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dans ses urines, 10, 15 minutes après, et n'en trouve plus le quatrième jour; il n'y a presque pas trouvé de fer. Chez les personnes auxquelles Kramer administrait l'iodure de potassium pendant 50 jours, l'iode ne se trouvait plus dans les urines cinq jours après. On admet que l'arsenic est éliminé en quinze jours; cependant MM. Flandin et Danger, chez un monton, ont constaté ce poison dansles urines jusqu'au trente-troisième. MM. Millon et Laveran donnent à des chiens, tous les jours et pendant une semaine, 3 décig. d'émétique, mêlé à leurs aliments, et retirent l'antimoine du foie, du cœur, des muscles, du tube intestinal, des poumons, et n'en trouvent pas dans le cerveau, la graisse, les os. Quand l'administration était continuée pendant quinze à vingt-cinq jours, la distribution de l'antimoine était la même. Le foie en donnait six fois plus que la même quantité des autres organes réunis. Ils mêlent, par jour, aux aliments de six chiens, 4 décig. d'émétique; dès les premiers jours, appétit dévorant, bientôt dégoût, et, six jours après, refus d'aliments. L'émétique est diminué de moitié et supprimé quatre jours après, parce que les animaux n'y touchent plus, sont d'une maigreur extrême. Quatre reprirent peu à peu leur état normal; deux moururent dans une consomption complète, l'un en quinze, l'autre en vingt et un jours, avec des tremblements continuels et un grand affaiblissement des membres postérieurs; on ne trouva pas de lésion évidente, si ce n'est que le foie était très-friable, très-volumineux, et en poids, de 1 à 10 ou 12, relativement à celui du corps. Dans l'état normal, ce rapport est de 1 à 32 ou 40. L'antimoine était disséminé dans tous les organes précités; mais, chez le second chien, le cerveau était celui qui en contenait le plus. Le premier chien avait succombé à une sorte de diathèse, et le second, à une espèce d'encéphalopathie antimoniales. Les quatre autres chiens se rétablirent au bout de vingt jours. Chez trois, tués trois mois après, l'antimoine s'était surtout condensé dans le foie, la graisse; chez le quatrième, qui le fut quatre mois après, il s'était accumulé dans les os. Le foie, dont le poids était, à

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celui du corps, de 1 à 24, en contenait beaucoup, les autres tissus fort peu. De l'é métique étant donné à une chienne cinq jours avant qu'elle ne mît bas, le foie des petits qui vinrent à terme contenait de l'antimoine en quantité notable.

M. Louis Orfila a institué des expériences dans le même genre. Il donnait 0,05 à 0,50 d'un sel d'argent, de plomb, de cuivre ou de mercure, pendant quinze jours, un, deux mois, examinait les urines les premiers jours, après avoir cessé l'administration du poison, tuait les chiens en un certain laps de. temps, afin de savoir dans quels organes il se trouvait.

1° Avec le nitrate d'argent, donné à la dose de 0,10 à 0,25 tous les jours, pendant quinze jours à un mois et demi, il ne trouve pas d'argent dans les urines et le retire cinq mois après du foie, mais non après sept mois. Il n'en a pas trouvé dans l'estomac, les intestins, la graisse, la peau, les veines, non plus que dans le foie de deux petits allaités par une chienne.

2o Le sulfate de cuivre, donné à la dose de 0,12 à 0,15 pendant quinze jours, deux mois, a été constaté dans les urines seulement les trois premiers jours, et au moins huit mois après dans le foie. L'estomac, l'intestin, le fémur, la peau, la graisse, n'en contenaient pas.

3o L'acétate de plomb administré pendant un mois, à la dose de 0,50 par jour, a été retiré des urines les trois premiers jours; le foie, les intestins, le cerveau, le femur, en donnaient encore après huit mois. L'estomac, les veines, la graisse, l'épiploon, n'en donnaient pas à cette époque. Le foie de deux petits allaités par une chienne, fournit du plomb trois, quatre jours après la cessation de l'acétate, et celui de la mère ainsi que l'estomac, soixante jours après.

4o Le sublimé, à la dose de 0,01 à 0,50 par jour, se trouve dans les urines cinq, six jours après son introduction dans l'estomac, et dans la salive, quand il y a salivation, les premiers jours seulement, non le cinquième. M. Orfila a retiré le mercure du foie, des intestins, des reins, et ne l'a pas trouvé dans la graisse, les poumons, les os. Il pense qu'il est éliminé en

un mois, et considère les reins comme le principal émonctoire, tandis que, d'après M. Colson, ce serait la muqueuse stomacopharyngée.

Les expériences de MM. Millon et Laveran, L. Orfila sont très-importantes relativement à l'influence du mode d'administration des poisons sur leur dissémination, leur séjour dans les organes, leur élimination. Elles peuvent élucider certains faits thérapeutiques et toxiques que nous rapportons aux préparations mercurielles et plombiques, résoudre plusieurs questions médico-légales relatives aux poisons minéraux de la quatrième section.

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La recherche des poisons absorbés doit porter sur les organes vasculaires, le foie, la rate, les reins, les poumons, le cœur, les muscles, et parmi les liquides, les urines, le sang. L'analyse du tube intestinal et de son contenu, du foie, des muscles, suffit pour la solution de la plupart des questions toxicologiques. C'est seulement à défaut de ces organes et dans quelques cas exceptionnels qu'on y soumet les autres parties. Il faut d'abord chercher les poisons solubles et volatils, puis les alcalis végétaux, et enfin les poisons minéraux de la quatrième section, par le procédé de carbonisation sulfurique, en procédant comme nous l'avons indiqué page6. M. L. Orfila a expérimenté comparativement les procédés de carbonisation sulfurique, par l'acide azotique et le chlorate de potasse, et celui qui consiste à faire bouillir les matières dans l'eau acidulée par l'acide azotique, à évaporer le décocté à siccité, à carboniser le résidu pár l'acide azotique. Il donne la préférence à ce dernier, comme plus délicat et moins sujet à erreur (voyez cuivre, plomb).

V.-Recherche des poisons dans la terre du cimetière.La terre du cimetière peut être phosphorique, arsénicale, cuivreuse, plombique, etc. On peut donc objecter que le poison retiré des organes provient de cette source. Dans la toxicologie générale et à l'empoisonnement par l'arsenic, nous donnons les moyens de résoudre ces questions. Pour s'assurer si le poison s'y trouve à l'état insoluble ou soluble, il faut

traiter successivement environ 2 kilogr. de terre, prise autour de la fosse et dans un lieu où il n'y a pas eu de sépulture, d'abord par l'eau froide, puis par l'eau bouillante, et enfin par l'eau acidulée d'acide sulfurique. Les liquides filtrés et concentrés sont essayés séparément par les réactifs généraux, puis évaporés à siccité, et le résidu carbonisé par l'acide sulfurique, etc. (Pour la recherche des poisons dans l'atmosphère, voyez Matières gazeuses.)

EFFETS.-LÉSIONS.- -CLASSIFICATION.

La toxicologie, science complexe, a pour but la connaissance des effets et la recherche des poisons dans les matières suspectes. Une classification établie sur ces deux bases serait certainement la meilleure. Dans cette impossibilité, les auteurs, chacun à son point de vue, ont pris l'une des deux. Pour ne parler que des toxicologistes de pos jours, MM. Orfila, Devergie, Christison ont divisé les poisons en 4 classes : 1o irritants; 2° narcotiques; 3° narcotico-ácres; 4o septiques, fondées sur les effets, autrement dit, sur les modifications organiques et fonctionnelles accessibles à nos sens; et les médecins rasoriens en hyposthéniques et hypersténiques, d'après les effets dynamiques ou constitutionnels. En prenant les effets et les lésions pour base de classification, il conviendrait de faire subir à celle des premiers toxicologistes les modifications suivantes, c'est-à-dire d'y ajouter deux autres classes, les anesthésiques et les tétaniques. Voici en peu de mots les effets, les lésions qui caractérisent chacune d'elles.

Are CLASSE.Poisons acres, irritants, caustiques, hyposthénisants. Ces poisons irritent, enflamment, cautérisent. les tissus, donnent lieu à un état fébrile, bientôt remplacé par un état hyposthéniqne, sans troubles de l'intelligence, quelquefois avec symptômes convulsifs. Ils laissent pour lésions des traces de congestion, d'irritation, d'inflammation, de cautérisation des parties qui en ont reçu le contact, avec colora

tion noire et liquéfaction du sang, et, assez souvent, congestion des organes parenchymateux.-Poisons minéraux, substances acres, drastiques parmi les végétaux, cantharides, viandes de charcuterie parmi les animaux.

2o CLASSE.-Poisons narcotiques.—Sans effet local appréciable, si ce n'est qu'ils diminuent la sensibilité; ils agissent spécialement sur le cerveau, produisent le narcotisme, tels que délire, hallucinations, dilatation ou contraction pupillaire, soif, sécheresse de la bouche, difficulté d'avaler, de parler, d'uriner, stupeur, coma, paralysies partielles, relâchement des sphincters. Pour lésions, état congestionnel du cerveau, de ses membranes, des poumons, plénitude des sinus du système veineux, sang non coagulé.-Opiacés, solanées, ombellifères, gaz de la combustion, etc.

3 CLASSE.-Poisons anesthésiques.-Après une exaltation passagère ils abolissent successivement l'intelligence, la sensibilité, la motilité, la respiration, la circulation, etc. Les lésions sont nulles, ou celles de la syncope, de l'asphyxie. -Éther, chloroforme, etc.

4 CLASSE.-Poisons tétaniques.—Soit par action directe ou réflexe sur la moelle épinière et le bulbe rachidien, ils donnent lieu à des accès tétaniques intermittents avec gêne de la respiration, laissent pour lésions la congestion des poumons, l'inflammation de la moelle épinière, de ses membranes, qui étaient le siége des convulsions tétaniques.→→ Strychnées, etc.

5 CLASSE.-Poisons narcotico-acres.-Ils participent du mode d'action des narcotiques et des irritants, et, par conséquent, donnent lieu à des effets, à des lésions mixtes.Aconits, ananthes, etc.

6 CLASSE.-Poisons septiques.-Soit par inoculation, soit par la voie gastro-intestinale ou pulmonaire, ils produisent une altération particulière du sang qui se propage bientôt à toute l'économie, et se traduit par des syncopes, des lipothymies, un grand affaiblissement, etc. Le sang est incoagulé,

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