifices n'offrent en un moment que des décombres. Où l'oeil se plaisait à regarder des côteaux riches et verdoyans, on ne voit plus que des plantations bouleversées et des cavernes hideuses. Des malheureux, dépouillés de tout, pleurent sur des cadavres, ou cherchent leurs parens sous des ruines. Le bruit des eaux, des bois, de la foudre et des vents, qui tombent et se brisent contre les rochers ébranlés et fracassés; les cris et les hurlemens des hommes et des animaux, pêlemêle emportés dans un tourbillon de sable, de pierres et de débris; tout semble annoncer les dernières convulsions et l'agonie de la nature.

Raynal. Liv. 11.

Les Habitans de la campagne sous un bon Gou

vernement.

Ne soyez point en peine de la multiplication de ce peuple; il deviendra bientôt innombrable, pourvu que vous facilitiez les mariages La manière de les faciliter est bien simple; presque tous les hommes ont l'inclination de se marier: il n'y a que la misère qui les en empèche. Si vous ne les chargez point d'impôts il vivent sans peine avec leurs femmes et leurs enfans, car la terre n'est jamais ingrate; elle nourrit toujours de ses fruits ceux qui la cultivent soigneusement: elle ne refuse des biens qu'à ceux qui craignent de lui donner leurs peines. Plus les laboureurs ont d'enfans, plus ils sont riches, si le prince ne les appauvrit pas; car leurs enfans, dès leur plus tendre jeunesse, commencent à les secourir. Le plus jeunes conduisent les moutons dans les pâturages; les autres, qui sont plus avancés en âge, mènent déjà les grands troupeaux: enfin, les plus âgés labourent avec leur père. Cependant la mère et toute la famille. prépare un repas simple à son époux et à ses chers enfans qui doivent revenir fatigués du travail de la journée; elle a soin de traire

ses vaches et ses brebis, et on voit couler des ruisseaux de lait elle fait un grand feu, autour duquel toute la famille innocente et paisible prend plaisir à chanter tous les soirs en attendant le doux sommeil; elle prépare des fromages, des chataignes et des fruits conservés dans la même fraîcheur que si, on venait de les cueillir.

Le berger revient avec sa flûte, et chante à la famille assemblée les nouvelles chansons qu'il a apprises dans les hameaux voisins. Le laboureur rentre avec sa charrue, et ses bœufs fatigués marchent, le cou penché, d'un as lent et tardif, malgré l'aiguillon qui les presse : tous les maux du travail finissent avec la journée. Les pavots que le sommeil, par l'ordre des Dieux, répand sur la terre, apaisent tous les noirs soucis par leurs charmes, et tiennent toute la nature dans un doux enchantement: chacun s'endort sans

prévoir les peines du lendemain. Heureux ces hommes sans ambition, sans défiance, sans artifice, pourvu que les Dieux leur donnent un bon Roi qui one trouble point leur joie innocente! Mais quelle horrible inhumanité que de leur arracher, par des desseins pleins de faste et d'ambition, les doux fruits de la terre, qu'ils ne tiennent que de la libérale nature et de la sueur de leur front! La nature seule tirerait de son sein fécond tout ce qu'il faudrait pour un nombre infini d'hommes modérés et laborieux; mais c'est l'orgueil et la mollesse de certains hommes qui en mettent tant d'autres dans une affreuse pauFénélon. Télémaque, liv. 12.

vreté.

Le Fraisier, ou le monde d'insectes sur une plante.

Un jour d'été, pendant que je travaillais à mettre en ordre quelques observations sur les harmonies de ce globe, j'aperçus sur un fraisier qui était venu par hasard sur ma fenêtre, de petites mouches si jolies, que l'envie me prit de les décrire. Le lendemain j'y en vis d'une autre sorte, que je décrivis encore.

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