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des. Ils blanchissent d'abord les muqueuses, les colorent ensuite en brun, et les réduisent en une espèce de gelée. Pour déceler l'acide acétique dans les matières alimentaires, dans les tissus du tube intestinal, etc., on sépare les parties liquides des solides. On délaie les matières solides dans de l'eau distillée, on passe de nouveau et on filtre; les liquides réunis sont distillés jusqu'à presque siccité, sans cependant les carboniser, au bain de chlorure de calcium, comme nous l'avons indiqué à l'acide hydrochlorique. Le produit distillé, saturé par la potasse, évaporé au bain-marie jusqu'à siccité, et le résidu salin chauffé avec la moitié de son poids d'acide sulfurique, dans une cornue à laquelle est adapté un matras constamment refroidi, donne un produit qui possède tous les caractères de l'acide acétique. Les liquides organiques qui contiennent de l'acide acétique, en offrent ordinairement l'odeur caractéristique, ou du moins saturés par la potasse, évaporés à siccité, ils laissent un résidu salin qui, traité par l'acide sulfurique, dégage cette odeur.

Dans les cas d'expertise légale, il faut ne pas perdre de vue : 1° Que le vinaigre sert dans l'art culinaire ; 20 que la muqueuse stomacale, surtout dans certains états morbides, sécrète l'acide acétique; 3o que cet acide se forme par l'altération spontanée de matières organiques. Par conséquent, on ne doit se prononcer que lorsque la quantité obtenue est assez notable, et surtout, lorsque les résultats analytiques sont corroborés par les symptômes, par les altérations pathologiques.

Effets toxiques, altérations pathologiques. Les diverses formes d'acide acétique sont toxiques, mais à des degrés variables. Le vinaigre radical et de Mollerat concentrés, qui irritent, rubéfient et vésiquent assez promptement la peau, sont doués d'une très-grande activité. Le vinaigre ordinaire est de beaucoup moins actif. Un gentleman en prit par mégarde 250 gramm., pendant le repas, sans être incommodé; ce qui dépend probablement de l'état de plénitude des organes gastriques. Pris à dose élevée, mais non toxique, ou à doses trop fréquemment répétées, le vinaigre produit des désordres graves des organes

digestifs, l'amaigrissement, et même la mort. Ces accidents s'observent surtout chez les jeunes filles chlorotiques, qu'un goût dépravé porte à boire du vinaigre, ou chez les personnes qui en prennent pour perdre de leur embonpoint. Les coliques, les douleurs abdominales, sont quelquefois si violentes que les personnes se roulent à terre, demandent l'application d'un corps froid sur le ventre. Pelletan rapporte le cas d'un enfant, chez lequel l'abus du vinaigre a déterminé l'amincissement des tuniques de l'estomac, et Desault, celui d'une demoiselle qui réussit si bien à se faire maigrir, qu'elle devint phthisique. Il est à remarquer que, chez plusieurs personnes qui ont succombé dans la période des effets consécutifs de l'empoisonnement par les acides minéraux, on a rencontré des tubercules dans les poumons. MM. Mérat et Delens ont observé chez de jeunes personnes des irritations chroniques de l'estomac qui, dans quelques cas, ont été funestes. Quant aux altérations pathologiques, nous ne croyons mieux faire que de renvoyer à l'observation suivante, la seule qui soit à notre connaissance.

Traitement. Le même que pour les acides minéraux.

Une jeune fille de 19 ans, enceinte de 3 mois, abandonnée de son amant, prit, pour mettre fin à ses jours, de l'acide acétique concentré de Mollerat, dans une des rues de Gentilly, près Paris, le 7 mai 1851. A onze heures du soir, on l'entendit se plaindre; elle paraissait ivre, et partit cependant après avoir demandé son chemin. Le 8, à trois heures et demie du matin, elle fut trouvée couchée et souffrante contre le mur du marchand de vin du Petit-Gentilly; à 4 heures, on lui fit prendre du lait et du vin sucré chauds : elle eut de fortes convulsions, se plaignit de l'estomac; les accidents devinrent tellement graves qu'elle mourut peu de temps après.

Autopsie (MM. Merat et Lemis). Pourtour de la bouche et des ailes du nez couverts d'un liquide écumeux, en partie desséché, légèrement brunâtre, sans altération du tissu de la peau; un liquide semblable, du poids environ de 60 à 90 gram., à odeur alcoolique, s'écoule de la bouche. Mâchoires fortement rapprochées; dents blanches et non altérées. Muqueuse des joues et

du palais à l'état normal; celle de la langue, surtout vers le milieu de la face supérieure, est coriace, ratatinée, brunâtre; ses papilles sont très-apparentes. La muqueuse œsophasienne offre les mêmes lésions, mais à un degré plus marqué; elle est d'un brun noirâtre, non tapissée, pas plus que celles de la bouche, par de fausses membranes. Estomac distendu, saillant, de couleur violette, nuancé de plaques noires dans toute son étendue vers le pylore cette teinte est presque noire; les vaisseaux se dessinent sous formes d'arborescences d'une couleur plus intense; à l'intérieur il contient environ lent environ 250 à 350 gram. (8 à 10 onc.), d'un liquide brun-noirâtre, légèrement fétide, et faisant effervescence sur la dalle; ses parois sont tapissées par une matière brune extrêmement adhérente, semblable à de la suie, dont la couche est d'autant plus épaisse qu'on approche du pylore. La membrane muqueuse, nettoyée avec une éponge humide, offre, au grand cul-de-sac, des bandes de couleur noirâtre, larges de 27 millim. ou 1 pouce, formant des saillies de 14 millim. ou 172 pouce au moins, alternant avec d'autres, de même largeur dans l'état sain. Ce désordre augmentait en se rapprochant du pylore, près duquel on remarquait trois ou quatre indurations ovoïdes, de 9 millim. ou 175 de pouce de diamètre. La coloration noire était généralement répandue sur la surface de la membrane muqueuse et dans les parties indurées, ainsi que dans les deux autres tuniques de l'estomac, en sorte qu'on les eût dit gangrenées. Tous les vaisseaux étaient fortement injectés et remplis de sang coagulé, ainsi que les indurations ovoïdes; ce n'était autre chose que des ecchymoses, puisque les trois membranes avaient conservé leur texture et n'étaient point ramollies. Mais, au premier aspect, ces lésions offraient la plus grande analogie avec celles que produit l'acide sulfurique (Ann. d'hyg. et de Med., lég. tome IV).

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Réflexion. Cette observation qui nous éclaire fort peu sur la symptomatologie de l'empoisonnement par l'acide acétique, n raison du peu de détails qui ont été donnés, démontre que les altérations pathologiques offrent la plus grande analogie avec celles que produit l'acide sulfurique, MM. Barruel et Orfila,

chargés de l'analyse, font remarquer que, dans l'intoxication par ce dernier acide, le mucus répandu sur les bords des lèvres et les ailes du nez est constamment humide, et les tissus sousjacents altérés, ce qui leur a fait présumer qu'ils n'avaient pas affaire à cette espèce. On pourrait ajouter que la muqueuse buccale, gastrique, etc., offre non-seulement des ecchymoses, de colorations brunes ou noires, mais encore des altérations de texture ou chimiques, c'est à dire, qu'elle est ramollie, dissoute, ou s'enlève par plaques. Ces chimistes ont retiré environ 12 gram. (3 gros) d'acide acétique, des liquides de l'estomac. Ces liquides, quoiqu'ayant une réaction acide, ne faisaient plus effervescence avec le carbonate de chaux, comme à l'époque de l'autopsie.

Des expériences sur les chiens, M. Orfila conclut : 1o que les diverses sortes d'acide acétique, lorsque l'œsophage est lié, sont toxiques, mais à des doses différentes, le vinaigre radical et de Mollerat à celle de 15 à 30 grammes, et le vinaigre ordinaire à celle de 120 à 150 gram.; 2o que les symptômes et les altérations sont les mêmes que celles des autres acides. Il a noté des ecchymoses, la coloration en brun noirâtre des matières alimentaires et de la membrane muqueuse, sa transformation en matière gelatiniforme, et, quelquefois, la perforation de l'estomac, quoique cependant moins fréquente. D'après le docteur Pommer, une quantité assez considérable (15 à 30 gram.), de vinaigre distillé et délayé pourrait être injecté dans les veines jugulaire ou fémorale, sans autre inconvénient qu'une gêne de la respiration.

EMPOISONNEMENT PAR L'ACIde oxalique.

L'acide oxalique, acide de l'oseille, existe dans plusieurs plantes à l'état d'oxalate acide de potasse ou de chaux. D'abord retiré de l'oseille, celui qu'on emploie dans les arts s'obtient par la réaction de l'acide nitrique sur le sucre, l'amidon, etc. Cet acide peut être : 1o à l'état solide; 2o dissous;

5o mêlé avec les matières des vomissements, les tissus du tube intestinal; 4o à l'état d'oxalate acide de potasse.

Acide oxalique solide..

Car. phys. et chim. Cristallisé en aiguilles ou en petits prismes aplatis, quadrilataires, à sommets dièdres, transparents, incolores, inodores, d'une saveur acide, piquante, agaçant fortement les dents. Il s'effleurit à l'air, et perd une portion de son eau de cristallisation. Il rougit fortement un papier bleu de tournesol humide. Sur les charbons ardents, il fond aussitôt, et se volatilise complétement en vapeurs blanches très-acides et très-irritantes. Si l'expérience est faite dans un tube ou dans une fiole, ces vapeurs se condensent sur les parois du vase en aiguilles nacrées, très-longues. Cos deux caractères le distinguent du sulfate de magnésie ou sel depsum, avec lequel il est confondu assez souvent. Chauffé avec 4 ou 5 parties d'acide sulfurique, dans une fiole à laquelle est adapté un tube rempli de mercure, l'acide oxalique se décompose en gaz acide carbonique et gaz oxyde de carbone mêlés à volumes égaux. On constate la proportion de ces deux gaz en absorbant l'acide carbonique par l'eau de chaux. Le gaz oxyde de carbone qui reste, brûle avec une flamme bleuàtre, lorsqu'il est enflammé. L'acide oxalique peut être considéré comme un composé intermédiaire au gaz oxyde de carbone et au gazacide carbonique, ou comme formé à vol. égal de ces deux gaz et d'eau. L'acide sulfurique agirait donc en s'emparant de l'eau. Acide oxalique dissous.

L'acide oxalique se dissout dans environ 9 parties d'eau : il est très-soluble dans l'alcool. Le soluté aqueux est limpide, incolore, à saveur et à réaction fortement acide. Il se déconpose au bout d'un certain temps. Saturé par l'ammoniaque et convenablement évaporé, il forme une cristallisation radiée qui le distinguerait de tout autre acide, d'après O. Saugnessey. Les réactifs suivants, surtout lorsqu'il a été préalablement saturé par un alcali, donnent des réactions caractéristiques.

1o L'eau de chaux, l'hydrochlorate de chaux, forment un

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