Images de page
PDF
ePub

de Mtskhitha, ancienne capitale de la Géorgie. Cette dernière ville étoit sur la rive gauche du Kour, dans la partie septentrionale du pays, tandis que Schamschouïldé étoit au midi, vers les frontières de l'Arménie. C'est effectivement du côté de Mtskhitha que se trouve le mont Armaz; il est à une petite distance à l'ouest de cette ville, de l'autre côté du Kour, vis-à-vis de son confluent avec l'Aragvi, qui s'effectue un peu au sud de la ville. C'est bien là, selon les traditions Géorgiennes, que K'harthlos, l'auteur de leur nation, fixa sa résidence, et l'on trouve encore sur les bords du Kour une vallée qui s'appelle K'harthlis-khevi, c'est-à-dire, vallée de K'harthlos. Comment l'archevêque de Siounie a-t-il pu transporter dans ces lieux la ville de Schamschouïldé! Nous croyons qu'il n'a pas bien compris les auteurs Géorgiens qu'il consultoit, et c'est une remarque que nous aurons encore occasion de faire. Comme Schamschouïldé étoit la principale place de guerre des Orpélians, et qu'ils la possédoient depuis fort long-temps, il a cru que c'étoit celle qui leur avoit été donnée lors de leur arrivée dans la Géorgie. Voici maintenant, selon nous, ce qui 'a donné lieu à son erreur. Nous avons vu, dans notre Dissertation sur l'origine des Orpélians, que, selon les traditions Géorgiennes, quand ils vinrent dans la Géorgie, on leur donna la ville de Sarkʼhiné, célèbre dans l'ancienne histoire du pays, et qu'ils y fixèrent leur résidence. Cette ville, dont il ne reste plus maintenant que quelques ruines, formoit un des faubourgs de Mtskhitha, du côté de l'occident; elle n'étoit donc séparée du mont Armaz que par le cours du Cyrus. On donne encore le nom de Sark'hinethi à une montagne qui part du lieu où étoit l'ancienne ville de Sark'hiné et s'avance vers le nord. A trois ou quatre cents pas de la ville, on trouve les ruines de l'ancienne forteresse de Samthavro ( Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 715), qui pourroit bien être celle que 'historien des Orpélians a confondue avec Schamschouïldé. De même que le canton situé au pied du mont Armaz s'appelle vallée de K'harthlos, cette montagne porta aussi le nom de ce personnage. Ce ne fut que sous le règne de Pharnavaz ou Pharnabaze, premier roi de Géorgie, deux ou trois siècles environ avant J. C., qu'on l'appela Armaz ou

[ocr errors]

Armazi, mason, selon la prononciation Géorgienne. Ce prince

y fit élever une statue à une divinité qui portoit ce nom, et qui M

[ocr errors]
[merged small][ocr errors]

178

étoit sans doute la même que le dieu Ormouzd des Persans, appelé Aramaz, puu, par les Arméniens. Cette montagne étoit déjà un lieu révéré des Géorgiens, qui croyoient que K'harthlos y avoit été enterré. Il y existoit une antique forteresse, qui prit aussi à cette époque le nom d'Armaz. Elle nous paroît être, sans aucune difficulté, la même que l'ancienne métropole des Ibériens, que Strabon appelle Harmozice, ‘Agμolinn, Pline Harmastis, et Ptolémée Armactica, Appaxixa, comme M. J. de Klaproth l'a déjà pensé avant moi (Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 731). C'est Strabon qui nous a transmis, de la manière la plus exacte, la véritable dénomination de cette antique cité, dont les ruines, encore subsistantes, seroient certainement fort curieuses à visiter. Il est évident que le nom d'Harmozice, dans Strabon, est la même chose que le nom

Géorgien mason obŋ, Annazi-tsikhé, qui signifie forte

כל

resse d'Armaz. Les détails qu'il donne sur la position de cette ville «En venant ne peuvent s'appliquer qu'au lieu dont nous parlons. » d'Arménie, dit-il, on trouve des défilés qui conduisent vers les >>> fleuves Cyrus et Aragus, fleuves qui, avant de se réunir, ont sur leurs ≫ bords deux villes bâties en pierres et environnées de murs, éloignées » l'une de l'autre de seize stades; Harmozice domine le Cyrus, » Seumara (ou selon d'autres manuscrits Seusamora ) l'Aragus. ̓Απὸ δὲ τῆς ̓Αρμενίας τὰ ἐπὶ τῷ Κύρῳ σενα, καὶ τὰ ἐπὶ τῷ ̓Αράδῳ καὶ ο πρὶν εἰς ἀλλήλες συμπεσεῖν ἔχουσιν οπικειμένας πόλεις ερυμιὰς ἐπὶ πέτραις, διεχούσας ἀλλήλων ὅσον ἐκκαίδεκα ταδίες· ἐπὶ μὲν τῷ Κύρῳ, τὴν Αρμοζικήν, 67 ) JαTEρw Zeúμaeg ( al. Σbvσáμopa). Strab. lib. x1, p. 500 et 501. Le mont Armaz est aussi à une petite distance du confluent du Kour et de l'Aragvi ( qui est l'Aragus de Strabon), et il domine le cours du premier de ces fleuves; ainsi, dans quelque partie de cette montagne que l'on cherche l'emplacement de l'antique Harmozice, on pourra facilement trouver, à seize stades de distance, quelle que soit d'ailleurs la nature du stade employé par Strabon, un endroit convenable pour y mettre l'ancienne Seumara. Ce ne peut être la ville de Mtskhitha, elle-même fort ancienne, parce qu'elle n'étoit point sur l'Aragus, mais sur le Cyrus. Nous pensons plutôt que c'est la forteresse de Samthavro, dont nous avons déjà parlé, qui dominoit l'Aragvi, comme Harmozice, le Cyrus, et qui d'ailleurs étoit fort

près du mont Armaz. Si l'on peut s'en rapporter au témoignage de l'aventurier Reineggs ( Allgemeine historisch - topographische beschreibung des Caucasus, tom. II, p. 71.) ces deux forteresses s'appellent actuellement Horumzighe et Tsoumar.

(3) Cunn, Schamschouté, Cunt, Schamschoghté, ou

21pml;, Schamschouïldé, en géorgien Szomoj, Samschvildé

ville actuellement ruinée de la Géorgie méridionale, au nord de la rivière Ktsia, ou Nakhatir, Sous les anciens rois de la Géorgie, elle étoit le chef-lieu d'un des huit gouvernemens qui partageoient leurs états. Il paroît que dès-lors elle étoit au pouvoir des Orpélians, qui en tiroient leur nom; car cette ville, selon les Arméniens, fut aussi

appelée Orpeth, Orr‡í, et selon les Géorgiens, Orbisi, Omdobo.

Schamschouïldé a plusieurs fois fait partie de la province Arménienne de Gougarie, limitrophe de la Géorgie. En l'an 888, elle fut conquise par Sempad, héritier présomptif d'Aschod I.er, roi d'Arménie, qui en confia le gouvernement à Vasag et à Aschod, princes de la race des Kenthouniens, et elle resta pendant une cinquantaine d'années au pouvoir des rois d'Arménie. Cette ville étoit encore fort considérable au milieu du xv. siècle, puisqu'en l'an 1437, elle contenoit environ vingt mille habitans Arméniens. (Tchamtchéan, Hist. d'Arm. tom. III, p. 471.) Le patriarche Jean VI prétend, dans son Histoire d'Arménie, que le nom de la forteresse de Schamschouïldé dérive de deux mots Géorgiens qui signifient trois flèches; en effet, სამ en géorgien veut dire trois, et zomoj, schvildé, flèche. (4) Le nom de fup, K’harthel, ou +ართლი, K’hartli,

sam

dire trois, et შვილდე,

ne se donne qu'à la Géorgie proprement dite, qui est coupée en deux parties presque égales par le Kour. La partie au nord, qui s'étend jusqu'au Caucase, et qui est bornée à l'ouest par l'Imireth et à l'est

par le Kakhéthi, s'appelle Jobs Jsmomo, Schina-k'harthli ყინა ქართლი,

[K'harthel moyen J. La partie au sud du Kour est bornée à l'est par ce fleuve, qui la sépare du Kakhéthi, au sud par la province de Somkhéthi, démembrement de l'Arménie, et par le territoire des Tartares Khasaks, à l'ouest par le pachalik d'Akhal-tsikhé; elle se

nomme

სვემო- ქართლი,

Kvemo-K'harthli [ K’harthel infé

rieur. Ce pays avoit encore autrefois une troisième portion nommée Zemo-K'harthli [K'harthel supérieur ], qui

ხემო- ქართლი,
ქართლი, Zemo-Kharthli [ Kharthel

étoit située vers les sources du Kour, et forme actuellement le pays d'Akhal-tsikhé. La plus grande partie du Zemo-K'harthli et du Kvemok'harthli a été souvent comprise dans les provinces Arméniennes de Daïk'h et de Gougarie, qui, dans l'antiquité, eurent une fort grande extension du côté du nord.

(5) Cette forteresse est appelée par les Géorgiens 6560, par Ies Géorgien. უნანი, Khounani, et à ტკვარის ცისკ, Mtkwaris-tsikhe to'eresse da

Kour], par les Arméniens Junzi, khounan, et les Persans, qui se prononce de même. Elle est située à l'extrémité méridionale de la Géorgie, au confluent du Kour et de la rivière Ktsia. Son territoire, selon Guldenstedt ( Reise nach Georgien, tom. I.", p. 362), est habité par les Turkomans, appelés Khasaks. Hamd'oullah Kazwiny, auteur de la géographie Persane intitulée Nozhat-alkouloub, en parle comme d'un château très-fort, situé sur le sommet d'une colline trèsélevée, qui a dans sa dépendance un territoire très-considérable, et qui est sur les confins de l'Aran, ou Arménie Persane, it is

Ms. Persian de ) . است بر سر تلی عظیم بود زمین مرتفع بر سر حد آران

la B. R. n.o 127, chap. VI, description du Gordjestan, p. 129. )

(6) Dans les fragmens de l'Histoire de Géorgie de Vakhthang, que M. Klaproth a insérés dans son Voyage, et dont nous donnerons bientôt la traduction, on trouve que le pays de K’harthel s'étendoit depuis Khounan jusqu'à la mer Grecque, c'est-à-dire, le Pont-Euxin, ce qui nous paroît difficile à admettre; car, comme on vient de le voir, ce nom de K'harthel ne s'étendoit pas jusqu'à la mer; il n'alloit que jusqu'aux montagnes qui avoisinent les sources du Cyrus. Les bords de la mer, qui formoient la Colchide des anciens, avoient été habités, selon les traditions Géorgiennes, par la postérité d'Égros, d'où vient le nom d'Egeria que les Arméniens donnent à cette région. On lit, dans le texte Géorgien de Vakhthang, les mots Sperisa-zghva, qui, quel que soit le sens ultérieur du premier mot, signifient littéralement la mer de Sper, comme on le voit dans l'Histoire

სბერისა ზღვა

des Orpélians. Il est certain que la qualification de petit lac ou d'amas d'eau que cet auteur donne à cette mer, ne peut convenir au PontEuxin. On trouve effectivement, du côté de l'occident, sur les frontières de la Géorgie supérieure, une province et une ville nommées Sber (voyez tom. I.", p. 69 et 70), qui pourroient bien avoir donné leur nom à un petit lac qui ne seroit point marqué sur nos cartes, si pauvres pour ces régions. C'est là, selon nous, tout ce qu'on peut admettre de plus vraisemblable sur ce point, jusqu'à ce qu'on possède de plus amples éclaircissemens tirés d'ouvrages Géorgiens.

(7) Dans cet endroit, et un peu plus loin encore, notre auteur confond le roi de Perse de la dynastie des Kaïaniens, appelé Kaïkaous, avec son petit-fils Kaïkhosrou, qui fut son successeur, selon les annales fabuleuses des Persans. On verra bientôt que les originaux Géorgiens ne présentent pas la même erreur.

(8) C'est la traduction Arménienne des mots Géorgiens mamasakhli, qui signifient la même chose.

(9) La ville de Mtskhitha, yb, et Mdzkhitha, p (Mos. Khor. Hist. Arm. lib. 11, cap. 83, pag. 214), en géorgien

Lobos, Miskhetha, ancienne capitale de la Géorgie, étoit

auprès du confluent du Cyrus et de l'Aragvi, entre les deux fleuves, sur les bords du premier, et à une petite distance du second. Elle me paroit être la même que Mesa, Mestleta, de Ptolémée (Geogr. lib. v, cap. 11), et Meyaa, Mechistha, d'Agathias (Hist. l. 11, p. 60), Cette ville fut, jusqu'en l'an 469, la résidence des rois de Géorgie, et elle continua ensuite d'être celle des patriarches. Elle fut dévastée par Tamerlan. Il n'existe plus, au milieu de ses ruines, qu'un monastère que les Arméniens appellent 3, Tskhetha. ( Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. I.", p. 712-716. - Schamir, Geogr. ch. VI, pag. 149 et 150.)

(10) En comparant ce récit avec le fragment de la chronique de Vakhthang, rapporté dans la note suivante, on verra qu'Étienne Orpélian a répandu beaucoup de confusion sur ce qu'il a tiré des livres Géorgiens qu'il a consultés.

(11) Pour jeter quelque jour sur ce que l'historien des Orpélians raconte des origines Géorgiennes, nous allons rapporter ce qui se trouve dans Vakhthang ( Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach

« PrécédentContinuer »