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vessies ou parchemin, ficelle, éponges pour recueillir les matières suspectes, et du papier, des plumes, encre, cire à cacheter, pour prendre des notes, étiqueter, numéroter et cacheter chaque objet. On procède à cette opération comme il est dit ci-après, en constatant au fur et à mesure les lésions, et déposant les objets dans autant de vases qu'il doit y avoir d'analyses distinctes: matière des vomissements,-estomac, intestins et leur contenu,-foie, rate,-poumons, cœur,-muscles psoas et iliaque, etc. Si on se sert d'alcool pour conserver ces matières, on en met séparément 200 gram. dans un vase numéroté et étiqueté.

LES SIGNES DE LA MORT sont immédiats ou éloignés. Les prèmiers sont très-nombreux : l'aspect cadavereux de la face, le refroidissement du corps et des ouvertures naturelles, l'absence de la respiration, l'effet des stimulants sur la muqueuse nasale, d'un fer chaud ou des caustiques sur la plante des pieds, etc. Mais il en est trois, d'après M. Bouchut (rapport de M. Rayer), qui, réunis, permettent d'affirmer que la mort est réelle : 1o l'absence des battements du cœur sur les divers points où ils peuvent être perçus, et cela pendant 5 minutes, ce qui fait en tout 25 à 50 minutes; 2o la dilatation des pupilles avec flaccidité de l'œil, obscurcissement de la cornée; 3° le relâchement des sphincters.

Les signes éloignés, mais certains, sont les suivants : 1° l'absence de contractilité musculaire par les irritants, surtout par le galvanisme. Si l'irritabilité persiste encore, il n'y a pas certitude de mort, quoique ce ne soit pas une preuve de vie. L'influence des poisons sous ce rapport n'est pas bien connue. Les expériences des auteurs dans l'intoxication par les acides sulfhydrique, cyanhydrique, les venins, a donné des résultats différents. 2° la rigidité cadavérique: elle se distingue de la raideur spasmodique en ce que, vaincue par un effort, la partie reste mobile, flexible, et de la raideur de la congélation par l'absence du bruit produit par la rupture des petits glacons.

Comme l'irritabilité musculaire, elle est influencée, dans son développement, sa durée, par les maladies, la température, l'âge des malades, la nature du poison, la durée de l'intoxication. Elle est constante, dure 24 à 36 heures, envahit successivement les muscles du cou, du tronc, abdominaux, thoraciques, et disparaît dans le même ordre. 3o la putréfaction : elle n'attaque que les parties mortes, varie dans son développement, selon les circonstances extérieures ou individuelles, morbides, la nature du poison, envahit successivement le tronc, le ventre, la tête, le cou, sans phénomènes inflammatoires. L'épiderme se ride, la peau pâlit, devient grisâtre, verdâtre, bleue-noirâtre, et, ainsi que les tissus sous-jacents, dégage l'odeur putride. Ces caractères la distinguent des contusions violentes avec déchirure, et de la gangrène sèche. La gangrène humide s'accompagne d'inflammation.—M. Devergie pense qu'à l'aide de ces signes on peut déterminer à priori l'époque de la mort.-En ayant égard à leur développement, à leur succession, il établit deux périodes.

La première, qui comprend l'extinction de la chaleur, l'excitabilité musculaire, la rigidité cadavérique, la diminution du volume et du poids du corps, le retour des solides et des liquides de l'économie sous l'empire des lois physiques, est divisée en quatre époques.

Première époque. Conservation de la chaleur à un degré plus ou moins marqué; relâchement des muscles, soit général soit partiel; excitabilité musculaire par les stimulants ou par le galvanisme. La mort (si elle est certaine) peut dater de deux à dix heures.

Deuxième époque. Chaleur éteinte; rigidité cadavérique ; muscles non excitables par le galvanisme. La mort peut dater de dix heures à trois jours.

Troisième époque. Chaleur éteinte, toutes les parties dans le relâchement; muscles non contractiles par le galvanisme; couleur de la peau naturelle. La mort peut dater de trois à huit jours.

Quatrième époque. Augmentation du volume du corps ;

élasticité et rénitence de toutes les parties par le développement des gaz; muscles non excitables par le galvanisme; teinte verdâtre de l'abdomen: c'est le commencement de la putréfaction. La mort peut dater de six à douze jours.

Ces époques, comme le fait très-bien remarquer M. Devergie, ne sont qu'approximatives. Les circonstances individuelles et surtout extérieures exercent une telle influence, que, pendant les chaleurs d'été, un cadavre peut offrir, dans les vingtquatre heures, la succession des phénomènes assignés aux quatre époques.

La deuxième période comprend tous les phénomènes de la putréfaction, et commence par conséquent par ceux de la quatrième époque. Ils sont très-variables dans leur développement, leur succession, selon la nature des milieux ambiants et bien d'autres circonstances.

Manière de procéder à l'autopsie.

1o Examen de la tête.-Étant relevée et fléchie sur la poitrine, coupez et rasez les cheveux; divisez les tissus épicraniens par deux incisions cruciales, l'une s'étendant de la racine du nez à la partie postérieure et supérieure du cou, l'autre aux deux oreilles. Sciez circulairement le crâne au niveau du point du départ des incisions précitées, de manière à éviter les grandes secousses; enlevez la calotte osseuse; incisez la dure-mère sur les côtés du sinus longitudinal supérieur et transversalement; rabattez-en les lambeaux; coupez l'attache antérieure de la grande faux cérébrale et renversez-la en arrière; laissez le cerveau en place; notez l'état de sa surface, des membranes, des vaisseaux; coupez-le par tranches horizontales pour en observer les altérations et celles des ventricules; incisez la tente du cervelet pour l'examiner, ainsi que la protubérance annulaire; renversez la tête en arrière pour recueillir le liquide rachidien; examinez les sinus cérébraux,

2o Examen de la face, du cou, de la poitrine.-Faites 1o deux . sections latérales depuis la commissure des lèvres jusqu'aux conduits auditifs; 2° une incision qui divise la lèvre inférieure à sa partie moyenne, et se prolonge jusqu'au sternum; 3° une autre qui longe

toute la partie supérieure de la clavicule, et coupe la précédente à angle droit; 4 deux incisions partant de chaque côté du tiers externe de la clavicule, et se rendant obliquement en dehors, à la base de la poitrine, vers l'extrémité antérieure de la quatrième fausse côte; disséquez les lambeaux de la peau du cou et rejetez-les en dehors; sciez l'os maxillaire inférieure à sa partie moyenne, pour examiner la langue, la bouche et le pharynx; coupez les muscles du cou; sciez les clavicules et toutes les côtes dans les parties correspondantes aux deux incisions, et rabattez le lambeau sur l'abdomen. Après avoir noté l'état des poumons, du cœur, des plèvres, des liquides épanchés, incisez le péricarde, puis les deux cavités du cœur par deux incisions parallèles à leur axe; enlevez le cœur et le péricarde; incisez perpendiculairement le larynx, la trachée artère, les bronches; coupez en divers points le tissu pulmonaire pour en observer les altérations.

3o Examen des organes abdominaux.—Examinez avec soin l'abdomen à l'extérieur, s'il est tendu, bosselé, contracté, etc. Divisez-en les parois dans toute leur circonférence inférieure et latérale, cn longeant l'épine antérieure et supérieure, la crête des os des iles et des branches du pubis; relevez le lambeau sur la poitrine; notcz l'état des divers organes, du péritoine, des matières liquides qu'il peut contenir, et qu'on recueille dans un vase à l'aide d'éponges bien propres ou d'une petite secoupe. Enveloppez d'une compresse assez large et fixez à l'aide de deux ligatures les portions du tube intestinal qui seraient perforées. Examinez le foie, la rate, la vessie, les reins, le vagin, la matrice. Divisez le diaphragme; liez à leur terminaison inférieure l'œsophage, l'estomac, les petits et les gros intestins; détachez tout le tube intestinal; étendez-le sur une table ou sur une planche bien propres; incisez longitudinalement et successivement chacune de ces parties, pour en observer les altérations pathologiques et les matières qu'elles contiennent. Enfin, examinez le sang des gros vaisseaux artériels et veineux de la poitrine, de l'abdomen et des membres; s'il était nécessaire de le recueillir liez les vaisseaux avant de les isoler des organes.

4o Examen de la moelle épinière. - Retournez le corps et placez sous l'abdomen un billot ou pavé, afin de rendre le dos bombé: incisez profondément les muscles des gouttières vertébrales, depuis l'occiput jusqu'au sacrum; divisez avec une scie convexe ou un rachitome les lames vertébrales aussi près que possible des apophyses transverses;

enlevez les portions qui ont été sciées; incisez longitudinalement la dure-mère, et, après avoir examiné en place la moelle épinière, ses membranes, coupez les racines antérieures et postérieures des nerfs, pour l'enlever en totalité et l'examiner dans chacune de ses parties.

Dans les autopsies toxicologiques, l'examen porte habituellement sur le tube intestinal, les organes abdominaux et thoraciques. On peut s'en tenir à ces parties lorsqu'elles offrent des lésions suffisantes pour expliquer la mort. Dans tout autre cas, surtout lorsque le malade a présenté des symptômes narcotiques, convulsifs ou tétaniques, l'examen du système nerveux est nécessaire. Il faut aussi ne pas négliger les organes génitaux dans les cas d'empoisonnements par le vagin, d'avortement attribué à l'ingestion des substances abortives, l'état des parties externes, des seins, etc., sur lesquelles le poison a été appliqué. Après l'autopsie, les organes ou partics d'organes qui ne doivent pas être soumis à l'analyse, seront placés en leur lieu et place, et le corps exactement renfermé dans le cercueil.

EXHUMATIONS.

:

Il est inutile de faire ressortir l'utilité des exhumations juridiques, puisque le poison a été décélé dans le détritus, les os du cadavre après plusieurs années d'inhumation. Aux assises de la Haute-Vienne, un des coupables ayant révélé le crime après dix ans, le squelette de la victime donna de l'arsenic on n'en retira pas d'un autre squelette placé à côté. Aux assises de la Meurthe, 1854, après seize ans d'inhumation, par le procédé de carbonisation sulfurique, MM. Braconnot, Blondlot et Simonin ont retiré l'arsenic 1° des débris osseux et graisseux d'un cadavre, disséminés dans la terre; 2° de 200 gram. du cerveau d'un autre. La terre du cimetière n'était pas arsénicale. Ils ont cassé la partie du tube sur laquelle était condensé l'arsenic et constaté sur les fragments, sa volatilisation, son odeur alliacée, les réactions par l'hypochlorite de soude, par l'acide azotique et l'azotate d'argent. On procède à l'exhumation de la manière suivante :

4° Faire circonscrire le lieu de la sépulture par quatre tranchées parallèles, en notant au fur et à mesure la nature du

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