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cinés; à côté, vases et objets destinés au défunt. Les populations nouvelles cananéennes sémitiques n'incinèrent elles pas, inhument; mais après les avoir consacrées par un sacrifice humain, elles emploient les anciennes cavernes, sans s'interdire d'ailleurs d'enterrer dans les maisons particulières ou de creuser de nouveaux hypogées (tombes à puits). A côté des restes des cadavres, les restes des offrandes qui leur étaient faites, jusqu'au couteau pour découper les victuailles; pour la première fois aussi, les lampes. La venue des Israélites n'introduit que des modifications secondaires: couchés sur le côté gauche, les genoux ramenés sous le menton, les cadavres gisent sur un lit de pierres, parfois ils sont entassés dans des cavités creusées au centre de la caverne; à noter aussi les traces de double sépulture à la façon égyptienne. Quelques emblèmes religieux figurent à côté des vases et des offrandes, qui tendent à revêtir des formes et des dimensions tenant du symbolisme plus que du souci réel d'approvisionner le mort; les lampes abondent. Cette évolution de la tombe n'aboutit que plus tard aux monuments dont, auprès de Jérusalem, le village de Siloë renferme des exemples authentiques. La seconde partie du chapitre est consacrée à l'interprétation des usages funéraires. La fidélité avec laquelle le néolithique lui-même pourvoyait d'un mobilier les cendres de ses morts prouve qu'à ses yeux tout l'homme ne disparaissait point dans la crémation. Pour le Sémite, la tombe, pareille dès l'origine à la maison du vivant, pourvue de mobilier, de vivres, parfois d'images de serviteurs, ayant aussi ses images de dieux, peut-être même sa fosse à offrandes (si tel était sûrement le symbolisme de la cavité pratiquée au centre de la caverne), — la tombe était «< la maison du mort, sa demeure véritable et permanente d'éternité ». L'absence de clôture absolue témoignait qu'on ne voulait pas détruire toute relation entre les vivants et les morts. Laissant de côté ce que le P. V. dit des rapports des hypogées cananéens avec ceux d'Egypte ou de Chaldée, les vues intéressantes qu'il émet touchant le parallélisme de la substitution de l'inhumation à l'incinération en Babylonie et en terre de Canaan, négligeant même ce qu'il dit des influences égyptiennes sur le procédé de l'ensevelissement partiel, je ne remarque que deux détails concernant le mode de sépulture: la position du corps dans la tombe, si semblable à celle de l'enfant dans le sein de sa mère, pourrait se rapporter à l'idée du retour du défunt à la terre, mère commune des vivants; et la même idée serait encore exprimée par ce lit de galets placé sous le mort comme le vestige de l'enveloppe que la terre devait lui fournir. Le point saillant de ce chapitre est peut-être celui où le P. V. établit avec beaucoup de rigueur que les offrandes et le mobilier funéraire

ne témoignent en aucune façon d'un culte rendu au mort; de ces divers objets, les uns témoignent des actes de culte religieux accomplis au moment de la sépulture ou en perpétuent le symbole (lampes); les autres sont à la disposition du mort pour sa vie nouvelle.

Les développements qui précédent ne nous permettent point d'analyser le chapitre de la céramique pourtant si instructif, légitimant d'ailleurs avec précision les diverses répartitions chronologiques que le P. V. avait signalées au début de son livre. Nous ne dirons rien non plus du chapitre sixième consacré à la géologie et à la préhistoire du pays de Canaan; il aboutit à nous montrer dans les monuments mégalithiques le trait de transition entre la période préhistorique et l'invasion sémitique cananéenne: pour le P. V. les dolmens ont avant tout le caractère de sépulture.

C'est avec regret que nous ne pouvons que signaler le beau chapitre de conclusions: Canaan dans l'histoire. C'est un cadre extrêmement savant et d'une remarquable clarté pour tous les renseignements que la Bible nous fournit touchant les premiers habitants de la Palestine, les migrations des Patriarches, le retour d'Israël organisé en nation, la prise de possession de Canaan, la période des Juges et les premiers temps de la royauté. Tout serait à reproduire de cette magistrale étude; nous sommes loin des « concordismes » forcés entre la Bible et les découvertes modernes; aussi, moins de dogmatisme que dans le passé, moins de récriminations contre les «< rationalistes » ; des affirmations qui, pour demeurer objectives, connaissent successivement tous les degrés de la probabilité et de la certitude. Elles n'en aboutissent pas moins à confirmer de la manière la plus frappante les données générales des récits bibliques les plus anciens. Le volume du P. V. fait honneur à la collection des Études Bibliques et aux méthodes de recherches précises qui sont en honneur à l'École biblique de Jérusalem. Le texte encadre d'excellentes illustrations; plans, coupes, diagrammes très bien tracés, relèvent le mérite de cet ouvrage de tout premier ordre.

Je ne ferai que quelques critiques, persuadé que le P. V. saura maintenir ses éditions successives au courant des découvertes et faire disparaître certaines lacunes qu'il signale lui-même. Au point de vue du fond, je me demande si l'on doit souscrire sans réserves à l'interprétation donnée p. 424 des autels de Balaam; si, p. 456 et 457, le récit de la sortie d'Égypte est de nature à écarter toutes les inquiétudes des exégètes d'un conservatisme même modéré (en revanche l'installation en Terre Sainte, p. 461 ss. me paraît racontée avec un sens admirable de l'interprétation des documents). Les arguments sur lesquels on s'appuie pour attribuer à l'autel israélite une date posté

rieure à 721 me paraissent faibles; le syncrétisme pouvait remonter plus haut; surtout dans le royaume du Nord, la religion était très ouverte à l'influence étrangère (cf. l'exemple d'Achab; noter, même pour le royaume du Sud, le cas d'Achaz et de l'autel de Damas). Surtout je doute qu'on puisse voir dans l'autel israélite (p. 186) « tout ce qui reste des sanctuaires nationaux » rien ne prouve qu'après 721 le culte de Yahweh ne se soit plus exercé aux hauts-lieux et ce que la Bible raconte de la réforme de Josias en ces régions témoignerait plutôt dans un sens contraire.

Certaines illustrations manquent de netteté (p. 40); on voudrait une carte des fouilles avant les pages 394, 395; certains plans à lettres v. g. p. 208, demanderaient une légende quelconque; p. 58, le plan contrarie par sa disposition les habitudes reçues pour l'orientation; la stèle des vautours p. 283 serait à sa place p. 287 (cf. note à cet endroit). Noter enfin p. 105, dernière ligne, une faute d'impression angle nord-ouest au lieu de nord-est (cf. fig. 71 et 72).

Enfin, si le P. V. est plein d'une juste déférence pour les « savants maîtres de l'archéologie égyptienne ou chaldéenne, pour les laborieux explorateurs des chantiers, il est parfois dur et presque dédaigneux pour ceux dont ces découvertes devaient modifier les conclusions, v.g., p. 91, relativement aux manuels de Benziger et Norwack. Qu'on perde un peu son sang-froid vis-à-vis de certains dogmatiseurs qui veulent superposer leur orthodoxie fanatique à l'orthodoxie ecclésiastique, cela se conçoit : mais dans la note de la page 372, l'auteur est pour M. Guibert d'une dureté imméritée; les coquilles d'impression peuvent jouer à tout le monde de mauvais tours; et puis il faut tenir compte des éditions ; d'aucuns ne reprocheraient-ils pas au P. V. de citer M. de Lapparent d'après une édition de 1885, vieille déjà de vingt-deux ans ?

Mürren, 24 juillet 1908.

J. TOUZARD.

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