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L'Entente cordiale reste donc une causerie. A ce titre, elle se permet des digressions, qui donnent au récit une couleur locale appropriée au caractère humoristique des Anglais, et des comparaisons qui permettent de mesurer la portée des renseignements relatifs au Royaume-Uni.

L'ouvrage se termine par un chapitre sur le Canada, cette figure vivante de l'Entente cordiale succédant aux épisodes périmés des guerres franco-anglaises. Coïncidant avec le troisième centenaire de la fondation de Québec, sa publication revêt, en quelque sorte, un caractère d'actualité.

28.

Les Croyances religieuses et les sciences de la nature, par J. GUIBERT, supérieur du Séminaire de l'Institut catholique de Paris. In-12 (320 pp.); Beauchesne et Cie, Paris, 1908; 3 fr.

Ce volume contient les huit conférences apologétiques professées par M. Guibert à l'Institut catholique, durant l'été 1907. L'auteur y a ajouté, en appendices, trois petits articles sur le même sujet, précédemment parus dans la Revue pratique d'apologétique.

Si, pour les gens qui ont suivi depuis vingt ans les controverses religieuses, l'antagonisme entre la science et la foi n'existe plus, on ne saurait en dire autant de la masse, à qui les ennemis de la religion font entendre que la science a renversé la foi, et qu'on n'a plus le droit d'être croyant dès qu'on a quelque teinture scientifique.

A tous ceux qui seraient imbus d'un tel préjugé, le livre de M. Guibert sera d'une lecture extrêmement salutaire. Sur Dieu, sur l'âme humaine, sur la Bible, il écoute et accepte loyalement tout ce que lui présente la vraie science, et il montre comment cette science même, si elle veut être logique, conduit à Dieu et à l'âme, c'est-à-dire aux deux termes essentiels de la religion.

Ce nouvel ouvrage de M. Guibert sera une riche mine à exploiter pour les conférences publiques et les cercles d'études.

Les lecteurs de la Revue connaissent déjà une de ces conférences, que l'auteur avait bien voulu nous permettre de reproduire (no de février 1908, p. 60). Ils tiendront tous à posséder et à lire l'ouvrage en entier.

29.

Sur quelques idéalistes: Essais de critique et de morale, par Henry GAILLARD DE CHAMPRIS. In-12 de 283 pages. Paris, Bloud, 1908.

Nous nous reprochions de nous être mis un peu en retard avec ce charmant ouvrage : une heureuse fortune vient de donner raison à

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nos lenteurs, l'Académie française l'honore d'un prix Montyon. Cette haute récompense est des plus méritées. L'ouvrage est mieux que ce recueil d'études détachées, sur Vigny, Brunetière, Sully-Prudhomme, Bordeaux, etc., qu'il semble être au premier abord. C'est vraiment un livre, et nos pères eussent dit un « discours », au sens classique de développement suivi. L'unité en est solide et d'essence délicate. Ce qui la constitue est fait de deux sentiments qui se fondent harmonieusement une inspiration morale élevée, qui recherche d'instinct dans l'œuvre de chaque écrivain tout ce qu'elle offre de dignité, de réconfort, de vertus salutaires, en un mot ce que Taine appelait le caractère de bienfaisance. L'autre sentiment familier à l'auteur est une vive, une délicate sympathie pour les écrivains dont il parle, laquelle, sans l'induire en complaisance flatteuse, l'initie davantage au secret de leur perfection et lui donne bien des ouvertures sur ce qu'il y a de plus intime en eux. Cette double inspiration se retrouve partout dans ce recueil d'essais, et, en même temps qu'elle en assure l'unité, elle en constitue le charme. On prend plaisir à cette critique d'une si haute tenue morale et rendue si avertie, si pénétrante, par sa sympathie même pour les écrivains qu'elle juge. On goûte dans l'auteur du livre une qualité d'âme et une finesse d'esprit peu communes. Et c'est pourquoi l'Académie a couronné le livre; et c'est pourquoi, aussi, nous avons, nous, quelque fierté de reconnaître dans son auteur, M. Henry Gaillard, l'un des nôtres, l'un de ceux qui, sortis de notre École des lettres, y demeurent toujours étroitement attachés par l'honneur qu'ils lui font.

30.

G. LE BIDOIS.

L'œuvre de Lourdes, par le Dr BOISSARIE. Nouvelle édition, 1908; Paris, Douniol-Téqui; 3 fr. 50.

Par son format, la couleur de sa couverture et sa disposition générale, cette nouvelle édition fait aussitôt penser à l'Histoire critique des Événements de Lourdes, de notre collègue, M. Bertrin. Mais il est malheureux et je commence par là pour n'avoir plus à le dire que l'illustre Docteur de Lourdes ne ressemble pas du tout à l'abbé Bertrin pour l'art de la composition et pour le style. Les lecteurs de la Revue comprendront immédiatement la raison d'être de mon regret s'ils veulent seulement examiner, à la table des matières (p. 379), l'ordre de succession des chapitres IX, X et XI, et la composition intérieure du chapitre X.

Pour le style, je livre seulement à leurs méditations la phrase suivante (p. 20): « Avec ces divisions qui répondent à la réalité des faits, il est facile de répondre à ce dilemme dans lequel on voudrait nous

enfermer Suggestion et maladies nerveuses. >> Où est le dilemme ? quel sens faut-il donner à ce mot? Ce n'est pas cette phrase qui nous le montre clairement.

Je ne cite que ces deux exemples, entre beaucoup d'autres. Mais ce défaut, si regrettable qu'il soit, n'enlève rien à la valeur scientifique de l'ouvrage, ni à sa force démonstrative.

Personne ne connaît l'œuvre de Lourdes, l'oeuvre de la Sainte Vierge et l'œuvre des hommes à Lourdes, mieux que le Docteur Boissarie; tout le monde rend hommage à la rigueur de sa méthode et à la pru

dence de ses affirmations. Nul donc n'a plus d'autorité que lui pour

constater et proclamer l'action surnaturelle, comme pour démasquer la mauvaise foi de certains contradicteurs : la lecture du chapitre XIII est particulièrement instructive à cet égard.

Tel qu'il est, par la valeur des documents utilisés et l'autorité personnelle de l'auteur, cet ouvrage est d'une incontestable portée; avec un peu plus de soin donné à la forme il deviendrait aisément un chefd'œuvre.

J. B.

31. La Vie de Jeanne d'Arc de M. Anatole France, et les documents, par M. Ph.-H. DUNAND. In-12 de 176 pages, librairie Poussielgue, 1908. A Paris et à Londres, en France et en Angleterre, les représentants autorisés de la presse s'accordent à signaler la surprise qu'a causée le nouvel ouvrage de M. Anatole France sur Jeanne d'Arc. Dans ce qu'il donne comme le véritable portrait de la Pucelle, ni le public des lettrés, ni le public des érudits, ni la grande majorité des lecteurs n'ont reconnu l'héroïne.

Est-ce là une impression passagère dont on ne tardera pas à revenir? Est-ce, au contraire, une impression définitive qui ne pourra que se fortifier?

Une seule chose nous le dira: la comparaison de la Pucelle de M. France avec les documents dans lesquels se trouvent épars les traits de sa vraie physionomie. A l'aide de cette comparaison, l'on verra bien si M. France a fait de Jeanne un portrait d'après nature, ou si, tout en voulant peindre un portrait, il n'a exécuté qu'un tableau de pure fantaisie.

C'est ce rapprochement critique, cette comparaison documentaire qui fait l'objet de l'étude de M. Dunand; et c'est le résultat de ce travail que cette étude soumet aux lecteurs.

A tous, la démonstration paraîtra évidente, en même temps que ce nouvel ouvrage du chanoine Dunand leur aura procuré une lecture des plus attachantes et des plus instructives.

32.

Saint Jean l'Évangéliste, sa Vie et ses Écrits, par CL. FILLION. In-12, v-304 pages. Beauchesne et Cie ; 3 fr.

On sait l'importance qu'à bon droit on accorde aujourd'hui plus que jamais, dans l'histoire des origines chrétiennes, à ce qu'on appelle la question johannique; l'attrait que les âmes les plus religieuses ont toujours ressenti pour la physionomie de l'apôtre de la charité et la prédilection qui les porte à méditer les pages du IV évangile, sont de tous les temps, mais plus vifs peut-être aujourd'hui que jamais, dans le siècle de la dévotion au Sacré Cœur.

Beaucoup d'esprits désiraient donc, sans avoir à s'enfoncer dans les fourrés épineux de la critique, être renseignés sur ce que la tradition et la conjecture prudente et scientifique peuvent nous apprendre sur la vie de saint Jean. A ces desiderata répond admirablement le nouveau volume de M. Fillion.

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«Il faudrait, dit quelque part l'auteur, pour tracer le portrait de saint Jean, être un saint et un artiste. » Disons que, partout dans ces pages, on sent l'affection tendre qui inspire une œuvre visiblement écrite con amore et la maîtrise d'une science qui peut être précise en restant sobre, parce qu'elle possède et domine son sujet. C'est partout, dans les trois parties, où l'on étudie successivement en saint Jean le disciple du Christ, puis le fondateur et le maître des Églises d'Asie, enfin l'auteur inspiré, la même finesse de psychologie avisée et délicate, la même connaissance approfondie des usages et des conceptions hébraïques, la même information abondante et sûre de ce qui touche à l'antiquité chrétienne, le même sens religieux qui sait choisir et traduire en une langue élégante, vivante et penétrante les pages les plus belles, et les moins connues des fidèles, des épîtres et de l'Apocalype de saint Jean.

33.

Les contresens bibliques des prédicateurs, par l'abbé J. V. BAINVEL. In-12 (Seconde édition). Lethielleux, 2 fr.

Ce petit livre, sans prétentions scientifiques, mais, de l'aveu de ceux qui l'ont utilisé, commode et pratique, est déjà devenu le Vademecum de bien des prêtres. Ils y trouvent signalés un grand nombre de contresens usuels, dans les citations bibliques, qu'ils faisaient euxmêmes ainsi que tout le monde autour d'eux, et que maintenant ils se contentent de remarquer chez leurs collègues; ils y ont appris à distinguer le contresens, toujours à éviter, de l'accommodation légitime; ils y ont pris une idée des particularités courantes du langage biblique, tel qu'il se reflète dans presque toutes les phrases de notre Vulgate, ce qui leur fait mieux comprendre, dans leurs lectures jour

nalières, mainte expression dont ils n'avaient qu'une idée confuse ou inexacte ils y ont puisé, ce qui est le principal, le sentiment qu'il ne faut pas citer les textes bibliques au petit bonheur, sans égard au contexte ni au sens du livre sacré; qu'il ne suffit pas non plus, pour justifier l'emploi d'un texte, que ce texte traîne partout depuis des années, et peut-être depuis des siècles; ils s'y sont convaincus enfin que pour répondre aux intentions, si souvent exprimées, de l'Église, il faut étudier la Bible par soi-même, avec l'aide d'une bonne traduction ou d'un bon commentaire, pour faire passer de là dans leur parole quelque chose de cette onction divine et de cette efficacité pénétrante. Bref, ce petit livre les a éveillés, les a instruits et avertis, les a stimulés à mieux faire en les aidant à faire moins mal. Ils se félicitent de l'avoir trouvé sur leur chemin et de se l'être rendu familier.

La seconde édition a été revue avec soin, corrigée sur quelques points, augmentée de quelques remarques utiles ou de quelques contresens nouveaux. Tout a été fait pour la rendre plus digne encore que la première du meilleur accueil.

34.

Ketteler, par Georges GOYAU, 1 vol. gr. in-16 (Collection La Pensée Chrétienne). Prix : 3 fr. 50; franco: 4 fr. Librairie Bloud et Cie, 4, rue Madame, Paris (VI®).

Ce que s'est proposé l'auteur de ce volume, c'est de faire connaître, par des fragments bien groupés, Ketteler docteur social. L'Église et les temps nouveaux ; l'Église et les diverses variétés d'absolutisme; l'Église et le problème de la propriété; l'Église et la question ouvrière; la politique sociale, telles sont les cinq rubriques sous lesquelles viennent se ranger d'abondantes citations de l'œuvre de Ketteler, éclairées et commentées par une longue préface historique. « Mon âme tout entière, écrivait le grand évêque de Mayence, est attachée aux formes nouvelles, que les vieilles vérités chrétiennes créeront dans l'avenir pour tous les rapports humains ». Et ce qui fait précisément l'intérêt de ce livre, c'est le spectacle de Ketteler adaptant sans cesse ces «< vieilles vérités » aux «< formes nouvelles », appelant l'antique thomisme à la rescousse des revendications sociales et faisant de la plus pure tradition chrétienne un actif instrument de progrès.

35. L'Avenir de l'Église Russe. Essai sur la crise sociale et reli gieuse en Russie, par Joseph WILBOIS. In-16, Bloud et Cie, 3 fr. 50 Les sept chapitres qui forment ce livre 1° Sur la constitution sociale de la Russie; 2o L'âme russe comme produit de la vie russe;

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