Images de page
PDF
ePub

Antérieurement, il auroit réfidé à Amfterdam en qualité de commiffaire de la marine & affifté au Congrès d'Utrecht comme «fecrétaire pour l'Espagne ". Les archives du ministère de la Marine, pas plus que celles des Affaires étrangères, n'ont pu me mettre en mesure de vérifier ces deux affertions des continuateurs de Moreri (1) qui femblent au furplus très renfeignés fur fon compte. Il poffédoit couramment, nous disent-ils, l'italien & l'efpagnol, & ils citent sa traduction de la Phillis de Scire de Guidubaldo Bonarelli qu'il publia en 1707 (Bruxelles, 2 vol. in-12, fig. de Harrewyn), fans négliger de faire paffer en françois la differtation fur le double amour de Célie qui avoit choqué, paroît-il, les lecteurs de cette faftidieuse pastorale. C'est fans doute auffi fur fa notoriété de philologue & de diplomate que les mêmes bibliographes lui ont attribué la traduction du Voyage du tour du monde de Gemelli Carreri (Paris, Ganeau, 1719, 6 vol. in-12), fignée des initiales L. M. où Gabriel Martin (2) a lu celles d'Euftache Le Noble;

(1) Édition de 1759, v° Bois (Du).

(2) Catalogue de M. Bellanger, 1140, no 2659, p. 284. Les

mais c'eft fans plus de fondemens que le même libraire (1) a porté à fon avoir littéraire la mife au jour d'un petit livre dont Dubois déclaroit aux rédacteurs du Moreri n'avoir jamais eu un exemplaire entre les mains (2).

Il est de tradition courante parmi les bibliographes que l'État présent d'Espagne est de Louis-Charles d'Albert, duc de Luynes, né à Paris le 25 décembre 1620, mort le 10 octobre 1690, & que le Nouveau voyage est de Boureau-Deflandes. L'initiale D***, qu'on lit au faux titre, eft fans doute l'origine d'une méprife qui s'eft renouvelée lorsque le Nou

continuateurs de Moreri, après avoir indiqué Dubois comme l'auteur de la traduction, ajoutent d'autres mieux informés la donnent à Le Noble ". Barbier a fait remarquer que cette opinion n'eft appuyée par aucun contemporain, J. Leclerc, Lenglet-Dufrefnoy, Prévost, Grofley, & qu'elle paroît avoir eu pour origine la difpofition des initiales fur le frontispice.

(1) Catalogue Lancelot, 1741, no 3540.

(2) État présent d'Espagne; l'origine des grands avec un Voyage d'Angleterre. A Villefranche, chez Étienne Le Vray, à la Renommée, 1717, in-8°, 268 pages. Le Nouveau Voyage d'Angleterre, par M. D*** (Boureau-Deflandes), eft p. 223. Barbier a donné un intitulé de ce livre beaucoup plus long que celui-ci qui a été relevé fur l'original.

[ocr errors]

veau voyage reparut la même année, fous le titre de Remarques fur PAngleterre, dans les Pièces échappées du feu, recueillies par Sallengre (Plaifance, 1717, in-12). Les Remarques n'appartiennent donc pas plus à Dubois qu'un Mémoire préfenté par le duc d'Arcos à Philippe V fur le rang & Phonneur des ducs & pairs; Quérard, en lui en renvoyant la paternité, me femble avoir lu un peu légèrement la note du catalogue Lancelot.

J'ai dit plus haut quel étoit le plan de l'Hif toire journalière. « Les mœurs des comédies de Molière ne font déjà plus les nôtres ", écrivoit Dubois en 1717, &, pour être comprises de la génération nouvelle, les fatires de Boileau avoient befoin du commentaire de Broffette: c'eft pour réagir dans la mesure de fes forces contre cette mobilité de la vie parifienne dont nos contemporains ne font pas, on le voit, les premiers à fe plaindre, que Dubois entreprit de donner tous les trois mois un résumé de ce qui lui sembloit digne d'être difputé à l'oubli. Il ne put exécuter fon projet

- que pour les derniers jours de décembre 1716 & les cinq premiers mois de 1717; il faut reconnoître d'ailleurs que dans ce laps de

tems fi court les événemens quotidiens furent assez nombreux pour faire apprécier tout l'intérêt de fa tentative: le premier féjour officiel du jeune roi à Paris, la création des bals de l'Opéra & de la Comédie-Françoise, celle de la banque de Law, la réouverture de la Comédie-Italienne fermée depuis 1696, le féjour du Czar à Paris, la réorganisation de l'Académie d'architecture alternent ici avec les incidens variés que les badauds de la Régence, pas plus que ne le feroient ceux d'aujourd'hui, n'étoient gens à négliger: le défaccord des pairs & des présidens à mortier fur une question de cérémonial, l'entrée d'un ambaffadeur de Suède, un incendie rue SaintMartin, les merveilles annuelles de la foire Saint-Germain, l'arrivée devant les Tuileries d'un navire marchand hollandois, les formalités qui accompagnoient le paffage du Roi des mains des femmes à celles de fon gouverneur, &c. Dubois ne fe borne pas à enregistrer ce qui fe déroule ainfi fous fes yeux; toute occafion lui eft bonne pour differter fur l'origine des chofes dont il parle : fi Dagueffeau fuccède à Voyfin dans la garde des sceaux, fi Joly de Fleury eft nommé procureur général,

il nous dit quelles font les prérogatives de ces deux charges; la féance folennelle tenue dans la femaine de Pâques par les trois Académies nous procure un réfumé de leur hiftoire & de leurs règlemens qui a fon prix; les visites du Czar aux Gobelins & à la Monnoie font le prétexte de digreffions intéreffantes fur les débuts & les procédés de ces deux établiffemens. Il eft affez fingulier, en revanche, qu'il n'ait pas fongé à retracer l'hiftorique de l'Académie royale de peinture & fculpture, à propos des membres nouvellement élus ou décédés, & bien regrettable qu'il n'ait pas eu l'occafion de nous parler du plus grand artiste de fon tems fur qui, même après Gerfaint, Mariette & Caylus, il auroit pu nous apprendre quelque chofe de nouveau: mais quoi! Watteau fut reçu académicien le 30 août 1717 & l'Histoire journalière s'arrête au mois de mai. Nous aurions fouhaité auffi quelques détails fur les bibliothèques publiques ou privées; Dubois eft, à cet égard, moins complet que l'édition de Germain Brice donnée à la même époque, & s'il décrit avec foin les Médailles fur les principaux événemens du règne de Louis le Grand, c'eft que ce beau livre étoit alors l'œuvre

« PrécédentContinuer »