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Les chiffres correspondants sont pour la Russie:

32.000 tués, 150.000 blessés, 8.000 hommes morts de maladie. Total; 190.000. Dépense: 5 milliards 550 millions de francs. En ajoutant à cette somme le capital correspondant aux pensions à payer et à la réfection de la flotte et du matériel de guerre, on arrive à conclure que la guerre a coûté à la Russie: 6 milliards 400 millions de francs.

A titre de comparaison, la guerre de 1870 a coûté à la France, en dehors des cessions de population et de territoires :

139.000 hommes tués ou morts de maladie et 138.000 blessés. L'Allemagne avait acheté son triomphe par 47.000 hommes tués et 128.000 blessés.

Du seul fait de la guerre, les dépenses se sont élevées, pour la France, à 9 milliards 500 millions. Ce chiffre renferme l'indemnité de guerre de 5 milliards, payée à l'Allemagne, et le montant des contributions levées directement par les troupes allemandes, ainsi que leurs frais d'entretien.

Dans la guerre russo-japonaise, l'observation a fait ressortir la guérison rapide des blessures causées par les armes à très petit calibre, telles que le fusil japonais. Une autre constatation de statistique comparée est le faible coefficient des décès par maladie. Ce résultat a été dû à l'excellente organisation du service sanitaire chez les deux belligérants et à une amélioration importante pour le bienêtre et l'hygiène des troupes.

Il s'agit de l'invention des cuisines portatives ou roulantes, qui ont permis de servir des repas chauds aux combattants jusque sur la ligne de feu. Le procédé a été employé aussi bien chez les Japonais que chez les Russes. Il est urgent que l'armée française soit dotée sans retard d'un progrès du même genre.

Les enseignements techniques et tactiques de ces dix-neuf mois de guerre ont été compendieusement détaillés dans les rapports et les ouvrages militaires. Cependant, en dehors et au-dessus des formules de métier, l'histoire a pour mission de dicter des leçons d'une extension plus générale et d'une portée plus lointaine.

Au regard des belles conceptions de Turenne et de Napoléon, la stratégie qui s'est déroulée sur l'échiquier de la Mandchourie témoigne d'une indigence intellectuelle aussi complète dans un camp que dans l'autre. Pendant plus d'un an, cette stratégie a eu pour axe commun la voie ferrée du transmandchourien, et toutes ses évolutions se sont réduites à un mouvement de va-et-vient, comme pour le piston d'une locomotive.

Les Japonais ont largement imité les méthodes des Allemands:

« Machinisme et mécanisme », ils auraient pu adopter cette devise. L'imitation allemande leur a fait acheter trop cher la victoire, à Port-Arthur, par la précipitation, en Mandchourie, au contraire par l'excès de précautions et la lenteur. Après le débarquement de leurs trois premières armées, les Japonais pouvaient atteindre LiaoYang en un mois, ils en ont gaspillé trois dans cette marche.

Sans doute, cette lenteur est excusable, puisque, dans la campagne de France, les ennemis de Napoléon, vainqueurs à Leipzig, ont mis trois mois à gagner les sources de la Seine et de ses affluents. Pour les uns comme pour les autres, la faute n'en est pas moins capitale.

En atteignant Liao-Yang deux mois plus tôt, Oyama surprenait l'armée de Kouropatkine à l'état embryonnaire et la refoulait, presque sans combat, jusqu'à Karbine. Il faisait l'économie des batailles du Cha-Ho et de Moukden.

En atteignant la Seine deux mois plus tôt, les coalisés de 1814 empêchaient Napoléon de renforcer les débris de Leipzig. Ils faisaient l'économie des défaites de Champaubert et de Montereau.

Aux uns et aux autres, le moindre éclair d'inspiration et d'audace chez le généralissime eût été plus profitable que la plus savante méthode.

Le patriotisme du peuple japonais a été le facteur déterminant de

- ses succès.

La même vertu, fortifiée de ténacité, aurait permis à la Russie de vaincre, comme elle a permis à l'Angleterre de triompher deux fois dans le cours du XIXe siècle, au début contre le génie de Napoléon, à la fin contre l'héroïsme des Boërs de l'Afrique australe. Dès l'antiquité, les Romains avaient reconnu d'intuition cette importance quand, après un désastre qui conduisait Annibal aux portes de Rome, le Sénat remerciait les généraux vaincus de n'avoir pas désespéré de la République.

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Dans tous les temps, quels que puissent être les progrès de l'industrie et de la méthode machinisme et mécanisme la solution des grandes crises guerrières appartiendra toujours à ces dons divins, gloire de la psychologie des chefs et des peuples : l'inspiration, le patriotisme, la ténacité.

Joseph PERREAU,

CHRONIQUE DE L'INSTITUT CATHOLIQUE

Nous avons parlé, dans les précédentes chroniques, du pèlerinage que les étudiants ont voulu faire cette année à Rome, à l'occasion du jubilé sacerdotal du Souverain Pontife. Le compte rendu de ce pèlerinage a été publié dans une élégante brochure, dont un exemplaire, spécialement relié à l'intention du Pape et marqué de ses armes, fut remis à sa Sainteté dans le courant du mois d'août. Pie X a daigné en accuser réception en faisant adresser au vice-recteur la lettre suivante :

Monsieur le Chanoine,

Le Saint-Père a été fort sensible à l'hommage que vous Lui avez fait du gracieux petit volume: «Les Étudiants à Rome » consacré au récit du pèlerinage accompli par vos bons jeunes gens en avril dernier, à l'occasion du Jubilé de Sa Sainteté.

En vous remerciant de Sa part, el en vous transmettant la Bénédiction apostolique, que le Saint-Père vous accorde de tout cœur ainsi qu'à tous vos chers étudiants, je suis heureux de saisir celle occasion pour vous renouveler, Monsieur le Chanoine, l'expression de mes sentiments dévoués en N. S.

R. Card. MERRY DEL VAL.

Mais avant que ne fussent closes les fêtes de ce Jubilé, le Recteur tint à faire parvenir à Pie X une nouvelle et solennelle expression des sentiments de tous ceux qui composent l'Institut catholique. Il envoya donc à Rome l'adresse suivante, que nous sommes heureux de publier dans son texte intégral on verra que l'Institut catholique peut parler la langue officielle de l'Église sans manquer aux exigences de la plus pure langue classique.

Beatissime Pater,

Anniversario illo die recurrente quo ante hos quinquaginta annos, accepta divini chrismatis unctione, Vestra Sanctitas ad sacerdotium evecta est, Parisiensis Instituti Catholici rectori, curatoribus, professoribus, alumnis, hoc in primis cordi fuit ut reverentiae, gratis

simae mentis humillimique obsequii sensus testarentur Ч uibu eorum animi abundant. Nunc cum maxime omnipotenti Deo gratias agunt quod illum Ecclesiae suae praefecerit providum fortemque Pontificem, cujus prudentia, voluntas, animus rerum magnitudini semper par fuit, sive regendae mentes fuerunt atque in rectam viam reducendae, sive instauranda fuit disciplina, sive eos solari atque confirmare necesse erat qui persecutionem patiuntur. Deum enixe rogamus ut Ecclesiae suae difficillimis his temporibus sospitem diu salvumque Ducem servet quo confirmante feliciter hostibus restitimus. Quantum in nobis erit, in eo humili loco quo divina voluntate positi sumus, invicta fidelitate firmissimaque constantia, pro nostris viribus enitemur ut in communis utilitatis consilium cum Sanctilate Vestra aliquid conferamus, dum conamur eam animorum conjunctionem pacemque fovere quam hominibus Dominus Noster Jesus Christus attulit, atque ad unum unius Pastoris ovile eos revocare atque reducere qui aberraverunt. Cum quibus sensibus dignetur Vestra Sanctitas benigne impensam voluntatem probare devotamque fidem accipere obsequentissimorum filiorum.

Ex Instituto Catholico Parisiensi, a. d. III idus novembr., die festo Sancti Martini.

Quelques jours après, la réponse arrivait à Mgr Baudrillart:

Dal Vaticano, 27 novembris 1908.

Reverendissime Domine,

Ex litteris tuis humanissime scriptis, eam Summus Pontifex cepit laetitiam quem Patri capere fas est ex summo filiorum studio ac reverentia. Hanc vero laetitiam cumularunt tum praeclarum indicium quod facis de iis quae pro conditae a Christo Ecclesiae regimine ab Apostolica Sede mandata sunt, tum quas refers fusas pro communi patre ad Deum preces. De his Sanctitas Sua tum tibi, tum istius catholici Instituti curatoribus, professoribus et alumnis, quos socios habes et consortes eorundem obsequentis animi sensuum, gratias habet maximas: eas vero refert Apostolicam Benedictionem vobis omnibus amantissime impertiendo. Hanc ego nactus occasionem, existimationis meae tibi sensus exibeo, meque profiteor Dominationi tuae

addictissimum.

R. Card. MERRY DEL Val.

Nous ne pouvions commencer l'année sous de meilleurs auspices.

**

Déjà, le 3 novembre, nous avions mis tous nos travaux de la nouvelle année sous la protection divine, en assistant à la Messe du Saint-Esprit que S. G. Mgr l'archevêque de Paris daigna célébrer au milieu de nous.

Après l'Évangile, Mgr le Recteur, avec cette sûreté de vue, cette netteté pénétrante et cette vigoureuse précision qui lui sont coutumières, prononça sur la vraie religion de l'esprit une allocution que l'on trouvera reproduite, in extenso, dans le numéro supplémentaire de la Revue.

* *

Et voilà la rentrée, maintenant, effectuée depuis un grand mois tous sont à l'œuvre, et activement.

La cause particulière qui avait, ces deux dernières années, amené une affluence extraordinaire de séminaristes ayant cessé d'exister, le nombre des étudiants ecclésiastiques a repris son niveau normal. Les étudiants laïques se sont augmentés de quelques unités, dans les différentes sections des Sciences et, à l'École des Lettres, dans les sections de Philosophie et surtout d'Histoire. La Faculté de droit a maintenu le chiffre élevé qu'elle avait atteint l'année dernière '.

*

La session d'examens d'octobre-novembre a permis à la plupart des canditats malheureux en juillet de réparer leur échec. Mais après les magnifiques résultats de l'année dernière, nous ne pouvions enregistrer qu'un nombre restreint de diplômes nouveaux. C'est ainsi qu'aux 76 licenciés ès lettres de l'année scolaire 1907-1908, nous avons seulement, pour cette session, 11 noms à ajouter : Ancien régime.

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Lettres-lettres: MM. Honoré, Laffilley,
Perret, Roussel.

Histoire N. Noussat.

Allemand M. Joly.

Anglais M. Bigot.

1. Voici le nombre exact des étudiants de cette Faculté, au 30 novembre de chacune des dernières années : 1904, 300; 1905, 292; 1906, 308; 1907, 345; 1908, 361.

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