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tube intestinal, etc. par macération dans l'eau; on distille ensuite les liqueurs dans une cornue, comme nous l'avons indiqué à l'acide hydrochlorique, et on condense l'ammoniaque ou le sesqui-carbonate dans un vase contenant un peu d'eau et entouré constamment d'eau froide. Quant à l'hydrochlorate, les liqueurs évaporées jusqu'à consistance sirupeuse, laissent cristalliser ce sel par le repos; ou bien encore, on pourrait les évaporer jusqu'à siccité et en retirer le sel par sublimation dans un petit matras. On agirait de même sur les liqueurs dont les caractères de l'ammoniaque auraient été masqués par des acides. D'ailleurs, le résidu de l'évaporation, mêlé à de la chaux, à de la potasse, dégagerait l'odeur ammoniacale. Dans une expertise légale, il faut ne pas oublier que, l'ammoniaque, le carbonate et l'hydrochlorate se forment par la décomposition spontanée ou par le feu des matières organiques (voyez acide hydrochlorique), que ce dernier sel fait partie de nos organes, des liquides sécrétés, que, ce n'est que par la quantité comparative des produits obtenus, et sur des réactions bien tranchées qu'on doit établir ses convictions. Ajoutons que l'usage des préparations ammoniacales est assez fréquent en médecine.

Effets toxiques. Les accidents graves ou mortels, par les préparations ammoniacales volatiles (ammoniaque et sesquicarbonate), sont assez fréquents. Plenk, Majault, Sédillot, Nysten, Percy, Souchard, etc., en rapportent des exemples. Comme ces accidents, dans la plupart des cas, ont lieu par la pénétration du gaz ammoniaque dans les organes pulmonaires, ce qu'indiquent les symptômes et les lésions, et qu'il est plusieurs circonstances où ces poisons peuvent se développer spontanément et occasionner ces mêmes aceidents, nous renverrons à l'asphyxie par les matières gazeuses pour la symptomatologie et les altérations pathologiques de cette espèce d'empoisonnement. Dans cet article nous donnerons seulement le résultat des expériences sur les chiens, et nous dirons que les préparations ammoniacales, ont une action locale de nature âcre, irritante, quelles enflamment, vésiquent, cautérisent les tissus qui en reçoivent le contact.

Injectée dans la veine jugulaire, à la dose de 300 centigr., l'ammoniaque liquide, produit des mouvements convulsifs tétaniques, et la mort en 10 minutes; et 2 gramm. ingérés dans l'estomac (œsophage lié), l'insensibilité générale, sans paralysie ni convulsions, et la mort en 23 heures. 5 gramm. de sesqui-carbonate pulvérisé, ingéré dans l'estomac, occasionnent des vomissements sanguinolents, des convulsions tétaniques violentes générales, et la mort en 12 minutes. Dans ces deux dernières expériences, la muqueuse gastrique était plus ou moins enflammée (Orfila).

Nous ne connaissons pas d'empoisonnement chez l'homme par l'hydrochlorate d'ammoniaque, sel qui a pu être donné, comme agent thérapeutique, soit seul, soit associé à d'autres médicaments, à la dose de 4 gram. et plus par jour, sans inconvénient. Cependant, d'après Smith, 5 gramm. de ce sel en poudre, déposés sur le tissu cellulaire de la cuisse d'un chien, déterminent du malaise, des vomissements muqueux, écumeux, un affaiblissement progressif, et la mort en 12 heures. Autopsie. Pas de traces de sel sur la plaie; beaucoup de petites ulcérations de la muqueuse gastrique splénique; celle de l'extrémité pylorique enflammée; liquide noirâtre très-fétide dans l'estomac et les intestins grêles. 8 gram. de ce sel, dissous dans 60 gram. d'eau, ingérés dans l'estomac (œsophage lié), produisent de grands efforts de vomissements, une grande faiblesse, des cris aigus, des mouvements convulsifs, des accès tétaniques violents, et la mort en 1 heure. Le tube intestinal, le foie, la rate, le cœur étaient sains; les vaisseaux du cerveau et les poumons un peu engorgés. 6 gram. à l'état solide, ont développé les mêmes symptômes et altérations, et la mort en 5 heures. La muqueuse gastrique était un peu enflammée. Orfila conclut de ces expériences, que les préparations ammoniacales sont des poisons énergiques, et qu'elles ont une action spéciale sur l'estomac et sur le système nerveux.

Traitement. Provoquer le vomissement par les boissons mucilagineuses, acidulées par le vinaigre, le jus de citron, dans le but de saturer l'ammoniaque pour l'hydrochlorate, il n'y a

pas de contre-poison. Faire ensuite la médecine du symptôme. Les médecins rasoriens, qui considèrent l'ammoniaque comme poison stimulant ou hypersthénisant cardiaco-vasculaire, proposent les agents hyposthéniques. (Voyez asphyxie par les gaz.) Késumé sur les poisons alcalins."

La potasse, la sonde, l'ammoniaque, la chaux et la baryte se distinguent des autres poisons mineraux par leur réaction fortement alcaline. Les deux dernières bases précipitent par l'acide carbonique ou un carbonate soluble, non les trois premières; mais, la baryte donne, par l'acide sulfurique, un précipité caractéristique, tandis que la chaux ne précipite point par ce réactif. L'ammoniaqne se reconnaît à son odeur, et la potasse se distingue de la soude, en ce qu'elle précipite (en jaune) par l'hydrochlorate de platine, Lorsque ces bases sont combinées à un acide, on peut encore les distinguer par les mêmes réactifs; cependant les sels de chaux précipitent aussi par l'acide sulfurique, comme les sels de Baryte, mais le précipité est soluble dans un excès d'acide, et, pour dégager l'ammoniaque des sels ammonicaux, il faut les mêler ou les chauffer avec de la chaux. On reconnaîtrait les acides combinés avec ces bases par l'acide sulfurique, qui dégagerait du chlore des hypochlorites ou chlorures d'oxydes, de l'hydrogène sulfuré des sulfures, des vapeurs blanches d'acide hydrochlorique des chlorures métalliques, des vapeurs nitreuses des nitrates, surtout par l'addition de la limaille de cuivre; enfin l'acide sulfurique des sulfates se reconnaîtrait par la baryte.

Les poisons de cette section ont, en général, une action locale âcre, irritante, et un effet hyposthénisant sur l'organisme, sur les organes circulatoires; mais les sulfures alcalins, le nitrate de potasse, les préparations de baryte et ammoniacales, modifient en outre le système nerveux. Les contre-poisons sont, pour les bases alcalines, les boissons acides; pour les sulfures alcalins, le chlore ou les chlorures d'oxyde; pour les préparations de baryte, les sulfates de potasse, de soude ou de magnésie.

SECTION IV.

POISONS MÉTALLIQUES-SALINS.

Des préparations d'arsenic, d'antimoine, d'étain, de mercure, de cuivre, de plomb, de bismuth, d'argent, d'or, de chrome, de zinc, de fer, etc., à l'état de métal, d'alliage, d'oxyde, de sulfure, de chlorure, d'iodure, de bromure ou de sel, composent les poisons de cette section. Ces poisons se distinguent des poisons des sections précédentes par leur aspect métallique, par leur densité relativement plus grande, par leur saveur âcre, styptique, douceâtre, métallique ou cuivreuse, et surtout, parce que leur soluté précipite par l'acide sulfhydrique ou un sulfhydrate, par la potasse ou par le cyanure jaune de potassium et de fer.

Ces poisons, les préparations arsenicales exceptées, ont une réaction très-marquée sur les matières organiques solides ou liquides, et surtout, sur les matières albumineuses, caséeuses, astringentes, avec lesquelles ils forment, soit par combinaisou directe, soit par décomposition, des composés insolubles; aussi, à défaut des contre-poisons spéciaux, ces derniers liquides, pourraient, en quelque sorte, les remplacer. Comme ces poisons sont alors presque toujours modifiés dans leur composition, on se contente, dans la plupart des recherches toxicologiques, de constater la présence du radical ou du métal, sans s'occuper des corps avec lesquels il était combiné. Le procédé doit varier selon la nature du métal; ainsi, le procédé de l'incinération simple, qui n'est point applicable aux préparations arsenicales, mercurielles, formées par des métaux volatils, pourra convenir au contraire pour les préparations de cuivre, de plomb, de bismuth, etc., dont les métaux sont fixes.

Ces poisons, comme ceux des sections précédentes, ont une action locale âcre, irritante, et, en général, un effet hyposthénisant sur l'organisme, sur la circulation. Plusieurs modifient

aussi le système nerveux d'une manière spéciale, surtout lorsque l'effet en est lent. Le traitement doit donc être basé sur les mêmes données. Comme beaucoup de ces poisons sont employés dans les arts, et qu'ils peuvent, soit par émanation, soit par un contact plus ou moins prolongé sur la peau, soit par leur emploi dans les ustensiles de cuisine, occasionner des accidents graves ou mortels, nous aurons, de plus, à nous occuper de ces genres d'intoxication.

De ces poisons, il en est dont le soluté précipite par l'acide sulfhydrique ou un sulfhydrate soluble, 1o en blanc, les sels de zinc, 20 en jaune, les préparations arsénicales, antimoniales, les deuto-sels d'étain; 3o en noir, les préparations de mercure, de cuivre, de plomb, de bismuth, d'argent, d'or, les proto-sels d'étain, etc. On pourrait donc, d'après cette réaction, les diviser en trois sections; mais cette division est plus importante sous le point de vue chimique que médical. Nous l'adopterons cependant, en commençant par les poisons qui offrent le plus d'intérêt.

EMPOISONNEMENT PAR LES PRÉPARATIONS ARSÉNICALES.

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Toutes les préparations arsénicales sont toxiques, ou peuvent le devenir dans des circonstances particulières. En général, elles le sont d'autant plus qu'elles sont plus oxydées ou plus solubles dans l'eau. Les plus importantes sont : 1o l'arsenic métal; 2o l'arsenic cobaltique et l'oxyde noir 3o l'oxyde blanc d'arsenic ou acide arsénieux; 4o les arsénites; 5o l'acide arsénique et les arséniates; 6o les sulfures; 7° les poudres et les pâtes arsenicales; 8° enfin, le gaz hydrogène arsénié, dont nous parlerons dans l'empoisonnement par les matières gazeuses. Mais, la préparation qu'il importe de connaître, et qui, à elle seule, domine toute la toxicologie, est, sans contredit, l'oxyde blanc d'arsenic.

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L'oxyde blanc d'arsenic, connu aussi vulgairement sous les dénominations d'arsenic, d'oxyde d'arsenic, d'arsenic blanc, de

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