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milieu d'un lac, ce qui nous feroit croire que c'étoit le monastère de Sévan, situé sur le lac de ce nom et dans une tle de difficile accès. Le nombre des moines, des prêtres et des rois chrétiens qui s'y trou

وفيها كثير من الرهبان : voient, égaloit celui des habitans de la ville والقسيسين وملوك النصاري وعامتهم يتقربون الى اهل هذه البلـة

C'étoit, continue Ibn-alathir, une superbe ville, enyironnée par une muraille faite avec de grandes pierres, et garnie de croix attachées avec du plomb et du fer, et défendue par un grand fleuve. Les Musulmans montèrent sur les barques qu'ils avoient amenées, et donnèrent l'assaut à la ville, qui fut emportée après une vigoureuse résistance: les habitans furent tous passés au fil de l'épée ou emmenés en captivité, et les édifices furent tous renversés et livrés aux flammes. Après cette conquête, Alp-Arslan rappela son fils, qui, en venant le joindre, prit et saccagea tous les forts qu'il rencontra sur sa route. Ils rentrèrent bientôt en campagne ensemble, et vinrent attaquer Sebid-schehr fû [c'est-à-dire, en persan, la ville blanche];. c'est Akhalk'halak'hi en Géorgie. Voyez notre premier volume, page 84. Les habitans firent une résistance opiniâtre, et beaucoup de Musulmans y trouvèrent la mort; mais à la fin elle resta en leur pouvoir. AlpArslan vint ensuite assiéger une autre viile appelée Lal, JY, située dans une position inexpugnable, sur deux montagnes très-élevées, et environnée au nord et au midi par un grand fleuve: malgré le courage des Géorgiens, le sultan s'en empara dans le mois de redjeb [ juin et juillet] de l'an 456 de l'hégire [1064 de J. C. J. Ce prince dirigea ensuite sa marche du côté des villes de Kars, (dans le manuscrit), et d'Any, gl, c'est-à-dire, vers le midi; il passa par deux endroits, Sil-wardeh et Loureh (a), dont les habitans embras

et

قرس

دوره

(4) Ces deux endroits sont nommés, dans l'auteur Arabe, 8 Jaw , que je lis 8. Ce dernier me paroît être la ville de Lorhi Ļon, que les Arméniens appellent aussi Loph Loré. (Voyez notre premier volume, pag. 84 et 85.) L'autre endroit, que l'auteur appelle Sil-wardeh, me paroît être un lieu appelé Vartaplour, 4 supшpp:2p, situé à une petite distance de Loré. Ce nom signifie en arménien colline de la rose, et l'arabe Sil-wardeh signifie le torrent de la rose. Le nom Arménien ne se donne plus maintenant qu'à une montagne; mais rien ne s'op pose à ce qu'il ait existé dans son voisinage, au XI.° siècle, une ville appelée d'un nom à-peuprès semblable. Loré et Vartaplour se trouvent au reste, comme Sil-wardeh et Loureh, sur la route qui conduit d'Akhal-k'halak'hi à Kars.

sèrent le musulmanisme et détruisirent leurs églises. Le sultan, en quittant ces deux villes, arriva devant Ani, cité superbe et puissante, dans laquelle on comptoit plus de cinq cents églises. Elle étoit divisée en quatre quartiers, dont trois étoient sur le fleuve Araxes (a), et le dernier sur une autre rivière très-profonde, de manière que les approches de cette ville étoient fort difficiles. On dressa des machines, et, après des combats multipliés, on parvint à faire une large brèche à la muraille et à s'en rendre maître. Le sultan, transporté de joie d'avoir fait une conquête aussi importante, en fit rédiger le bulletin officiels, qu'il envoya à Baghdad, au khalife. Il y laissa ensuite un émir avec une puissante armée, et s'en revint à Ispahan. Avant de partir, il accorda la paix au roi de Géorgie, qui l'avoit demandée, et le contraignit de payer un tribut annuel. ( Ibn-alathir, ms. Arabe non coté, tome IV, folio 67 recto-69 recto.) Grégoire Abou❜lfaradj, surnommé Bar-Hebræus, n'a pas parlé, dans sa Chronique Arabe, de la conquête de l'Arménie pas le sultan Alp-Arslan ; mais il fait mention de la prise d'Ani dans sa Chronique Syriaque (texte Syriaque, pag. 256 et 257, version Latine, pag. 262 et 263): il la place en l'an 456 de l'hégire [1064 de J. C], et non en l'an 475, comme on le voit dans la traduction Latine. Cet his

torien commet la même erreur qu'Ibn-alathir, en plaçant Aniol sur le grand fleuve Araxes, lil, lɔ; ;, qui l'environne de trois côtés, tandis que l'autre est fermé par un canal profond, lower oo, qui est sans doute la même chose que le fi d'Ibn-alathir; ce qui fait croire qu'Ani étoit dans une presqu'ile formée par le confluent des deux rivières dont nous avons parlé, dont l'isthme étoit coupé par un canal, de manière à en former une ile; aussi l'auteur Syrien ajoute-t-il que les habitans entroient et sortoient par des ponts. Elle contenoit, selon lui, sept cent mille maisons, ce qui nous paroît fort exagéré, et mille églises, comme le dit Mathieu d'Edesse. Depuis la prise de cette ville, Alp-Arslan prit le surnom de vainqueur, Axaɔ); en arabe, ¿ll | Abou'l

(a) Ibn-alathir se trompe en plaçant la ville d'Ani sur l'Araxes; elle étoit située au confluent du fleuve Akhouréan avec la rivière Rhak, qui vient du lac de Belagatsis, au nord. Il est cependant vrai qu'elle n'étoit pas bien éloignée de l'Araxes, car ces deux rivières s'y jettent à une petite distance d'Ani, vers le midi.

fatah. Abou'lfaradj ne parle point de la paix que le sultan fit avec le roi de Géorgie; mais il dit ( Chronique Syriaque, pag. 258, version Latine, pag. 264 et 265) qu'en l'an 459 de l'hégire [ 1066 et 1067 de J. C. ], Alp-Arslan épousa la fille de la sœur de Fakrath, roj

des Géorgiens et des Abkhaz : •AL; AALL) |Alagado all and Laol,o bizl, lav glico, Placed bax

ܕܦܩܪܐܛ

;). Ce roi étoit Bagrat IV, dont nous avons déjà parlé, et qui régnoit à cette époque. Le traducteur Latin de cette Chronique, George Guillaume Kirsch, ignorant sans doute ce que c'étoit que le nom d'Abkhaz,), qui se trouve dans l'original, l'a négligé dans sa traduction, quoiqu'il ne fût pas indifférent de le conserver, puisqu'à cette époque, le roi de Géorgie prenoit toujours le titre de roi des Géorgiens et des Abkhaz, parce que les deux peuples étoient soumis à une seule domination. Le nom même du dernier peuple prévalut souvent, comme nous l'avons déjà remarqué, et les rois de Géorgie furent souvent appelés simplement rois des Abkhaz. Le mariage d'Alp-Arslan avec la nièce de Bagrat se célébra dans la ville de Hamadan; mais le sultan se dégoûta bientôt de cette princesse, et la donna à un de ses officiers.

(4) Le mot kph, qui est dans le texte, signifie un jeune homme; mais il désigne aussi, d'une manière plus particulière, un homme qui, jeune encore, a déja atteint toute la vigueur de l'âge. She, en arménien, désigne toute la durée de la vie humaine. L'espace depuis la naissance jusqu'à l'âge de sept ans s'appelle kufunynı-pəsi, infantia; depuis sept ans jusqu'à quatorze, un, pueritia; le temps depuis quatorze ans jusqu'à vingt-huit est désigné par le mot ky, adolescentia; de vingt-huit ans à quarante-neuf, par kpþinшmunk, juventus; de cinquante ans à soixantedix-huit, par celui de dkpníþɩu, senectus; enfin, pour le temps depuis soixante-dix-huit ans jusqu'à la mort, on se sert du mot quinn, ætas decrepita.

le mot

Nous ignorons l'époque précise de la mort de Libarid, mais diverses circonstances vont nous aider à la déterminer. Libarid fut délivré

captivité en l'an 1050; il alla aussitôt à Constantinople, où

il resta sans doute quelque temps, pour reconnoître les bontés de l'empereur envers lui: ainsi on ne peut guère placer son retour en Géorgie,

auprès de sa femme et de ses enfans, qu'en l'an 1051. En l'an 1058, son fils Ivané étoit au service de l'empereur, qui lui avoit donné la souveraineté des provinces d'Haschdean et d'Arschamouni. Au milieu des troubles qui suivirent l'avénement d'Isaac Connène au trône, il tenta de s'emparer de plusieurs forteresses dans le pays de Daron, et même de la ville d'Arzroum. Quand il vit que la garnison d'Ani venoit pour l'en empêcher, il envoya un message aux chefs Turks et Kurdes qui étoient sur les frontières de l'Arménie, pour faire alliance avec eux et les introduire sur le territoire de l'empire, où il se trouva avec eux à la prise de Mélitène et dans d'autres endroits, et mérita l'odieux surnom de ps, Madnitch, ou le Traître. (Mathieu d'Edesse, ms. Arménien, n. 95, folio 96 recto, et Tchamtchéan, Hist. d'Arménie, tom. II, p. 962 et 963.) La reconnoissance devoit rendre le fils de Libarid fidèle à l'empire et ardent adversaire des ennemis de la religion chrétienne: comment alors expliquer une conduite aussi étrange que la sienne! On a vu, dans une de nos notes, ce que nous avons dit des démêlés de Libarid avec le roi de Géorgie, et de l'accommodement fait entre eux, par la médiation de l'empereur : il n'étoit pas de nature à satisfaire le roi de Géorgie; les marques d'honneur et d'intérêt que le prince Orpelian reçut ensuite de la cour de Byzance, ne durent pas peu contribuer à augmenter sa haine contre lui. II est donc fort probable que Libarid périt victime de la perfidie du roi, qui aura profité de cette occasion pour reprendre la Meschie, qu'il avoit été forcé de céder à Libarid durant sa vie, et peut-être se sera-t-il emparé en même temps des possessions héréditaires des Orpélians. S'il en fut ainsi, on conçoit pourquoi, en 1058, le fils de Libarid n'étoit plus dans sa patrie. Les provinces qu'il avoit reçues de l'empereur, n'étoient peut-être qu'une indemnité de celles qu'il avoit perdues en Géorgie. Les Grecs se bornèrent à cela; retenus sans doute par quelques considérations politiques, ils ne cherchèrent point à venger la mort de Libarid, et ce fut la cause de l'alliance qu'Ivané fit avec les Musulmans. La connoissance de tous ces faits nous donne lieu de croire que Libarid mourut vers l'an 1057; mais ce ne put être avant cette époque, car Mathieu d'Edesse nous atteste que le prince Orpélian vivoit encore à l'époque de l'avénement à l'empire d'Isaac Comnène, qui monta sur le trône le 8 juin de l'an 1057. Cet écri↔ vain rapporte que quand Michel Stratiotique fut forcé d'abdiquer,

son compétiteur Isaac traita avec plus de distinction les généraux qui lui avoient été fidèles, que ceux qui s'étoient révoltés contre lui; et Libarid, qui étoit du nombre des premiers, eut, à ce titre, part aux bontés du nouvel empereur. (Ms. Arménien, n.° 95, folio 94 verso.) Ainsi, selon nos conjectures, c'est peu après que Libarid fut assassiné. Comme, en l'an 1058, son fils Ivané étoit d'un âge assez avancé pour pouvoir prendre part activement aux événemens politiques de son siècle, on peut présumer qu'il avoit environ vingt ans, ou même davantage, et que Libarid avoit, de son côté, environ cinquante ans, comme les paroles de l'historien des Orpélians le font penser. Il auroit donc eu à-peu-près quinze ans à l'époque de l'invasion que l'empereur Basile II fit en Géorgie, et dans laquelle son père avoit trouvé la mort.

(5) Cet endroit se trouve sur la carte de Géorgie publiée en l'an 1766, par Joseph - Nicolas Delisle. Il est à une petite distance de Téflis, du côté de l'occident. Il est appelé, sur cette carte, Betania; il fut sans doute nommé ainsi en commémoration de Béthanie de Judée.

(6) Ce prince doit être Bagrat IV, dont nous avons déja parlé, qui régna, selon les Géorgiens, jusqu'en l'an 1072.

(7) Je lis բարձրութի, au lieu de բաձրութի,

(8) La charge de Duqunky, thakatir, qui consistoit à couronner les rois, étoit, chez les Arméniens, du temps de la dynastie des Arsacides, héréditaire dans la famille des Pagratides.

CHAPITRE IV.

(1) Ce prince est David II, que les Géorgiens regardent comme l'un de leurs plus grands héros. Nous allons rapporter sommairement ce qu'en dit M. Klaproth (Reife in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 175 et 176), d'après les traditions conservées par les Géor giens, qui, en quelques points, nous paroissent s'éloigner de la vérité, ou qui, ce que nous aimons mieux, ne lui ont été transmises que d'une manière fort confuse. Selon ces traditions, David II monta sur le trône de Géorgie en l'an 1089, après la mort de son père George II; et il s'acquit parmi ses compatriotes une gloire inmortelle, pour les

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