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Effets toxiques. Nul doute que les effets toxiques du bleu de composition (sulfate d'indigo) ne dépendent de l'acide sulfurique, puisque l'indigo a été administré dans l'épilepsie, à la dose de 8 à 15 gram., sans autre accident que quelques nausées. ou vomissements et surtout des coliques. Cependant, d'après un relevé d'un certain nombre d'observations, il nous a paru que les empoisonnements par le bleu de composition étaient beaucoup moins graves et moins souvent mortels que ceux par l'acide sulfurique. Cela tient probablement aux modifications particulières qu'a subies cet acide en se combinant avec l'indigo, ou plutôt, à ce que, ce bleu est presque toujours étendu d'une plus ou moins grande quantité d'eau ; ou bien encore, à ce que d'autres espèces de bleu avaient été employées. Car, le bleu de Serbat est bien moins toxique, et le bleu de Roux-Lecoygnet ne l'est probablement pas, Dans l'intoxication par le sulfate d'indigo, les symptômes et les altérations pathologiques étant absolument les mêmes que dans l'empoisonnement par l'acide sulfurique, le traitement en sera le même. Il y a de plus à noter la coloration en bleu ou en vert des matières des vomissements, et quelquefois des matières fécales et des urines. De semblables colorations s'observent aussi sur les tissus du tube intestinal ou des parties continues ou sous-jacentes, sur les lèvres, le menton, les joues, les doigts, les vêtements, etc., comme le démontrent les observations suivantes.

Observ. Ire. Une demoiselle de dix-sept ans, prend, dans le but de se détruire, 60 gram. environ de bleu de composition. Aussitôt, vomissements spontanés; attaque de nerfs; visage rouge; yeux hagards; vives douleurs dans l'estomac. 10 centigr. d'émétique en deux doses, provoquent plusieurs vomissements de matières bleues, puis vertes: 8 gram. de magnésie; quelques cuillerées d'huile d'amande douce; tisane de guimauve. Pendant la nuit, vives douleurs vers le pylore; le lendemain la partie supérieure de l'œsophage est seule douloureuse, les crachats contiennent quelques pellicules blanches. On donne un calmant. La nuit est assez tranquille. Les trois jours suivants les douleurs diminuent, les aliments les plus légers ne passent qu'avec peine; cependant le rétablissement est complet le huitième jour ( Genouville, Journal de Médecine).

Cette observation, qui laisse beaucoup à désirer sous le rapport des détails, démontre, cependant, qu'une même dose d'acide sulfurique aurait produit des accidents bien plus graves, si ce n'est mortels. Le rédacteur du Journal de médecine a soigné une jeune fille de cinq ans, qui, par mégarde, avait avalé environ une cuillerée à bouche de bleu en liqueur. Il lui donna du lait en quantité, et la malade n'eut que de légères coliques. M. Martins (Gazette médicale. 1832) a observé un enfant, à l'hôpital Saint-Louis, qui, ayant avalé un quart de verre de bleu dont se servent les blanchisseuses (bleu de composition étendu d'eau), n'eut que des symptômes peu graves, et fut complétement rétabli dès le deuxième jour. M. Guibourt trouvant ces effets si peu en rapport avec la quantité de bleu qui avait été avalée, pense que l'enfant a pris le bleu de Serbat. Cependant, M. Martins ayant analysé le restant du liquide resté dans la fiole, trouva que c'était bien réellement du sulfate d'indigo. Il était même si acide qu'il corrodait le filtre en passant

au travers.

Observ. II. Un enfant de deux ans, fort bien constitué, avale plusieurs gorgées de bleu de composition, le 5 avril 1825, à huit heures du matin. Peu de temps après, on lui donna de la magnésie calcinée dans du lait et 15 centigram. d'émétique. Il y eut des vomissements d'abord de matières d'un bleu foncé, puïs noirâtres, faisant effervescence sur le carreau. Ramené chez lui, on lui fit prendre quelques doses de carbonate de magnésie. M. Deslandes vit le malade le soir, à cinq heures. Il était à l'agonie. La face était pâle, le pouls faible et fréquent, la respiration entrecoupée, le ventre extrêmement ballonné. П avait eu des évacuations alvines fréquentes, d'abord bleues, puis d'un gris verdâtre et ensuite rousses et sanguinolentes. Les urines étaient évidemment teintes en bleu. Il fut impossible de lui faire avaler du Jait et de la magnésie. Le malade expira 1/2 heure après.

Autopsie. A la lèvre inférieure, sur le trajet d'une goutte de bleu de composition, la peau était rougeâtre et desséchée; même lésion sur la pommette gauche La langue était corrodée près de la pointe, ses papilles d'un gris bleuâtre, et ses follicules au-devant de l'épiglotte très-développés, depuis l'isthme du gosier jusqu'au cardia; sa mud'un rouge uniforme était recouverte d'une couche superficielle,

queuse

blanchâtre et bleuâtre, se détachant facilement par le frottement avec le scalpel. L'estomac, dont les parois amincies semblaient être réduites aux deux membranes externes, était très- distendu par des gaz; il renfermait un peu de liquide qui paraissait être un mélange de mucosité, de lait et de magnésie, sans trace d'indigo; la portion de la muqueuse qui avoisine la petite courbure était noire, comme charbonnée; du reste, cet organe n'offrait ni rougeur, ni ramollissement dans le reste de son étendue. Les petits intestins étaient dans l'état naturel, et les matières contenues dans les gros intestins, surtout celles du colon, colorées en bleu. La fosse iliaque gauche, le péritoine et le tissu cellulaire ambiant étaient aussi fortement colorés en bleu, probablement par l'imbibition de la matière colorante. Le rectum contenait des matières d'un gris rougeâtre, semblables à celles que l'enfant avait rendues dans ses derniers moments. La vessie était vide, resserrée et ne renfermait que quelques mucosités épaisses, non colorées. Les autres organes abdominaux étaient sains. La muqueuse des voies aériennes était d'un rouge intense et évidemment enflammée. Le cœur et les poumons étaient sains; le tissu de la dure-mère et les vaisseaux du cerveau gorgés de sang. (Nouvelle Bibliothèq. méd. 1825). La coloration des urines était due sans doute à l'indigo. Tiedmann et Gmelin les ont trouvées teintes en bleu verdâtre trois heures après avoir administré à un cheval 500 gramm. de sulfate d'indigo saturé par la potasse.

EMPOISONNEMEnt par l'acide HYDROCHLORIQUE.

L'acide hydrochlorique, chlorhydrique, peut être considéré sous les mêmes points de vue que l'acide azotique.

Acide hydrochlorique pur et du commerce,

Car. phys. L'acide chlorhydrique pur et concentré est liquide, incolore; moins pesant que les acides sulfurique et azotique; sa densité est de 1,203o. Il bout à 106°. L'acide chlorhydrique du commerce est jaune verdâtre, couleur qu'il doit à la présence de l'acide azoteux, d'une matière organique, ou du fer. Ces deux acides, qui résultent d'une solution de gaz acide hydrochlórique dans l'eau, donnent des vapeurs blanches, épaisses, piquantes à l'air, qui, se condensent en nuages blanchâtres, quand on les met en rapport avec du gaz ammoniaque. Ils perdent en grande partie le gaz acide à la température de l'ébullition.

Car. chim. L'acide hydrochlorique, qu'il soit pur ou du commerce, offre les caractères chimiques suivants : 1° Il colore en rouge clair la teinture de tournesol; 2o Donne avec l'azotate d'argent un précipité blanc, lourd, pesant, cailleboté (chlorure d'argent), insoluble dans l'eau, l'acide azotique à froid et à chaud, et complétement soluble dans l'ammoniaque. Ce précipité, lavé, desséché et chauffé dans un tube de verre, à une chaleur rouge, fond sans se décomposer, et se prend ensuite en masse cristalline par le refroidissement; 50 Chauffé dans un petit tube avec du sesqui-oxyde de manganèse, l'acide hydrochlorique dégage du gaz chlore, reconnaissable à son odeur, à sa couleur jaune verdâtre, à ce qu'il décolore le papier bleu de tournesol qu'on place à l'entrée du tube.

L'acide hydrochlorique du commerce, connu aussi sous les noms d'acide muriatique, d'esprit de sel, se distingue de l'acide pur, d'abord par sa couleur. Etendu d'eau et traité par le cyanure jaune de potassium et de fer, il se colore en bleu et donne un précipité de la même couleur (bleu de Prusse), ce qui indique la présence du fer; évaporé jusqu'à siccité, il laisse un résidu blanc de chlorure de plomb, lorsqu'il contient de ce métal. Il renferme quelquefois de l'acide sulfureux, qu'on reconnaît, à ce que, si l'on dissout 8 à 10 gramm. de proto-chlorure d'étain dans environ 16 gramm. d'acide, il se trouble immédiatement, devient jaune, et, si l'on ajoute trois ou quatre fois son volume d'eau distillée, il se dégage du gaz hydrogène sulfuré, le mélange prend une teinte brune, laisse déposer une poudre de la même couleur, composée de proto-sulfure et de bi-oxyde d'étain (Girardin).

Acide hydrochlorique étendu.

L'acide hydrochlorique se mêle en toutes proportions avec l'eau. La solution qui est incolore, donne ou non, selon qu'elle est plus ou moins étendue, de vapeurs à l'air, ou lorsqu'on promène à sa surface un bouchon imprégné d'ammoniaque. Elle rougit le tournesol, forme avec le nitrate d'argent un précipité caractéristique; mais, ne dégage pas de chlore par le sesqui

oxyde de manganèse. Les deux premiers réactifs seraient certainement suffisants, cependant, un liquide tenant en solution un chlorure et un tout autre acide, donnerait les mêmes réactions. Il faut, afin d'éviter toute cause d'erreur, retirer l'acide hydrochlorique par la distillation, les chlorures, si ce n'est l'hydrochlorate d'ammoniaque, n'étant pas volatils à cette température. On introduit les liquides dans une cornue de verre, à laquelle est adapté un récipient contenant un peu d'eau distillée et constamment entouré d'eau froide; on distille à feu nu, ou au bain de sable, jusqu'à ce que les vapeurs n'offrent plus de réaction acide, et on constate l'acide hydrochlorique dans le produit distillé, par le papier tournesol et le nitrate d'argent ; une portion saturée par la potasse, ne doit pas donner d'odeur ammoniacale; évaporé ensuite à siccité, le résidu chauffé avec du sesquioxyde de manganèse et de l'acide sulfurique, laissera dégager du chlore. Le liquide de la cornue complétement évaporé, ne doit pas laisser un résidu plus abondant que n'en laisserait l'acide hydrochlorique du commerce, ramené au même degré de dilution. Si par la distillation simple, on n'obtenait pas assez d'acide hydrochlorique, pour en bien constater les caractères, on opérerait la distillation au bain de chlorure de calcium. (Voyez ci-après.)

Acide hydrochlorique et matières organiques.

L'acide hydrochlorique avive un peu la couleur du vin; il n'altère pas la bière, le cidre, le thé, le café, l'eau sucrée; rougit les infusés végétaux, bleus et violets; coagule le lait, surtout à chaud; un excès d'acide dissout le coagulum, en partic a froid, complétement à chaud, et communique au lait une couleur brune. Il noircit et coagule le sang; précipite les liquides albumineux en flocons blancs, qu'un excès d'acide redissout, en se colorant en bleu. Il ne trouble pas les dissolutions de gélatine. L'acide hydrochlorique divise, ramollit les aliments, les réduit en une bouillie pultacée, noirâtre. Il produit sur les muqueuses et les tissus mous des escarres grisàtres, qui passent au brun noirâtre et se dissolvent dans un excès

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