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très-putrescible, ainsi que les organes.-Venins, viandes putréfiées, gaz hydrosulfurés des égoûts, des fosses d'ai

sance, etc.

Nous verrons dans le cours de ce traité combien il est difficile d'établir une classification basée sur les effets, les lésions, puisque les poisons irritants ne laissent quelquefois aucune trace de leurs action locale, que les narcotiques, les anesthétiques peuvent intoxiquer rapidement dans les convulsions, que des poisons donnent lieu à ces divers ordres d'effets, que d'autres, la nicotine, abolissent la contractilité musculaire sans agir sur la sensibilité. Le curare agit dans un sens inverse. A cause de l'imperfection de cette classification, et dans l'impossibilité de l'établir à la fois sur les deux buts de cette science, nous disposerons les poisons, à l'exemple d'Anglada et autres auteurs, d'après leur analogie chimique et naturelle, comme se rapprochant mieux de l'objet le plus important de la toxicologie légale, la découverte du poison. Nous les divişerons en poisons inorganiques, organiques et gazeux.

A.-LES POISONS INORGANIQUES seront divisés en 4 sections : 4° métalloïdes; 2° acides; 3° alcalins; 4° salins métalliques, ou dont on peut extraire facilement le métal.

B.-LES POISONS ORGANIQUES seront divisés en 3 sections : 1° Poisons végétaux, distribués par familles ;

2o Poisons animaux, divisés en vénéneux et venimeux; 3° Empoisonnement par les matières alimentaires avec un appendice sur leurs falsifications.

C.-LES POISONS GAZEUX seront divisés en gaz simples et complexes, et, d'après leurs effets, en asphyxiants et toxiques.

Traitement.

Empêcher l'absorption du poison, en faciliter l'élimination, en combattre les effets, telles sont les bases fondamentales de la thérapeutique toxicologique. Pour remplir la première indication, si le poison a été appliqué sur la peau, sur une muqueuse

externe, c'est par des lotions, des injections, par une ligature du côté du cœur, ou plutôt des ventouses en caoutchouc vulcanisé ou autres, qui, d'après Barry, arrêtent l'effet du poison, si elles sont appliquées assez longtemps, et d'après M. Reynoso, les suspendent seulement pendant la durée de leur application; enfin par l'emploi des caustiques (voyez animaux venimeux). M. Reynoso, qui a expérimenté comparativement l'iode, le chlore, l'acide sulfurique, le brôme, a constaté que ce dernier, en outre de son effet caustique très-intense, détruisait le curare dans la plaie; aussi le propose-t-il contre la morsure des animaux venimeux.

Si l'intoxication a lieu par les voies pulmonaires, on cherche à rappeler la respiration par les stimulants, les pressions alternatives sur la base du thorax, la titillation de la muqueuse nasale. MM. Abeille, Jobert de Lamballe, ont employé avec succès la faradisation dans l'intoxication par le chloroforme, et même l'électropuncture dans les cas graves. En ce cas, les aiguilles sont enfoncées dans les muscles de la nuque et de la région lombaire. M. Duchenne préfère la faradisation des nerfs phréniques; il est parvenu à rappeler les animaux à la vie, même lorsque le cœur avait cessé de battre. M. Ludger-Lallemand préfère au contraire l'insufflation à l'aide d'une sonde et d'un soufflet, moyen qui a l'avantage de rappeler la respiration, la circulation, et de faciliter en outre l'élimination du poison. L'électricité et l'insufflation ont été employés aussi dans les cas graves d'intoxication par les narcotiques, l'acide cyanhydrique, les matières gazeuses; le dernier moyen l'est en outre dans l'empoisonnement par les strychnées. Il faut en continuer l'usage jusqu'à ce que l'effet du poison soit en partie dissipé, la respiration rétablie.

Dans l'empoisonnement par la voie gastro-intestinale, si les vomissements, les selles sont assez abondants, il faut les seconder par l'emploi des boissons, des lavements émollients, albumineux, huileux ou laxatifs; dans le cas contraire, les provoquer par les vomitifs (tartre stibié, ipéca., sulfate de zinc),

les éméto-catartiques, les purgatifs salins ou laxatifs; ou bien encore, y suppléer par la sonde gastrique, en la faisant fonctionner à la manière d'un syphon, comme l'indique M. Gay (Toxicologie générale, p. 144), c'est-à-dire en relevant le bout externe à la hauteur du nez, la chargeant d'eau à l'aide d'un entonnoir et la vidant ensuite en abaissant le bout.

Les contre-poisons empêchent aussi l'absorption des poisons en se combinant avec eux et en formant un composé insoluble, inerte ou moins actif. Les contre-poisons généraux sont la magnésie pour les acides, les arséniaux; l'eau albumineuse, l'eau de savon donnent lieu aussi avec les acides, les poisons minéraux de la quatrième section, à des composés insolubles; les boissons acides sont indiquées pour les poisons alcalins; le tannin précipite aussi les poisons de la quatrième section, mais il est spécialement recommandé dans l'empoisonnement par les champignons, et, ainsi que le soluté d'iodure de potassium iodé, dans l'intoxication par les alcalis végétaux. Le charbon est aussi un contre-poison général, car il absorbe les poisons minéraux, les alcalis végétaux, agit comme corps étranger, retarde leur absorption et permet ainsi de les expulser plus complétement par les vomitifs ou les selles. Telle est du moins l'explication la plus probable de l'innocuité de 25 centig. d'acide arsénieux ou de sublimé que Bertrand a constaté sur lui-même (voyez ces poisons). Le sulfure de fer hydraté, la limaille de fer, de zinc sont aussi proposés comme contrepoisons dans l'intoxication par les poisons minéraux de la quatrième section. Un contre-poison est d'autant plus parfait qu'il forme un composé insoluble avec le poison, le sulfate de soude pour les sels de baryte, de plomb; le chlorure de soude pour le nitrate d'argent, etc. Nous reviendrons sur les contrepoisons généraux et spéciaux, et sur leur valeur thérapeutique.

Pour faciliter l'élimination des poisons on cherche à donner plus d'activité physiologique aux émonctoires par lesquels ils sont éliminés: la sécrétion urinaire et gastro-intestinale pour les poisons minéraux; la transpiration pour les poisons veni

meux et miasmatiques; la respiration pour les poisons gazeux ou volatils.

Pour combattre les effets aigus, lents ou consécutifs des poisons dits acres, irritants, nous donnons assez de détails à cet égard dans les généralités sur les poisons minéraux et les acides. Quant aux narcotiques, les stimulants, surtout le café, l'eau ammoniacale, qui provoque souvent plus promptement les vomissements que les vomitifs, les topiques irritants, les lavements, les boissons acides, les affusions froides, les évacuations sanguines sont indiqués; les sédatifs du système nerveux conviennent contre les tétaniques, et dans les deux cas, ainsi que contre les anesthésiques, l'insufflation pulmonaire qui, d'après M. Ludger-Lallemand, n'offre pas les inconvénients signalés par les auteurs.

DES RÉACTIFS.

On désigne ainsi les agents qui servent à distinguer les corps les uns des autres. Ils sont généraux quand ils s'appliquent à certains groupes de corps, le tourne-sol qui distingue les acides des alcalis; spéciaux ou caractéristiques de chaque corps en particulier, l'iode pour l'amidon. Les poisons se reconnaissent à leurs caractères physiques, organoleptiques et chimiques. Il faut, autant que possible, constater ces trois ordres de caractères, que les réactions soient bien nettes et comparatives avec le même poison à l'état pur. La lumière, l'électricité, surtout le calorique seul ou aidé du charbon, de l'hydrogène, de l'oxygène, où des fondants donnent à la fois des réactions physiques et chimiques. Comme aux préparations arsénicales, nous indiquons le moyen de purifier et d'employer les réactifs qui doivent servir à la recherche de ce poison, nous décrirons seulement les réactifs les plus géné

raux.

Réactifs métalloïdes.

Oxigène. Air. Il sert à brûler les gaz hydro et oxycarbonés qu'il convertit en eau et acide carbonique, à oxyder le phosphore, l'arsenic et en dégage l'odeur alliacée. L'oxigène

s'obtient en chauffant jusqu'à décomposition quelques grammes de chlorate de potasse dans une cornue.

HYDROGÈNE. Il sert à réduire les oxides, les sulfures, les chlorures métalliques. A cet effet, on fait passer à travers ces corps, renfermés dans un tube chau' fé aurouge, un courant de gaz hydrogène, lequel forme, avec l'oxygène, le soufre, le chlore, de l'eau, de l'acide hydrosulfurique, etc., qui se dégagent, et le métal reste adhérent aux parois du tube. ( Voyez Émétique, procédé de Turner.) A l'état de gaz naissant, l'hydrogène, en présence d'une dissolution arsenicale ou antimoniale oxydées, les décompose, forme de l'eau et du gaz hydrogène arsenié ou antimonié, qui, brûlés lentement au contact de l'air, déposent des taches métalliques sur un corps froid qu'on interpose dans la flamme. (Voyez Arsenic, antimoine, appareil de Marsh.) L'hydrogène s'obtient en faisant réagir de la limaille de zinc et de l'acide sulfurique étendu de 10 à 12 p. d'eau. Dans les analyses délicates comme celles des gaz oxydés, on le purifierait en le faisant passer à travers un soluté alcalin, et une couche de chlorure de calcium pour le dessécher.

Charbon purifié. Il sert à réduire les oxydes, les oxysels qu'on chauffe avec, dans un tube de verre, si les métaux de ces corps sont volatils (arsenic, mercure), ou dans un creuset, si les métaux sont fixes (argent, cuivre, plomb, or, etc.). Dans ce derniers cas, la réduction s'opère promptement en chauffant les oxydes ou les sels entre deux charbons ardents. Nous avons acquis une telle habitude de ces expériences, qu'avec deux morceaux de braise nous pourrions distinguer presque tous les poisons métalliques. Le charbon s'empare de l'oxygène de ces corps, se dégage à l'état d'oxyde de carbone ou d'acide carbonique, et le métal, ou se condense sur les parois du tube, ou reste dans le creuset ou sur le charbon.

Préparation. Délayez le charbon animal, noir d'os, noir d'ivoire, dans de l'acide hydrochlorique; laissez macérer pendant douze heures; ajoutez s. q. d'eau pour faire une bouillie claire; faites bouillir pendant quelques minutes, laissez reposer, décantez, jetez le charbon sur un filtre, lavez-le à l'eau distillée

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