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» Samar; mes richesses sont grandes: permets-moi d'aller chez toi avec elles, nous serons frères, nous rous en servirons pour faire la guerre » à l'éristhavi Azon, et la fortune nous donnera une victoire éclatante. Koudji fut très-content de cette proposition, et il lui répondit: » Lève-toi et viens chez moi; ne sois point avare de tes richesses, mais emploie-les pour avoir beaucoup de guerriers et pour résister à Azon. » Tout cela rendit fort contens tous les Géorgiens, parce qu'Azon » les avoit opprimés et insultés; il est probable que beaucoup de Grecs (dans le texte Rmni, Romains) se joignirent à eux, parce qu'il » en avoit aus i fait périr un grand nombre.

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P'harnavaz se rendit alors en secret avec sa mère et ses sœurs chez Koudji, et emporta une partie des richesses qu'il avoit enter»rées. Koudji lui dit: Tu es le descendant du meilleur des Géorgiens; »c'est à toi qu'appartient le commandement; ne fais pas maintenan » attention à tes richesses, mais augmente tes soldats. Si tu obtiens la » victoire, tu seras notre maître et je serai ton sujet.

» Il rassembla alors les Osi et les Lek'hi, avec lesquels il tint conseil. >> Ces peuples étoient aussi fort contens, parce qu'ils ne vouloient

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plus payer de tribut à Azon. Beaucoup d'Osi se joignirent donc à » P'harnavaz et grossirent son armée. Il rassembla ensuite dans Egrisi » un corps de troupes innombrable, et il marcha contre Azon, qui » avoit de son côté réuni ses guerriers.

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» Plusieurs vaillans guerriers Grecs qui avoient été maltraités par » Azon l'abandonnèrent et allèrent se joindre à P'harnavaz. Tous » les Géorgiens suivirent cet exemple; et Azon, qui ne pouvoit pas » se fier aux guerriers qui étoient restés avec lui, parce qu'il les » avoit tous maltraités, se retira avec eux dans la province de Klardjeti, où il s'enferma dans la forteresse de ce nom. P’harnavaz » marcha alors contre Mtskhetha, s'empara des quatre forts bâtis par Azon, et, dans la même année, régna sur toute la Géorgie, à » l'exception de Klardjeti. Il envoya ensuite un ambassadeur, avec >> beaucoup de présens, au roi de l'Assourasthan, Anthiokhos (a), ≫ promettant d'être son sujet, et lui demandant du secours contre les >> Grecs. Anthiokhos accepta les présens, donna à P'harnavaz le nom de fils, lui envoya une couronne,

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et ordonna à l'éristhavi de l'Arménie

(a) Je pense que c'est Antiochus le Dieu, troisième roi de Syrie, de la race des Seleucides.

» de le secourir. L'année suivante, Azon, qui s'étoit considérablement » renforcé avec des troupes qu'il avoit fait venir de Grèce, marcha » contre P'harnavaz, qui avoit beaucoup augmenté sa cavalerie. Kou»dji, les Osi, et les éristhavi de l'Arménie pour Anthiokhos, vinrent »le renforcer; joint à eux, il marcha contre l'ennemi jusqu'à la ville » ruinée d'Arthani, qui alors s'appeloit Houri, c'est-à-dire, la ville » des aveugles. Ce fut là qu'il attaqua et qu'il livra une bataille très» sanglante. Des deux côtés il y eut un grand carnage; mais, à la » fin, les Grecs furent vaincus, et leurs bataillons furent contraints » de prendre la fuite. Azon lui-même resta avec beaucoup des siens » sur le champ de bataille. Un grand nombre de guerriers furent » faits prisonniers par P'harnavaz, qui pilla les villes situées sur fa

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» frontière des Grecs, entre Andsiandsori Lbdobǝm-mo

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et Ek'h»letsith mom, et revint ensuite par le pays de Klardjeti, » d'où il retourna à Mtskhetha, ce qui produisit une joie universelle. » II augmenta son domaine royal des possessions d'Azon; mais le >pays situé à l'embouchure du fleuve d'Egrisi resta aux Grecs, qui ne » voulurent pas l'abandonner aux Géorgiens.

» P'harnavaz donna une de ses sœurs en mariage au roi des Osi, » et l'autre à Koudji, auquel il céda le pays entre les fleuves Egrisi »et Rioni [le Phase ], de puis la mer jusqu'aux montagnes, ce qui »est Egrisi et Svanethi; puis il lui donna le titre d'éristhavi de ces » contrées. Koudji fonda la forteresse de Godji. C'est de cette ma»nière que P'harnavaz fut délivré de tous ses ennemis et qu'il régna » sur la Géorgie et l'Egoursi [ la Colchide ]. Il augmenta l'armée des »K'harthlosiens et créa huit éristhavi avec un spaspeti [connétable]. » Un de ces éristhavi fut envoyé à Margvi, et on lui donna tout » le pays qui s'étend depuis les petites montagnes nommées Likhi »jusqu'à la mer et le fleuve Rioni. P'harnavaz y fit construire deux

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» forteresses, Schorapani Im-m52660 ( dans le royaume d'Imi» reth), et Dimni sodbo. Un autre éristhavi fut envoyé en Ka»khethi, et reçut tout le pays entre l'Aragvi et Hérethi, c'est-à-dire, »Kakhéthi et Koukhéthi. Le troisième éristhavi fut envoyé à Khou»nani, et il reçut tout le pays depuis le fleuve de Berdoudji jusqu'à

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» Téflis et Gatchiani; c'est le pays qu'on appelle Gardabana. Le » quatrième fut éristhavi de Samschvildé, et eut en partage tout le » pays depuis le fleuve de Zkvirethi jusqu'aux montagnes; ce sont » les contrées qu'on appelle Taschiri et Abotsi. Le cinquième éris» thavi fut envoyé à Tzounda, et il reçut le pays depuis P'haravani » jusqu'à la partie supérieure du Mtkvari; c'est le pays de Djavakhethi » avec ceux de K'hola et d'Arthani. Le sixième éristhavi, fut celui » d'Odskhri; il eut le pays depuis Thasiskari jusqu'à Arsiani, et les >> contrées, depuis les montagnes jusqu'à la mer, que l'on nomme » Samtskhe et Atchara. Le septième éristhavi fut chargé de gouverner Klardjethi, et il eut le pays depuis Arsiani jusqu'à la mer. Koudji » gouverna le pays d'Egrisi avec le même titre, et ce fut lui qui eut » la dignité de spaspeti; il eut les pays qui s'étendent depuis Téflis »et l'Aragvi jusqu'à Thasiskari et P'haravani, c'est-à-dire, Schida»k'harthli. Ce général étoit très-dévoué au roi, et il avoit l'inspection » sur tous les autres éristhavi, qui avoient sous eux des chefs de mille » hommes qui habitoient dans les petits endroits, et qui tous payoient >>tribut au roi. P'harnavaz partagea son royaume de cette façon, d'après l'usage des rois de Perse; il prit ensuite une femme origi"naire du Caucase et de la race de Dourdsouk.

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» Il fortifia Mtskhetha aussi bien que toutes les villes et les châ>>teaux dont Alexandre avoit détruit les murailles. Les Grecs ne » pouvoient rien alors contre P'harnavaz, parce qu'ils étoient en guerre » avec les Romains. P’harnavaz fit élever une grande idole qui por>> toit son nom, et c'étoit celle d'Armazi, car ce prince se nommoit >> ainsi en persan: comme cette idole étoit placée sur le sommet du » mont K'harthli, ce mont fut, depuis cette époque, appelé Armazi. » Cette idole y étoit adorée avec beaucoup de cérémonies.

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P'harnavaz régna en paix pendant vingt-sept ans, jusqu'à l'âge » de soixante-cinq ans; et il étoit sujet d'Anthiokhos, roi de l'Assou » rasthan. Il fit bâtir un grand nombre de villages et il peupla la » Géorgie. Pendant le printemps et l'automne, il habitoit Mtskhetha ; » dans l'hiver, il alloit à Gatchiani; et pendant l'été, il se tenoit » dans le pays d'Egrisi ou dans celui de Klardjeti, et alors il s'oc>> cupoit des Mingréliens [Megreli] et des habitans d'Egrisi, pour dé>> cider de leurs disputes et de leurs affaires. Comme les guerriers Grecs. » qui avoient quitté Azon pour se joindre à lui, avoient montré beaucoup

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» de courage dans la guerre qu'il fit à Azon, il leur donna, suivant >> leur rang, des places ou des récompenses, et il les appela Aznaouri (a). » Après l'invasion d'Alexandre en Géorgie, on cessa d'y manger » de la chair humaine, à l'exception cependant de celle qu'on offroit » dans les sacrifices. Sous le règne de P'harnavaz, tous les Géorgiens » vivoient heureux et tranquilles, et ils se disoient: Remercions le sort » qui nous a donné un roi de la race de nos pères, et qui nous a délivrés, » ainsi que nos parens, des tributs et des mauvais traitemens de nos » ennemis.

» P'harnavaz fut le premier roi de Géorgie de la race de Schina»k'harthli. Il répandit sa langue maternelle dans toute la Géorgie. » C'est aussi lui qui donna une écriture à son peuple (b). Lorsqu'il » mourut, il fut enterré auprès de l'idole Armazi, » ( Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 92-100.)

(23) On verra bientôt qu'il ne faut pas prendre ces expressions trop à la lettre.

(24) J'ai trouvé ces mots employés à-peu-près dans le même sens dans une note communiquée à M. Adler (Museum Cuficum Borgianum, p. 163) par un Géorgien nommé Avoutandil, attaché à la congrégation de la Propagande. Ces mots, selon ce Géorgien, signifient vita Kartlidis ; et ils sont le titre de la fameuse Histoire de Géorgie de Vakhtang.

· 1ნაური

(a)

Ce mot signific actuellement en Géorgie, noble; il est dérivé des mots Azona-ourets, c'est-à-dire, appartenant à Azon. (Voyez Guldenstedt, Reise nach Georgien, tome I.", pag. 351. J. de Klaproth, Reife in den Kaukasus und nach Georgien, tome 1"; page 740, et tome II, page 101). Mais il nous paroît bien plus probable qu'il vient de l'arménien wшuznp aznavor, qui signific noble, homme d'une origine illustre, héros, guerrier vaillant. Schérif eddin-Ali-lezdy, historien de Timour, fait plusieurs fois mention, dans la vie de ce conquérant, de guerriers ou nobles Georgiens, nommés par lui Aznawer, et qui sont les mêmes que

ceux dont nous parlons. (Ms. Persan, n.o 71, folio 294 recto, 305 verso, et 380 verso.) (b) On dit, au rapport du prince David, dans sa petite Histoire de Géorgie, écrite en russe,

qu'il fut l'inventeur de l'écriture cursive en usage dans ce pays, et qui s'appelle

დრული სელი

მხე

mkhedrouli-kheli, ce qui signifie main de guerre. Les Géorgiens

ont une autre écriture, réservée pour les livres d'église, qui se nomme khoudsouri. (Voyez J. de Klaproth, tome II, pages 100 et 101). Les Arméniens prétendent que l'écriture fut donnée aux Géorgiens, au commencement du v. siècle, par Mesrob, inventeur de l'alphabet Arménien. Vide Mos. Khor., lib. 111, cap. $4, pag. 299 et 300.

(25) Cet historien vivoit à la fin du XII. siècle; il étoit prêtre et né à Ani, où il étoit attaché à l'église patriarcale de cette ville; c'est de là que lui vient le surnom d'Anetsi. Il avoit beaucoup de savoir et de connoissances des langues: il composa une Histoire des Arméniens, des Géorgiens et des Persans, qui étoit fort estimée des Arméniens, mais qui est perdue maintenant; il n'en reste plus que quelques fragmens dans l'historien Vartan, qui vivoit dans le XIV. siècle, et dans l'Histoire que nous publions. Mékhithar Anetsi composa encore plusieurs autres ouvrages, et traduisit des livres d'astronomie du persan en arménien. (Serpos, Compendio storico degli Armeni, tom. III, pag. 521. - Tchamtchéan, Histoire d'Arménie, tom. III, pag. 169.)

CHAPITRE II.

(1) Au lieu de cette date, l'édition de Madras porte celle de l'an 958 de l'ère Chrétienne[ 408 de l'ère Arménienne], ce qui est un énorme anachronisme. Le manuscrit original avoit peut-être déjà cette faute, ou bien le copiste avoit laissé en blanc l'espace où devoit se trouver cette date, et l'éditeur aura commis l'erreur en voulant remplir cette lacune. L'invasion des Turks dont il est question dans ce chapitre, a été faite sous l'empire des Seldjoukides; on ne peut conséquemment placer sous l'année 958 une expédition faite par des souverains dont la race ne vint s'établir dans la Perse et dans l'Arménie qu'après l'an 1000 de J. C.

Mathieu d'Édesse place l'invasion des Seldjoukides en Arménie à l'année 498 de l'ère Arménienne [ 1049 de J. C. ]; Ibn-alathir, dans son Histoire universelle intitulée Job Kamel-altewarikh, la met à l'an 440 de l'hégire [ 1048 et 1049 de J. C. ]; Cédrénus, Zonare, ainsi que tous les historiens Arméniens, la fixent vers l'an 1048 et 1049. C'est en conséquence que nous avons corrigé notre texte. La durée de cette expédition fut assez longue; elle commença en l'an 1048 et elle ne se termina qu'en 1049: c'est au moins ce qu'on peut raisonnablement conclure de la narration de ces différens écrivains. Comme notre auteur n'a parlé de cet événement que très

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