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1

IV.

en sa place.

ferer de fauver une maison fi celebre qui eftoit fur le penchant de fa ruine. Il fit auffi fçavoir par lettres à l'abbé & aux chanoines reguliers de cette abbaye, que l'archevefque de Sens, l'évefque de Meaux, & l'abbé du Valfecret devoient faire la vifite dans leur monaftere; & leur enjoignit de les recevoir honorablement & d'obeir à leurs ordonnances. Les trois commiffaires s'eftant transportez à faint Victor, ne furent pas long-tems à s'apercevoir d'où provenoit la décadence de cette abbaye. Ils trouvérent le chef corrompu & quelques-uns des principaux membres gaftez, & jugérent qu'il falloit neceffairement les retrancher du refte de la communauté, pour empefcher la corruption generale de tout le corps. Mais avant que d'en venir un coup de fi grand éclat, ils en communiquérent avec les cardinaux Theodin & Albert, que quelques-uns nomment Alexis, legats du faint fiege, qui fe trouvérent pour lors à Paris. Ceux-ci, convaincus comme les commiffai. res, que l'unique remede eftoit de deftituer l'abbé, furent les premiers à lui perfuader de quitter volontairement fa charge, pluftoft que d'attendre à s'y voir contraint par un jugement canonique. Il fut en mefme-tems relegué dans le prieuré de faint Paul des Aulnois dépendant de faint Victor, fitué près de Chevreufe. Mais au lieu d'y faire penitence de fa vie paffée, il con vertit le lieu de fon exil en un lieu de divertissement, où il paffoit fon temis dans le plaifir & la bonne chere; ce qui obligea les legats d'en avertir les commiffaires du pape. L'archevefque de Sens efcrivit de fon costé à l'évefque de Paris, pour le prier de fe transporter à faint Victor, de fe faire ou❤ vrir les coffres & les armoires de l'abbé Erneis, en presence du nouvel abbé nommé Garin & de fes religieux, pour leur remettre entre les mains le calice d'or & les autres vafes de leur églife ; comme auffi d'en tirer le dépoft d'argent qu'Abfalon archevefque en Dannemarc avoit confié à Erneis. Tout ceci fe paffa pendant le Carefme de 1172. felon l'auteur des annales de faint Victor.

Garin chanoine regulier de cette abbaye, homme de pieté & de fçavoir, Garin eft mis fut élu abbé en la place d'Erneis & beni par l'évefque de Paris. Le pape Alexandre, informé de fon merite, le felicita, lui & fa communauté, d'un fi bon choix, dans l'efperance qu'il repareroit les fautes de fon prédeceffeur. Mais à peine il commençoit d'y travailler, qu'il fe trouva chargé d'une affaire auffi honteuse à la memoire d'Erneis, que chagrinante pour lui & pour tou

• Lundenfis, te fa communauté. Abfalon archevefque de Lundenen Dannemarc, paffant à Paris pour se retirer à Clairvaux, avoit confié à l'abbé Erneis un dépoft de trois cens marcs d'argent. Ayant appris la deftitution de cet abbé, il dépescha un exprès à fon fucceffeur Garin, pour repeter fon dépoft. Ga rin & fes religieux ouvrirent l'endroit où il avoit efté mis. Mais ils furent eftrangement furpris de n'y trouver que de l'eftain, au lieu de l'argent qui devoit y eftre. Tous fe recriérent contre la fupercherie d'Erneis, qui avoit confumé l'argent en diffolutions & en débauches. Pour toute refponfe, ils marquérent à Abfalon l'excès de leur douleur & l'extrême pauvreté où eftoit reduite leur abbaye, absolument hors d'eftat de lui reftituer une fomme fi confiderable; qu'il devoit s'en prendre à Erneis mefme, dépofitaire de fon argent, & lui en faire rendre compte. L'archevefque mal fatisfait, s'adreffa au pape, qui en efcrivit à l'archevefque de Sens & à l'évefque de Paris en termes très-forts, & leur ordonna de fe faifir de la perfonne d'Erneis, de l'appliquer à la queftion, & de le retenir prifonnier jufqu'à ce qu'il euft en

Dubois to. 2.

P. 172.

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tierement fatisfait. Comme l'archevefque Abfalon vouloit rendre refponfables du dépoft le nouvel abbé & fa communauté, le pape nomma Manaffés évefque de Troyes & Thibaud évefque d'Amiens pour juges de cette affaire, & avertit l'abbé Garin de rendre à l'archevefque Abfalon tout ce que fon prédeceffeur Erneis auroit pû employer de cet argent pour l'utilité de cette abbaye. C'eft tout ce que l'on fçait de cette fafcheufe affaire, qui fait bien voir à quoi font expofez les communautez les plus regulieres, lorfqu'elles ont à leur tefte un chef indigne de fon rang. Dans le necrologe de faint Victor, au dernier jour d'Aouft, il eft fait mention de l'archevesque de Dannemarc, comme ayant fait prefent au monaftere de cent marcs d'ar, gent. Cela fait croire que l'abbaye, ou Erneis lui-mesme, avoit payé le surplus de la fomme des trois cent marcs du dépoft de l'archevefque.

V.

fon monastere.

Le bon gouvernement de l'abbé Garin remit en reputation l'abbaye de son administra faint Victor, deshonorée par les déportemens de fon prédeceffeur. On lui tion honorable à demanda, des pays étrangers, quelques-uns de fes religieux pour gouver ner des monafteres. Eftienne de la Chapelle archevefque de Bourges & Ar noul évefque de Lifieux, voulant fe retirer, choifirent l'abbaye de faint Victor. Pendant les vingt-un an que Garin en fut abbé, il fit diverses associations avec plufieurs monafteres de l'ordre de faint Benoist, saint Germain des Prez, faint Martin des Champs, & Hiere, fans parler des autres plus éloignez. Il eut auffi la fatisfaction de voir un de fes difciples, nommé Hugues, de la maison de Pierre de Leon, élevé au cardinalat. Mais il fut affligé en mefine-tems de la mort des meilleurs fujets de son abbaye, puifqu'il perdit pour lors le celebre Richard, decedé le 10. de Mars de l'an 1173. & l'abbé Eudes premier abbé des chanoines reguliers de fainte Ge, neviève, revenu à faint Victor, d'où il avoit efté tiré. Celui-ci mourut le 5. de May de la mefme année. On peut adjoufter Leonius poëte, cy-devant chanoine de faint Benoift de Paris, & Adam de faint Victor Breton de naiffance, connu par ces fortes d'hymnes appellez profes, fort en vogue de son tems dans les églises; Leonius decedé en Decembre 1187. & Adam en Juillet 1192. Garin mourut le 19. d'Octobre de l'an 1194. & eut pour fuc ceffeurs Robert, Bernard prieur de faint Guenault de Corbeil, & Abfalon, fort connu du pape Innocent III. qui tous trois ne vefcurent pas longtems, puifque le dernier mourut le 17. Septembre 1203.

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VI.

fucceffeurs. Dubois, to. 2. p.

292.

Ce fut Robert, à qui Eudes de Sully évefque de Paris donna les fruits Décadence de la de chaque demi-prébende vacante de fa cathedrale comme autrefois difcipline fous fes Eftienne l'un de fes prédeceffeurs avoit fait à l'égard des grandes prébendes. Ses lettres font datées de l'an 1197. premiere année de fon pontificat, qui fut la derniere de l'administration de l'abbé Robert, mort le fixiéme de Novembre de la mefme année. On croit que ce fut fous Abfalon que commença le relaschement de l'abbaye de faint Victor, à l'égard de l'abstir nence de la viande, D'abord ce fut par une efpece de devotion, pour cele-li brer, (difoit-on,) avec toute la joye qu'infpirent les grandes folemnitez, les feftes de Noël, de Pafques, & de la dedicace de l'églife; peut-estre à l'exemple des moines de faint Benoift, à qui le concile d'Aix-la-Chapelle, Ibid. p. 2934 fous Louis le Debonnaire avoit permis l'ufage des volatiles pendant les deux octaves de Noël & de Pafques; ce qui fe pratiqua fort long-tems depuis à faint Germain des Prez & à faint Denis. Mais le fucceffeur d'Abfalon, nommé Jean, Allemand de naiffance, pouffa la difpenfe beaucoup plus

AN. 1168.
VII.

de Paris donné à l'hoftel-Dieu.

loin, puisqu'il permit la viande trois jours de la semaine, le Dimanche, le Mardi, & le Jeudy, & modera mefine encore beaucoup l'abftinence du Lundy & du Mercredy; de forte que le relaschement dans un point fi confiderable fait bien juger que la difcipline commençoit alors à déchoir de sa premiere ferveur, à l'égard des autres pratiques monaftiques dont parle Jacques de Vitry dans l'éloge qu'il fait de l'abbaye de faint Victor.

,

voyage

Autrefois, comme on l'a veu dans le livre precedent, auffi-tost que l'éLe lit de l'évesque vefque de Paris eftoit mort, nos roys s'emparoient de tous fes meubles; & cette pratique a duré jusqu'à ce que Louis VII. se préparant à son de la Terre-fainte, abandonna cette redevance, pour quelque fomme d'arSanyal, mem, mf. gent dont l'évefque de Paris lui fit prefent. Depuis l'an 1168. le lit de l'évefque avec fes dépendances appartient, après la mort aux pauvres de l'Hostel-Dieu. Ce fut l'évefque Maurice, pere des pauvres, qui le premier en ce tems-là, du confentement de fon chapitre, le donna à cette maison, & le chapitre suivit fon exemple, en donnant de mefme après la mort des Chanoines, leur lit de plume, leur traverfin, & leurs draps. Mais en 1413. que les chanoines eftoient encore adminiftrateurs temporels de l'HoftelDieu, & dont les lits commençoient à n'eftre plus de fimple toile comme auparavant, ils ordonnerent ils ordonnerent que leurs executeurs teftamentaires, en donnant cent fous, fomme alors très-considerable, feroient quittes, s'ils vouloient, de cette charité. La restriction a duré jusqu'en 1592. Alors les directeurs feculiers s'en plaignirent au parlement & prétendirent que le lit, les rideaux, la courte-pointe & les autres accompagnemens des lits des chanoines, foit qu'ils fuffent de foye, d'argent, d'or, ou de telle autre étoffe que ce fût, leur devoient appartenir. La cour accorda leur demande, & la confirma en 1650. & 1651. & condamna en 1654. les creanciers de l'archevefque de Gondy à leur délivrer fon lit & tout ce qui en dépendoit.

AN. 1169.

VIII.

Le poids-le-roy aliené.

Jufqu'au tems de Louis VII. les roys ont efté proprietaires de deux poids eftablis à Paris, l'un general, appellé le poids-le-roy, & l'autre destiné particulierement pour la cire. Louis VII. donna le premier, en 1169. à Henri fils * Filius Puella. de Puelle *, & l'on ne peut dire fi ce fut ce prince, ou fon fils, ou fon petitSauval, mem. mf. fils qui alienerent l'autre. Ceux à qui ces deux poids ont appartenu depuis, en ont fait foy & hommage, de celui de la cire au grand chambellan, & de l'autre au roy; car ce font des fiefs qui relevent d'eux, l'un àl'ordinairê, & l'autre en franc-aleu. Le poids de la cire fe tenoit dans de certaines maisons appellées le poids de la chandellerie, le poids-le-roy s'eft toujours tenu dans la rue des Lombards dans un grand logis appellé le poids-duroy. En 1208. Gachón de Rofieres vendit l'un ou l'autre de ces poids à Alefme Heffelin, y compris les meftiers & tout ce qui en dépendoit, & plusieurs autres droits, fiefs & heritages. Par ces meftiers, on doit peut-eftre entendre ceux de la cire, qui eftoient au nombre de vingt-fix, & appartePreuv. part. II. p. noient en 1320. à Imbert le Vieux, tant en fon nom, qu'au nom de fa femme & des enfans qu'elle avoit eus d'un premier mari nommé Hetelin ou Heffelin, & Imbert en avoit fait hommage au grand chambellan, comme ilfe il se voit par un arrest du 15. d'Avril. Cependant le roy l'avoit racheté dès l'an 1238. de Jean de Chetenville Chevalier. On ne fçait pas quand il eftoit paffé de la main du roy en celle des Heffelins; mais ce fut de Jean Heffelin & de fa femme que Bureau de la Riviere l'acheta, avec les maifons de la chandelerie pour la fomme de onze cent livres. Le mefme Bureau de lä Riviere,

825.

a

Riviere, le chapitre de N. D. & Adam des Effarts acheterent, depuis 1380.
jufqu'en 1384. d'Ifabelle des Effarts & de Jean de Vaudetar des rentes qu'ils
avoient l'un & l'autre fur le poids du roy, mais le poids mefme apparte-
noit à Jacques des Effarts & à fa femme, de qui Bureau de la Riviere l'a-
cheta pour
fix mille fix cens francs d'or au coin du roy. Ainfi l'un & l'au-
tre poids appartinrent depuis ce tems à Bureau de la Riviere. Marguerite
de la Roche-Guyon le representoit en 1471. comme fille de Perrette de lá
Riviere. Elle eftoit veuve alors de Jean de Vergy fenechal & gouverneur
de Bourgogne, & vendit les deux poids pour le prix de deux mille fept
cens foixante quinze livres au chapitre de N. D. avec les fleaux, les cor-
dages, les revenus, les utenfiles, & le lieu où s'exerçoit l'un & l'autre. De-
puis ce tems-là ils ne font point fortis des mains du chapitre, & lui appar-
tiennent encore. Il mettoit en fait, dans une requeste prefentée au parle-
ment en 1591. qu'il eftoit en poffeffion depuis plus de quatre à cinq cens p. 21.
ans, du poids-le-roy, & qu'il n'y euft aucun autre poids public à Paris. Il
paroift, par ce qu'on vient de dire, que cela ne fe doit pas prendre à
la lettre.

le

Preuv. párt: tit.

AN. 1171.
IX.

Fondation de

'hospital de faint

Gervais

Item hift. des or

Preuv. part. I. p.

65.66.

* Vers l'an 1300:

Environ deux ans après la premiere alienation du poids-le-roy fut fondé l'hofpital de fainte Anaftaife, autrement appellé de faint Gervais, du nom de l'églife paroiffiale dont il fe trouvoit proche. Garin maffon, & fon fils nommé Harcher confacrerent leur propre maifon à cette œuvre de charité en faveur des pauvres paffans. Robert comte de Dreux fils du roy Louis Dubreuil, antiq. gros & frere de Louis le jeune, & fa troifiéme femme Agnès de Vaude dres religieux, to. mont Dame de Braine, & Robert leur fils favoriferent cet établissement, à 2. P.295. la priere du roy, d'Eftienne archevefque de Bourges, & de frere Bernard de Vincennes, en cedant quatre deniers de cens annuel qui leur eftoient deus fur cette maison de Garin fife au parvis de faint Gervais. Leur charte eft datée de Chailli l'an 1171. Le pape Alexandre III. par sa bulle donnée vers l'an 1179. confirma cet establissement. Cette bulle, auffi-bien que celle de Nicolas IV. de l'an 1290. est adressée au procureur ou maistre & freres de l'aumofnerie de faint Gervais, ce qui prouve qu'originairement cette maifon n'eftoit pas gouvernée par des religieufes, comme elle l'a efté depuis que Foulques II. évesque de Paris * y en introduifit quatre, foumifes toutesfois à un maistre & à un procureur. Dans la fuite la mauvaise administration de ces deux officiers obligea le cardinal de Gondy évesque de Paris à les fupprimer en 1608. Il y avoit alors en cet hofpital quatorze religieufes de l'ordre de faint Auguftin. Ce prélat leur en confia le gouvernement, en se reservant le droit de commettre qui bon lui sembleroit pour recevoir leurs vœux, & ouir leurs comptes, comme il fe pratique encore à prefent. Le nombre de ces religieufes s'augmenta de telle forte, que l'hofpital de faint Gervais ne pouvoit plus les contenir. Elles acheterent en 1655.l'hoftel Preuv. part. 111. do, fis en la vielle rue du Temple, pour la fomme de fix-vingts quinze P. 145. mille livres, & y furent transferées par lettres patentes du mois d'Aoust 1656. registrées au parlement le 7. Septembre de la mefme année, pour y vivre regulierement felon leur profeffion, & y continuer l'hofpitalité, avec pouvoir de difpofer des lieux & bastimens de leur ancien hofpital de faint Gervais en faveur de telles perfonnes & à tel prix qu'elles le jugeroient à propos, à condition cependant d'en conferver la chapelle & d'y faire celebrer la meffe tous les Dimanches & festes de l'année. Cette chapelle fe voit

X.

La cathedrale re

rice de Sully.

Dubois, to. 2.

ruë

encore aujourd'hui dans la rue de la Tixerandrie, & n'eft plus guere conauë que fous le nom de faint Gervais. Elle fut dediée & confacrée l'an 1411. par Guillaume évefque d'Evreux, en l'honneur de fainte Anaftafie veuve & martyre. On y voit encore aujourd'hui la representation d'un ancien hofpitalier de cette maison, peint à genoux aux pieds d'un crucifix fur la muFaille de la chapelle, veftu d'une robe, d'une chappe, & d'un chaperon ou capuce de couleur verte.

On travailloit fous Louis VII. à rebaftir l'église cathedrale de Paris avec baftie par Man. la magnificence des temples les plus fomptueux. L'évefque Maurice, prélat d'un genie élevé, malgré la baffeffe de fa naiffance, fut le principal auteur de l'entreprise. Le dernier bastiment conftruit par le roy Childebert I. fur les anciens fondemens de la premiere églife, parut à l'évefque & trop caduc, & d'une eftendue peu proportionnée au tems prefent, où le clergé & le peuple de Paris s'eftoient beaucoup accrus depuis Childebert. C'eft ce qui lui fit concevoir le deffein de rendre le nouvel édifice fpacieux, comme nous le voyons aujourd'hui. L'on ne sçait pas précisement l'année qu'il en jetta les premiers fondemens. Jean de faint Victor ( qui vivoit long-tems après, à la verité,) dit que Maurice fit mettre la premiere pierre de la nouvelle églife par le pape Alexandre III. refugié pour lors en France. Robert Append. ad Sigeb. du Mont, auteur contemporain rapporte fous l'an 1177. qu'il y avoit déja long-tems que l'évefque de Paris Maurice travailloit à ce grand ouvrage, qu'il l'avançoit de plus en plus, & que le chevet ou rond point de l'église eftoit entierement achevé, à l'exception de la couverture. Un autre ancien auteur dit que le grand autel fut confacré la quatrième fefte de la Gaufr. Vofienf. Pentecofte de l'an 1182. par Henri legat apoftolique & par l'évefque MauBoulay, to. 2. p. rice; preuve certaine qu'au moins le chœur eftoit achevé pour lors. Il eft incertain, après tout, fi l'on n'avoit point commencé auparavant la reédification de cette église par la nef, qui paroift d'un Gothique plus groffier, & par confequent plus ancien que le choeur & la croifée. Mais tout ne fut achevé du tems de Maurice de Sully, comme on en peut juger par l'infcription gravée fur le portique meridional de la croisée, du cofté de l'archevefché, qui fait foy que ce morceau d'ouvrage ne fut commencé qu'en 1257. par maistre Jean de Chelles arthitecte de ce tems-là.

in chron. apud du

450.

pas

ANNO DOMINI MCCLVII MENSE FEBRVARIO ID. II. HOC FVIT INCEPTVM CHRISTI GENITRICIS HONORE KALLENSI LATOMO VIVENTE JOHANNE MAGISTRO. On ne peut pas dater au jufte les autres parties d'un fi grand bastiment. Ce qui eft vrai, c'est que le tout ensemble eft un édifice complet des plus vastes, & des plus majeftueux qui se voient aujourd'hui en Europe. Il a dans œuvre foixante-cinq toifes de longueur, fur dix-fept de haut, & vingt-quatre de largeur. Le chœur & la nef font accompagnez de doubles aifles & d'un très-grand nombre de chapelles, comme on peut le voir par le plan geometral exactement mefuré & deffigné. Au-dessus des voûtes des ailles font des galeries fpacieuses auffi voûtées, qui regnent tout autour de l'é glife. Elle est éclairée par deux rangs de feneftres, & par trois grandes roses, dont l'une est au grand portail, & les deux autres fur les deux gran des portes du midi & du feptentrion. Les dehors de cet augufte temple ré pondent à la structure & à la magnificence des dedans. La face de la prin cipale entrée qui regarde l'occident, eft ornée d'un portique à trois portes,

chargé

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