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PHILOSOPHIE

MORALE ET PRATIQUE.

Existence de Dieu.

Qu'est-il besoin de nouvelles recherches et de spéculations pénibles pour connaître ce qu'est Dieu ? Nous n'avons qu'à lever les yeux en haut, nous voyons l'immensité des cieux qui sont l'ouvrage de ses mains, ces grands corps de lumière qui roulent si régulièrement et si majestueusement sur nos têtes, et auprès desquels la terre n'est qu'un atôme imperceptible. Quelle magnificence! Qui a dit au soleil: "Sortez du néant, et présidez au jour ?" et à la lune: "Paraissez, et soyez le flambeau de la nuit ?" Qui a donné l'être et le nom à cette multitude d'étoiles qui décorent avec tant de splendeur le firmament, et qui sont autant de soleils immenses, attachés chacun à une espèce de monde nouveau qu'ils éclairent? Quel est l'ouvrier dont la toute-puissance a pu opérer ces merveilles, où tout l'orgueil de la raison éblouie se perd et se confond? Quel autre que le souverain Créateur de l'univers pourrait les avoir opérées? Seraient-elles sorties d'elles-mêmes du sein du hasard et du néant? et l'impie, sera-t-il assez désespéré pour attribuer à ce qui n'est pas, une toutepuissance qu'il ose refuser à celui qui est essentiellement, et par qui tout a été fait ?

Les peuples les plus grossiers et les plus barbare entendent le langage des cieux. Dieu les a établis sur nos têtes comme des hérauts célestes qui ne cessens d'annoncer à tout l'univers sa grandeur : leur silence majestueux parle la langue de tous les hommes et de toutes les nations; c'est une voix entendue partout où la terre nourrit des habitans. Qu'on parcoure jusqu'aux extrémités les plus reculées de la terre, et

les plus désertes, nul lieu dans l'univers, quelque caché qu'il soit au reste des hommes, ne peut se dérober à l'éclat de cette puissance qui brille au-dessus de nous dans les globes lumineux qui décorent le fir

mament.

Voilà le premier livre que Dieu a montré aux hommes pour leur apprendre ce qu'il était; c'estlà où ils étudièrent d'abord ce qu'il voulait leur manifester de ses perfections infinies: c'est à la vue de ces grands objets que, frappés d'admiration et d'une crainte respectueuse, ils se prosternaient pour en adorer l'auteur tout-puissant. Il ne leur fallait pas des prophètes pour les instruire de ce qu'ils devaient à la majesté suprême; la structure admirable des cieux et de l'univers le leur apprenait assez. Ils laissèrent cette religion simple et pure à leurs enfans; mais ce précieux dépôt se corrompit entre leurs mains. A force d'admirer la beauté et l'éclat des ouvrages de Dieu, ils les prirent pour Dieu même : les astres, qui ne paraissaient que pour annoncer sa gloire aux homines, devinrent eux-mêmes leurs divinités. Insensés! ils offrirent des vœux et des hommages au soleil et à la lune, et a toute la milice du ciel, qui ne pouvaient ni les entendre ni les recevoir ! La beauté de ces ouvrages fit oublier aux hommes ce qu'ils devaient à leur auteur. Massillon.

Existence de Dieu.

Jetons les yeux sur cette terre qui nous porte. Regardons cette voûte immense des cieux qui nous couvre, ces abîmes d'air et d'eau qui nous environnent, et ces astres qui nous éclairent. Un homme qui vit sans réflexion, ne pense qu'aux espaces qui sont auprès de lui, ou qui ont quelque rapport à ses besoins. Il ne regarde la terre que comme le plancher de sa chambre, et le soleil qui l'éclaire pendant le jour, que comme la bougie qui l'éclaire pendant la nuit. Ses pensées se renferment dans le lieu étroit qu'il habite. Au contraire, l'homme accoutumé à faire des réflexions, étend ses regards plus loin, et

considère avec curiosité les abîmes presque infinis dont il est environné de toutes parts; un vaste royaume ne lui paraît alors qu'un petit coin de la terre ; la terre elle-même n'est à ses yeux qu'un point dans la masse de l'univers; et il admire de s'y voir placé, sans savoir comment il y a été mis.

Fénélon. Existence de Dieu.

De la Terre.

Qui est-ce qui a suspendu ce globe de la Terre, qui est immobile? qui est-ce qui en a posé les fondemens? Rien n'est, ce semble, plus vil qu'elle; les plus malheureux la foulent aux pieds; mais c'est pourtant pour la posséder qu'on donne les plus grands trésors. Si elle était plus dure, l'homme ne pourrait en ouvrir le sein pour la cultiver; si elle était moins dure, elle ne pourrait le porter; il enfoncerait partout, comme il enfonce dans le sable ou dans un bourbier. C'est du sein inépuisable de la Terre, que sort tout ce qu'il y a de plus précieux.

Cette masse informe, vile et grossière, prend toutes les formes les plus diverses, et elle seule donne tour à tour tous les biens que nous lui demandons. Cette boue si sale se transforme en mille beaux objets qui charment les yeux. En une seule année elle devient branches, boutons, feuilles, fleurs, fruits et semences, pour renouveler ses libéralités en faveur des hommes; rien ne l'épuise. Plus on déchire ses entrailles, plus elle est libérale. Après tant de siècles, pendant lesquels tout est sorti d'elle, elle n'est point encore usée. Elle ne ressent aucune vieillesse; ses entrailles sont encore pleines des mêmes trésors. Mille générations ont passé dans son sein. Tout vieillit, excepté elle seule; elle rajeunit chaque année au printemps.

Elle ne manque point aux hommes; mais les hommes insensés se manquent à eux-mêmes, en négligeant de la cultiver. C'est par leur paresse et par leurs désordres, qu'ils laissent croître les ronces et les épines, en la place des vendanges et des moissons. Ils se disputent un bien qu'ils laissent perdre.

Les conquérans laissent en friche la Terre, pour la possession de laquelle ils ont fait périr tant de milliers d'hommes, et ont passé leur vie dans une terrible agitation. Les hommes ont devant eux des Terres immenses qui sont vides et incultes; et ils renversent le genre humain pour un coin de cette Terre si négligée. La Terre, si elle était bien cultivée, nourrirait cent fois plus d'hommes qu'elle n'en nourrit. L'inégalité même des terroirs, qui paraît d'abord un défaut, se tourne en ornement et en utilité. Les montagnes se sont élevées, et les valions sont descendus en la place que le Seigneur leur a marquée. Ces diverses terres, suivant les divers aspects du soleil, ont leurs avantages. Dans ces profondes vallées on voît croître l'herbe fraîche pour nourrir les troupeaux. Auprès d'elles s'ouvrent de vastes campagnes revêtues de riches moissons. Ici, des coteaux s'élèvent comme un amphithéâtre, et sont couronnés de vignobles et d'arbres fruitiers. Là, de hautes montagnes yont porter leur front glacé jusques dans les nues, et les torrens qui en tombent sont les sources des rivières. Les rochers qui montrent leur cime escarpée, soutiennent la Terre des montagnes, comme les os du corps bumhain en soutiennent les chairs. Cette variété fait le charme des paysages; en même temps elle satisfait aux divers besoins des peuples: il n'y a point de terroir si ingrat qui n'ait quelque propriété.

Non seulement les Terres noires et fertiles, mais encore les argilleuses et les graveleuses, récompensent l'homme de ses peines. Les marais desséchés deviennent fertiles; les sables ne couvrent d'ordinaire que la surface de la Terre; et quand le laboureur a la patience d'enfoncer, il trouve un terroir neuf qui se fertilise, à mesure qu'on le remue et qu'on l'expose aux rayons du soleil.

Il n'y a presque point de Terre entièrement ingrate, si l'homme ne se lasse point de la remuer pour l'exposer au soleil, et s'il ne lui demande que ce qu'elle est propre à porter. Au milieu des pierres et des rochers, on trouve d'excellens pâturages; il y a dans leurs cavités des veines, que les rayons du so

leil pénètrent, et qui fournissent aux plantes, pour nourrir les troupeaux, des sucs très-savoureux. Les côtes mêmes qui paraissent les plus stériles, offrent souvent des fruits délicieux, ou des remèdes très salutaires, qui manquent dans les pays les plus fertiles. D'ailleurs, c'est par un effet de la Providence divine, que nulle Terre ne porte tout ce qui sert à la vie de l'homme. Car le besoin invite les hommes au commerce, pour se donner mutuellement ce qui leur manque; et ce besoin est le lien naturel de la société entre les nations: autrement tous les peuples du monde seraient réduits à une seule sorte d'habits et d'alinens; rien ne les inviterait à se connaître et à s'entrevoir. Le même.

Des Plantes.

Tout ce que la terre produit, se corrompant, rentre dans son sein, et devient le germe d'une nouvelle fécondité. Ainsi elle reprend tout ce qu'elle a donné, pour le rendre encore. Ainsi la corruption des Plantes, et les excrémens des animaux qu'elle nourrit, la nourrissent elle-même, et perfectionnent sa fertilité ainsi plus elle donne, plus elle reprend; et elle ne s'épuise jamais, pourvu qu'on sache dans sa culture lui rendre ce qu'elle a donné: tout sort de son sein, tout y rentre, et rien ne s'y perd; toutes les semences qui y retournent se multiplient. Confiez à la terre des grains de bled; en se pourrissant, ils germent, et cette mère fèconde nous rend avec usure plus d'épis qu'elle n'a reçu de grains. Creusez dans ses entrailles, vous y trouverez la pierre et le marbre pour les plus superbes édifices. Mais qui est-ce qui a renfermé tant de trésors dans son sein, à condition qu'ils se reproduisent sans cesse ? Voyez tant de métaux précieux et utiles, tant de minéraux destinés à la commodité de l'homme.

Admirez les Plantes qui naissent de la terre, elles fournissent des alimens aux sains, et des remèdes aux malades, leurs espèces et leurs vertus sont innombrables; elles ornent la terre, elles donnent de la verdure, des fleurs odoriférantes et des fruits déli

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