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priver complétement de matière organique, lavé à grande eau, et l'on constatera qu'il est insoluble dans l'eau, dans les acides sulfurique et nitrique, et non colorable en noir par l'acide hydrosulfurique, caractère qui le distingue du sulfate de plomb. Ce procédé nous paraît plus expéditif, plus prompt, et aussi certain que les deux suivants. Si du carbonate de baryte avait été administré, si on avait donné un sulfate soluble comme contrepoison, on trouverait dans les dépôts, dans les matières alimentaires solides, ou à la surface du tube intestinal, le carbonate ou le sulfate de baryte, en poudre blanche, qu'il serait facile d'isoler par reposition et décantation, ou par le procédé précédent. M. Orfila précipite les liquides par le sulfate de soude, transforme le sulfate de baryte obtenu en sulfure, en le chauffant au rouge brun avec du charbon, pendant une demiheure, le sulfure en nitrate en traitant le résidu par l'acide azotique, et, dans le nitrate, constate la présence de la baryte par les réactifs ordinaires. Il calcine jusqu'à incinération, dans un creuset, les parties solides, le tube intestinal, etc., traite les cendres qui renferment de la baryte ou du sulfure de baryum, par l'eau ou l'acide nitrique, filtre, et dans les liquides filtrés, reconnaît la baryte comme ci-dessus.

M. Devergie précipite aussi les liquides filtrés par le sulfate de soude, après avoir préalablement décoloré les liquides colorés, ou coagulé par un courant de chlore, les liquides caséeux, tels que le lait, après en avoir élevé la température à 30 ou 40°. Il dissout à chaud, les parties solides, et surtout le tube intestinal dans de l'acide hydrochlorique fumant, fait ensuite passer à travers un courant de chlore pour décomposer la matière organique, filtre, chauffe pour dégager l'excès de chlore, précipite les liqueurs par le sulfate de soude, et dans les deux cas, traite le sulfate de baryte obtenu, comme l'indique Orfila.

Effets toxiques et altérations pathologiques. Presque tout ce nous savons à cet égard, résulte des expériences sur les animaux. De ces expériences et de quelques observations chez l'homme, on peut conclure; 1o que les préparations de baryte sont assez actives, et d'autant plus qu'elles sont plus solubles

dans l'eau ; 2o quelles sont absorbées, puisque Tiedmann et Gmelin ont retrouvé l'hydrochlorate dans les urines, et surtout dans le sang des veines mésaraïques et de la veine porte, quatre heures après son ingestion dans l'estomac; 3° quelles produisent leur effet toxique par la méthode d'ingestion et endermique; 4o qu'enfin, elles ont une action locale, àcre, irritante, déterminent l'inflammation du tube intestinal, mais que la mort résulte plutôt de leurs effets éloignés, soit sur le systême nerveux, soit directement ou indirectement sur le système circulatoire, comme l'indiquent les symptômes convulsifs ou tétaniques, et l'affaissement général, etc. Ces effets peuvent se généraliser de la manière suivante : Nausées; vomissements ou grands efforts pour vomir; évacuations alvines; vertiges, céphalalgie, surdité, mouvements convulsifs plus ou moins violents, généraux ou partiels; dilatation des pupilles; insensibilité générale ou partielle ; quelquefois paralysie; crampes; palpitations; mort assez prompte, ou rétablissement après un temps très-long. Les symptômes nerveux sont ceux qui persistent le plus.

Observation chez l'homme Peu de faits sont à notre connaissance. L'observation thérapeutique démontre que l'hydrochlorate de baryte, donné par doses fractionnées de 10 à 20 centigr. et progressivement jusqu'à 1 à 2 gram., agit comme contre-stimulant puissant, que le pouls descend quelquefois à 60, 50 et même 40 pulsations, que cependant, à cette dernière dose, il produit ordinairement des vertiges de la céphalalgie. Christison a vu souvent des coliques et de la diarrhée être occasionnées par des doses ordinaires de ce sel. Il cite un homme qui ayant pris 80 à 100 gouttes de son soluté, au lieu de 16 gouttes, éprouva, en quelques instants, une diarrhée violente, des vomissements, et, une heure après, une débilité musculaire excessive, approchant de la paraplégie, avec sensibilité obtuse des membres, état qui dura vingt-quatre heures et se dissipa graduellement. Une jeune fille qui prit 30 gra. (1 once) d'hydrochlorate de baryte pour du sel de glaubert, éprouva, presque immédiatement, un sentiment de brûlure dans l'esto

mac, des vomissements, des convulsions, de la céphalalgie, de la surdité et succomba au bout d'une heure.

Une jeune femme, à jeun depuis vingt-quatre heures, et probablement sous l'influence d'une affection morale, remplit à moitié une tasse à thé de carbonate de baryte en poudre, ajouta de l'eau et avala le tout, sans y trouver aucun goût. Peu après on lui donna une médecine qui la fit vomir. Deux heures après, en se rendant à l'hôpital de Midlesex, elle éprouva, pour la première fois, de l'obscurité de la vision, suivie de diploplie, des tintements d'oreilles, de la céphalalgie, des battements dans les tempes; la sensatiou de distension, de pesanteur à l'épigastre. Elle se sentait comme gonflée par des gaz (probablement par le gaz acide carbonique résultant de la décomposition du carbonate par les acides de l'estomac), et se plaignait de palpitations. Quand elle fut couchée, elle accusa des douleurs dans les jambes et les genoux, des crampes dans les mollets; vomit à deux reprises une matière qui ressemblait à un mélange de chaux et d'eau et qui déposa. La peau était chaude et sèche, le visage injecté, le pouls a 80 pulsations, plein, dur. On donna du sulfate de magnésie à dose répétée. Pendant la nuit, il y ent jusqu'à 15 selles, de la céphalalgie, de l'insomnie, des douleurs épigastriques, des tintements d'oreilles. Le lendemain, la peau était chaude, couverte de sueur, le larynx légèrement douloureux, la langue humide et couverte d'un enduit blanchâtre. Deux jours après, les crampes devinrent très-intenses dans tous les membres, qui étaient trèsdouloureux au toucher, et dans lesquels, la malade accusait une sensation de pesanteur. Ces symptômes persistèrent pendant longtemps; mais les plus tenaces furent la céphalalgie, la douleur à l'épigastre, des palpitations violentes et prolongées. La guérison ne s'opéra que lentement. (Archiv.. gén., 1855). 4 gram. de carbonate de baryte a été fatal chez une autre femme. Le dr Johnstone en a avalé 50 centig. sans accidents.

Expériences sur les animaux. 165 centig. de baryte caustique en poudre, ingérée dans l'estomac, produisent des vomissements verdâtres, sanguinolents, l'insensibilité générale, un

grand affaissement, la dilatation des pupilles et la mort en quatre heures, précédée de léger mouvement convulsif des extrémités postérieures. La muqueuse stomacale était d'un rouge foncé dans toute son étendue, ecchimosée près du pylore. 4 gram. de carbonate pulvérisé, occasionnent des plaintes, un grand abattement, la mort en cinq heures, et les mêmes altérations que la baryte (Orfila). D'après Pelletier, 75 centigr. de carbonate seraient toxiques en huit ou quinze heures. Plusieurs animaux domestiques sont morts, pour avoir léché le carbonate de baryte naturel, si commun dans le Lanskarsire (Christison). On explique l'effet de ce sel par son passage à l'état d'acétate d'hydrochlorate par les acides de l'estomac. Cependant, d'après Campbell, 60 centig., appliqués sur le tissu cellulaire du cou des chats, seraient mortels, et, d'après Orfila, 4 gram. déposés sur le tissu cellulaire du dos d'un chien occasionnent des selles, des vomissements, des secousses convulsives très-fortes et presque générales, de l'insensibilité, de l'affaissement et la mort en quatre heures. Un soluté concentré d'hydrochlorate de baryte donné à un chat, produisent des vomissements, des vertiges, l'insensibilité, le décubitus sur le côté, la dilatation des pupilles, des mouvements convulsifs, l'anéantissement du pouls et la mort en soixante-dix-sept minutes. 50 centig. appliqués sur le tissu cellulaire du dos d'un chien, occasionnent les mêmes accidents et la mort en vingt ou vingt-cinq minutes. Le sulfate de baryte ne serait pas toxique à la dose de 24 gram. (Orfila).

Traitement. Donner des boissons mucilagineuses dans lesquelles on dissoudra, par verre, 4 gram. du sulfate de soude, comme contre-poison. Faire la médecine du symptôme.

EMPOISONNEMENT PAR LES PRÉPARATIONS AMMONIACALES.

Trois préparations, l'ammoniaque, le sesqui-carbonate et l'hydrochlorate, sont considérées comme toxiques.

A. L'ammoniaque liquide, alcali volatil, est une dissolution de gaz ammoniaque dans l'eau, liquide, qui peut en dissoudre 340 fois son volume. Limpide, incolore, elle laisse dégager le à l'air, dont l'impression sur la muqueuse nasale, oculaire

gaz

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et bronchique est piquante, irritante, suffocante, ammoniacale et caractéristique. Sa saveur est âcre, caustique. Elle verdit le sirop de violettes, ramène au bleu le papier rouge de tournesol et perd ces propriétés en partie à l'air, complétement par la chaleur, qui, en dégage le gaz, ainsi que par les acides.

B. Sesqui-carbonate d'ammoniaque, sel volatil concret ou d'Angleterre. En petites masses ou pains allongés, blanc, fibreux, efflorescent et volatil à l'air, ainsi que sur les charbons ardents. Du reste, ce sel offre l'odeur, la saveur, la réaction alcaline de l'ammoniaque, dont il se distingue, lorsqu'il est dissous dans l'eau, parce qu'il laisse dégager, avec effervescence, le gaz acide carbonique par les acides, et qu'il précipite les sels de chaux, de baryte, etc., à l'état de carbonate blanc.

C. Hydrochlorate d'ammoniaque, chlorure d'ammonium, sel ammoniac. En masses fibreuses, compactes, translucides, grisâtres, ou en poudre blanche, d'une saveur piquante, inodore. Il dégage l'odeur caractéristique d'ammoniaque lorsqu'il est mêlé à de la chaux, se volatilise complétement en vapeurs blanches, piquantes, sur les charbons ardents. Il est soluble dans l'eau, et son soluté donne, par le nitrate d'argent, un précipité caractéristique de chlorure d'argent, et dégage de l'ammoniaque par la potasse. Tous les solutés ammoniacaux précipitent, comme les solutés de potasse, en jaune-serin (chlorure de platine et d'ammonium) par l'hydrochlorate de platine, en jaune par l'acide carbazotique (carbazotate de potasse), mais ne précipitent pas par l'acide perchlorique.

Préparations ammoniacales et matières organiques. L'ammoniaque et le sesqui-carbonate, verdissent les infusés bleus végétaux; troublent le vin et lui donnent une couleur vert-brunâtre; saturent les acides sécrétés par l'estomac ou ceux que contiennent les liquides organiques; transforment en phosphates doubles le phosphate de magnésie. Le sesqui-carbonate précipite, par double décomposition, les sels terreux. Mais, ainsi que l'hydrochlorate, ces deux poisons n'ont que peu ou pas d'action sur les matières organiques elles-mêmes. Analyse. On peut isoler ces trois préparations des matières organiques, du

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