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nes plus colorées, mais sans trace d'iode. Ces accidents avaient cessé le lendemain, par l'emploi des boissons et des lavements émollients. M. Magendie avale une cuillerée de teinture d'iode sans autre accident qu'une saveur désagréable qui persista pendant plusieurs heures. Un enfant de quatre ans en prend par mégarde la même quantité sans autre inconvénient que la coloration en jaune de la langue et des lèvres. —M. Sandras a donné à une femme la teinture d'iode à la dose de 8 gram. (environ 60 centigr. d'iode) sans développer des symptômes d'intoxication; les matières fécales ainsi que les urines étaient colorées en jaune. Il aurait été important de constater si l'iode existait en nature dans les urines. Ces résultats si différents sur le degré d'activité de l'iode, dépendent probablement, de ce qu'on ne l'a pas employé sous les mêmes formes, ou bien encore, de l'état de plénitude ou de vacuité de l'estomac. Lorsque cet organe renferme des aliments féculents, les effets de l'iode peuvent être annulés, puisque, l'iodure d'amidon qui en résulte, peut être donné comme médicament, à la dose de 4 à 8 gram. (environ 15 à 50 centigr. d'iode) sans inconvénient.

Observ. Ire. Une dame de 26 ans, maigre, nerveuse, trèsirritable, par suite d'affection morale, prend, pour se suicider, 6 gram. de teinture d'iode (environ 45 centigr. d'iode) : aussitôt après, ardeur, sécheresse, depuis la gorge jusqu'à l'estomac, douleurs déchirantes à la région épigastrique, efforts de vomissements. Le docteur Montcourier, qui vit la malade une heure après, a noté les symptômes suivants : souffrances considérablement augmentées ; il n'y a pas eu encore de vomissements; face animée; yeux larmoyants; pouls-petit, concentré ; douleurs d'estomac portées au plus haut degré, exaspérées par la moindre pression; tendance à des mouvements convulsifs des membres supérieurs. - Prescription: eau tiède donnée par verres, à quelques minutes d'intervalle. Après le 3me verre, vomissements de la presque totalité du liquide ingéré, coloré en jaune, et offrant l'odeur et la saveur de l'iode, au dire de la malade. Continuation de la même boisson. Chaque verre n'était pas plus tôt avalé que rendu, et, chaque fois, les vomisse

ments étaient moins douloureux. Les matières vomies offraient de moins en moins la couleur et la saveur de l'iode. Une potion calmante est substituée à l'eau tiède; des cataplasmes aspergés de laudanum sont appliqués sur l'épigastre. Dès lors, les douleurs, les vomissements et les contractions spasmodiques de membres supérieurs cessèrent, et furent remplacés, au bout d'une heure, par des douleurs abdominales, plus marquées sur tout dans le trajet du colon, que calmèrent deux demi-lavements, préparés avec un fort décocté de têtes de pavots. Il survint un sommeil d'une heure. On réitéra les lavements et les cataplasmes. La nuit fut bonne. Le lendemain il ne restait qu'une extrême lassitude et un désir de boissons froides et acides. (Journ. de Chim. 1828.)

Observ. II. Une jeune personne, prend, pour se suicider, 6 gram. à peu près de solution d'iodure de potassium iodée : Aussitôt, malaise général, nausées, sentiment d'ustion, de douleur très-aiguë à la région épigastrique. Une heure après, vomissements spontanés d'un liquide jaunâtre, ayant le goût très marqué de l'iode; agitation extrême; plaintes continuelles; pâleur de la face; céphalalgie, violents vertiges; pas de réaction fébrile. On prescrivit de l'eau chaude pour faciliter les vomissements, des lavements émollients, une solution concentrée de gomme pour boisson, et quelques cuillerées d'une potion anti-spasmodique. Le rétablissement était, complet le cinquième jour. La céphalalgie et les vertiges furent les symptômes qui persistèrent le plus. (O. Dessaignes, Archiv. gén. de Méd. 1829.) L'analogie symptomatique que présente cette observation avec la précédente, nous porte à penser que, les effets toxiques doivent être attribués plutôt à l'iode qu'à l'iodure de potassium. Cependant ce dernier corps, peut bien, par suite de son absorption, avoir retardé le rétablissement et concouru au développement de la céphalalgie, des vertiges, etc.

Le docteur Jahn de Meningin cite un càs dans lequel une forte dose d'iode produisit des douleurs violentes, des vomissements, une diarrhée abondante et sanguinolente, du froid à la peau, des frissons, le clignotement des yeux, de la fréquence

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EMPOISONNEMENT PAR L'IODE.

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dans le pouls. (Christison.) L'iode, à la dose de 2 à 3 centigr., peut, d'après Gardner, développer soudainement des accidents très-graves, tels que, vomissements, selles répétées, douleurs aiguës d'estomac, état sabural de la langue, emaciation rapide, crampes, petitesse et fréquence du pouls, quoiqu'il ait été administré pendant plusieurs mois à cette dose sans inconvénient. Ce niême médecin a observé aussi des symptômes facheux demi-grain d'iode administré trois fois par jour, pendant une semaine, et Coindet, par 30 gouttes de soluté d'hydriodáte de potasse-iodé, donné pendant trois jours.

par

Ces faits qui n'ont pas besoin d'interprétation, quoique peu nombreux, démontrent, par leur extrêine analogie, que l'iode agit comme irritant local, et que, la plupart des symptômes dependent de son action âcre, irritante sur le tube intestinal. La tendance au mouvement convulsif des membres, notés dans la première observation, la céphalalgie, les vertiges, l'agitation extrême, observés dans la deuxième, peuvent tout aussi bien être sympathiques, que dépendre de l'absorption de ce poison. Dans l'empoisonnement lent, lorsque l'iode est donnée comme médicament, pendant trop longtemps, ou à dose trop élevée, il ŝature en quelque sorte l'organisme, produit une espèce de fièvre iodique, caractérisée par la perturbation des principales fonctions de l'économie, et principalement des fonctions de la digestion et de l'assimilation. L'innervation et la circulation en reçoivent aussi une fâcheuse influence; c'est ce que démontrent parfaitement les deux observations qui suivent :

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Observ. III. Le Dr Neumann, de Neuchâtel, administre l'iode a haute dose, contre un engorgement des ganglions cervicaux, lequel disparaît en peu de temps, mais alors apparaissent les symptômes suivants : Palpitations dans la poitrine et le bas ventre, qui ne cessent que par la position horizontale; grande faiblesse ; fréquentes défaillances; maigreur extrême; infiltration des jambes. Les palpitations étaient si continuelles et si violentes, qu'on crut à une affection organique du cœur ; mais le soulagement constant que produisait la position horizontale, l'absence de la toux, de la dyspnée, avant l'apparition de

l'anasarque, fitent considérer ces palpitations comme dépendantes d'une altération des fonctions du cœur. Ces palpitations cédèrent au bout d'un an, à l'emploi de la digitale, de l'eau distillée de laurier-cerise. Il ne resta que l'infiltration qui disparut progressivement sous l'influence du savon, de l'arnica. Observ. IV. Un hommie de 40 ans, qui, pour un goître volumineux, prit sans précaution une quantité considérable de teinture d'iode, éprouva les symptômes suivants : Agitation; chaleur extrême; palpitations; pouls très fréquent; bouche påteuse; érections violentés et soutenues; diarrhée abondante; soif inextinguible; tremblements; amaigrissement; défaillances; syncopes; mort en cinq semaines (Zinc, Biblioth. thérap.).

On a cité éncore parmi les effets constitutionnels de l'iode, l'atrophie des glandes mammaires, des testicules et du corps thyroïde; mais, ces effets ne sont pas constants. Gardner a vu les mamelles s'atrophier, sans que le goître, maladie contre laquelle l'iode était employé, disparut. L'atrophie des mamelles peut n'être qu'apparente et dépendre de la fonte du tissu graisŝeux. Le docteur Rivers a observé la stérilité chez deux femmes, qui, auparavant, avaient eu des enfants, et le docteur John, l'accroissement de toutes les sécrétions et excrétions; des sueurs visqueuses; des urines abondantes et intenses; une sécrétion plus forte de semence; une menstruation plus abondante; lé gonflement des veines; la salivation; une surabondance de šérosité dans le sang. Quelques personnes sont peu sensibles aux effets de l'iode; des malades en ont pris jusqu'à 4965 centigr. par portions journalières, variant de 10 centigr. à 1 gram., sans accidents fâcheux.

L'iode appliqué à l'extérieur occasionne des picotements, la rubéfaction, et même la vésication. Ses vapeurs sont àcres, irri

tantes.

Expériences sur les chiens. Magendie injecte dans les veines, 4 gram. de teinture d'iode, sans aucun effet apparent. Il la fait avaler à des chiens, sans autre effet que des vomissements. Orfila donne à deux chiens, à l'un, 4 gram., à l'autre, 4 gram. 60 centigr. d'iode: Mouvement de déglutition; vomissements

assez al:ondants de matières colorées en jaune et offrant des traces d'iode. Un troisième chien auquel il en a administré 5 gram., a vomi une petite quantité de matières brunâtres, ne contenant pas d'iode, est tombé dans l'abattement, et a succombé le cinquième jour, sans avoir éprouvé le moindre signe de paralysie, de convulsions. Il n'a pas trouvé d'iode dans le tube intestinal, comme dans les deux précédents, quoique cet organe offrît les lésions propres à ce corps. Sur un autre chien auquel il a donné 9 gram. 60 centigr. d'iode, et qui a succombé le quatrième jour, les selles renfermaient de l'iode le premier jour, et non le troisième.

5 gram. 60 centigr. d'iode enveloppés dans un cornet de papier, sont ingérés dans l'estomac l'œsophage est lié; l'animal meurt le sixième jour, dans un grand abattement. 4 gram. 60 centigr. d'iode, appliqués sur une plaie faite au dos d'un chien, ont produit seulement un effet caustique. L'animal s'est rétabli au bout de six jours, d'où M. Orfila conclut que l'iode n'a point été absorbé; mais évidemment, l'effet caustique s'est opposé à son absorption. Si ces expériences ne sont pas tout à fait comparables avec les observations d'empoisonnement aïgu chez l'homme, puisque l'iode a été administré sous des formes différentes, elles démontrent cependant qu'il est moins toxique qu'on aurait pu le penser, du moins à l'état solide, deux chiens ayant survécu après en avoir pris 4 gram., et plus. D'un autre côté, comme à la dose de 30 à 45 centigr., les symptômes, dans les deux observations citées, ont présenté assez de gravité, on peut, a priori, fixer la dose toxique, à celle de 1 à 2 gram.

Altérations pathologiques. Puisque la plupart des personnes ont survécu aux effets toxiques de l'iode, nous n'avons que fort peu de données à cet égard. Zink, dans l'observation citée, a trouvé les intestins boursouflés, fortement phlogosés en certains endroits, et présentant en d'autres, la teinte qui précède le sphacèle. L'estomac offrait à l'extérieur, une rougeur générale, et à l'intérieur, aux deux tiers de sa petite courbure, une excoriation de deux pouces carrés. Il était corrodé près du pylore,

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