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ne soit Libarid, qui s'illustra dans les guerres contre les Seldjoukides. Nous avons par-là le moyen de remonter de deux degrés la généalogie des princes Orpélians, jusqu'au commencement du XI. siècle. Le père et le grand-père du fameux Libarid seroient morts à-peu-près à la même époque. Il reste cependant à lever encore une petite difficulté, c'est que, comme on a déjà pu le remarquer, selon Mathieu d'Édesse, Libarid étoit frère et non fils de Rhad; mais nous ne balançons pas à préférer le témoignage de Cédrénus à celui de Mathieu, parce qu'il est plus ancien que lui, et parce qu'il avoit plus de moyens d'être instruit de la vérité, à cause des fréquens rapports qui existoient alors entre l'empire Grec et la Géorgie; que d'ailleurs Libarid étoit venu plusieurs fois à Constantinople, et qu'il avoit conclu divers traités avec les empereurs. Enfin, si Libarid étoit frère de Rhad ou Horatius, il seroit fils de Libarid, mort en combattant contre Basile, ce qui seroit contraire à l'usage presque constant des Arméniens et des Georgiens, ainsi que des anciens Grecs, de donner aux enfans le nom de leur aïeul.

(12) Voici des faits qui expliquent pourquoi Libarid exigea de son roi tant de sermens et de sûretés. Cédrénus raconte (t. II, p. 77°) que le roi de Géorgie, Pancratius [ Pakarad ], Пayxpános ó ms 16neías après, homme très-vicieux, s'étoit emparé de la femme de Libarid et l'avoit violée. Le prince Orpélian, outré de cette injure, avoit pris les armes, et fait subir un pareil traitement à la mère de Pancratius, après avoir vaincu ce prince et l'avoir contraint de fuir, à travers le Caucase, dans l'intérieur du pays des Abkhaz. Quand Libarid fut maître du royaume, il envoya un message à Constantinople, demanda et obtint l'alliance et l'amitié de l'empereur. Dans le même temps, Pancratius, qui s'étoit enfui par le pays des Souanes et la Colchide, descendit le Phase et vint à Trébizonde, d'où il fit savoir à l'empereur qu'il iroit bientôt à Constantinople pour conférer avec lui sur les affaires de son royaume, se plaignant de ce qu'on avoit traité avec son sujet rebelle. Il se soumit cependant à l'arbitrage de l'empereur, qui régla qu'il posséderoit toute la Géorgie et le pays des Abkhaz, tandis que Libarid auroit toute la Meschie, Megia, pendant sa vie, et reconnoîtroiɩ Pancratius pour son souverain : "O M Ο γέγονε τη σπουδή το βασιλέως, απισαμένων ἀλλήλοις, ὥσε τὸν μὲ ΠαΓκράΣτον κύριον τῇ καὶ ἀρχηγὸν πάσης τῆς Ἰβηρίας και ̓Αβασγίας, αὐτὸν ἢ μέρους

αρχοντα της Μελίας δια βίου κύριον ἐκεῖνον ἔχειν καὶ βασιλέα. (Cedrenus, tom. II, pag. 770.) Je crois qu'il faut entendre par la Meschie, toute la partie méridionale de la Géorgie, depuis la Colchide jusqu'au Cyrus, et qui étoit séparée de l'Arménie par les monts Moschiques, Moschici montes des anciens. On voit que ces événemens expliquent suffisamment les craintes de Libarid.

(13) Dans le texte, 44 Duquin, c'est-à-dire, une demiroyauté; ce qui vient de ce que, comme on l'a vu dans la note précédente, Libarid possédoit tout le midi de la Géorgie. Aussi Cédrénus dit-il (t. II, p. 770) que Libarid étoit le plus puissant des Géorgiens après Pancratius. Μεγάλα μπ' τον ΠαΓκράτιον δυνάμενος ἐν τοῖς Ἰβηρσιν. Les expressions de notre auteur prouvent aussi que, comme Cédrénus, on doit placer les troubles intérieurs de la Géorgie avant l'invasion des Seldjoukides en Arménie, et non, comme Tchamtchéan (tom. II, pag. 951) l'a fait, après que Libarid fut revenu de sa captivité en Perse. Ce dernier, au reste, ne parle de ces événemens que d'une manière fort succincte et fort inexacte, d'après un passage de l'historien Vartan, qu'il ne nous paroît pas avoir bien entendu.

(14) Dans l'arménien, qui azad, mot qui signifie un homme libre. (15) Dans le texte, 'b qopшuyu шppnuh, des troupes royales, parce qu'elles avoient été fournies par Kakig, roi de Vanant, dont le titre étoit en arménien uppwy ark'haï, qui signifie roi.

(16) Dans le texte, oppunning, les troupes des Romains, parce que les Grecs du Bas-Empire ne portoient pas d'autre nom que celui de Romains. (17) Je lis puruutfi au lieu de prunt, qui est dans l'édition de Madras. Voyez la note 8.

(18) Le mot 2hr schimschir, qui signifie glaive, n'est point arménien et ne se trouve pas dans les dictionnaires. C'est le mot

شمشیر Persan

(19) La ville de Téflis, capitale de la Géorgie, est appelée maintenant par les Arméniens Thifliz; ils la nommoient autrefois Shhubu Dep'hkhis. Ce sont les Persans et les Turks qui lui donnent Teflis. Les Géorgiens l'appellent Homolo Iფილისი ქალაქი Tp'lilis-khalshi, ou

le nom de

تفلیس

Tp'hilisi, ou

Iფილისი

la ville chaude, à cause de ses bains chauds. Abou'lféda (ms. Arabe, n.o 578, fol. 98 recto) parle des eaux thermales de cette ville, qui

ressembloient à celles de Tibériade, dont les eaux sont bouillantes

وبها حمامات مثل حمامات طبرية وماوها ينبع : sans le secours du feu

. Elle fut fondée, vers l'an 469, par le roi Vakhthang 1." (Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach Georgien, t. 1.o, p. 734.) Le premier auteur Grec qui en parle est Théophanes de Byzance, qui vivoit dans le VI.o siècle de notre ère. Il la nomme Tigris (apud Phot. Bibl. cod. LXIV, pag. 39, edit. Höschel. ).

(20) Je me sers de ces deux noms pour rendre ceux de Muruhg Barsits, et de pkwy Areats, qui sont dans le texte. On peut voir, sur l'origine du dernier, notre premier volume, page 275.

CHAPITRE III.

(1) Le mot de tu ne se trouve pas dans les dictionnaires; il paroît, par plusieurs passages de cet ouvrage, qu'il signifie noble ou prince; je le traduirai désormais ainsi. Je pense qu'il est Géorgien.

(2) Le nom de ce prince est, dans l'arménien, Arp'haslan: on le trouve écrit de diverses autres façons dans les auteurs Arméniens, mais toujours d'une manière corrompue.

(3) On peut voir ce que nous avons dit, dans notre premier volume, de la conquête de l'Arménie par les Seldjoukides. Si notre auteur s'étoit étendu sur cette seconde expédition, comme il l'a fait pour la première, nous aurions rapporté le texte et la traduction du récit qui s'en trouve dans l'Histoire de Mathieu d'Édesse, en arménien, et dans celle d'Ibn-alathir, en arabe; mais, pour ne pas prolonger cette note d'une manière démesurée, nous nous bornerons à donner ici le sommaire de leurs narrations, d'ailleurs surchargées de détails inutiles. Mathieu d'Édesse raconte donc (ms. Arménien, n.o 95, folio 101 recto-103 verso, et ms. n.o 99, folio 155 verso-159 verso) qu'en l'an 513 de l'ère Arménienne [1064 de J. C.], le sultan Apolan [Alp-Arslan], frère et successeur de Thoghrul-Begh, fit prendre les armes aux Persans, à toutes les tribus des Turks, et à tous les peuples depuis le Khouzistan jusqu'au Sedjestan, pour faire la conquête de l'Arménie. Il attaqua d'abord l'Albanie, où il mit tout à feu et à sang, et il envoya ensuite des ambassadeurs vers le roi Pagratide Giourigé,

fils

fils de David Sans- terre, pour lui demander sa fille en mariage. La crainte le fit consentir à la demande du sultan, qui fit amitié avec lui et conclut une alliance, puis le renvoya avec de grands présens dans la ville de Lorhi. De là le sultan se dirigea vers la Géorgie, où il commit les mêmes ravages; il entra dans la province de Dchavalkh Quy [Djavakheti des Géorgiens], où il assiégea la ville d'Akhal, actuellement Akhal-k'halak'hi, qui fut prise, et où l'on fit un épouvantable carnage. Le sultan vainqueur s'avança ensuite vers l'Arménie, et vint camper devant la ville royale d'Ani, capitale du pays, qui avoit été autrefois la résidence des rois Pagratides, et qui étoit alors au pouvoir des empereurs Grecs. Cette ville, la plus grande et la plus belle des cités de l'Arménie, renfermoit une immense population, et l'on y comptoit mille et une églises où ’on disoit la messe, Հազար եւ կ եկեղեցի ի պատարագի կայր ի JU; elle étoit entourée d'une enceinte de pierres, et le fleuve Akhouréan l'environnoit de tous les côtés, excepté dans un seul endroit, de la longueur d'une portée de flèche, ou d'un ukimpukty nedengets, mesure Arménienne, dont nous ne connoissons pas au juste la valeur. Les Turks dressèrent des machines devant cette partie de la ville, et parvinrent à renverser la muraille, sans pouvoir, après de rudes combats, pénétrer dans l'intérieur. Lassé de la longueur du siége, Alp-Arslan vouloit se retirer, quand l'Arménien Pakarad et le Géorgien Grégoire, fils de Pakouran, gouverneurs de la ville pour l'empereur Grec, qui ignoroient le dessein du sultan, et qui pensoient qu'après la brèche faite aux murs, ils ne pourroient encore se défendre long-temps, prirent le parti de se retirer dans les forts supérieur et inférieur, pulp phù php, qui étoient indépendans de la ville; et ils exécutèrent leur résolution dans le temps même que les Turks commençoient leur retraite. La pusillanimité des gouverneurs jeta le désespoir dans la ville, et les habitans abandonnèrent le soin de leur défense. Quand les Turks en furent informés, ils revinrent attaquer la ville et ils y entrèrent sans éprouver de résistance. Nous passons le détail des dévastations et des massacres qu'ils y commirent. Jean Scylitzes (ad calc. Cedren. tom. II, p. 815) parle d'une manière très-succincte du siége et de la prise d'Ani. Selon Arisdagès Lasdiverdtsi, historien contemporain, cité par Tchamtchéan (tom. II, p. 982), elle fut prise le 30 du mois de maréri, qui répondoit au 6 juin de l'an 1064 de

Tome II.

P

J. C. [513 de l'ère Arménienne]. Nous allons joindre au récit de Mathieu d'Édesse celui d'Ibn-alathir, qui est bien plus détaillé en divers points, et qui est, en général, fort curieux. Selon cet historien, le sultan Alp-Arslan partit, avec son armée, de Rey, dans l'Yrak Persan, le premier jour de reby-alawal [22 février] de l'an 456 de l'hég. [ 1064 de J. C.], se dirigeant vers l'Aderbaïdjan, pour faire la guerre aux Romains. Quand il fut à Marand, l'émir Turkoman Toghtekin, qui connoissoit le pays, vint le joindre avec un grand nombre de tribus, et forma son avant-garde, pour le guider dans les lieux difficiles. Le sultan s'avança jusqu'à Nakhidchevan, Nakdjewan], et donna Pordre de rassembler des barques pour passer l'Araxes. Là, on lui dit que les habitans de Khoy et de Salmas, dans l'Aderbaïdjan, lui refusoient l'obeissance et se fortifioient chez eux; il fit donc partir le gouverneur du Khorasan, us, qui les fit bientôt rentrer dans le devoir. Leur contingent vint même rejoindre le sultan, qui étoit resté à Nakhidchevan, où il rassembloit toutes ses troupes, et où il fut joint par tous les rois du pays. Il entra ensuite en campagne contre les Géorgiens,,, et il confia le commandement de l'armée à son fils Malek-Schah et à son visir Nedham-almoulk, qui allèrent aussitôt assiéger une forteresse défendue par une nombreuse garnison Romaine, two mis & lov: le gouverneur fut tué, et elle fut bientôt prise. Ils affèrent de là attaquer Soumary low, place qui avoit dans son sein des sources et des jardins, et ils s'en rendiren t maîtres. Je pense que cette forteresse est la même que celle qui est nommée par les écrivains Orientaux modernes

Sourmary, on Sour

pian Sourmarhi,

par Abou❜lfeda (ms. Arabe, n.o 578, folio 98 recto) mary, et par les Arméniens ph Mari, ou corruption de UF Uшpp Sourp-Mari [Sainte-Marie]. Elle se trouve mentionnée dans Cédrénus (tom. II, p. 764), sous la dénomination de Agia Maria, Sainte-Marie. Après la prise de Soumary, MalekSchah se rendit maître d'une autre forteresse, qu'il voulut détruire, mais qu'il conserva cependant, sur l'avis de Nedham-almoulk, parce qu'elle étoit sur la frontière du pays occupé par les Musulmans. II y déposa des trésors et des armes, et la donna à l'émir de Nakhidchevan. Le fils du sultan vint ensuite attaquer la ville de Mariam-neschin, [en persan, la demeure de Marie]. D'Herbelot rapporte, d'après des écrivains qui nous sont inconnus, qu'elle étoit située au

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