Images de page
PDF
ePub

l'en

décomposé par le parenchyme des organes, puisqu'on peut retirer, en bien petite quantité il est vrai, par l'ébullition dans l'eau, ou par le procédé de la décoction; mais ce procédé n'est pas suivi. Enfin, l'émétique peut être démontré dans les urines, dans le sang de l'individu encore en vie. Nous exposerons en quelques mots les procédés en usage, ainsi que l'appareil de Marsh avec les modifications qui ont été proposées par MM. Flandin et Danger, et ensuite nous donnerons les caractères des taches antimoniales.

A. Procédé de la carbonisation par l'acide azotique. Complétement abandonné par les raisons que nous avons indiquées page 321; cependant M. Orfila le conseille pour décéler l'antimoine dans les urines. Il évapore ce liquide jusqu'à presque-siccité, carbonise le résidu par le tiers environ de son poids d'acide azotique, fait bouillir le charbon dans l'acide chlorhydrique étendu de son poids d'eau, et soumet la liqueur filtrée à l'appareil de Marsh.

B. Procédé de l'incinération par l'azotate de potasse. Peu ou pas usité. M. Orfila le préfère à celui de la carbonisation par l'acide azotique et le chlorate de potasse, seulement dans les cas où par suite d'inhumation prolongée, les organes sont passés à l'état gras (voyez page 523 et 467).

C. Procédé de carbonisation par l'acide azotique et le chlorate de potasse. Bon procédé, préférable aux deux précé · dents et adopté par M. Orfila (voyez page 480).

D. Procédé de carbonisation par l'acide sulfurique. Adopté d'abord par MM. Flandin et Danger(voyez page 528), il a été modifié par eux comme il suit. Après avoir chauffé les uatières avec l'acide sulfurique jusqu'à liquefaction, laissez refroidir; ajoutez de l'azotate de soude; évaporez ensuite jus¬ qu'à carbonisation; broyez le résidu charboneux; faites-le bouillir dans de l'eau aiguisée d'acide tartrique; filtrez, et sou mettez les liqueurs à l'appareil de Marsh. Ce procédé donne des liqueurs parfaitement transparentes et non mousseuses. MM. Flandin et Danger le préfèrent à celui par l'acide sulfu— rique seul, parce que l'oxyde d'antimoine, étant en présence

d'une base, est rendu plus fixe; par conséquent, la déperdition du métal est moindre. Par les mêmes raisons, ils le conseillent, l'adoptent même pour les recherches de l'arsenic, métal encore plus volatil que l'antimoine. Pour 100 gramm. de matière organique ils emploient 40 centim. cub. d'acide sulfurique, 25 gramm. d'azotate de soude cristallisé, 05 gram. d'acide tartrique, et 100 centim. cub. d'eau.

Les procédés de carbonisation, soit par l'acidesulfurique seul, soit par l'acide sulfurique et l'azotate de soude, sont fort bons et peuvent être placés sur la même ligue que le procédé de carbonisation par l'acide azotique et le chlorate de potasse.

E. Procédé de Reinch (voyez pages 468 et 483).

F. Procédé de Jacquelain (page465). Ce procédé n'a point été appliqué que nous sachions à la recherche de l'antimoine. M. Kramer a retiré de l'antimoine du sang, des urines, et en grande quantité des matières fécales des personnes soumises à l'usage de l'émétique. Il précipite la partie liquide filtrée, par l'acide sulfhydrique, et transforme le sulfure en chlorure par l'eau-régale.

Appareil de Marsh. Quel que soit le procédé, on soumet ensuite les liqueurs à l'appareil de Marsh modifié, en opérant soit par le système des taches, soit par le système de l'anneau, pages 350 et 548. D'après MM. Flandin et Danger, en agissant par le système de l'anneau, l'antimoine se divise et se dépose en-deçà et au delà de la partie chauffée du tube, et, lorsqu'on opère sur de petites quantités, il n'est pas facile alors de constater les caractères de ce métal ainsi disséminé. Aussi, ces chimistes préfèrent-ils leur appareil à combustion, page 545. L'oxyde d'antimoine, résultant de la combustion du gaz hydrogène antimonié, se dépose dans la partie coudée du tube. On le dissout dans l'acide tartrique, pour constater ensuite les caractères des sels antimoniaux par la voie humide (page 474). Dans les empoisonnements mixtes par l'acide arsénieux et l'émétique, ils ont obtenu des anneaux ou des taches à la fois arsenicaux et antimoniaux, et il leur a été impossible de séparer ces deux métaux par des sublimations ré

pétées ainsi que par l'hypochlorite de soude. A cet effet, ils conseillent, de brûler le gaz mixte dans leur appareil, page 345. L'oxyde d'antimoine se condense dans le tube à combustion, tandis que l'acide arsénieux, dissous et entraîné par l'eau, se rend dans le condensateur. Mais probablement la séparation n'est pas complète, et de l'acide arsénieux doit être mêlé à de l'oxyde d'antimoine. M. Orfila,pour obtenir l'antimoine, se sert de son appareil, page 351, et, dans les cas où les taches seraient à la fois antimoniales et arsenicales, il dit qu'en les soumettant à la flamme du gaz hydrogène, l'arsenic se vaporise immédiatement, non l'antimoine; que, dissoutes dans un peu d'acide azotique, évaporées à siccité, et le résidu jaunâtre traité par l'eau bouillante, l'acide arsenique est dissous, non l'oxyde d'antimoine. Des lotions avec de l'eau légèrement ammoniacale pourraient aussi séparer le premier acide du second.

Caractères des taches antimoniales. D'un bleu noirâtre foncé et fuligineuses quand elles sont épaisses, ou d'un gris bleuâtre et miroitantes quand elles sont minces, elles adhèrent plus que les taches arsenicales. 1° Elles s'étendent d'abord et ne se volatilisent que très-lentement quand on les chauffe, et ne donnent pas d'odeur alliacée. 2o Soumises à la flamme du gaz hydrogène, elles s'étendent d'abord et ne se volatilisent que lentement et incomplétement; il reste sur la capsule une tache d'un jaune-fauve. 3o L'acide azotique les dissout instantanément à froid; le soluté, évaporé à siccité, laisse un résidu jaunâtre (acide antimonieux), qui, ne devient pas rougebrique par l'azotate d'argent, et qui brunit et noircit, si, après avoir ajouté ce sel, on additionne une goutte d'ammoniaque. L'acide antimonieux se dissout dans quelques gouttes d'acide chlorhydrique; le soluté se colore et précipite en orangérougeâtre par l'acide sulfhydrique. 4o Enfin elles sont insolubles à froid dans l'hypochlorite ou chlorure de soude.

L'anneau antimonial est gris-argentin, d'un brillant métallique. Chauffé dans le tube même, il s'oxyde en place, se transforme peu à peu en une poudre blanche, sans donner d'odeur alliacée. Le métal ou la poudre se dissolvent à chaud

dans quelques gouttes d'eau régale, et le soluté offre les réactions des sels d'autimoine. Du reste, l'anneau antimonial offre toutes les réactions des taches,

Effets toxiques.

Les préparations antimoniales et en particulier l'émétique sont eméto-cathartiques, produisent les mêmes effets constitutionnels, quelle que soit la voie par laquelle elles pénètrent dans l'organisme. Les résultats varient cependant, selon la préparation, la forme, la dose, le mode d'administration, l'état normal ou pathologique, l'âge, l'idiosyncrasie, et même l'espèce animale. Dans la pneumonie, le rhumatisme articulaire, dans les cas enfin de diathèse inflammatoire, l'émétique, administré comme contre-stimulant, peut être donné à des doses telles qui, dans l'état normal, occasionneraient des accidents graves et même mortels. Quelquefois cependant, les premières doses produisent du malaise, des nausées, des vomissements, des coliques, avec ou sans évacuations alvines, accidents qui peuvent se manifester de nouveau si l'on en suspend l'usage pendant quelques jours, ce qui tendrait à faire croire que, l'effet hyposthénique, s'opposerait au développement de l'action émétocathartique. L'émétique, administré ainsi, peut déterminer une augine simple ou erythemateuse, une éruption pustuleuse du pharynx, une salivation plus ou moins abondante, et quelquefois des effets constitutionnels assez graves. D'après Laennec et les médecins rasoriens, l'irritation gastro-intestinale ne serait pas une contre-indication à son emploi, et l'inflammation disparaîtrait même avec la maladie principale. Telle n'est point l'opinion de M. Rayer, et M. Barbier a vu, dans deux cas, non-seulement l'inflammation gastrique s'aggraver, mais encore devenir assez promptement mortelle. M. Vaquié cite uu cas de gastro-entero-peritonite aiguë, qui a été suivie de gangrène du tube intestinal. 60 centigr. (12 grains) d'émétique, dans un cas de broncho-gastrite, ont occasionné des vomissements sanguinolents, des convulsions, du délire. Ces considérations ne sont pas à dédaigner pour le médecin légiste,

et, l'observation VI demontre, je crois, que, dans certains. états morbides, l'émétique peut être cause déterminante de la

mort.

La dose toxique chez l'homme ne peut être fixée d'une manière précise, parce que l'émétique est promptement expulsé par les vomissements ou par les selles. En général, les effets sont d'autant moins à redouter que les vomissements sont plus immédiats. Chez une femme qui ne vomissait que très difficilement, 15 centigr. (3 grains) d'émétique ont produit des accidents très-graves (Rayer). Nous rapportons un fait analogue (observ. 1re). La fille d'un épicier, prend 24 gramm. (6 gros) d'émétique pour de la crême de tartre, M. Lebreton lui administre un grand verre d'huile; il y eut immédiatement des vomissements, et le rétablissement fut très-prompt. Morgagni rapporte un fait semblable; la dose était de 8 gramm. (2 gros). Cependant, Giacomini (observ. II) cite un de ses amis qui, ayant pris 1 gramm. 60 centigr. d'émétique pour du nitre, était rétabli dès le soir même. Il n'y eut ni vomissements, ni selles, mais de la salivation et surtout une diurèse très-abondante.

La dose varie aussi selon l'espèce animale. D'après M. Magendie, 4 gramm. (1 gros) d'émétique produisent un effet éméto-cathartique sur les chiens, sans autre accident. A celle de 8 à 15 gramm. (2 à 4 gros), les uns ont succombé, les autres se sont rétablis. L'effet est plus intense sur ces jeunes animaux, ainsi que sur les chats. 10, 20, 40 centigr. (2, 4, 8 grains) d'émétique, déposé sur le tissu cellulaire, injecté dans les veines. ou dans l'estomac, mais alors l'œsophage étant lié, intoxiquent les chiens en 4, 6, 12, 24 ou 48 heures (Orfila). Ces faits ne concordent pas tout à fait avec ceux observés chez l'homme. 10 Un,soldat avait un tendon de bœuf engagé dans l'œsophage qu'on ne pouvait ni extraire ni pousser dans l'estomac. Comme il était sur le point de suffoquer, M. Kohler lui injecta dans les veines 50 centigr. (10 grains) d'émétique dissous dans l'eau ; une demi-heure après, il survint des vomissements violents et l'expulsion du tendon, 2o Un homme de 60 aus ayant un mor

« PrécédentContinuer »