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ceau de bœuf dans l'œsophage, M. Knoff, se rappelant les bons effets que M. Schmehker avait obtenus dans un cas pareil, de l'injection de l'émétique dans les veines, fit dissoudre 20 centigr. de ce sel dans 15 gramm. d'eau distillée, et l'injecta dans la veine médiane du bras droit, à l'aide d'une seringue munie d'un long tube, après avoir porté le soluté à la température du sang. Le malade s'agita, vomit beaucoup de matière pituiteuse ainsi que le morceau de bœuf. 4 gramm. (1 gros) d'émétique, dissous dans 15 centil. d'ear, sont injectés dans la veine d'un cheval: peu après, nausées, efforts pour vomir, tremblement général, coliques, évacuations alvines liquides, urines troubles et abondantes, rétablissement. L'injection de 6 gramm. (1 gros et demi) de ce sel dans les veines d'une jeune vache, ont produit du malaise, la fréquence du pouls et de la respiration, des . branlements de tête, des mouvements convulsifs des muscles sous-cutanés, une grande sensibilité le long de l'épine et des évacuations alvines abondantes. L'émétique provoque des envies de vomir chez les moutons, les lapins, les cochons et agit comme purgatif (Dupuy).

M. Magendie voulant connaître l'influence des nerfs de la 8e paire sur le mode d'action de l'émétique, en injecta 60 centigr. (12 grains) dans les veines jugulaires de trois chiens. Chez l'un, il laissa ce nerf intact, chez le second, il le coupa d'un seul côté, et, chez le troisième, des deux côtés à la fois. Le premier succomba au bout d'une demi-heure, le second en 2 heures, et le dernier en 4 heures. L'intégrité du nerf de la 8' paire accélérerait donc l'effet du poison.

L'émétique en poudre ou en soluté, injecté, à la dose de 1 gramm. 30 centigr., dans la trachée artère d'un cheval, détermine une péripneumonie mortelle. Il enflamme fortement les muqueuses externes, et y produit quelquefois une éruption pustuleuse, comme lorsqu'il est appliqué sur la peau non dénudée. Dans ce dernier cas, il peut être absorbé et occasionner des accidents plus ou moins graves. Des frictions faites sur la paume des mains avec un soluté de 20 à 40 centigr. (4 à 8 grains) d'émétique ont occasionné des nausées, des vomisse

ments, une transpiration abondante, un goût fade, de la sali vation, un sommeil narcotique; il en a été de même par l'immersion répétée des mains dans ce soluté (Huttchenson, Lettson). Un enfant de 2 ans, à qui on frictionna la colonne vertébrale avec la pommade stibiée, fut pris d'un grand malaise, de lipothymies fréquentes, et mourut en 48 heures (Christison). Des effets constitutionnels plus ou moins graves, et surtout des coliques, des selles ont été observés chez les enfants, par MM. Rayer et Piorry, par l'emploi de cette pommade, et chez l'adulte, par M. Colson, après l'application d'un emplâtre stibić. Une personne choréique, à laquelle M. Strombio fit enduire tout le corps de pommade émétisée, éprouva les symptômes suivants ralentissement du pouls, pâleur du visage, froid général, vertiges, défaillances, faiblesse de tout le système musculaire. La suppression des fonctions de la peau par le corps gras n'était pas peut-être étrangère à ces accidents. Les effets éloignés sont plus marqués lorsque la pommade est préparée avec le soluté ou qu'elle est appliquée sur la peau dénudée.

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La symptomatologie de l'intoxication par l'émétique ne diffère pas beaucoup de celle des autres poisons minéraux, et n'offre en réalité que bien peu de spécial. L'effet éméto-cathartique ne dépend pas seulement de son action locale, puisqu'il donne lieu aux mêmes résultats par toute autre voie. L'irritation, l'inflammation du tube intestinal ne paraît pas être très-intense, car cet effet, pour se produire, exige un contact assez prolongé de l'émétique sur une même partie; d'ailleurs les symptômes gastro-intestinaux ne persistent pas longtemps. Les effets éloignés sont de nate hyposthénique et portent principalement sur les phénomènes de la circulation, de la calorification, auxquels s'ajoutent quelquefois des désordres nerveux. Voici d'ailleurs l'exposé de ces symptômes: peu après l'administration du poison, il survient du malaise, des crachotements, un sentiment de chaleur, de douleur, de tension à la région épigastrique, et, au bout d'un quart d'heure à une demi-heure, des nausées, des vomissements abondants de matières mucoso-bilieuses; le facies se décompose, le pouls devient petit, concentré, la peau se

couvre de sueur avec sensation de froid. II y a faiblesse générale, des syncopes, des lipothymies. Pendant et avant le déveJoppement des effets éloignés, se manifestent des coliques, sui vies de déjections très-abondantes et séreuses. Dans quelques cas, il y a absence de vomissements; c'est surtout lorsqu'il y a perte de connaissance (observ. II et IV). L'observation III est le seul cas où l'émétique, pris à l'état solide, ait provoqué des vomissements sanguinolents. Des désordres nerveux, tels que crampes dans les membres (observ. V), hoquets, convulsions (observ. I et IV), constrictions spasmodiques de l'œsophage avec obstacles à la déglutition (observ. VI, remarques.), se manifestent pendant le cours de l'intoxication. Quelquefois, quoique bien rarement, une réaction fébrile, caractérisée par la rougeur de la face, des vertiges, de la céphalalgie, la force et la fréquence du pouls, la chaleur de la peau, succèdent à l'effet hyposthénisant (observ. III).

Le rétablissement de l'intoxication par l'émétique est ordinairement assez prompt, et a lieu dans l'espace de 6 à 48 heures. Généralement il est complet, non suivi d'effets consécutifs, comme cela s'observe avec plusieurs autres poisons inorganiques. Des malades ont conservé seulement pendant quelque temps de l'épigastralgie. La mort en est rarement le résultat, et dans l'observ. VI, le seul cas mortel, la terminaison fatale ne doit pas être attribuée exclusivement à l'émétique, par conséquent le pronostic est peu grave.

ALTÉRATIONS PATHOLOGIQUES. Faute d'observations directes et assez nombreuses chez l'homme, nous mettrons à contribution Jes expériences faites sur les animaux. L'ématique, par un contact prolongé, enflamme la peau et les muqueuses, y détermine une éruption pustuleuse, mais ce genre de lésion ne doit s'ob server que très-rarement dans le tube intestinal, en raison des efforts des vomissements, de la quantité d'eau qui est adminis trée. M. J. Cloquet, chez un homme de 57 ans, qui a succombé à une attaque d'apoplexie, et auquel on avait administré, pendant les 5 jours de sa maladie, 2 gramm. 20 centigr. (40 grains) d'émétique, qui, n'avaient produit ni vomissements, ni selles,

a trouvé, en outre de lésions cérébrales, la muqueuse stomacale rouge, enflammée; des taches irrégulières d'un rouge-cerise sur un fond rose-violacé, sur la muqueuse duodénale; les intestins grêles de couleur rose, remplis, ainsi que l'estomac, de bile et de mucosités. Vers la fin du jejunum, entre la séreuse et la musculeuse, on observait un bouton blanc, purulent, de la grosseur d'un pois; plusieurs taches d'un rouge foncé dans le cœcum et le colon; rectum sain; nombreuses taches irrégulières, noirâtres, s'étendant plus ou moins profondément dans le parenchyme pulmonaire. Ces lésions', si elles étaient dues toutes à l'émétique, concorderaint parfaitement avec celles que M. Magendie a observées sur les chiens. En effet, qu'il ait déposé ce poison sur le tissu cellulaire, injecté dans les veines ou dans l'estomac, il a trouvé une inflammation plus ou moins profonde des poumons et de la muqueuse gastro-intestinale. Lorsque la mort était prompte, les poumons seuls étaient lésés. MM. Rayer et Bonnet n'ont pas obtenu les mêmes résultats chez les lapins. Ils ont noté une extravasation sanguine dans le tube intestinal, lorsque le poison était ingéré dans cet organe, et, M. Trousseau, des ulcérations, des hémorragies. Dans l'observ. VI, relatée par M. Recamier, la muqueuse stomacale était saine dans le grand cul-de-sac, rouge, tumefiée et recouverte d'un enduit visqueux dans le reste de son étendue ; celle du duodénum offrait le même état. Quant aux altérations des autres organes, du sang, etc., nous manquons de faits.

TRAITEMENT, Comme l'émétique est le vomitif par excellence, il faut faciliter les vomissements, en déprimant la base de la langue, en titillant la luette avec la barbe d'une plume huilée, et surtout, par l'administration des boissons mucilagineuses, albumineuses tièdes, ou plutôt encore de l'huile donnée par verres, comme l'a fait M. Lebreton. Pour les contre-poisons, le traitement des effets locaux et éloignés, les règles que nous avons présentées dans l'empoisonnement arsenical doivent servir de guide.

Contre-poisons. Le quinquina est généralement considéré comme le contre-poison de l'émétique. En effet, dans tous les

cas où il a été employé, l'amélioration a été prompte, les vomissements ont cessé et ont été remplacés par des selles (observ. III et IV), que, dans quelques cas,on a secondées, provoquées même, et avec raison, par des lavements émollients ou laxatifs. On n'est pas bien d'accord sur l'espèce de quinquina et sur la préparation. MM. Gendrin et Collineau préfèrent le quinquina gris, qu'ils donnent en poudre, parce que c'est une préparation qu'on a toujours à sa disposition, qu'elle enveloppe l'émétique, modère son action locale, en ralentit l'absorption, et qu'ensuite, elle est plus efficace. 15 gramm. (1/2 once) de poudre, neutraliseraient environ 1 gramm. 20 centigr. (20 grains) d'émétique; elle agirait encore comme contre-poison, lors même qu'elle est épuisée par l'alcool. Trois chiens, auxquels ils ont donné 50 centigr. (10 grains) d'émétique dissous, et immédiatement après 15 gramm. (1/2 once) de poudre de quinquina gris, ont éprouvé seulement quelques nausées ou vomissements; l'œsophage n'a point été lié. Lutchman préfère le quinquina jaune et le décocté, parce que l'effet décomposant en est plus marqué. Il a donné, sans inconvénients, des doses assez fortes d'émétique, lorsqu'il était mêlé à une suffisante quantité de ce décocté pour le décomposer. D'après M. Orfila, la poudre, épuisée par l'eau et par l'alcool, ne décomposerait point l'émétique, et comme cette propriété réside surtout dans les parties solubles, il préfère le décocté, dans lequel il conseille cependant de suspendre un peu de poudre. Il ne se prononce pas sur l'espèce de quinquina. Le décocté de quinquina jaune est la préparation qui a été le plus souvent mise en usage. On la prépare avec 8, 15, 50 gramm. (2, 4, 8 gros) de ce quinquina concassé, pour 500 grammes d'eau, et on l'administre par verres. Comme les autres préparations ont également réussi, il faut, dans les cas pressés, donner celle qu'on trouve à sa disposition. La femme d'un pharmacien, prit, par mégarde, et pour du petit lait, un verre de la liqueur destinée à la préparation de l'émétique, et qui venait d'être filtrée (la quantité d'émétique a été évaluée à environ 4 gramm. ou 1 gros). Le docteur Sauveton, appelé 10 minutes après, trouva cette femme couverte de sueur froide.

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