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lant. Le goût fade, l'augmentation de la sécrétion salivaire, indiqueraient que l'émétique est éliminé par les glandes salivaires, par la muqueuse buccale, comme les préparations cuivreuses, mercurielles, etc.

Observ. III. Une fille de trente-cinq ans, grande, forte, bien réglée,, à jeun depuis sept heures du matin, prit, par suite de violents chagrins, le 4 février 1835, à cinq heures du soir, 30 centigram. ( 63 grains) d'émétique, qu'elle s'était procurés un à un, chez divers pharmaciens. Elle les réunit dans un morceau de papier, qu'elle mit dans sa bouche; bientôt, la salive affluant, le papier fut réduit en pulpe, et le tout avalé sans effort. Demi-heure après survinrent des vomissements mucoso-bilieux, puis sanguinolents, qui se répétèrent coup sur coup, et, chaque fois, avec augmentation des douleurs. Le médecin appelé administra deux verres de décocté de quinquina rouge. Il`y eut un soulagement instantané, et les vomissements cessèrent; mais les coliques, qui s'étaient manifestées quelque temps auparavant, augmentèrent et furent suivies de selles copieuses avec tenesme. La malade fut apportée à l'Hôtel-Dien, à neuf heures et demie du soir, salle NotreDame, no 16, service Caillard. On lui administra des boissons mucilagineuses, des lavements émollients. A cinq heures du matin, face vultueuse, animée; langue rouge et pointue; soif modérée; pouls plein, vif, dur; peau généralement plus chaude que dans l'état normal; épigastre douloureux; céphalalgie; courbature générale. Douze sangsues à l'épigastre, boisson gommeuse, lavements opiacés, diète. Ces mêmes moyens, les sangsues exceptées, sont continués pendant quelques jours. Les accidents disparaissent peu à peu, l'appétit revient et le malade sort de l'hôpital en bon état le 12 février. ( Clinique des hôpitaux, tome IV.)

Très-probablement la totalité du poison n'avait pas été expulsée par les vomissements, et on ne peut contester l'utilité du quinquina, puisque l'amélioration a été immédiate. La présence du sang dans les matières des vomissements, la réaction fébrile qui s'est manifestée 10 heures après l'administration du poison, dépendaient sans doute de l'inflammation du tube intestinal, laquelle a été d'autant plus intense que l'émétique a été pris en poudre. Cette inflammation s'est peut-être opposée en partie à l'absorption du poison.

Observ. IV. M. N..., âgé de 43 ans, voulant s'empoisonner avec de l'arsenic qu'on lui refuse, achète, ehez divers pharmaciens, 135 centigrammes, (27 grains) d'émétique, entre dans un café, les délaye dans 113 de verre d'eau sucrée, qu'il avale, et sort. A peine avait-il fait vingt pas, qu'il éprouve une chaleur brûlante à la région épigastrique et perd connaissance. Transporté, dix minutes après, à l'Hôtel-Dieu, il avoue s'être empoisonné avec de l'émétique. A son entrée, peau froide, gluante à la tête et aux extrémités; respiration un peu courte; pouls petit, concentré; région épigastrique un peu gonflée et douloureuse; hoquets assez fréquents; point de vomissements. Trois pots d'une forte décoction de quinquina furent administrés dans l'espace d'une heure et demie. La plupart des symptômes diminuèrent d'intensité dès les premiers verres, et, deux heures après, le malade eut une selle copieuse, et cinq garde-robes en trois heures. Il sua ensuite considérablement et changea deux ou trois fois de chemise. Le décocté de quinquina, mêlé aux mucilagineux, fut continué pendant la nuit. Le lendemain au matin, il y eut plusieurs vomissements. Il se déclara une gastrite qui dura plusieurs jours, et, un mois après, le malade éprouvait encore des picotements à la région épigastrique.

La gravité des symptômes locaux et éloignés doit être attribuée à la quantité d'émétique et à l'absence des vomissements, due sans doute à la perte de connaissance (observ. II). Le quinquina a été encore ici d'une grande utilité, comme dans l'observ. III, et la majeure partie du poison aura été éliminée par les selles, et peut-être aussi par la transpiration. Il n'est pas rare, dans les cas où le quinquina a été administré, que les malades conservent pendant un certain temps de l'épigastralgie.

Observ. V. Un Juif achète 30 gram. (1 once) d'émétique pour de la crême de tartre, et en avale environ 100 centigram. ( 20 grains ) le matin à jeun dans de l'eau de chicorée. Peu après, douleur à la région épigastrique; syncopes; vomissements excessifs et répétés de matières bilieuses; coliques abdominales violentes; déjections alvines incessantes, aqueuses et très-abondantes; pouls petit, concentré; figure pâle; prostration des forces, crampes très-douloureuses, se répétant à à chaque minute, symptôme dont le malade se plaignait le plus. D'abord décoction de quinquina pour boisson et en lavement; boisson et lavement avec de l'eau de guimauve; potion opiacée qui parut être très-utile au malade. Ces accidents se calmèrent au

bout de cinq heures, et furent remplacés par une grande faiblesse. Les jours suivants la digestion était difficile; effet secondaire qui céda à l'emploi d'un infusé de feuilles d'oranger et de camomille, et à 60 centigram. de thériaque, administrée avant le repas. ( Barbier. )

L'émétique ayant été expulsé par les vomissements ou par les selles, les effets éloignés dépendaient probablement autant de son action locale que de son absorption, car il n'est guère possible que cette dernière fonction puisse bien s'opérer sur une surface qui secrète aussi abondamment; d'ailleurs, la pâleur de la face, la dépression des forces, etc., les crampes même s'observent, lorsque l'émétique est donné à dose vomitive. Comme dans l'observation précédente, nous voyons l'épigastralgie succéder à l'administration de quinquina. L'émétique n'est pas saus doute étranger à cet effet.

Observ. VI.Un homme, fortement constitué, prit, le samedi au matin, par suite de chagrins domestiques, 200 centigram. (40 grains) d'émétique dans un peu de véhicule. Vomissements, selles fréquentes, superpurgation. Transporté le dimanche au soir à l'Hôtel-Dieu, il offrait, le lundi matin, les symptômes suivants : douleurs violentes à la région épigastrique; il avait de la peine à remuer la langue, et paraissait ivre; jactitation; pouls imperceptible. Dans la journée le ventre se météorisa, l'é pigastre se tuméfia considérablement, devint plus douloureux ; délire dans l'après-midi. Le mardi soir, tous les accidents s'aggravent; délire furieux, convulsions; mort dans la nuit.

Autopsie. Membres très-raides, à demi fléchis. Un liquide visqueux et blanc s'écoulait de la bouche, quand on remuait le cadavre. A la partie antérieure de l'hémisphère du cerveau du côté gauche,ossification de la dure-mère dans une étendue circulaire d'environ 40 millimètres ou 1 pouce 1/2 de diamètre; opacité et augmentation de l'épaisseur de l'arachnoïde qui double la face supérieure des deux hémisphères ; rougeur uniforme avec inflammation récente de cette membrane, plus apparente du côté droit; anfractuosités du cerveau remplies d'un liquide sero-sanguinolent, en quantité plus grande à la base du crâne : substance cérébrale plus molle : 4 ou 5 cuillerées de sérosité transparente, incolore, dans les deux ventricules: poitrine saine. Péritoine d'une teinte généralement briquetée : estomac et intestins distendus par des gaz; muqueuse stomacale saine dans le grand cul de sac, rouge,

tuniéfiée, recouverte d'un enduit visqueux et facile à enlever dans le reste de son étendue : celle du duodénum était dans le même état : les autres intestins n'offraient pas d'altération : peu de matière fécale.

(Recamier.)

Si le traitement eût été indiqué, l'observation si intéressante d'ailleurs serait bien plus complète. Il aurait été important aussi de remonter aux circonstances antérieures, et de s'enquérir si, cet homme, avec une affection chronique aussi étendue, affectant un organe si important, avait toute son intelligence, et si ce n'a pas été la principale cause du suicide. Les effets de l'émétique sur les organes gastriques, les altérations qu'ont présenté ces organes seraient certainement suffisants pour expliquer la mort; mais évidemment on doit l'attribuer plutôt aux lésions récentes du cerveau et de ses membranes, dont l'émétique, ou plutôt, l'inflammation du tube intestinal, les efforts de vomissements n'ont été que la cause déterminante. Un homme sujet à des douleurs, à des crampes d'estomac de nature rhumatismale, accompagnées de vomissements, de diarrhée, alternant avec de la constipation, prend, sur l'avis d'un charlatan, une forte dose d'émétique: presque immédiatement, vomissements considérables, crampes plus aiguës, contractions spasmodiques de l'œsophage, déglutition impossible, face rouge, yeux injectés, vertiges, symptômes qui s'amendèrent et cédèrent aux antiphlogistiques, aux opiacés, etc. Il est évident que les principaux effets dépendaient surtout de l'état actuel du malade, circonstance d'une grande importance dans l'appréciation des effets toxiques de l'émétique. M. Carron d'Annecy, qui rapporte ce fait, a observé fréquemment des accidents graves par l'émétique prescrit par les charlatans. La contraction spasmodique de l'œsophage, des muscles du cou, s'observe assez souvent, surtout chez les enfants, après l'administration de tartre stibié.

Quant aux RAPPORTS sur l'empoisonnement par les préparations antimoniales, nous manquons de faits.

Les préparations d'étain étant plus importantes sous le point de vue hygiénique que toxique, nous n'en parlerons que trèsbrièvement et seulement de celles qui se rencontrent dans les

arts.

ÉTAIN. Solide, blanc-argentin, brillant, malléable et ductile; il seternit et devient grisâtre à l'air; il se laisse facilement couper, imprègne les doigts d'une odeur particulière; fait entendre un petit cri (cri de l'étain; quand on le plie. Sa densité est de 7,291° 1° il fond à + 228° sans se volatiliser, et, si c'est à l'air, il brûle avec flamme, répand une fumée blanche à odeur spéciale et passe à l'état de bioxyde. 2o L'acide azotique à chaud, le transforme en bioxyde qui se dépose, et, s'il contient du plomb, du cuivre, ces métaux restent en dissolution. 3o L'acide chlorhydrique ou l'eau régale, le transforment à chaud, le premier en proto, le second en bichlorure d'étain, et l'arsenic, s'il en contient, se dégage en partie en gaz hydrogène arsenié qu'on peut reconnaître à l'appareil de Marsh; une autre portion se dépose en flocons noirâtres.

OXYDES D'ÉTAIN. 1o Le proto, ou acide stanneux anhydre, est pulvérulent, d'un gris cendré, inaltérable à l'air sec; à chaud il brûle rapidement en se bioxydant. L'acide azotique le bioxyde. Il est blanc à l'état d'hydrate. 2o Le deuto ou bioxyde, oxyde ou acide stannique, anhydre ou hydraté est blanc, pulvérulent, inaltérable à l'air à chaud et à froid ainsi que par l'acide azotique. Le proto et le bioxyde forment avec la potasse et la soude des composés solubles d'où ils sont précipités par les acides. Ils sont réductibles par le flux noir; se dissolvent dans l'acide chlorhydrique et sont transformés en proto ou bichlorure.

CHLORURES D'ÉTAIN. HYDROCHLORATES d'ÉTAIN. Le proto est en aiguilles blanches, un peu hygrométriques. Le bichlorure anhydre, liqueur fumante de Libavius, est liquide, incolore, très-volatil; il donne des vapeurs blanches, épaisses, à l'air. Mêlé à 1/3 de son poids d'eau, il s'hydrate et se prend en masse

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