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quioxyde de fer: en poudre verte ou brune insolubles, mais facilement décomposables par les acides.

L'acide arsénieux entre dans la composition des pilules asiatiques, de Barton, dans la teinture minérale de Fowler, à l'état d'arsenite de potasse; dans les poudres et pátes arseniales du frère Cosme, de Rousselot, de Dubois, où il est associé avec le sang-dragor, le sulfure de mercure; dans celles de Dupuytren, de Justamon, etc.; dans le savon de Bœceur; composé d'acide arsénieux, 1,000 gram. (2 liv.); savon blanc, 1,000 gram. (2 liv.); carbonate de potasse, 360 gram. (12 onc.); chaux pulvérisée, 120 gram. (4 onc.); camphre, 150 gram. (5 onc.) ; il sert à conserver les objets d'histoire-naturelle. Le sulfure jaune d'arsenic sert à composer le collyre de Lenfranc, les poudres épilatoires; et l'arséniate de soude, la liqueur de Pearson.

La formule de ces diverses préparations et de bien d'autres qu'il serait trop long de citer, étant inscrite dans les formulaires, dans les ouvrages de pharmacie, le médecin-expert, doit, avant de les soumettre à l'analyse, s'assurer des substances qui sont associées à l'arsenic. Il saura, d'après la nature de ces substances, la direction à donner à ses recherches. Si l'acide arsénieux était associé au sulfure de mercure, au sang-dragon, à la graisse, comme dans les poudres et pâtes arsenicales, ces trois derniers corps étant insolubles dans l'eau, il séparerait l'acide arsénieux par l'ébullition de ces préparations dans ce liquide; la graisse viendrait surnager, l'acide arsénieux se dissoudrait dans l'eau, et le sulfure de mercure et le sang-dragon se déposeraient.Ce dernier corps étant soluble dans l'alcool, non le sulfure, on les séparerait à l'aide de ce véhicule. On agirait de même sur les poudres ou pâtes arsenica les qu'on aurait appliquées sur un tissu, etc.

Effets toxiques des préparations arsenicales.

De toutes les préparations arsénicales, les plus actives, sont, les acides arsénieux et arsénique, les arséniates et arsénites de potasse de soude et d'ammoniaque, par conséquent le

plus solubles dans l'eau. Le gaz hydrogène arsénié est aussi très-actif.

L'arsenic pur ou non oxydé ne serait pas poison d'après Bayen et Deyeux. Ils en ont donné environ 1 gramme (1 drachme) à un chat, sans accidents. Renault a constaté aussi l'innocuité des alliages d'arsenic, du mispitkel, par exemple, sur les animaux; et Bayen et Charlard, celle d'un alliage d'étain très-chargé d'arsenic. Dans une expertise légale, MM. Orfila, Chevalier et Barruel, ayant trouvé dans l'estomac d'un cadavre, soupçonné d'être mort empoisonné, de l'arsenic métallique mêlé à de l'oxyde de fer, à du sable quartzeux, et n'ayant pas trouvé de l'acide arsenieux dans la partie liquide des aliments, pensent que l'arsenic métallique est poison. Les chiens, auxquels ils ont donné 1 gramme de cette matière, ont éprouvé les symptômes de l'empoisonnement arsenical et sont morts dix heures après. Comme le métal était à l'état pulvérulent, et qu'il offrait les caractères de l'arsenic cobaltique, il eût été important de s'assurer si, par la sublimation, dans un vase fermé, il n'aurait pas donné de l'acide arsénieux. En admettant que l'arsenic non oxydé ne soit pas poison, peut-être acquerrait-il cette propriété dans le tube intestinal, puisqu'il s'oxyde au contact de l'eau aérée.

L'arsenic du commerce, testacé ou cobaltique, la poudre aux mouches et l'oxyde noir d'arsenic, étant composés d'arsenic et d'acide arsénieux, possèdent des propriétés toxiques très-développées et presque égales à celles de ce dernier; c'est ce que démontrent les expériences sur les animaux et les observations chez l'homme (Observ. XVII. ). D'après Renault, 20 centigr. (4 grains) d'oxyde noir d'arsenic ou de poudre aux mouches intoxiquent les chiens quand on s'oppose aux vomis. sements. Sproegel a constaté aussi leseffets toxiques du cobalt testacé sur ces animaux, et Kundmann, sur l'homme.

Les sulfures d'arsenic naturels seraient sans effets sur les chiens, à la dose de 4 à 8 grammes (1 à 2 gros), d'après Renault; tandis que, cette quantité, serait toxique pour ces animaux, même appliquée sur le tissu cellulaire, d'après Smith

et Orfila. Des faits aussi contradictoires ne s'expliquent que parce que ces expérimentateurs auront opéré avec des sulfures inégalement purs, privés ou non d'acide arsénieux. Les sulfures artificiels jaunes et rouges, sont toxiques pour ces animaux, à la dose de 15 à 20 centigram., quand on s'oppose aux vomissements, et à celle de 40 centigr. à 4 gram., lorsqu'ils sont appliqués sur le tissu cellulaire. Ce degré d'activité se conçoit facilement, puisqu'ils renferment de l'acide arsénieux, et que d'après Decourdemanche, ils se transformeraient, au contact de l'eau, en acide arsénieux et en hydrogène sulfuré, lors même qu'ils sont parfaitement lavés.

Cette réaction, qui peut s'opérer au bout de deux heures, est encore bien plus prompte et plus complète dans les liqui des visqueux, gélatineux, amidonnés, chargés enfin de matière organique. Les sulfures naturels subissent aussi cette transformation, et, c'est ainsi que M. Decourde manche explique leur effet toxique. Le sulfure artificiel, obtenu par précipitation, est poison à la dose de 50 à 60 grains, même lorsqu'il est parfaitement lavé, qu'il soit appliqué sur le tissu cellulaire, ou ingéré dans l'estomac, mais alors l'œsophage étant lié (Orfila).

L'iodure d'arsenic, d'après Thomson, est un poison très violent; il enflamme, ramollit, gélatinise les tissus, les ulcère, et exerce une influence délétère sur le cœur, le centre nerveux et l'estomac, quelle que soit la surface où on l'applique.

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Les arsenites et arséniates insolubles ne devraient pas être toxiques, en raison même de leur insolubilité, cependant, l'expérience et l'observation démontrent le contraire ainsi l'arsénite de cuivre est toxique pour l'homme, et celui de fer pour les animaux. On admet que les acides de l'estomac, l'acétique, le chlorhydrique, s'emparent de la base de ces arsénites ou arséniates et mettent les acides arsénieux et arsénique à nu. Cette explication est probablement la vraie. Cependant, nous ferous remarquer que, des corps insolubles, sont toxiques, lorsqu'ils sont ingérés dans l'estomac, quoiqu'on ait eu le

soin de saturer préalablement les acides par la magnésie, telle est la morphine, ou même lorsqu'ils sont déposés sur le tissu cellulaire, tel est le carbonate de baryte.

Ainsi donc, toutes les préparations arsenicales sont toxiques, ou le deviennent, soit par oxydation au contact de l'air ou de l'eau, soit parce qu'elles sont décomposées par les acides de l'estomac, et, dans les deux cas, ramenées à l'état d'acides ársénieux ou arsénique. C'est ce qui est démontré, non-seulement expérimentalement, mais encore par les symptômes, par les altérations pathologiques, puisque toutes produisent les mêmes effets, les mêmes lésions, et ne diffèrent réellement entre elles, que par la plus ou moins prompte manifestation de ces effets, selon la préparation et les circonstances que nous avons indiquées. Dans l'exposé des symptômes, des altérations pathologiques et du traitement nous prendrons pour type l'acide arsénieux, et, des considérations précédentes, il sera facile de déduire ce que peuvent offrir de particulier les autres composés arsenicaux.

L'acide arsénieux peut produire l'intoxication par presque toutes les voies, par la peau dénudée ou non dénudée, par les plaies, par les muqueuses externes, par les voies de la respiration, etc., etc. Cependant, d'après Jæger, il serait sans effet sur le système nerveux et même sur les vaisseaux sanguins. Cette assertion ne nous paraît pas bien démontrée, car, par analogie, l'absorption doit s'opérer sur ces tissus, comme dans tous les tissus mous, dans tout ce qui est doué de vie.

Quel que soit l'organe, le tissu sur lesquels l'acide arsénieux est appliqué, il peut se manifester trois ordres de phénomènes fonctionnels; 1o effet local, de nature irritante, inflammatoire, caustique; 2o effet sur le système circulatoire, sur le sang, de nature hyposthénisante; 3° effet sur le système nerveux, de nature variable, mais le plus souvent aussi hyposthénique. Ces trois ordres d'effets, dont les deux premiers sont cependant les plus constants, peuvent varier dans leur plus ou moins prompte manifestation, leur succession, leur intensité, leur caractère particulier, selon la texture du tissu, l'état particu

lier du poison, la période de l'intoxication et d'autres circonstances que nous avons déjà signalées dans les considérations générales sur les poisons. L'intoxication arsenicale enfin, peut présenter ses anomalies comme la plupart des autres empoisonnements minéraux, anomalies d'autant plus importantes à connaître que le poison lui-même est plus important, et que nous aurons le soin d'indiquer, après avoir tracé l'ensemble symptomatique. Mais, avant, ajoutons que l'acide arsénieux peut produire une espèce d'empoisonnement lent, ou laisser à sa suite des désordres organiques ou fonctionnels, qui, tôt ou tard, entraînent le malade au tombeau, et que, quelle que soit la voie d'introduction, les effets éloignés, soit sur le système nerveux, soit sur les organes de la circulation, soit même sur le tube intestinal sont de même nature.

Peu après l'introduction de l'acide arsénieux dans l'estomac, apparaissent successivement les symptômes suivants : sentiment de pesanteur, de douleur, de gêne à la région épigastrique; nausées; vomissements avec effort plus ou moins violents, et augmentation des douleurs; les matières des vomissements sont alimentaires, muqueuses ou bilieuses, rarement sanguinolentes, si ce n'est lorsque l'intoxication se prolonge; saveur âcre, accompagnée ou non de chaleur brûlante dans la gorge, l'œsophage et l'estomac; soif intense; coliques abdominales avec diarrhée ou épreintes, mais le plus souvent avec constipation; ventre souple, tuméfié, et plus ordinairement contracté; facies altéré; traits retirés; yeux ordinairement brillants, injectés; froid externe; pouls petit, concentré; suspension de la sécrétion urinaire. Si la terminaison doit être fatale, les vomissements persistent et ne cessent que par épuisement, il survient des faiblesses syncopales, le faciès s'altère d'avantage, le froid augmente, la prostration devient extrême, la peau se couvre d'une sueur froide visqueuse, se cyanose dans quelques parties; les battements du pouls et du cœur, de plus en plus faibles, deviennent insensibles; la respiration s'embarrasse, elle est gènée, oppressive; enfin, le malade succombe dans l'espace de douze à quarante-huit heures dans un état asphyxique, ou de

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