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Appareil de Marsh primitif.

Il se compose, d'un tube de verre A, recourbé en U ou en siphon, de 2 à 2 1/2 centimètres de diamètre intérieur, à branches inégales, dont la plus courte a environ 135 millim. de long, et la plus longue environ 217 millim., ouvert à ses deux extrémités, et fixé dans une position verticale, au moyen d'un support, de manière à ce que les ouvertures soient en haut. Un tube de métal B, effilé, terminé par une ouverture circulaire de 2 à 3 millim. de diamètre, et muni d'un robinet, est adapté, au moyen d'un bouchon percé, à la petite brauche. Une lame de zinc Cest suspendue ou fixée dans cette branche à quelques millim. au dessus de sa courbure.

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L'appareil étant ainsi disposé, Marsh, pour décéler l'arsenic dans une matière organique, la met à digérer dans de l'eau chaude, pour en séparer ou dissoudre l'arsenic, filtre, et acidule les liqueurs avec environ un septième d'acide sulfurique, et les introduit par la longue branche du tube, jusqu'à ce qu'elles arrivent à peu de distance du bouchon. Il ferme le robinet, qui, jusqu'alors était resté ouvert. Par la réaction du liquide arsenical acidulé sur le zinc, il se forme du gaz hydrogène arsenié, qui, refoule la colonne de liquide de la petite branche dans la grande. La réaction cesse lorsque la lame de zinc n'est plus mouillée par le liquide. On ouvre alors le robi

net, on enflamme le gaz, et on reçoit la flamme sur une capsule de porcelaine, avec les précautions avec les précautions que nous indiquerons ci-après, pour recueillir les taches arsenicales (système des taches); ou bien encore, comme le pratique Marsh, en dirigeant la flamme dans l'ouverture inférieure d'un tube de verre, d'environ 127 millim. de long et de 7 millim. de diamètre, ouvert à ses deux extrémités, et tenu dans une inclinaison de 40 à 45o, on constate ainsi trois caractères arsenicaux: 10 les taches arsenicales, sur la partie du tube touchée par la flainme; 20 un peu au dessus, une poudre blanche en cristaux octaédriques (acide arsenieux); 3o l'odeur alliacée, en approchant le nez de l'autre extrémité effilée du tube. A mesure que le gaz hydrogène est brûlé, le liquide remonte dans la petite branche, et de nouveau en contact avec la lame de zinc, il se produit une nouvelle quantité de gaz. L'opération est continuée jusqu'à ce qu'on n'obtienne plus de taches arsenicales, ou qu'on soit parfaitement convaincu de la présence ou de l'absence de ce poison dans les matières suspectes.

Réflexions. Le procédé de Marsh, donne des résultats assez nets, avec des liqueurs arsenicales peu ou pas chargées de ma tière organique, et l'on peut, en dirigeant la flamme dans le tube, constater trois caractères qui ne laissent pas que d'avoir leur valeur, car, il suffirait d'y ajouter la réaction par l'acide nitrique et le nitrate d'argent pour établir une conviction entière. Cet appareil offre les inconvénients suivants: 1o étant un peu compliqué, il n'est point à la portée de tous les médecins-experts; 20 d'une contenance peu grande, on ne pourra, dans beaucoup de cas, opérer sur la totalité des liqueurs. Marsh, propose alors un appareil plus grand et qui a beaucoup d'analogie avec le briquet à gaz hydrogène. Ajoutons encore que, le dégagement du gaz étant intermittant, on sera obligé de suspendre de temps en temps l'opération; 3o cependant, l'objection fondamentale ne porte pas sur l'appareil en lui-même, mais plutôt, sur les liqueurs arsenicales, qui, étant obtenues par décocté, sont en général chargées de beaucoup de matière organique, donnent une mousse épaisse, et s'opposent au

dégagement du gaz, et le plus souvent, avant de l'enflammer, il est nécessaire d'attendre que la mousse soit affaissée, ce qui est ordinairement fort long. Malgré ces précautions, des portions de mousse ou de liqueur sont entraînées par le gaz, décomposées par la flamme, en produits qui rendent les taches arsenicales impures, en masquent plus ou moins les caractères physiques et chimiques, et qui même peuvent donner des taches non arsenicales. Marsh, pour empêcher la formation de la mousse, conseille de placer une couche d'huile à la surface du liquide de la petite branche; mais ce corps ne s'y oppose qu'incomplétement, de même que l'alcool, l'essence de térébenthine, proposés plus récemment, et qui, d'ailleurs, empêchent quelquefois la production du gaz hydrogène arsenié, ou exposent à une détonation.

Pour remédier à ces inconvénients, les toxicologistes ont apporté ou proposé quelques modifications au procédé de Marsh, portant, soit sur l'appareil en lui-même, soit sur les liqueurs, soit sur le gaz hydrogène arsenié. Quant aux liqueurs, on a cherché à les priver autant que possible de matière organique. M. Orfila, dans le procédé ordinaire, pag. 309, conseille de les précipiter par l'alcool, moyen qui a été aussi employé par M. Braconnot, pour déceler l'arsenic dans une gelée, mêlée à de la viande, ainsi que par MM. Boissenot, Lépine et Canal, dans une expertise légale. Ces derniers médecins se sont assurés, expérimentalement, que les décoctés des matières organiques étaient assez complétement dépouillés de ces matières par l'alcool, pour en obtenir des taches arsenicales assez pures à l'appareil de Marsh. Ce procédé est sans doute très-simple, peu sujet à erreur, puisqu'on n'emploie qu'un seul réactif. Mais, ces essais n'ont point encore été assez variés, et ensuite, comme par décocté dans l'eau on n'enlève pas tout l'arsenic aux matières solides, on s'expose à perdre de ce poison. Aussi, les toxicologistes, pour déceler l'arsenic absorbé, préfèrent-ils les procédés de la carbonisation et de l'incinération.

Relativement à l'appareil en lui-même, on l'a remplacé d'abord par un flacon, une fiole à médecine, munis du tube effilé.

à dégagement, droit ou coudé, ensuite, et avec plus de raison, par un flacon A, à deux tubulures; à l'une des tubulures est adapté un tube droit B, évasé supérieurement en entonnoir et plongeant par son extrémité inférieure au fond du flacon. A l'autre tubulure est fixé le tube C à dégagement, coudé et effilé à son extrémité, en une ouverture arrondie, de 2 ou 3 millimètre de diamètre.

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Introduisez dans le flacon, des lames de zinc, de l'eau et s. q. d'acide sulfurique pour obtenir une bonne réaction, adaptez-y ensuite les deux tubes. Lorsque l'air de l'appareil sera chassé gaz hydrogène, ce qui demande 4 ou 5 minutes de réaction (on peut d'ailleurs s'en assurer en approchant les lèvres de l'extrémité effilée du tube; on éprouve alors l'impression d'un petit vent frais), couvrez-le flacon d'un torchon, crainte qu'il n'y ait explosion, et enflammez le gaz. La réaction est bonne, lorsque la flamme a 5 à 6 millim. Versez une portion de la liqueur arsenicale par le tube évasé en entonnoir, en ayant soin de la faire couler sur les parois, pour ne pas entraîner de l'air (il importe, par conséquent, que le tube soit assez large). La flamme de rougeâtre qu'elle était, se colore ordinairement en blanc-opalin-bleuâtre. On la reçoit sur une capsule de porcelaine, qu'on tient perpendiculairenient, et qu'on approche progressivement de l'orifice du tube, et on la maintient dans la partie de la flamme où elle se ternit le plus, où elle se couvre de taches, c'est-à-dire, dans la flamme de réduction. Cependant,

cette partie varie selon la quantité d'arsenic, l'étendue de la flamme, l'époque de l'opération. De sorte que, trois ou quatre essais préliminaires, en apprendront autant à l'expert que tous les détails dans lesquels nous pourrions entrer à cet égard. Lorsque les taches paraissent assez intenses, on reçoit la flamme sur un autre point de la capsule, et on continue ainsi jusqu'à épui sement complet de la liqueur arsenicale. Il faut activer la réaction, si elle est trop modérée, par l'addition de quelques gouttes d'acide sulfurique, ou la ralentir, si elle est trop active, par l'addition d'eau, si la liqueur arsenicale est insuffisante. Les taches se montrent, le plus ordinairement, immédiatement après l'introduction de la liqueur arsenicale, quelquefois après un temps plus ou moins long. Elles peuvent s'interrompre pour reparaître de nouveau, sans qu'on puisse en savoir la cause. Par conséquent, dans ce système, il faut de la persévé

rance.

Caractères des taches arsenicales. Elles varient dans leur aspect, leur étendue, leur épaisseur, leur forme, leur circonscription, et selon la manière de les recevoir, le degré de pureté des liqueurs et la quantité d'arsenic qu'elles renferment, l'époque de l'opération, etc.; 10 leur couleur est ordinairement d'un brun fauve, brun-chocolat, gris-ardoisé, ou gorge de pigeon. Non hygrométriques à l'air, elles s'y ternissent promptement; cependant, nous en avons conservé pendant plusieurs jours avec leur brillant. Elles ne rougissent pas le papier bleu de tournesol humide, et se détachent par le simple grattage; 2o elles ne se volatilisent pas à la température ordinaire, mais promptement et complétement à chaud, sans s'étendre préalablement, et répandent l'odeur alliacée; 3o elles se vaporisent aussi promptement, complétement et sans s'étendre à la flamme oxydante du gaz hydrogène; 4o se dissolvent rapidement à froid dans quelques gouttes d'acide azotique pur. Le soluté, évaporé lentement jusqu'à siccité, laisse un résidu blanc-sale ou blanc-jaunâtre d'acide arsénique, qui, délayé dans une ou deux gouttes d'eau, précipite en rougebrique (arséniate d'argent), par quelques gouttes de soluté ou un

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