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vures hors texte, dessins et plans. Librairie des Saints-Pères, 1908; 7 fr. 50.

Non loin du carrefour des Gobelins, sur un emplacement occupé aujourd'hui par le boulevard Aragó, s'élevait une église mentionnée déjà en 1158, et qui fut paroissiale de 1205 à 1791: l'église Saint-Hippolyte. L'histoire que nous en donne M. l'abbé Gaston est intéressante à plus d'un titre. Elle est d'abord une précieuse contribution à l'histoire du diocèse de Paris. De plus, comme cette paroisse renfermait sur son territoire la manufacture royale des Gobelins, elle fut très connue des artistes, et ses registres contenaient bon nombre d'actes qui nous fournissent, sur les artistes du XVII et du XVIIIe siècle, des renseignements très importants. Enfin cette église, fille de la collégiale Saint-Marcel, et mère à son tour des chapelles Notre-Dame-des-Champs et Saint-Jacques-du-Haut-Pas, fut le témoin de nombreuses et curieuses luttes de préséance ou de juridiction qui se prolongèrent jusqu'à la veille de la Révolution. Mais sa fin fut noble: aucun des prêtres qui la desservaient ne consentit à prêter le serment schismatique, et l'un d'eux, Henri-Jean Milet, mourut martyr à Saint-Firmin, le 3 septembre 1792.

Telle est l'histoire que l'abbé Gaston a reconstituée par de laborieuses recherches, à l'aide de documents presque tous inédits, et qu'il raconte, suivant le cas, avec finesse, avec enjouement ou avec émotion, mais toujours avec une parfaite clarté et de la manière la plus intéressante.

L'Institut catholique félicite son ancien élève de ce savant et bel ouvrage.

4.

J. B.

La Foi catholique, par l'abbé H. LESÊTRE. In-16 de x-497 p., Paris, Beauchesne, 1909.

Trois éditions de cet ouvrage ont été enlevées en quelques semaines, et il faut s'en réjouir. Sous une forme admirablement claire, précise sans sécheresse, didactique sans terminologie menaçante, très documentée sans étalage d'érudition, M. Lesêtre vient de faire une œuvre vraiment utile. Il y en a tant qui prennent le change sur la doctrine catholique, et y voient des difficultés insurmontables ou des affirmations inacceptables parce qu'il s'en font une fausse idée. L'auteur, par un exposé lumineux des vérités de foi, dissipe ces ignorances et ces préjugés. Sans avoir besoin d'indiquer les objections et de les réfuter en détail, il enlève tout fondement à la plupart d'entre elles par cet enseignement positif et objectif.

La doctrine est sûre, personne n'a besoin, je pense, qu'on le lui

garantisse. Mais M. L. n'ajoute pas à la doctrine officielle et certaine ses idées personnelles. Il ne tranche pas les questions; ne faisant pas œuvre de polémique, il ne prend pas parti.

L'œuvre y gagne en sérénité, en impartialité; elle n'en est que plus imposante et plus persuasive.

L'ordre suivi est l'ordre habituel de la théologie et du catéchisine; mais comme les ennemis de la foi, aujourd'hui, s'attaquent surtout à la raison pour lui contester le pouvoir de démontrer la possibilité et la crédibilité de la révélation, M. L. commence, dans un premier chapitre qui est vraiment le chapitre fondamental, par établir les données rationnelles sur lesquelles s'appuie l'intelligence pour adhérer à la doctrine révélée. La méthode est rigoureusement logique, et des indications sobres, mais précises et significatives, des sous-titres en bon relief, permettent au lecteur de reconnaître aisément la suite de la doctrine et l'enchaînement des raisons.

5.

J. B.

-L'essentiel de la Religion catholique, par l'abbé P. COQUERET. In-16 de 167 p., Paris, Lethielleux, 1908.

Ce n'est pas là, bien entendu, un livre de lectures amusantes ou édifiantes. C'est un précis de la doctrine chrétienne, complet, exact et clair, d'une méthode parfaite, permettant de repasser rapidement toutes les questions importantes, d'en voir l'enchaînement, de prévoir les principales objections. Autrement dit, ce petit ouvrage sera, pour tous les catéchistes volontaires, un excellent cadre de bonnes explications; et si d'autres que les catéchistes veulent s'en servir, ils y puiseront des notions nettes et sûres qui leur seront d'un grand pro

fit.

6.

-

J. B.

Une page d'histoire sur les associations cultuelles, par l'abbé G. ANDRÉ, Supérieur du Séminaire universitaire de Lyon. In-12 écu, 0 fr. 60, franco: 0 fr. 75 (P. Lethielleux, éditeur, 10, rue Cassette, Paris, VIe).

Dans cette brochure, M. l'abbé André nous retrace l'histoire des associations cultuelles en Amérique. Dans un premier chapitre, il nous fait assister à leur origine. Il s'agit en Amérique comme en France d'associations établies selon les lois existantes du pays, pour subvenir aux frais du service divin et à la subsistance du clergé. Mais là s'arrête la similitude. En Amérique, ces associations appelées «< Trustees » jouissaient d'une liberté complète. Elles pouvaient devenir personne civile, capable de posséder, d'acquérir et d'administrer les ressources nécessaires au culte, d'après les statuts, la dis

cipline et les exigences de leur religion. L'État n'intervenait que pour les protéger, et s'abstenait de toute immixtion dans les questions religieuses, il favorisait même leur développement. L'élément laïque prit une prépondérance excessive dans ces corporations. L'action des prêtres et des évêques fut paralysée et violemment contrariée. Des scandales se produisirent, des schismes éclatèrent. Il ne fallut rien moins que les efforts héroïques des évêques, l'intervention de Rome, les règlements disciplinaires de huit conciles, pour réfréner l'audace des « Trustéistes », et assurer la pleine indépendance du clergé. C'est l'histoire de ces luttes gigantesques et de la victoire finale que nous retrace M. André dans cette intéressante brochure. Elle nous montre comment les Américains ont su conquérir la liberté religieuse et assurer le triomphe définitif. Elle nous met devant les yeux un magnifique exemple à suivre, et peut nous consoler dans les douloureuses épreuves que nous traversons.

Ph. GONNET.

7. — Vie de la Bienheureuse Marguerite-Marie, par Auguste HAMON. Édition complète sans l'appareil ni les notes scientifiques. Troisième mille. In-16, Beauchesne et Cie; 4 francs.

Le succès de la grande édition in-8o a décidé M. Hamon à donner une édition plus abordable à tous, et il faut l'en remercier, car cet ouvrage est un de ceux dont la lecture peut faire le plus de bien.

Très intéressant par la biographie psychologique que l'auteur donne de son héroïne, il est très instructif par l'étude de théologie mystique, aussi pénétrante que vivante, qu'il renferme, et par les renseignements précieux qu'il fournit sur les origines de la dévotion au Sacré-Cœur. Il fait aimer la Bienheureuse, et partager son amour pour le Cœur de Jésus.

Nous souhaitons seulement que, dans une nouvelle édition, l'auteur fasse disparaître quelques négligences qui gênent un peu à la lecture: par exemple, p. 204, utile pour inutile; p. 361, assistance pour assistante; p. 436, traduction pour tradition; et très souvent (pp. 183, 189, 361, etc.) « vendredi dans l'octave >> au lieu de « vendredi d'après l'octave ».

Ce ne sont là que vétilles : l'ouvrage est un livre de premier ordre, édifiant, intéressant, et toujours sérieusement documenté. Il est à souhaiter qu'il trouve autant de lecteurs qu'il en mérite.

J. B.

8.

La Force curatrice à Lourdes et la Psychologie du Miracle, par le docteur BARADUC.— 1 vol. in-12. Six photographies hors texte. Prix 1 franc. Librairie Bloud et Cie, 4, rue Madame, Paris, VI.

Par un procédé photographique, le docteur Baraduc a pu recueillir, à Lourdes, l'empreinte photo-chimique de la force (déjà connue de lui) qui, venant de l'invisible, opère la guérison des malades. Cette force, qu'invoque la prière de la foule, tombe en une pluie de globules qui ont impressionné de la même empreinte dix plaques photographiques.

Le Docteur examine ensuite les attributs du plan surnaturel cosmogonique émetteur du phénomène, les conditions cosmiques du mouvement de la force et les conditions de réceptivité qui, chez le malade empêchent ou favorisent son action curative. Il termine en demandant à Lourdes la fondation d'un laboratoire qui mettrait la science à même d'étudier les forces supérieures de la Création.

Jamais la science positive n'était allée si avant dans un domaine aussi élevé et c'est au nom de la foi, de la science et de l'humanité, que la reconnaissance de tous doit aller au savant auteur de ce remarquable travail.

9. L'Église et la critique biblique (Ancien Testament), par le R. P. Joseph BRUCKER. In-8 de VIII-294 pages, Lethielleux; 4 francs.

Le titre seul indique que cet ouvrage est tout à fait d'actualité. Mais l'intérêt du sujet n'est pas ce qui le recommande le plus : il faut encore plus louer l'auteur de la manière dont il a su concilier l'étendue des connaissances, la largeur des conceptions et la fermeté de la doctrine. Après avoir, dans une première partie, rappelé les principes généraux sur l'autorité de l'Eglise et sur les droits de la critique, précisé les données des problèmes relatifs à l'inspiration et les conditions qu'impliquent l'authenticité et l'intégrité de nos saints. Livres, il passe aux applications et étudie successivement trois questions capitales: l'authenticité mosaïque du Pentateuque, la vérité historique de la Genèse, l'évolution des doctrines bibliques. Sur chacun de ces points, l'auteur expose d'abord la thèse orthodoxe, puis les hypothèses des divers critiques; avec une finesse très judicieuse, il distingue dans ces hypothèses ce qui est fondé et ce qui est purement gratuit, ce qui est acceptable et ce qui est contraire à l'enseignement de l'Église. Le P. Brucker est fermement conservateur, mais jamais étroit ni routinier; la lecture de son œuvre peut rendre les plus grands services à ceux qu'auraient quelque peu troublés les

problèmes soulevés sur les questions bibliques. Le chapitre VII, dans lequel il montre ce qui est acceptable de la théorie documentaire, et sait lui-même en tirer bon parti, me paraît tout à fait le modèle du genre.

A regretter seulement quelques insinuations personnelles vagues et dangereuses, eomme celle de la page 192, où le P. Lagrange est, bien à tort, mis en cause.

Les documents et les tables qui terminent le volume seront par ticulièrement utiles.

10.

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J. B.

Cournot et la renaissance du probabilisme au XIXe siècle, par F. MENBRÉ, professeur à l'École des Roches. Dans la Bibliothèque de philosophie expérimentale. In-8, Paris, Marcel Rivière,

1908.

Ceux qui ne se laisseront pas rebuter par les 650 pages de cette étude n'auront pas à regretter le temps qu'ils auront passé à la lire. Cournot, à la fois savant et philosophe et si parfaitement l'un et l'autre qu'il ne se croyait le droit de philosopher que dans la mesure de sa science, est une physionomie très attachante. Inférieur à Leibnitz pour la coordination et la systématisation de ses idées, il est vraiment son émule pour l'étendue et la variété de ses connaissances, aussi bien que pour l'originalité et la richesse de ses idées.

M. Mentré nous avertit que son livre est «< avant tout une réparation de l'injustice des contemporains » à l'égard de Cournot et certes il atteint son but en soulignant bon nombre d'idées fécondes qui furent celles de son maître avant de connaître le succès sous d'autres plumes. Ce que fut la vie de Cournot, ce que fut surtout sa vie intellectuelle, à quelles sources elle s'alimenta et quel apport elle fournit aux penseurs qui le suivirent, voilà ce que nous fait parfaitement connaître la lecture de cet ouvrage. Et de tout l'ensemble se dégage cette impression que Cournot fut un homme d'une intelligence à la fois très riche et très pondérée, d'une parfaite probité et, jusque dans les questions religieuses où la passion a tant de chances de se mêler, toujours droite et loyale. On eût souhaité que l'auteur, qui d'ailleurs a pris soin de défendre sur ce point sa méthode, ait fait une place moins large aux extraits et citations. Son œuvre eût paru plus achevée si M. Mentré, tout en restant très objectif, avait traduit davantage la pensée de Cournot en sa propre langue. Mais c'est de quoi on lui fera grâce aisément, en raison de l'intérêt de premier ordre qu'offre son travail.

L.

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