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sale (tannate d'antimoine), réductible en antimoine par la chaleur. La réaction s'arrête à 1/1000.

3o Eau de chaux. Versée en excès, donne un précipité blanc (tartrate de chaux et de protoxyde d'antimoine), soluble dans l'acide azotique et dans un excès d'émétique. Ce réactif s'arrête à 1/1200 environ.

40 Enfin, l'acide sulfurique, les sulfates acides, les acides oxalique, hydrochlorique, la potasse, l'ammoniaque, la soude, le carbonate de potasse, d'ammoniaque précipitent en blanc le soluté d'émétique, précipité qui est soluble dans un excès de ces réactifs. Avec les quatre premiers, la réaction s'ar rête à 1/1000, et avec les cinq derniers, à 1/2000 environ.

De tous ces réactifs, le plus délicat, est, sans contredit, l'acide sulfhydrique, puisqu'il peut décéler 1/100,000 d'émétique. A lui seul il suffirait pour affirmer que c'est une préparation antimoniale, pourvu toutefois qu'on réduise le sulfure en métal. Pour spécifier la préparation, il faudrait, après avoir précipité la dissolution par l'acide sulfhydrique, filtrer, chauffer pour dégager l'excès d'acide, et la traiter par l'acétate de plomb, qui, réagissant sur le tartrate de potase resté dans la liqueur, forme un acétate de potasse soluble et du tartrate de plomb insoluble. Le liquide filtré et concentré offrirait toutes les réactions des sels de potasse. On séparerait l'acide tartrique du tartrate resté sur le filtre, en suspendant ce sel dans l'eau et faisant passer à travers un courant d'hydrogène sulfuré, lequel pré cipiterait l'oxyde de plomb à l'état de sulfure. Le liquide évaporé donnerait l'acide tartrique. (Voyez cet acide, page 236.)

Si la dissolution d'émétique était trop étendue pour donner des réactions caractéristiques, il faudrait la concentrer par évaporation, ou plutôt, comme le point important est de démontrer la présence de l'antimoine, on la précipiterait par un courant de gaz sulfhydrique. La liqueur se colorerait d'abord en jaune-orangé, et déposerait ensuite du sulfure d'antimoine, surtout par l'addition de quelques gouttes d'acide hydrochlorique. Ce sulfure serait réduit par l'un des procédés précédemment indiqués. Mais il est plus simple et même plus expéditif

de soumettre directement la liqueur à l'appareil de Marsh. Ce réactif s'applique aussi à la dissolution concentrée.

EMÉTIQUE ET MATIÈRES ORGANIQUES SOLIDES ET LIQUIDES (boissons, aliments, matières des vomissements, tube intestinal, etc.). L'émétique étant précipité par les sels que contient l'eau ordinaire, formera, nécessairement, après un temps plus ou moins long, des dépôts dans la plupart des liquides organiques, surtout si ces liquides renferment les alcalis, les acides de nature à le décomposer. Mais, dans ces réactions, il y a surtout à considérer l'influence des produits organiques, dont quelques-uns forment, avec l'émétique, des composés insolubles, en se combinant avec l'oxyde d'antimoine. Ainsi, les sucs, les infusés ou décoctés de matières extractives, et surtout astringentes ou renfermant du tanin (quina, noix de Galles, cachou, écorce de chêne, etc.) donnent un précipité d'un gris-sale-jaunátre ou rougeâtre, composé de matière extrac tive, de tanin et d'oxyde d'antimoine. Le thé, la bière, le vin, ne sont ordinairement ni troublés ni décolorés, si ce n'est après plusieurs mois. Les dissolutions d'albumine, de gélatine ne sont point troublées par l'émétique, non plus que le lait, à moins que le soluté soit très-concentré, en excès, et le contact prolongé. Ce poison ne paraît pas modifier les produits, les tissus animaux, mais cette action n'a point encore été assez étudiée.

Analyses. Des considérations précédentes, il résulte que l'émétique peut se trouver en dissolution dans les liquides organiques, et à l'état de mélange ou de combinaison dans les parties solides, les dépôts, etc. Pour les liquides incolores, peu chargés de matière organique, on peut en précipiter directe ment l'antimoine à l'état de sulfure par un courant de gaz sulfhydrique, après avoir acidulé les liqueurs avec quelques gouttes d'acide hydrochlorique [pur, réduire ensuite le sulfure comme nous l'avons indiqué, et surtout, s'il était mêlé à de la matière organique, en le chauffant avec de l'acide azotique ou de l'eau régale, et soumettant ensuite le produit à l'appareil de Marsh. Les liquides colorés seraient préalablement décolorés par le charbon ou le chlore. On pourrait aussi mettre à macérer les

matières des vomissements ou contenues dans le tube intestinal, et le tube intestinal lui-même coupé par petits morceaux, dans une certaine quantité d'eau et soumettre les liquears filtrées aux mêmes réactions; mais on négligerait ainsi la portion d'émétique décomposée ou transformée en produits insolubles, et on n'obtiendrait d'ailleurs de bons résultats que lorsque l'émétique serait en quantité un peu forte ou mêlé à fort peu de matière organique. Ce sont des essais qu'on peut faire sur une portion de matières suspectes, mais il est mieux, dans la majorité des cas, surtout lorsqu'on opère sur des matières visqueuses, gélatineuses, albumineuses, etc., de recourir à l'un des procédés suivants. On ne fractionne pas ainsi les opérations, puisqu'on agit à la fois sur les matières liquides et solides, sur l'émétique décomposé et indécomposé. Dans tous ces procédés, on a pour but d'obtenir l'antimoine; car il n'est guère possible de spécifier la préparation, puis qu'il y a des matières organiques qui contiennent habituellement des tartrates à base de potasse.

A.-Procédé de Turner. Il consiste à traiter à chaud les matières organiques par de l'eau aiguisée d'acide tartrique et chlorhydrique (le premier acide ayant la propriété de dissoudre les composés antimoniaux insolubles, organiques ou inorganiques, le sulfure excepté; et le second, dans le but de précipiter la matière organique); à précipiter les liqueurs filtrées par le gaz sulfhydrique, et à réduire le sulfure par le gaz hydrogène.

Manuel opératoire. Introduisez dans une fiole, matras ou capsule, soit les liqueurs avec leurs dépôts, soit les matières des vomissements ou renfermées dans le tube intestinal, soit le tube intestinal préalablement divisé; délayez-les dans suffisante quantité d'eau distillée; ajoutez environ 4 ou 8 grammes d'acides tartrique et chlorhydrique; faites bouillir pendant 20 à 30 minutes; filtrez; laissez refroidir; faites passer à travers les liqueurs un courant d'hydrogène sulfure; portez à l'ébullition pour dégager l'excès de gaz sulfhydrique et accélérer la précipitation du sulfure d'antimoine; laissez reposer; décantez; lavez le sulfure à plusieurs eaux; desséchez-le dans une petite capsule. Introduisez ce sulfure dans un tube de

verre de 0,06 millim. (3 ou 4 lignes) de diamètre; chauffez avec la flamme d'une lampe à alcool; faites passer à travers un courant de gaz hydrogène, lequel forme, avec le soufre, du gazhydrogène sulfuré qui se dégage, et l'antimoine reste adhérent au tube. Nous préférons l'appareil de Marsh modifié par l'institut, page 348, parce qu'il permet de chauffer le sulfure sur une plus grande étendue, d'élever davantage la température. On obtient ainsi l'antimoine plus pur, plus complétement dépouillé de sulfure. Ce sulfure étant donc porté et éparpillé en couches minces dans la branche horizontale du tube à décomposition E, à l'aide d'un tube plus petit; dégagez du gaz hydrogène jusqu'à ce que l'air de l'appareil soit chassé; entourez alors de charbons incandescents la portion du tube correspondante au sulfure, et continuez ainsi jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus d'hydrogène sulfuré par l'extrémité effilée du tube. Pour ne pas être incommodé par ce gaz, on peut l'enflammer ou le recevoir dans une eau alcaline. Si le tube n'est chauffé qu'au rouge-brun, et si l'on cesse l'opération aussitôt après qu'il ne se dégage plus d'hydrogène sulfuré, l'antimoine est en grande partie adhérent à la face intérieure du tube, sous forme de globules ou de petites éponges, et sublimé en petite quantité à la face supérieure sous forme nuageuse. Si au contraire le tube est chauffé jusqu'au rouge-clair, le courant de gaz hydrogène assez rapide et continué encore 10 à 15 minutes après le dégagement du gaz hydrogène sulfuré, l'antimoine se sublime en incrustations brillantes et d'un gris d'acier clair au delà de la partie chauffée. On reconnaît que c'est de l'antimoine à ce que: 1o la portion de tube où il s'est déposé, étant tenue obliquement et chauffée, les deux extrémités restant ouvertes, il perd son éclat métallique et se transforme en une poudre blanche légèrement opaque. 2o Cet oxyde ou le métal se dissolvent dans l'eau régale à une légère chaleur, donnent un chlorure qui précipite en blanc par l'eau, s'il n'est pas trop acide, et en jaune-orangerougeâtre par l'acide sulfhydrique. Ajoutons que ce métal est bien moins volatil que l'arsenic et ne donne pas comme lui, en s'oxydant, l'odeur alliacée.

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Lorsque le sulfure d'antimoine s'est deposé avec beaucoup de matière organique, ce procédé de réduction ne peut être suivi d'après Turner, parce que l'antimoine serait mêlé avec une matière charbonneuse qui en masquerait l'éclat. Ce chimiste conseille alors de chauffer le sulfure dans un tube ouvert à ses deux extrémités et un peu incliné. L'antimoine s'oxyde et se dépose sur les parois du tube sous forme de poudre blanche cristalline. Mais, en ce cas, et même dans tous, il est préférable de chauffer le sulfure avec de l'eau régale ou de l'acide azotique, afin de détruire la matière organique et d'oxyder le métal, et enfin de soumettre le produit à l'appareil de Marsh.

M. Devergie, afin d'avoir le sulfure d'antimoine plus complétement depouillé de matière organique, fait bouillir les matières dans de l'eau fortement acidulée par l'acide tartrique ; filtre; évapore les liqueurs jusqu'à siccité; traite le résidu par de l'eau aiguisée d'acide tartrique; fait passer un courant de chlore à travers les liqueurs filtrées; chauffe pour chasser l'excès de chlore; après refroidissement, il les précipite par le gaz sulfhydrique, et réduit le sulfure par le gaz hydrogène. Il rejette l'acide chlorhydrique parce qu'il a l'inconvénient de dissoudre les matières organiques, à tort, selon nous; car cet inconvénient n'a lieu que lorsque cet acide est concentré ; d'ailleurs la filtration des liqueurs est bien plus prompte que par l'emploi seul de l'acide tartrique. La modification proposée par M. Devergie donne un sulfure plus pur, mais aussi il rend le procédé bien plus long, et l'on peut éviter ces manipulations, en traitant, comme nous l'avons dit, le sulfure par l'eau régale ou l'acide azotique et ensuite par l'appareil de Marsh.

B.-Procédé Orfila. 1° Si les liquides organiques sont limpides et nullement visqueux, précipitez l'antimoine par un courant de gaz sulfhydrique; lavez, desséchez le sulfure, chauffezle avec de l'acide azotique pendant quelques minutes, délayez le produit dans de l'eau bouillante, et soumettez-le à l'appareil de Marsh pour obtenir des taches, des anneaux antimoniaux. 20 Si les liqueurs, transparentes où non, sont épaisses, visqueuses, difficiles à filtrer (lait, albumine, gélatine, bouillon,

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