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hocquet, et une grande sécrétion de mucus. Ces résultats à peu près identiques, par des doses si disproportionnées de brome, ne peuvent-elles pas s'expliquer par des conditions différentes de l'organisme. Les vapeurs de brome sout âcres, irritantes. Une seule inspiration est suivie de soif, de catharre très-prononcé (Christison).

10 à 15 gouttes de brome injecté dans la veine jugulaire des chiens, des chats, occasionnent une mort immédiate, précédée de légères convulsions tétaniques. Quelquefois cependant, ces animaux se rétablissent complétement, après avoir présenté de l'agitation, de la gêne de la respiration, la dilation des pupilles, de la fréquence du pouls, éprouvé de l'éternuement (Barthez, Dieffenbach).

Altérations pathologiques. Barthez a noté les lésions suivantes sur les chiens: muqueuse gastro-intestinale injectée, plissée, ramollie, offrant des ulcérations petites, nombreuses, dont quelques-unes d'un gris cendre à leur base, et d'autres, recouvertes par une pseudo-membrane noirâtre, qui se détachait facilement par le frottement. Butske a observé çà et là, des extravasations dans l'estomac, qui était rempli d'un mucus sanguinolent; la muqueuse duodénale était très-injectée.

Traitement. Le même que dans l'empoisonnement par l'iode. BROMURE DE POTASSIUM. Hydrobromate de potasse. Solide, blanc, cristallé en cubes, fusible et indécomposable sur les charbons ardents. Traité par l'acide sulfurique à froid, il donne, avec effervescence, des vapeurs blanches d'acide hydromique, mêlées à des vapeurs orangé - rougeâtres de brome, Chauffé dans un tube avec du bisulfate de potasse, il dégage aussi des vapeurs de brome, mêlées d'acide sulfureux. Ce sel est très-soluble dans l'eau et dans l'alcool. Le soluté qui est incolore: 1o se colore en jaune-orangé par l'addition de quelques gouttes de chlore, et se décolore de nouveau, quand on l'agite avec de l'éther, qui dissout le brome déplacé par le chlore, et vient surnager l'eau ; 20 il donne avec les nitrates d'argent, de mercure, des précipités offrant les caractères que nous avons indiqués en parlant des solutés du broine;

3o avec l'hydrochlorate de platine un précipité jaune-orangé qui cède du brome à l'éther; 4o on démontrerait la présence de la potasse par les réactifs des sels de potasse, après avoir transformé le bromure de potassium en sulfate de potasse, en le chauffant avec de l'acide sulfurique.

Le Bromure de potassium, étant très-soluble dans l'eau, n'étant point décomposé par les matières organiques liquides et solides, on l'isolera de ces matières par le même procédé que pour l'iodure de potassium, et l'on démontrera sa présence dans les parties liquides réunies aux décoctés desparties solides, en les traitant d'abord par le chlore, qui communique à ces liquides une couleur jaune-orangée, en les agitant ensuite dans un tube avec le quart de leur poids d'éther, qui s'empare du brome et vient surnager. Ou bien mieux encore, on évaporerait les liquides jusqu'à siccité; on calcinerait le résidu ; les cendres seraient traitées par l'alcool, le soluté alcoolique évaporé, et le résidu dissous dans un peu d'eau distillée serait analysé comme il vient d'être indiqué, par le chlore et l'éther.

Effets toxiques. Nous ne savons presque rien des effets toxiques du bromure de potassium, Barthez dit qu'il agit comme l'iodure de potassium. Deux grammes dissous dans l'eau, et ingérés dans l'estomac ont produit de la stupeur, de la dépression, et 8 gram., l'œsophage étant lié, la mort en trois jours, avec symptômes violents d'irritation. Quant au traitement, probablement le même que celui de l'iodure de potassium.

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EMPOISONNEMENT PAR LE CHLORE.

Nous traiterons du chlore liquide dans cet article, c'est-àdire de l'empoisonnement par ingestion, et du chlore gazeux, dans l'asphyxie par les matières gazeuses.

Le chlore liquide est jaune-verdâtre, transparent, d'une saveur âcre, irritante. Il dégage, à la température ordinaire, et par la chaleur, des vapeurs jaune-verdâtres, brillantes (chlore gazeux), qui, étant respirées, causent de la suffocation et un

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sentiment de strangulation. Il donne: 1° avec l'azotate d'argent, un précipité blanc, lourd, pesant, caillebotté, insoluble dans l'eau, dans l'acide nitrique à froid et à chaud, et soluble dans l'ammoniaque. Ce précipité, lavé, desséché, et chauffé dans un tube de verre, fond sans se décomposer, sans noircir, et se prend en masse cristalline par le refroidissement. 2o Il décolore la teinture de tournesol, l'iodure d'amidon, et la plupart des matières colorantes organiques. L'eau saturée de chlore à + 20°, en renferme une fois et demi son volume, et décolore 15 divisions chlorométriques, ou une fois et 1/2 son volume de sulfate d'indigo. C'est un moyen de connaître le degré de concentration de chlore liquide. 3° Une pièce d'argent plongée dans le chlore liquide se colore en noir; elle se décolore ensuite dans l'ammoniaque, et le liquide ammoniacal, donne, lorsqu'il est saturé par l'acide nitrique, un précipité blanc de chlorure d'argent, offrant les caractères indiqués. Le chlore se décolore peu à peu à la lumière diffuse, et très-promptement à la lumière solaire, en se combinant à l'hydrogène de l'eau, et passant à l'état d'acide hydrochlorique. Il perd ainsi sa propriété décolorante, mais conserve encore la propriété de précipiter par le nitrate d'argent.

Chlore et matières organiques. Le chlore, avons-nous dit, décolore les matières organiques, ou plutôt les fait passer au jaune-paillet, et perd en partie ou en totalité les propriétés qui le caractérisent. La couleur du café est celle qui résiste le plus. Il coagule le lait, les liquides albumineux. Lorsque le chlore n'a pas changé de nature, n'est point passé à l'état d'acide hydrochlorique, on peut constater sa présence dans ces matières, par l'odeur, par le papier de tournesol, par une lame d'argent pur, comme nous l'indiquerons en parlant de l'eau de javelle. Lorsqu'il est converti en acide hydrochlorique, ou combiné avec les matières organiques, il n'y a plus possibilité de démontrer, s'il a été mêlé à ces matières, à l'état de chlore ou à celui d'acide hydrochlorique, du moins par les réactifs chimiques.

Effets. Altérations pathologiques. Le peu que nous savons sur les effets du chlore résulte des expériences sur les animaux.

M. Orfila donne à un chien, à neuf heures, 150 gram. d'une dissolution de chlore moyennement concentrée; il lie ensuite l'œsophage; dix minutes après, efforts violents de vomissements; à midi, grand abattement, plaintes; mort dans la nuit. 60 gram. de la même dissolution, étendue de 120 gram. d'eau, est administrée à un chien; il meurt dans l'abattement le quatrième jour. Autopsie: Muqueuse estomacale d'un rouge noir dans toute son étendue, dans la première expérience; peu de rougeur dans la deuxième ; petites ulcérations dans le grand cul-de-sac de l'estomac, bordées d'une auréole jaune. L'intérieur du duodenum et du jejunum étaient tapissés d'une couche jaune, assez épaisse, que M. Orfila, attribue à la décomposition de la bile.

Traitement. Provoquer les vomissements par des boissons albumineuses, qui, d'après Devergie, auraient l'avantage d'agir comme contrepoison, en formant un composé insoluble avec le chlore; ensuite on combat les effets toxiques, comme il a été dit dans l'empoisonnement par le phosphore, par l'iode.

Réflexions sur les métalloïdes. Les poisons métalloïdes different tellement des autres poisons minéraux par leur aspect, par l'odeur et la couleur des vapeurs qu'ils répandent à l'air, par la propriété de décolorer le papier bleu de tournesol (le phosphore excepté qui le rougit), qu'il n'est guère possible de les confondre. S'acidifiant promptement, ils ont cela de commun et de spécial, d'agir à la fois comme poisons métalloïdes et comme poisons acides. Ils offrent une si grande analogieavec ces derniers, quant aux effets, aux altérations et au traitement, qu'on pourrait les comprendre dans une même section. Leur présence dans les matières organiques peut être facilement démontrée quand ils s'y trouvent à l'état de métalloïde, puisqu'ils conservent et communiquent à ces matières leurs caractères propres. Lorsqu'ils ont subi la transformation acide, ou bien on précipite l'acide par une base, à l'état de sel insoluble, par la chaux pour les acides du phosphore (voyez acide phosphorique), ou le métalloïde par un corps qui s'empare de l'hydrogène de l'hydracide, par le chlore pour les préparations iodées ou bromurées.

SECTION II.

POISONS ACIDES.

Tous les acides minéraux concentrés seraient certainement toxiques; mais il n'y en a qu'un petit nombre qu'on ait eu occasion de considérer sous ce point de vue, ou du moins, dont nous ayons à nous occuper ici; ce sont les acides nitrique, sulfurique, hydrochlorique, chloro-nitrique, phosphorique, hypophosphorique. A l'exemple de MM. Orfila, Devergie et Christison, nous comprendrons aussi, dans cette section, les acides acétique, oxalique, tartrique et citrique, parce qu'étant ordinairement employés à l'état de concentration, et à haute dose, ils donnent lieu aux mêmes effets locaux, aux mêmes lésions que les précédents. Quant aux gaz acides sulfureux, nitreux, hydrosulfurique et carbonique, comme c'est presque toujours par les voies de la respiration qu'ils produisent l'intoxication, nous en parlerons dans l'asphyxie et l'empoisonnement par les matières gazeuses. Les acides arsénique, arsénieux, chromique et hydrocyanique, ayant des effets semblables à ceux de leur composés, ne peuvent réellement pas en être séparés.

Caractères génériques. Les acides minéraux se distinguent des autres poisons inorganiques par les caractères suivants : 10 leur saveur est âcre, caustique, ou acide lorsqu'ils sont étendus; 2o ils rougissent fortement la teinture ou le papier de tournesol, les fleurs bleues ou violettes, et font effervescence avec les carbonates terreux ou alcalins; 30 ils ne précipitent pas par la potasse, la soude, l'ammoniaque, ni par l'acide hydrosulfurique, après avoir été préalablement saturés par ces alcalis. Cependant, les acides impurs ou du commerce, qui renferment quelquefois des sels minéraux, pourraient se troubler ou précipiter par ces réactifs.

Acides minéraux et matières organiques. Ces acides sont, de tous les poisons, ceux qui altèrent le plus les matières organiques. Ils leur communiquent d'abord la propriété de rou

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