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liaires, à pointe blanche, surtout aux pieds et aux mains. La malade était très-faible et ne pouvait rester assise sans éprouver de maux de cœur. Potion cordiale avec addition des gouttes d'Hoffmann. Le surlendemain, je rapprochai les doses de la potion magnésienne. En moins de 48 heures, l'éruption se sécha et tomba par desquammation. Le ventre se relâcha, tous les accidents diminuèrent, et le huitième jour du traitement, la malade était hors de danger. Comme il restait de l'irritation et de la sécheresse dans la poitrine avec un peu de toux, j'ai terminé la cure par le lait d'ânesse. Dans le cours de la convalescence les cheveux tombèrent. (Desgranges, Recueil périodique de la société de médecine, tome VI).

Observation II. Un étudiant allemand trouva dans la rue un paquet d'arsenic en poudre, que sa mère prit pour de la poudre à poudrer. Comme il avait un discours de congé à prononcer le lendemain, elle lui conseilla de se poudrer le matin avec cette poudre, ce qu'il fit. Mais, au milieu de son discours, il fut pris d'une douleur aiguë à la face, avec éruption abondante de pustules, qui se répandirent tout autour de la tête; celle-ci se tuméfia beaucoup et devint le siége d'une douleur intolérable. Les cheveux se chargèrent de croûtes galeuses, qui, tombèrent au bout de quelques semaines, et ce jeune homme recouvra complétement la santé.

Observation III. Schulze, médecin allemand, rapporte cinq cas du même genre, dont deux légers, deux très-graves et un de mortel en 21 heures. A l'autopsie, en outre d'autres lésions, on trouva dans le dernier cas, le cuir chevelu gangrené, infiltré d'un fluide sanguinolent et l'estomac enflammé. Les deux cas graves offrirent les mêmes symptômes que la femme de la première observation. Il ne se déclare aussi qu'au bout de 6 jours. Sproëgel cite un cas de mort déterminé par l'application de la poudre aux mouches sur la tête, et Wibmer, un autre non suivi de mort, mais qui détermina un gonflement érysipélateux très-considérable de la tête, du cou, du ventre et une éruption papuleuse sur les mains qui dura 5 jours. Un charlatan fait appliquer tous les jours la poudre arsenicale de Galien sur un bubon. Après le troisième pansement ou le troisième jour, symptômes d'empoisonnement arsenical, mort.

Comme dans presque tous ces cas, les effets constitutionnels ne se sont manifestés que du troisième au sixième jour, il est très-probable que l'acide arsénieux n'a été absorbé qu'après

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avoir produit son effet caustique, qu'après avoir excorié la peau. Mais, si le poison était appliqué en dissolution, de manière à ne pas produire d'effet caustique, agirait-il comme poison, autrement dit serait-il absorbé? Nous n'avons pas d'observation à l'appui ; cependant, on sait que les bains arsenicaux occasionnent quelquefois des accidents graves. Les effets locaux, leur siége, leur nature, le caractère insolite des symptômes constitutionnels, sans cause appréciable interne, doivent éveiller l'attention du médecin.

peau dénudée.

b. Empoisonnement par la peau

Les observations chez l'homme, les expériences sur les animaux, démontrent que les préparations arsenicales sont mortelles par cette voie et même plus promptement, si la peau est récemment dénudée, que par la voie d'ingestion. 10 centigrammes d'acide arsénieux pulvérisé, appliqué sur le tissu cellulaire d'un chien sont toxiques en six, buit, douze, vingtquatre heures. Des flèches, des arètes de bois imprégnées d'une solution arsenicale et enfoncées dans les chairs sont as sez promptement mortelles. Des frictions avec une pommade, un soluté arsenicaux, dans les cas de gale ou autre éruption cutanée, peuvent occasionner des accidents très-graves et même la mort. Il en est de même des poudres, des pâtes arsenicales appliquées sur les plaies ulcéreuses, cancéreuses, etc.

Observation IV. Une femme de cinquante-six ans, d'assez bonne santé, mais d'une constitution délicate, eut l'imprudence de se laver le corps avec une dissolution arsenicale, préparée par ébullition dans l'eau commune, pour se guérir de la gale dont elle était atteinte depuis longtemps, et qui avait résisté à plusieurs traitements. Tout son corps enfla autant que la peau put s'y prêter, se couvrit d'un érysipele général. Cette feinme éprouva pendant plusieurs jours un feu dévorant. Elle fut guérie de la gale, mais elle mena une vie languissante pendant 2 ans, au bout desquels elle mourut, ayant toujours conservé un tremblement dans ses membres. (Belloc, Médecine légale.)

Observation V. Un honnête marchand, croyant avoir la gale que véritablement il n'avait pas, se frotta, dans la soirée du 8 mars 1840, le corps et les membres avec une solution d'acide arsénieux et de sulfate

cuivrique. Le 9, à onze heures du matin, soif; sécheresse à la görge; grand malaise, surtout dans l'abdomen et à la région épigastrique, qui de temps en temps devenait le siége d'une vive brûlure et d'une grande douleur; pouls ferme, 70 pulsations; point de selles; insomnie pendant la nuit. Saignée de 300 gram.; de 4 heures en 4 heures une cuillerée de potion composée de sulfate de magnésie, d'aloes, et de senné. A 5 heures du soir, aggravation de tous les symptômes, et, en outre, nausées, anxiété générale et autres effets de l'intoxication arsenicale. Décocté de graine de lin; 4 grammes de carbonate de fer, suspendu dans du gruau épais;dose qui fut répétée de demi-heure en demi-heure. puis d'heure en heure. 2 heures après la première prise du carbonate, la et la bouche devinrent humides; les douleurs cessèrent et le gorge malade dormit toute la nuit. Le lendemain il était entièrement sou-' lagé. (Sarph, Gazet, méd. 1841.)

Il n'est pas possible d'apprécier la part du carbonate de fer dans la guérison. Cependant, comme les symptômes, avant son adininistration, s'étaient aggravés et que l'amélioration a été très-prompte, on ne peut contester son utilité. A-t il agi commé contre-poison, ou en modifiant l'état particulier du sang, ou par son effet dynamique, ce qui est plus probable? En admettant la première hypothèse, le carbonate de fer aurait-il neutralisé à la fois le poison en circulation et celui qui est éliminé par la surface muqueuse intestinale, et qui, réabsorbé, pourrait agir comme poison? Il serait important de tenter quelques expériences pour résoudre ces questions. A ces observations, nous pourrions en ajouter encore quelques autres; nous citerons seulement le fait suivant. Un jeune homme affecté de la gale, s'enduisit le soir tout le corps d'onguent arsenical et se coucha; le lendemain il fut trouvé mort dans son lit.

Observ. VI. Le 15 novembre 1827, M. Fritto est appelé par le juge de paix du canton de Tierck, à l'effet de constater le genre de mort de trois enfants qui avaient péri presque subitement et à peu de distance l'un de l'autre. Les renseignements et l'examen des cadavres lui ont fourni les résultats suivants : Le 12 novembre, un charlatan propose à la femme Bodin de guérir en peut de jours ses trois enfants de la téigne. Elle y consent. Une pommade jaune-rougeâtre est appliquée sur le cuir chevelu des enfants. Quelques heures après, con

vulsions violentes de tout le corps, et surtout coliques horribles que rien ne peut calmer, pas même l'eau-de-vie qu'on leur fit prendre en grande quantité. Elisabeth, la plus jeune des enfants, succomba dans la journée du treize, après de forts vomissements et de violéntes convulsions; les deux autres, Catherine, âgée de 11 ans, et François, âgé de 9, le 14 à 9 heures du soir.

Autopsie. (Gadavre de Catherine.) Corps enflé et fortement ecchimosé, surtout vers les hanches, les aines, la partie interne des cuisses, des jambes, des bras. Pupilles dilatées, claires; face infiltrée ; parotides et glandes sous-maxillaires beaucoup tuméfiées. Le cuir chevelu offrait des croûtes et de larges ulcères recouverts d'une couche de graisse jaune-rougeâtre; tissu cellulaire sous-jacent, épais, infiltré; membranes cérébrales très-injectées. Le cerveau offrait un grand nombre de taches, de plaques sanguinolentes d'un noir foncé; beaucoup de sérosité dans les ventricules; corps choroïdes injectés; cœur très-volumineux; violente inflammation des parois du ventricule droit; poumon presque entièrement hépatisé, et gorgé d'un sang très-noir, épais. L'estomac, très enflammé, offrait des taches ecchimosiques ainsi que le duodénum et le jejunum. Le cadavre de François, présenta à peu près les mêmes lésions. L'autopsie de celui d'Elisabeth n'a pas éte faite.

Analyse. La calotte ulcérée des deux cadavres étant détachée, on la fit bouillir dans de l'eau distillée. Il se forma un précipité abondant qu'on reconnut être de l'acide arsénieux, par la voie de réduction: Ea graisse surnagea l'eau ; mais on n'a pas obtenu du sulfure de mercure et du sang-dragon, comme on s'y attendait, dans l'idée que c'était la pâte arsenicale ordinaire qui avait été appliquée.

Les convulsions, les lésions du cerveau et de ses enveloppes sont rarement aussi intenses; c'est peut-être parce que le poison a été appliqué non loin de cet organe. Le cœur, le tube intestinal, les poumons, ont offert des altérations aussi et même plus prononcées que dans l'empoisonnement interne, ce qui indiquerait que, même dans ce dernier cas, elles dépendent surtout de l'arsenic absorbé. Plusieurs de ces lésions nous paraissent devoir être attribuées plutôt à l'extravasation passive du sang qu'à une véritable inflammation. L'étendue de la surface absorbante explique la promptitude de la mort, le nombre et la multiplicité des altérations pathologiques.

Observ. VII. Un homme de 45 ans est atteint depuis 13 ans d'une plaie ulcéreuse à la jambe, sur laquelle un charlatan lui fit appliquer de l'arsenic. En peu d'instants, douleurs vives, et, six heures après, elles sont si intolérables qu'il se voit forcé de râcler la plaie avec un couteau et d'en détacher tout ce qu'il put. Les souffrances furent horribles pendant toute la nuit. Le matin, sa femme pansa la plaie avec de l'eau miellée, du raisiné, la lava avec un décocté de plantes émollientes, et employa successivement ces moyens pendant 24 heures. Le 12, un pharmacien prescrivit une pommade adoucissante et du lait pour boisson. Le 13, mêmes moyens. Le 14, vomissements, coliques. Potion huileuse. Le 15, l'état du malade empirant, le docteur Meaux fut appelé à 3 heures de l'après midi. Corps parsemé de taches rouges; pouls régulier; hémorragie nasale passive; matières rejetées par haut et par bas sanguinolentes; coliques; douleurs d'estomac; défaillances. Lavement lacté. A 7 heures, vomissements et évacuations alvines ut suprà; coliques moins fortes; agitation; défaillances. Même lavement. A 10 heures, vomissements noirâtres ; selles idem; coliques presque nulles; syncopes fréquentes; mouvements convulsifs des membres. Un léger calmant fut prescrit. Le 16, même état que la veille. Langue sèche, noire; taches de la peau plus brunes. Décoction de quinquina acidulée; limonade pour boisson. Persistance des mêmes symptômes; délire à 3 heures de l'après midi. Grand vésicatoire aux jambes. Le 17, à 7 heures du matin, après une nouvelle crise de souffrances, les selles devinrent très-fréquentes, la respiration pénible, la déglutition difficile, le pouls misérable. Mort à 9 heures. Pas d'autopsie. (M. Meaux, journ. méd., t. LXXVI.)

Cette observation, quoique incomplète, permet cependant de suivre l'action progressive du poison. D'abord les effets sont exclusivement locaux, et, malgré les pansements, les lavages de la plaie, l'arsenic est absorbé, et les effets éloignés se manifestent le quatrième jour sur le tube intestinal et sur les organes de la circulation. Le sang modifié, rendu incoagulable, s'infiltre dans les tissus ou à travers les muqueuses, d'où taches sur la peau, hémorragies des muqueuses nasale et gastro-intestinale, syncopes, etc. Enfin, à ces lésions de la circulation s'ajoutent, vers la fin, quelques désordres nerveux, tels que convulsions, délire, et ensuite état asphyxique.

Les auteurs de l'article, pâte arsenicale du Dictionnaire des

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