Images de page
PDF
ePub

Devergie, dans les larmes d'un malade auquel il donnait ce sel à la dose de 24 grains par jour, et Peligot, dans le lait des ânesses auxquelles il l'administrait. MM. Wolher, Stenberger et O. Saugnessey, ont même trouvé l'iodure de potassium dans les urines, quelques jours après son administration, quoiqu'ils n'en aient pu découvrir aucune trace dans l'estomac. Aussi, les analyses, dans un cas d'expertise médico-légale, ne devraient pas se borner seulement à ces derniers organes, et aux matières qu'ils contiennent, surtout si les résultats étaient négatifs.

Le procédé d'analyse, pour démontrer l'iodure de potassium dans ces liquides, est celui que nous avons indiqué en parlant de la partie liquide des matières alimentaires. Dans tous ces cas on constate seulement la présence de l'iode. Nous avons mêlé une goutte de soluté d'iodure de potassium, à 30 gram. de sang corrompu, et 30 gram. d'eau, le tout a été chauffé jusqu'à coagulation; le liquide filtré, qui était à peine coloré, nous a donné, sans qu'il ait été nécessaire de le concentrer, une réaction très-marquée par l'amidon, l'acide sulfurique et le chlore. Christison, par le procédé de la carbonisation, a démontré 5 centigr. d'iodure de potassium, dans 180 gr. d'urine. Lorsqu'on opère sur des liquides contenant beaucoup de sels, tels que les urines, il importe, afin d'isoler ces sels autant que possible, de traiter le charbon par l'alcool, comme le recommande ce toxicologiste.

Effets toxiques.

L'iodure de potassium n'a pas été employé que nous sachions dans un but criminel. Dans l'observation de suicide l'iodure de potassium ioduré, citée par O. Dessaignes, les par effets toxiques dépendent probablement autant de l'iode que de l'iodure de potassium, d'autant plus que ce sel ne paraît pas doué d'une grande activité. M. Magendie en a donné jusqu'à 4 et 8 gram. par jour, sans accident. Les personnes prenaient de l'embonpoint. Chez les jeunes filles, la gorge continuait à se développer, ce qui infirmerait la propriété atrophique qu'on

attribue à ce sel. Bucchanam en a même porté la dose jusqu'à 16 gram., sans inconvénient. 4 gram. 20 centigr. d'iodure de potassium, dissout dans un peu d'eau, injecté dans la veine jugulaire d'un chien, détermine la mort en quelques secondes. 4 à 8 gram. ingérés dans l'estomac d'un chien, occasionnent des vomissements renfermant le poison, et un affaissement qui s'accroît de plus en plus jusqu'à la mort (Devergie.). Ces expériences ne concordent pas avec les observations chez l'homme. Enfin, l'usage prolongé de potassium produirait aussi la fièvre iodique, les effets constitutionnels de l'iode.

Altérations pathologiques. On a noté les lésions suivantes sur les chiens estomac fortement contracté; ecchymoses nombreuses; tissu cellulaire sous-muqueux, emphysémateux par plaques; rougeurs, injections, ulcérations à bords amincis de la muqueuse gastrique. Ces lésions siégent surtout dans le grand cul-de-sac de l'estomac. On a trouvé quelques traces d'inflammation dans le restant du tube digestif.

Traitement. Provoquer l'expulsion du poison par des boissons mucilagineuses ou albumineuses. Il n'y a pas de contrepoison connu. Faire la médecine des symptômes.

Questions médico-légales. Aucun cas d'expertise légale sur les préparations d'iode n'ayant eu lieu, ce n'est donc que par supposition que nous poserons les questions suivantes : 1° peuton trouver l'iode dans le sang, dans les urines, etc., quoiqu'il n'en existe pas de traces dans le tube intestinal ou les matières qu'il contient? Les expériences de O. Saugnessey, etc., répondent affirmativement. 2o Peut-on distinguer si l'iode a été donné comme médicament ou comme poison? Ce ne serait que par les lésions organiques du tube intestinal, par la quantité d'iode trouvée dans cet organe ou dans les matières qu'il contient, qu'on pourrait répondre à cette question. 3o L'empoisonnement par l'iode offre-t-il des caractères propres, distincts? Il est certain que, si ce n'est les altérations pathologiques, c'est-à-dire, la coloration des tissus en jaune, taches qui colorent le papier amidonné en bleu et qui disparaîssent par la potasse, ce qui les distingue des taches produites par la

par

bileet l'acide azotique, nous n'avons guère que les caractères chimiques qu'on peut résumer ainsi : 1o toutes les matières,

liquides ou solides, contenant de l'iode en nature ou à l'état de mélange, colorent un papier amidonné en bleu ; 2o tout liquide ou solide contenant de l'iode en nature, acidifié ou combiné, étant saturé par un soluté de potasse et traité ensuite par un soluté d'amidon, l'acide sulfurique et le chlore, donne une coloration bleue ou violette.

EMPOISONNEMENT par les PRÉPARATIONS de brome.

Les préparations de brome n'étant qu'imparfaitement connues sous le point de vue toxique, nous n'en parlerons que très-brièvement.

Le brome a été découvert par M. Balard, en 1826. Il est liquide, brun rougeâtre, vu par réflexion et en masse, rouge hyacinthe, vu par réfraction et par petites couches, d'une odeur forte, désagréable, d'une saveur âcre. Sa densité est trois fois. celle de l'eau. Il bout à + 47°, et se volatilise en vapeurs orangées-rougeâtres, lesquelles se forment aussi à la température ordinaire, et occupent l'atmosphère du flacon. Le brome colore la peau en jaune. Versé sur l'eau, il se dépose au fond du vase; mais il est assez soluble dans ce liquide pour lui communiquer une couleur jaune ambrée. Il se dissout très-bien dans l'alcool et l'éther.

Les solutés de brome sont colorés en jaune ou jaune rougeâtre; ils décolorent l'indigo, l'encre, la teinture de tournesol, et donnent 1°, par le nitrate d'argent, un précipité blanc jaunâtre cailleboté (bromure d'argent), insoluble dans l'eau, l'acide nitrique et l'ammoniaque; 2o par le protonitrate de mercure, un précipité blanc (proto-bromure de mercure), insoluble dans l'eau et se colorant en noir par l'ammoniaque; 3o agités avec de la limaille de zinc, ils se décolorent en formant un bromure de zinc, et se colorent de nouveau par l'addition de quelques gouttes de chlore, qui s'empare du zinc et met le brome à nu; 4o saturés par la potasse, ils donnent un bromure de potassium

[merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors]

incolore, et ensuite, par la distillation, de l'alcool, de l'éther, selon que c'est un soluté alcoolique, éthéré, etc. Le résidu dissous dans l'eau se colore de nouveau par l'addition de quelques gouttes de chlore.

que

Brome et matières organiques solides et liquides. En rappelant le brome est peu soluble dans l'eau, et plus pesant que ce liquide, qu'il s'acidifie par son contact avec les matières organiques, il s'ensuit, qu'on peut le trouver dans ces matières, à l'état de brome pur ou d'acide hydrobromique. Son acidification est quelquefois si prompte, que les matières des vomissements, ne présentent pas de trace de brome en nature, même quelques minutes après son ingestion. Dans tous les cas on sépare les liquides des solides. Si les liquides contiennent du brome en nature, ils sont colorés en jaune-ambré. On les laisse reposer quelques instants, afin d'isoler le brome qui ne serait point dissous, et qui, en raison de sa densité, se déposerait au fond du vase, puis on agite ces liquides dans un tube, avec le quart de leur volume d'éther, qui dissout le brome, forme de l'éther bromuré, lequel étant moins dense que l'eau, vient surnager ce liquide; on l'en sépare facilement par reposition et décantation, et l'on constate ensuite les caractères des liquides bromurés. Lorsque le brome a subi la transformation acide, ou bien encore, lorsque les liquides contiennent des matières colorantes qui masquent la couleur du brome, on sature à la fois les liquides et les solides par la potasse, on passe le tout à travers un linge, on évapore les parties liquides jusqu'à siccité, on incinère le résidu, on traite les cendres par de l'eau distillée, et l'on filtre. Le liquide filtré, évaporé jusqu'à siccité, laisse un résidu composé de bromure, de chlorure de potassium, et d'autres sels; on sépare le bromure de potassium par l'alcool anhydre qui dissout ce sel; on évapore pour dégager l'alcool, et l'on constate dans ce résidu, la présence du brome, comme il sera dit au bromure de potassium. Ce procédé peut être mis en usage pour décéler le brome dans le tube intestinal, Nous ne sachons pas qu'on l'ait découvert dans le sang, les liquides sécrétés, excrétés, etc. Comme le brome a la plus

grande analogie avec l'iode, que son action sur les matières organiques est à peu près la même, qu'il subit enfin les mêmes transformations, nul doute qu'on n'obtînt les mêmes résultats.

Effets toxiques et altérations pathologiques. Le brome est fort peu important sous le point de vue médico-légal; et, si ce n'est quelques expériences sur les animaux, nous ne savons presque rien de ses effets toxiques sur l'homme. Cela tient peut-être à ce que ce corps est assez rare, et qu'en outre, il est fort peu usité comme médicament. On s'accorde généralement à considérer le brome comme un poison très-actif, et doué des mêmes effets que l'iode. 30 à 50 gouttes de brome ingérées dans l'estomac d'un chien, produisent des nausées, des vomissements, l'accélération de la circulation de la respiration, et une prostration qui s'accroît jusqu'à la mort, laquelle a lieu du troisième au quatrième jour (Barthez). D'après Butske, 25 centigr. de brome, délayé dans 60 gram. d'eau, serait toxique, en un jour, pour ces animaux; en outre des effets précédents, il a noté des symptômes convulsifs. D'après le même expérimentateur, 40 à 60 gouttes de brome, ingérées dans l'estomac vide d'un cheval, occasionnèrent des vomissements violents, l'éternuement, de la toux, la dilatation des pupilles, symptômes qui se dissipèrent en quelques heures, et furent remplacés par un état de langueur, qui persista jusqu'au quatrième ou cinquième jour, époque de la mort. 20 gouttes ingérées dans l'estomac plein d'un cheval, sont sans effet, et 30 gouttes n'occasionnent que quelques accidents. Ces expériences ne concordent pas parfaitement avec les observations thérapeutiques chez l'homme, puisque, 60 gouttes de brome, suspendu dans l'eau, et administré dans trois cas d'arthrite chronique, produisirent un sentiment de chaleur, de cuisson intérieure, de la pesanteur d'estomac, des envies fréquentes de vomir, mais sans vomissements, des coliques, des borborygmes, accidents qui se dissipèrent assez promptement (Fournet). Cependant Butske, déjà cité, pour avoir pris une goutte et demi de brome, dans 30 gram. de mucilage, éprouva un sentiment de chaleur dans la bouche, l'œsophage et l'estomac, des coliques, des nausées, le

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »