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dans des vases de ce métal. Lorsque Geoffroy, en 1738, annonça la présence de l'arsenic dans l'étain, et que Margaff dit en avoir retiré 119e (dose énorme), on se défia de l'innocuité de l'étain sans cependant cesser de l'employer. Bayen et Charlard, afin d'éclairer le gouvernement à cet égard, entreprirent une série d'expériences, consignées dans leur excellent ouvrage. Il résulte de ce travail 1° que l'étain de l'Inde, ou de Banca et de Malaca n'est point arsenical; fait qui a été infirmé par M. Chevalier; 2o que l'étain d'Angleterre contient environ 11775e d'arsenic; 30 que des chiens, des chats auxquels ils ont fait prendre de l'étain allié avec 1116° d'arsenic, quantité qui le rend cassant, n'éprouvaient aucun accident; 30 qu'un plat d'étain dont ils se sont servis tous les jours pendant un mois, perdait en poids environ 3 grains, ce qui fait 1/5,700 d'arsenic entraîné; 4° qu'enfin, l'étain peut servir sans inconvénient aux usages économiques. Bayen et Charlard attaquaient l'étain par l'acide chlorhydrique et tenaient compte seulement de la quantité d'arsenic renfermé dans la poudre noire qui se dépose. Proust, en 1798, a démontré que, pendant cette opération, il se dégageait aussi du gaz hydrogène arsenié. Quoique la quantité d'arsenic soit plus forte que ne l'ont trouvée Bayen et Charlard, cela n'infirme point leurs conclusions. L'étain allié avec le plomb forme la soudure des plombiers; avec le fer, le fer-blanc; avec le cuivre, le bronze, le métal de cloche; avec le mercure, l'amalgage pour mettre les glaces au tein. Il sert à étamer les ustensiles, les estagnons en cuivre, à composer, avec les oxydes, la potée d'étain. Les chlorures sont employés dans la teinture en cochenille. Le bisulfure d'étain était usité comme vermifuge à la dose de 4 à 8 grammes par Swediaur.

Traitement. Le même que pour les poisons minéraux. Le lait, d'après M. Orfila, serait le contre-poison des chlorures, des oxydes d'étain, parce que 1o 36 gram. d'un composé solide, obtenu en précipitant le proto-chlorure par suffisante quantité de lait, est sans action sur les chiens; 2o que 3 gram. de protochlorure dissous, ingéré dans l'estomac avec 400 gram. de lait,. (œsophage lié), le chien n'a succombé que le 5e jour dans un

état de langueur, sans présenter de lésion de la muqueuse. Un autre chien chez lequel on a remplacé le lait par la même quantité d'eau est mort le lendemain avec inflammation de l'estomac ; d'où M. Orfila conclut que le lait agit par sa partie solide. A défaut de lait on.donnerait des boissons mucilagineuses, abulmineuses.

EMPOISONNEMENT PAR LES PRÉPARATIONS MERCURIELLES.

Les mercuriaux intéressent le toxicologiste, non-seulement comme poisons proprement dits, mais encore, parce qu'étant employés comme médicaments ou dans les arts, il peuvent donner lieu à des accidents plus ou moins graves, à une intoxication spéciale, l'hydrargyrie. Le mercure, les oxydes, les chlorures, les iodures, les sulfures, les bromures, les cyanures, les sulfates, les nitrates sont les préparations les plus importantes; mais c'est surtout le sublimé corrosif qui demande une étude spéciale

BICHLORURE DE MERCURE. CHLORIDE MERCURIQUE.

Le sublimé corrosif, muriate de mercure, muriate suroxygéné de mercure, etc., peut être 1° à l'état solide; 20 dissous; 5o mêlé ou combiné avec les matières organiques, le tube intestinal; 40 absorbé et décélé dans le foie, la rate, les urines, etc.

A. Bichlorure de mercure solide. Comme il s'obtient par sublimation, il est en pain ou calottes blanches, convexes et lisses d'un côté, concaves et cristallines de l'autre. Mais en général dans les pharmacies on les donne en morceaux friables, d'un aspect cristallin, ou en poudre blanche très-pesante, inodore, d'une saveur âcre, styptique, cuivreuse.

Caract. chim. 1o Déposé sur un charbon ardent, il se vaporise complétement en vapeurs blanches qui se condensent en poudre de même couleur sur une lame de cuivre décapée et lui donnent un aspect argentin par le frottement. On peut constater ce dernier caractère directement avec du sublimé en poudre. 2o Mêlé avec de la potasse ou du flux noir et chauffé dans un

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tube de verre, avec les précautions que nous avons indiquées pour l'acide arsénieux, page 294, il se décompose en chlorure de potassium qui reste au fond du tube, et en mercure qui se condense sur les parois en petits globules, brillants, miroi. tants, visibles à la vue simple ou à la loupe, lesquels, rapprochés avec la barbe d'une plume, forment des globules plus gros, trèsmobiles et caractéristiques. Le chlorure de potassium dissous dans l'eau, donne, par le nitrate d'argent, un précipité blanc, cailleboté (chlorure d'argent), dont les caractères sont connus. Cette expérience est capitale, puisqu'on peut réduire ainsi toute préparation mercurielle. Elle indique qu'on a opéré sur un chlorure de mercure, et même sur le sublimé, si, à cette réaction, on joint sa saveur, sa solubilité dans l'eau, caractères que ne possède point le proto-chlorure. Il faut se servir de la potasse ou du flux noir préalablement desséchés, opérer le mélange dans un mortier bien sec et chaud, et l'introduire immédiatement après dans le tube. Sans cette précaution, le mélange se réduirait en pâte, et il serait difficile de le détacher totalement. La décomposition est plus complète avec le flux noir. Lorsqu'on opère sur une petite quantité de sublimé, on pousse le mercure dans la partie effilée du tube, en chauffant celui-ci progressivement de bas en haut, et si les globules ne sont visibles qu'à la loupe, il importe de ne pas prendre pour tels de petits globules incrustés dans les parois du tube, par conséquent il faut choisir un tube en verre très-homogène et préa lablement examiné à la loupe.

B.-Chlorure de mercure dissous. Le sublimé en poudre, projeté sur l'eau ou tout autre liquide, se dépose et surnage en partie, surtout s'il est en poudre fine, et ce n'est que par une agitation un peu prolongée qu'il se dépose ou se dissout complétement. Il est soluble dans environ douze à seize part. d'eau froide, trois part. d'eau bouillante, sept part. d'alcool et trois part. d'éther. Le soluté est incolore, limpide, d'une saveur âcre, caustique, rougit faiblement le papier tournesol, et offre les réactions suivantes.

1o Acide sulfhydrique, sulfhydrates alcalins; précipité

jaune brunâtre d'abord, qui, passe promptement au noir (sulfure de mercure mêlé de soufre); ces nuances dépendent dé lá quantité de soufre qui se dépose. Le précipité est immédiatement noir, si l'on verse le réactif en excès. La réaction s'arrête à 1/60,000.

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2o Potassé. Carbonate de potasse. Eau de chaux ; — donnent un précipité jaune-rougeâtre ou rouge brique (bioxyde ou sous-oxychlorure de mercure), selon lá quantité de réactif. La réaction s'arrête, avec le premier à 1/6,000; avec le deuxièmé à 1/7,000; avec le troisième à 1/4,000.

3o Ammoniaque. Précipité blanc (bioxyde et chlorure ammoniacal de mercure), il s'arrête à 1/36,000.

4° Iodure de potassium. Précipité jáune-rosé, puis rougecarmin, soluble et décolorable dans un excès de réactif. I s'arrête à 1/8,000.

5° Cyanure jaune de potassium et de fer. Précipité blanc (cyano-ferrure de mercure), qui passe au bleu lorsque le sublimé contient des sels de fer, ce qui est très-fréquent. Il s'arrête à 1/1500.

Co Proto-chlorure d'étain. Versé peu à peu dans un soluté de proto-chlorure d'étain, préalablement acidulé par l'acide chlorhydrique, le sublimé formé une précipité blanc-sale, qui passe au gris-brun, puis au noir. Ce précipité est composé de proto-chlorure de mercure et de mercure visible à la loupe, et laisse dégager ce métal, lorsqu'il est chauffé avec du flux noir dans un tube à réduction. Ce réactif s'arrête à 1/100,000.

80 Pile de Smithson. Elle est composée d'une petite lamelle d'or et d'étain, de 67 mill. (deux pouces et demi) de longueur et 12 mill. (demi pouce) de large, appliquées l'une contre l'äutre, et contournées en spirale de manière à ce que la lame d'or soit en dehors. Plongée dans une dissolution de sublimé, préalablement acidulée par l'acide chlorhydrique, la lame d'or, après un temps plus ou moins long, blanchit ou se couvre de mercure à sa face externe. Ainsi argentée, desséchée, et chauffée dans un tube à réduction, page 294, il se sublimé de mercure en globubes dans la partie effilée du tube. Afin de ne pas

perdre de mercure, il convient mieux de chauffer le petit appareil. Ce réactif s'arrête à 1/80,000. L'aspect argentin de la lame d'or est un caractère insuffisant pour affirmer qu'il y a du miercure, parce qu cette couleur peut lui être communiquée par l'étain, lorsqu'on opère avec des liqueurs acides. A la vérité, alors, c'est la face correspondante à l'étain qui est colorée, et la couleur ne disparaît pas par la chaleur et disparaît au contraire par l'acide chlorhydrique, tandis que ces résultats sont inverses avec le mercure. Mais l'extraction des globules dé mêrcure est la preuve la seule certaine. Le chlore se porte au pôle positif ou sur l'étain et le mercure au pôle négatif ou sur l'or.

90 Cuivre. Depuis longtemps dans nos cours, nous substituons à la pilé de Smithson de petites lames de cuivre bien décapées. Le cuivre perd son aspect métallique, se couvre d'une couché gris-argentin ou gris-noirâtre. Lavées à l'eau distillée, desséchées au papier Joseph, ces lames blanchissent par le frottement et donnent du mercure dans le tube à réduction. M. Orfila préfère aussi le cuivre à la pile de Smithson, comme réactif aussi délicat et plus commode. La couche de mercure est quelquefois mêlée à de l'oxyde ou de l'oxychlorure de cuivre; comme ces corps pourraient altérer les résultats ét donner une couche verdåtre pendant la sublimation du mercure, M. Orfila conseille dé traiter avant ces lames par de l'eau étendue de 1 à 2 gouttes d'ammoniaque ou d'acide hydrochlorique, afin de dissoudre l'oxyde de cuivre. Il se forme quelquefois, pendant l'immersion des lames de cuivre dans le soluté de sublimé corrosif, un dépôt gris-noirâtre (proto-chlorure et amalgamé de cuivre, Orfila), qu'il faut recueillir, dessécher, et chauffer dans un tube à réduction avec du flux noir, pour en extraire le mercuré. Une goutte de soluté de sublimé, versée sur une lame de cuivre, la noircit, et la partie tachée s'argente par le frottement.

100 Pour décéler la présence du chlore, il faut verser le ni trate d'argent en excès, afin de décomposer complétement le sublimé. On obtient un précipité blanc caractéristique de chlorure d'argent.

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