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dant quelque temps, un de ces robinets dans du vin, ce liquide a donné de l'arsenic à l'appareil de Marsh', ainsi que du cuivre. Les accidents qu'on attribue à ce dernier métal, ne peuvent-ils pas dépendre quelquefois de l'arsenic? Ne peut il pas en résulter de graves erreurs dans les cas d'expertise judiciaire ?

Médicaments. Les préparations arsenicales sont employées comme médicaments, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur. Quoique MM. Flandin et danger n'aient pas retiré de l'arsenic de l'urine des individus soumis à un traitement arsenical, M. Orfila et d'autres toxicologistes ont obtenu des résultats différents. Plusieurs préparations antimoniales contiennent de l'arsenic, ainsi que les préparations ferrugineuses, et surtout les sesquioxydes et le carbonate de fer, employés comme contre-poison des préparations arsenicales. M. Audouard, de Béziers, a retiré aussi de l'arsenic, par le procédé de Lassaigne, de quelques échantillons d'alun et de sulfate de soude. Les conséquences de ces faits, en toxicologie légale, sont faciles à déduire.

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Bougies. Il y a quelques années, on vendait des bougies arsenicales. Ces bougies, en brûlant, répandaient une odeur alliacée, et occasionnèrent des accidents assez graves pour exiger une enquête judiciaire. Il fut reconnu, 1o que chaque bougie renfermait environ quatre grains anglais d'acide arsénieux; 2o qu'en dirigeant la flamme dans un tube, il s'y condensait de l'arsenic; 3o que des animaux (oiseaux, etc.), placés dans une chambre où brûlaieut ces bougies, ne tardaient pas à succomber; 4o que l'eau placée dans cette chambre devenait arsenicale, qu'enfin de l'acide arsénieux se condensait sur les meubles, sur les objets de cette chambre. L'introduction de l'acide arsénieux dans les bougies, sert à rendre la graisse plus dure, la flamme plus blanche, et à faire adhérer la mèche. Le gaz hydrogène arsénié peut se développer spontanément ou par réaction chimique. Ce gaz est très-délétère. Gehlen et Bullocke ont succombé en le préparant. Les expériences de MM. Flandin et Danger, démontrent que, dans l'intoxication

par les voies de la respiration, l'arsenic peut être décélé dans les mêmes organes qué dans l'intoxication par ingestion. Dans un cas de suspicion d'homicide par empoisonnement chez une personne soumise à ces diverses influences, on conçoit les erreurs graves qui en résulteraient.

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Arsenic normal. MM. Couerbe et Orfila admettaient que les os contiennent de l'arsenic, eet, M. Devergie, avait retiré des taches arsenicales du bouillon, ce qui faisait supposer que les muscles étaient aussi arsenicaux. Cependant, les mêmes expériences qui avaient servi à admettre ce fait, ont donné des résultats négatifs, même entre les mains de M. Orfila. Ce chimiste calcinait les os sur une grille, les décomposait ensuite par l'acide sulfurique, lavait le sulfate de chaux, et soumettait le résidu des eaux du lavage à l'appareil de Marsh. MM. les membres de la commission de l'Institut, pensant que l'arsenic, s'il existait dans les os, même à l'état d'arséniate de chaux, pourrait être réduit par la calcination, ont traité ces organes, d'abord par l'acide hydrochlorique pour dissoudre la partie calcaire, précipité le soluté par l'acide sulfurique, lavé le précipité, et les liqueurs réunies ont été évaporées à siccité. D'un autre côté, ils ont carbonnisé la gélatine, réuni les liqueurs provenant du charbon, à celle de la dissolution chlorhydrique, les ont soumises à l'appareil de Marsh, et n'en ont pas retiré d'arsenic. MM. Flandin et Danger ont décomposé les os, les muscles, dans des vases fermés, brûlé les produits gazeux, traité les produits charbonneux et liquides par l'eau régale, et ensuite par l'eau, soumis les liqueurs réunies à l'appareil de Marsh et n'en ont pas non plus obtenir d'arsenic. De ces expériences, il faut conclure que nos organes ne contiennent pas normalement d'arsenic, du moins appréciable à l'appareil de Marsh, que, par conséquent, cette cause d'erreur qui a donné lieu à tant de discussions, n'est plus à craindre. Les analyses ont porté sur les os et les muscles, probablement parce que M. Orfila avait annoncé que les viscères n'étaient pas normalement arsenicaux.

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Terrains arsenicaux. Des expériences de M. Orfila, sur quatre

espèces de terrains, il en résulterait que quelques-uns sont arsenicaux. Sur 8 expériences il a obtenu trois fois d'arsenic ; une fois, dans l'affaire Mercier, de la terre du cimetière de Villey-sur-T'Isle, avec MM. Lesueur, Devergie, Ollivier d'Angers, les deux autres fois, du terrain du cimetière Montparnasse et du jardin de botanique actuel de l'école. De la terre prise en des endroits différents du même cimetière, a donné des résultats opposés; c'est ce qui est arrivé à Villey-sur-TIsle. M. Orfila a opéré chaque fois sur 3 kilog. et 112 de terre préalablement criblée, qu'il traitait d'abord par l'eau froide, puis par l'eau bouillante, et ensuite par environ 2 kilog. et 1[2 d'acide sulfurique. Il soumettait séparément chaque résidu des eaux des lavages à l'appareil de Marsh. Comme il n'a obtenu des taches arsenicales, qu'avec l'acide sulfurique, il, l'arsenic se trouve dans les terres à l'ét ou d'arséniate de chaux, etc. M. Devergie propose d'agir sur 7 kilog. de terre, et de remplacer l'acide sulfurique par l'acide hydrochlorique, comme moins sujet à être arsenical, car il n'est pas éloigné de croire que les taches arsenicales, fournies par le terrain du cimetière de Villey-sur-TIsle, provenaient de l'impureté et de la quantité d'acide sulfurique employé. Il ne se prononce pas sur les terrains, s'ils sont ou non árséniaux. Mais, d'après M. Dupaquier, l'acide hydrochlorique est souvent arsénial. MM. Flandin et Danger ont analysé les terrains des divers cimetières de Paris et n'en ont pas retiré d'arsenic. A propos de ce fait, non encore résolu, puisque les résultats sont contradictoires, on a soulevé les questions suivantes :

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pense que insoluble d'arsénite

སྙ་༈

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A. Un terrain renfermant une préparation arsénicale soluble ou insoluble, pourrait-il la céder à un cadavre qui y serait inhumé? M. Orfila, pour résoudre cette question, a fait creuser la terre à 0,975 mètres ou trois pieds de profondeur, en a aspergé le fond avec un soluté de 40 centigr. (8 grains) d'acide arsénieux dans 90 gram. (3 onces) d'eau, y a déposé un foie d'adulte, qu'il a couvert de 54 millimè. ou 2 pouces de terre, laquelle a été arrosée avec la même quantité de soluté arsénieux; ila comblé le trou, et a versé à la surface encore la même quantité

de solution arsenicale. Cinq jours après, il a arrosé la surface avec 5 litres d'eau, et peu après avec deux litres tenant en dissolution 4 gram. (1 gros) d'acide arsénieux, ce qui fait en tout 5 gram. 60 centigr. de ce poison. Neuf jours après la première expérience, il a recueilli quatre couches de cette terre, une à la surface, une autre à 0,525 mètres (1 pied) de profondeur, et celles qui étaient en contact avec la face supérieure et inférieure du foie. L'analyse a démontré que toutes contenaient de l'arsenic soluble dans l'eau bouillante, tandis que le foie, déjà ramolli et bien putréfié, carbonisé par l'acide azotique, n'en a pas donné. De cette expérience, M. Orfila serait porté à conclure qu'une terre qui contiendrait une préparation arsenicale soluble ne la céderait point à un cadavre qui y serait inhumé, ou du moins que très-lentement. Mais M. Devergie est arrivé à des résultats tout différents. Après s'être assuré que le foie, les reins, dépouillés ou non de leurs capsules, immergés pendant 12 ou 20 jours, dans un litre d'eau, tenant en solution 60 centigr. (12 grains) d'acide arsénieux, l'arsenic était également réparti dans tout l'organe, a vérifié l'expérience de M. Orfila comme il suit. Il a placé un foie pourvu de sa capsule, au milieu de 7 kilogr. 112 de terre, renfermée dans un vase cylindrique, offrant à sa partie inférieure un robinet, et arrosé la terre avec un soluté de 60 centigr. (12 grains) d'acide arsé― nieux dans 2 kilogr. d'eau. Le matin, il reversait le liquide écoulé de la veille. Après sept jours d'expérimentation, le foie étant divisé en trois parties égales, il a retiré seulement de l'arsenic des parties supérieures et inférieures, qui étaient plus denses et d'un aspect grisâtre, caractères que n'offrait point la partie moyenne. Si les chaleurs eussent permis de prolonger l'expérience, l'arsenic aurait pénétré sans doute les couches centrales de l'organe. En présence de ces résultats contradictoires, il est certain qu'il faut opter pour ceux qui ont le plus de rapport, le plus d'analogie avec les faits physiques on naturels, autrement dit, avec les phénomènes d'imbibition, par conséquent, l'expérience de M. Devergie nous paraît plus concluante.

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Dans le cas où le terrain renfermerait une préparation arsenicale insoluble, la céderait-il au cadavre? Le peu d'expériences tentées à cet égard, sont encore trop peu nombreuses et trop peu variées, pour qu'on puisse se faire une opinion. Et comme les théories chimiques, pour expliquer les phénomènes naturels, sont assez souvent en défaut, au lieu de donner des hypothèses, nous aimons mieux attendre les faits. C'est un principe dont on ne devrait jamais s'écarter en toxicologie-légale. M. Orfila pense qu'un terrain qui renfermerait un arsenite, une préparation arsenicale insolubles, ne cèderait pas de l'arsenic au cadavre; et que, si ce dernier, étant encore entier ou formant un tout distinct, donnait de l'arsenic, après avoir été bien lavé à l'extérieur, et que le terrain n'en fournît point, ni à l'eau froide, ni à l'eau bouillante, on pourrait affirmer que le poison ne provient pas du terrain. Mais, si l'arsenic n'est point entraîné par l'eau seule, ne le serait-il pas par de l'eau ammoniacale, potassique ou sodique? Ne sait-on pas avec quelle facilité les sulfures sont transformés en acide arsenieux au contact de l'eau? M. Orfila ajoute que, même en admettant qu'un terrain qui renfermerait une préparation arsenicale soluble puisse la céder au cadavre (ce qui n'est guère probable d'après lui), l'arsenic serait alors également réparti dans les organes, ou se rencontrerait seulement dans ceux qui en auraient reçu le contact, tandis que l'arsenic absorbé serait inégalement réparti ou se rencontrerait surtout dans les organes vasculaires, le foie, etc. (Voyez le paragraphe suivant.)

B. Que devient l'arsenic d'un cadavre empoisonné, inhumé en terre ou immergé dans l'eau? Le cadavre cèdet-il ce poison au terrain, aux eaux pluviales courantes ou d'inondations? Après combien de temps peut-on y décéler ce poison? En l'absence du corps de délit, par cela seul qu'on a trouvé de l'arsenic dans le terreau, dans le cercueil, peut-on affirmer qu'il y a empoisonnement? Peut-on distinguer si l'arsenic apénétréles organes par imbibition ou par absorption? L'altération spontanée des matières organiques est plus ou moins prompte et varie dans ses résultats,

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