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matières de vomissement, etc.), faites-les bouillir pendant une heure environ pour coaguler une certaine quantité de matière organique; laissez refroidir; mèlez-les avec au moins leur volume d'alcool concentré à 40 degrés aréomètre (l'alcool coagule une nouvelle quantité de matière organique et retient de l'émé tique en dissolution); filtrez et faites passer à travers le liquide alcoolique un courant de gaz sulfhydrique, qui, précipitera instantanément ou au bout de quelques heures du sulfure d'antimoine, qu'on traitera par l'acide azotique et ensuite par l'appareil de Marsh.

Quant à la matière organique coagulée par le feu ou par l'alcool, ainsi que les dépôts des liquides, il faut les carboniser par l'acide azotique et le chlorate de potasse. A cet effet, desséchez autant que possible ces matières; pesez un poids égal d'acide azotique à 41° de l'aréomètre, et un quinzième de chlorate de potasse dans une capsule de porcelaine; chauffez et ajoutez par intervalles d'une minute environ la matière portion par portion. Il se dégage d'abord des vapeurs blanches, puis nitreuses, la liqueur entre en ébullition et les divers fragments se dissolvent bientôt. En opérant ainsi, il est rare qu'il se forme assez de mousse pour entraver l'opération. S'il en est autrement, on retire la capsule du feu, on agite jusqu'à ce que la mousse soit à peu près affaissée; et ensuite on continue à chauffer. La liqueur, d'abord d'un jaune-clair, passe à l'orange, puis au rouge foncé, s'épaissit, et se carbonise sur une partie de sa circonférence. On retire la capsule du feu au moment où la carbonisation s'accompagne de dégagement d'une fumée très-épaisse; on laisse refroidir, on détache le charbon, et, après l'avoir pulvérisé dans un mortier de verre ou de porcelaine, on le fait bouillir pendant 25 minutes environ avec de l'acide chlorhydrique pur, étendu de son poids d'eau, et on soumet la liqueur filtrée à l'appareil de Marsh. En opérant à une chaleur ni trop intense ni trop faible; la carbonisation a presque toujours lieu avec flamme et peu de fumée, et le charbon sec et friable, donne, avec l'acide chlorhydrique, un soluté transparent et jaunâtre qui ne mousse point à l'appa

reil de Marsh. Si au contraire la température était trop basse il se dégagerait une énorme quantité de fuméé sans flamme, le charbon serait gras, les liqueurs noirâtres, et mousseraient considérablement à l'appareil de Marsh.

Relativement au tube intestinal, M. Orfila propose de le faire bouillir, pendant un quart d'heure environ, dans de l'eau distillée, et de traiter les liqueurs filtrées comme nous l'avons dit pour les liquides visqueux, etc. Le tube intestinal, ainsi épuisé, serait ensuite carbonisé par l'acide azotique et le chlorate de potasse.

Réflexions. L'idée de décomposer les matières organiques soit par l'acide azotique, soit par le chlorate de potasse n'est pas nouvelle. M. Millon, a annoncé à l'académie des sciences, en 1842, que les matières organiques sont plus complétement et plus promptement brûlées, lorsque l'acide azotique est mêle avec une petite quantité de chlorate de potasse. M. Tureau, notre ami et élève, sachant que nous nous occupions de généraliser le procédé de carbonisation par l'acide sulfurique, nous dit que M. Orfila avait fait l'application de l'idée de M. Millon à la recherche de l'antimoine. Dès lors, nous généralisâmes ce procédé, et l'essayâmes comparativement avec celui de l'acide sulfurique pour décéler les préparations d'étain, de cuivre, de plomb, de bismuth, d'or, d'argent, de zinc dans les matières organiques. Ce procédé conviendrait aussi pour les préparations arsenicales, mais malheureusement, il y a une grande déperdition d'arsenic. Cependant, nous avons obtenu des taches arsenicales parfaitement nettes et caractéristiques. Nous avons expérimenté avec des mélanges mous, semi-liquides, non préalablement desséchés, et l'opération a parfaitement réussi dans tous les cas. Voici la méthode que nous suivons: mêlez les matières suspectes avec l'acide azotique et le chlorate de potasse dans une capsule de porcelaine 3 ou 4 fois plus grande que ne le comporte le mélange; chauffez graduellement jusqu'à la température de l'ébullition; quand la matière est dissoute, évaporez, en ayant le soin de remuer; et, lorsqu'il se manifeste des points charboneux, que la carbonisation

semble s'étendre à toute la masse, abandonnez-la à elle-même, la capsule restant encore sur le feu. Si la température est assez élevée, la carbonisation s'opère avec incandescence, et il en résulte un charbon sec, très-léger, spongieux, friable; divisez-le avec une baguette de verre; complétez la carbonisation des parties adhérentes aux parois de la capsule en inclinant successivement le vase de côté; il s'opère çà et là quelques légères déflagrations. Réunissez le charbon au centre de la capsule, et chauffez pendant assez longtemps pour détruire la matière organique, pas assez cependant pour volatiliser l'antimoine. Le résidu, en général peu volumineux, peut être soumis à deux opérations pour y reconnaître l'antimoine. 1o Une petite quantité, chauffée dans la cavité d'un charbon ardent, comme pour le tartre émétique,donne des globules métalliques faciles à caractériser (voyez page 473). 2o Le restant, chauffé pendant dix à vingt minutes avec de l'acide chlorhydrique étendu d'eau, ou mieux encore, avec un soluté d'acide tartrique, donne des liqueurs parfaitement limpides, qui ne moussent point à l'appareil de Marsh, et fournissent des tâches ou un anneau caractéristiques (voyez ci-après). Ce procédé, très-simple, très-prompt, qui permet d'opérer avec des matières organiques sous leurs divers états, convient encore mieux pour les préparations dont les métaux sont fixes, parce qu'on peut, sans inconvénient, éléver assez la température pour décomposer complétement ces matières. Il faut environ une part. d'acide azotique pour une part. de matière organique et 1/10 à 1/15 de chlorate de potasse. Cependant, ces proportions varient selon la nature des matière suspectes.

En résumé, pour décéler l'antimoine dans les matières organiques, il faut : 1o Épuiser ces matières par de l'eau aiguisée d'acide tartrique; précipiter les liqueurs filtrées par l'acide sulfhydrique; oxyder le sulfure par l'acide azotique, et soumettre le produit à l'appareil de Marsh; 2° Carboniser les parties solides par l'acide sulfurique ou par l'acide azotique et le chlorate de potasse, traiter le charbon par l'eau acidulée avec l'acide tartrique ou hydrochlorique et soumettre les liqueurs filtrées à l'appareil de Marsh.

Procédé de Reinch. On opère absolument de la même manière que pour l'acide arsénieux, page 468: même délicatesse; mêmes réflexions. Le cuivre se couvre d'une pelli cule métallique violette si caractéristique, que, d'après M. Gaultier de Claubry, qui a vérifié encore l'exactitude de cette méthode, il suffit de deux expériences pour la distinguer de la couche arsenicale. On sépare aussi par le même procédé l'antimoine du cuivre. L'antimoine est moins volatil, et son oxyde a un aspect moins cristallin que l'acide arsénieux. On le dissout dans l'eau régale pour le caractériser. Quand on veut le convertir en tâches antimoniales par le gaz hydrogène, il n'est point complétement transformé en gaz hydrogène arsénié, et une portion de ce gaz est même réduite dans le tube.

Emétique absorBÉ. Ce poison a subi les mêmes phases sous le rapport des recherches toxicologiques que l'acide arsénieux. Injecté dans l'estomac d'un chien (œsophage lié), dans les veines, ou déposé sur une plaie, à la dose de 10 à 40 centig. (2 à 8 grains), il est absorbé et peut être décelé dans le foie, la rate, les reins, les urines, etc. L'émétique pénètre facilement dans le sang et en est promptement éliminé: deux heures après son application sur le tissu cellulaire, M. Orfila n'a pu le démontrer dans ce liquide, tandis qu'il l'a rencontré dans les organes précités. Ce fait est difficile à expliquer, du moins pour le foie, la rate, car il ne peut être éliminé de ces organes que par l'intermédiaire du sang, à moins d'admettre que l'élimination ne se fait que peu à peu, ce qui est très probable, puisque le même chimiste a rencontré ce poison dans les urines 2, 6, 10, 12 jours après son administration. M. Orfila a aussi retiré de l'antimoine des urines des personnes soumises à l'usage de l'émétique comme contre-stimulant. D'après MM. Flandin et Danger, quelle que soit la voie d'introduction, l'émétique ne se trouverait que dans le foie, la rate, les reins et les urines, mais en bien plus grande quantité dans le premier organe, et dans le rapport approximatif de 100 à 1. Ils n'en ont pas retiré des muscles, des os, du poumon, ni du système nerveux; seule ment, lorsqu'ils empoisonnaient les chiens, soit par le gaz hy

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drogène antimonié ou par les voies respiratoires, soit par ingestion (l'œsophage étant lié), ils retiraient de l'antimoine des poumons, mais en quantité extrêmement minime et dans le rapport de 1 à 500,, comparativement à celle du foie. Ces chimistes concluent de leurs expériences: 1 Que la ligature de l'œsophage est une opération qui peut avoir une certaine influenence sur la distribution des poisons; 20 que l'émétique se localise dans le foie comme l'acide arsénieux ; 3° que dans l'empoisonnement par un mélange d'acide arsénieux et d'émétique, ces deux poisons se localisent, se rencontrent dans les mêmes organes comme dans les cas d'empoisonnement simple ou isolé; mais, l'émétique alors est plus promptement éliminé par les urines que l'arsenic, et si l'on soumet les organes au procédé de Marsh, on obtient des taches à la fois antimoniales et arsenicales, et les deux métaux ne peuvent être séparés par les procédés connus. Ces expériences sont très-importantes, car, dans l'empoisonnement arsenical, l'émétique peut avoir été employé comme vomitif. 40 Enfin, MM. Flandin et Danger, comparant toujours les préparations antimoniales aux arsenicales se sont assurés que, chez les animaux intoxiqués par l'émétique, un séjour de vingt jours dans l'eau courante, des lotions répétées, n'enlevaient au foie et aux autres organes qu'une faible quantité de ce poison, et que la plus grande partie restait dans leur parenchyme. C'est tout le contraire, lorsque ce poison a pénétré dans ces organes par imbibition ou par macération. Les déductions à tirer de ces faits sont les mêmes que pour l'acide arsénieux (page 373).

Analyses. Pour décéler l'émétique dans le foie, la rate, les reins, les urines, autrement dit absorbé, c'est par les mêmes procédés que pour l'acide arsénieux; seulement, il y a quelques particularités à indiquer et relatives à la nature du poison. Après avoir carbonisé ou incinéré les organes, le résidu des urines, etc., il faut traiter le produit par l'eau acidulée par les acides chlorhydrique ou tartrique, parce que, dans ces opérations, l'antimoine passe à l'état d'oxyde, qui est insoluble dans l'eau seule. L'émétique absorbé n'est pas complétement

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