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LE

CHRÉTIEN ÉVANGÉLIQUE

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Le Comité de rédaction dirige la marche générale du journal. Chaque collaborateur demeure d'ailleurs responsable de ses propres articles, sans être solidaire des vues exprimées par d'autres collaborateurs.

LE CHRÉTIEN ÉVANGÉLIQUE

ÉTUDE BIBLIQUE

Les cantiques de l'exil.

Tes décrets me suggèrent des cantiques dans le lieu de mon exil.

Ps. CXIX, 54.

Les Israélites, après avoir abandonné le Seigneur, furent transportés à Babylone, sur la terre d'exil, et dans leur tristesse ils suspendirent leurs harpes aux saules du rivage. Mais le temps vint où, Dieu les ayant visités par la voix des prophètes et leur ayant annoncé que la captivité touchait à son terme, ils reprirent les harpes si longtemps délaissées, et l'espérance rallumée dans leurs cœurs leur inspira de nombreux cantiques en l'honneur de la patrie bien-aimée qu'ils se réjouissaient de revoir.

Or la parole de notre texte, écho saisissant des préoccupations d'Israël à cette époque, loin d'être déplacée dans la bouche du chrétien, n'est-elle pas la fidèle expression de sa propre histoire? Si elle a été vraie pour l'ancien peuple de Dieu, n'est-elle pas plus vraie encore appliquée à l'Eglise? Qu'est-ce que ces morceaux de musique et de poésie que nous entonnons chaque dimanche dans les assemblées de culte, sinon des cantiques de louanges que les décrets de l'Eternel ont inspirés à ses enfants? Captifs sur les rives de l'Euphrate, les Juifs tournaient leurs regards du côté de Jérusalem, soutenus par l'espoir d'y retourner bientôt telle est aussi, mais

dans un sens suprême, la position du chrétien en ce monde.

La terre est pour nous un lieu d'exil, où nous vivons « comme étrangers et voyageurs;» nous n'y sommes pas chez nous, nous ne sommes pas les maîtres de nos allées et venues, ni les arbitres de nos destinées, ni les vrais propriétaires des objets qui nous environnent; et si nous étions sur le point de l'oublier, mille circonstances se chargeraient de nous remettre à l'ordre et de nous rappeler que nous habitons « la maison de servitude. » Notre liberté est restreinte de tous les côtés; elle est parquée dans de si étroites limites que le vrai titre qui nous convient dans notre état naturel est le titre d'esclaves, n'en déplaise à notre orgueil.

Esclaves du travail, d'abord. Qu'est-ce que cette nécessité du labeur, qui fait peser sur l'homme son joug de fer? Que signifie cette sentence : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage,» sinon une condamnation aux travaux forcés? Vous direz que plusieurs y échappent, qu'il est des positions de fortune. pour lesquelles n'existe pas la dure obligation de gagner sa vie. De ces privilégiés nous n'en connaissons guère; la loi du travail n'est jamais une lettre morte; parmi ceux qui la violent, retranchez d'une part tous ceux qui tombent dans la misère et la honte, et d'autre part tous ceux que dévore un ennui incurable, et vous en conclurez que c'est une loi universelle et absolue, qui se venge tôt ou tard, de façon ou d'autre, sur ceux qui cherchent à s'y soustraire.

Esclaves de la souffrance, ensuite. Quand

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