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leur surface de manière à enlever une couche d'étain métallique, et on soumet la partie grattée à la sublimation dans un tube comme les lames d'or, etc. Quant aux dépôts des parties liquides, aux matières molles, M. Devergie les attaque directement par le chlore, sans les dissoudre préalablement dans l'acide chlorhydrique. Il agit de même sur toutes les matières organiques à l'état de dissolution ou de suspension dans un liquide. Avant de soumettre le tube intestinal à l'analyse, il faut examiner à l'œil nu ou à la loupe si sur la muqueuse n'existent pas, soit des taches grisâtres qu'on séparerait pour les analyser séparément, soit du protochlorure de mercure qui aurait été administré en cet état. M. Devergie a obtenu, par ce procédé, d'une tache grisâtre provenant de l'estomac d'un chien empoisonné par 60 centigr. (12 grains) de sublimé, de 54 millim. (2 pouces) carrés et bien lavés, comparativement 10 fois plus de mercure que par le chlore seul, autrefois usité par M. Orfila, même en agissant sur les matières préalablement traitées par ce dernier procédé.

M. Orfila remplace l'acide chlorhydrique par l'eau régale. Il chauffe les matières organiques à une douce chaleur pendant deux heures avec ce dernier acide, composé de trois parties d'acide chlorhydrique et une partie d'acide azotique purs et concentrés; fait passer à travers un courant de chlore pendant deux heures ; laisse réagir le chlore jusqu'au lendemain ; filtre; évapore les liqueurs au bain-marie jusqu'a presque-siccité; délaye le résidu dans 40 grammes d'eau distillée; immerge dans le liquide des lamelles de cuivre bien décapé; les lave à l'eau ammoniacale pour dissoudre le sel cuivrique, ainsi que la matière grasse dont elles sont couvertes quelquefois; et après les avoir desséchées au papier joseph, il en retire le mercure par sublimation (page 519). Il dit ce procédé plus délicat que celui de M. Devergie, et moins sujet à fournir de la matière grasse, qui, en général, complique l'opération.

D'après Christison, le procédé de M. Devergie est commode, exact, préférable au chlore seul; mais il pourrait offrir des doutes s'il était généralisé. Il est moins appli

cable aux substances végétales qu'aux substances animales. Nous avons expérimenté par le chlore seul, par le chlore et les acides chlorhydrique ou chloronitrique et nous avons remarqué que, par le premier procédé, lorsqu'on avait le soin de broyer préalablement les matières dans un mortier, seules ou avec du sable ou du verre lavé, et de prolonger ensuite le contact de chlore pendant douze, vingt-quatre heures, comme l'in dique M. Jacquelain pour les préparations arsenicales, p. 465; les résultats étaient aussi délicats et même plus nets que par le procédé de M. Orfila. En effet, dans ce dernier cas, il se forme bien plus de matière grasse, et quand on fait passer le courant de chlore, celle-ci adhère au tube et empêche le dégagement de gaz. Ensuite, comme il faut concentrer d'avantage les liqueurs pour dégager l'excès d'acide, on s'expose à perdre le sublimé, et si on ne les évapore pas jusqu'à siccité, les acides attaquent les lamelles de cuivre, ce qui complique, altère un peu la netteté des résultats; tandis qu'avec le chlore seul, la couche de mercure est presque pure, d'un aspect gris-blanchâtre, et les liqueurs ne se colorent pas en vert.

Procédé Christison. Les matières suspectes étant séparées des feuilles et autres parties fibreuses, faites-les bouillir avec une dissolution de protochlorure d'étain; celui-ci passe à l'état de bichlorure, en se combinant avec le chlore du sublimé, et le mercure mis à nu et divisé communique une couleur grisâtre au mélange. Jetez le tout sur un filtre; enlevez avec précaution le produit resté sur le filtre, et, avant qu'il soit complétement desséché, faites-le bouillir dans une dissolution modérement concentrée de potasse, jusqu'à ce que la matière organique soit dissoute; maintenez la liqueur, pèndant quinze ou vingt minutes, à une température au-dessous de l'ébullition. Le mercure se dépose sous forme de poudre grisâtre qu'on sépare par décantation, et dans laquelle on peut distinguer quelquefois à l'œil nu ou à la loupé des globules mercuriel. On introduit ce dépôt dans un tube à réduction, et, après l'avoir lavé jusqu'à ce que l'eau de lavage ne soit plus alcaline et l'avoir desséché, on en retire le mercure par sublimation.

Ce procédé, d'après M. Devergie, serait moins délicat que le sien et non préférable, parce qu'il exige des opérations multiples; que le dépôt mercuriel qui n'est pas toujours exempt de matières organiques, donne, pendant la sublimation, des produits empyreumatiques qui altèrent la transparence du tube et masquent les caractères des globules mercuriels ; qu'ensuite, la portion de sublimé combinée avec les matières solides, les tissus, doit échapper à l'action du chlorure d'étain. On pourrait obvier à ce dernier inconvénient en ramollissant préalablement les matières dans l'acide chlorhydrique à une légère chaleur.

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Procédé de M. Lassaigne. Comme le composé formé par le sublimé et les matières organiques est soluble dans les chlorures alcalins, ce chimiste ajoute par parties et agite les ma-tières suspectes encore humides, à froid et pendant 1/4 d'heure, dans une solution saturée de chlorure de sodium; filtre; mêle les liqueurs avec leur volume d'éther, en remuant assez fortement avec une baguette de verre, pendant 8 à 10 minutes. Let mélange se sépare en deux couches: la supérieure contient la majeure partie de l'éther, du sublimé, du chlorure de sodium et quelques flocons albumineux; après l'avoir séparée et filtrée, on l'évapore à une douce chaleur, et on constate les réactions par la potasse, l'acide sulfhydrique, la lame de cuivre, etc. De l'estomac bien lavé d'un chien empoisonné par le sublimé, M. Lassaigne n'a pu en retirer du mercure par son procédé, tandis que M. Orfila, en a obtenu par le sien. Il est certain qu'on doit perdre beaucoup de ce poison, car l'éther ne l'enlève pas complétement aux matières organiques.

Procédé de Reinch. (Voyez page 469). Ce procédé serait sans doute applicable à la recherche du sublimé dans les matières organiques, puisque M. Nicole, pharmacien à Dieppe, étant appelé, aux assises de Rouen, à démontrer si une omelette contenait de ce poison, a obtenu des résultats affirmatifs, en délayant un peu de l'omelette dans de l'eau aiguisée d'acide chlorhydrique et y plongeant une pile de Smithson. Il a répété cette expérience 10 fois avec le même succès. Il conseille ce moyen simple et ingénieux pour décéler tous les sels mer

curiels dans les matières organiques. Nous approuvons le conseil de M. Nicole, et rien ne s'oppose à ce qu'on essaie sur une petite partie de matière suspecte. La lame de cuivre proposée par Reinch et déjà employée bien avant lui, à la manière de M. Nicole, peut remplacer la pile de Smithson.

Enfin, M. Luneau, propose la carbonisation par l'acide sulfurique des matières suspectes dans des vaisseaux fermés; mais, comme ce procédé, adopté par M. Orfila, s'applique surtout au sublimé absorbé, nous le décrirons ci-après.

Sublimé corrosif ABSORBÉ. L'absorption des mercuriaux a été admise de tous temps, mais elle n'avait point encore été prouvée chimiquement, ou plutôt, les résultats des expériences sur les animaux, des observations chez l'homme étaient trèscontradictoires. Voici les trois ordres de faits sur lesquels on s'appuyait: 1° la présence de globules mercuriels dans les organes, les liquides; 2. le blanchiment des pièces d'or, de cuivre par les liquides, les tissus; 5o l'analyse chimique. Les faits du premier ordre sont très nombreux: Fallope, Brassavole, Fernel, etc., ont trouvé du mercure en globules dans les ventricules du cerveau; Marchand, dans le cerveau; Rhodius, dans les capsules synoviales; Moulin, dans les plèvres; Vieussens, dans les humeurs de l'œil; Mead, dans le tissu cellulaire du périnée; Brachmann, au-devant du sternum; Fallope, dans une phlyctène, au-devant du tibia; Jourdan, dans le sédiment des urines; Dumeril, dans les diverses parties du corps. Enfin, on a trouvé aussi ce métal infiltré dans les os du crâne, du bassin, du tibia, etc. Les faits du second ordre sont moins nombreux et plus contestés. D'après Walter Pope, une personne qui ne travaillait plus depuis six mois aux mines de mercure, blanchissait encore une pièce de cuivre en la frottant avec les doigts. Dumeril a observé aussi le blanchiment des bagues, des bijoux en or, chez les personnes soumises à un traitement mercuricl. Ce fait cependant n'a pas été vérifié chez les filles publiques à l'hôpital des vénériens. Une pièce d'or, placée dans la bouche d'une personne affectée de salivation mercurielle, serait blanchie d'a

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près Fallope. M. Devergie a laissé dans la bouche d'une femme qui avait une salivation abondante, une pièce de 20 francs en or, depuis 7 heures du matin jusqu'à 7 heures du soir, en a déposé une autre dans la salive, et ces deux pièces n'ont pas changé de couleur. D'après Colson, le sang des personnes traitées par l'onguent mercuriel, par le sublimé, blauchirait les plateaux, les lames en cuivre. M. Devergie, qui a répété ces expériences, a obtenu des résultats négatifs. Mêmes contradictions quant aux analyses chimiques. Zeller, Buchner, Schubart disent avoir retiré du mercure de la salive, du sang, de la bile, des urines des animaux empoisonnés par le sublimé; tandis que Bergmann, Klaproth, Meisner, Schweigger, etc., ont obtenu des résultats contraires. Cantu a retiré de 60 livres d'urine des syphilitiques plus de 20 grains de mercure. M. Orfila, par le même procédé, est arrivé à des résultats différents. Le professeur Piket, Schubart ont obtenu du mercure, par la distillation, le premier, du cerveau d'un malade soumis pendant longtemps à l'usage du sublimé, et le second, du sang d'un cheval frictionné pendant 29 jours avec l'onguent mercuriel. Christison, par son procédé, n'a pu retirer du mercure du sang, des organes d'un lapin intoxiqué par le sublimé. M. Devergie a analysé aussi, sans plus de succès, par le procédé du chlore, le sang, la salive et 10 litres d'urines des personnes soumises à l'usage des pilules mercurielles ou du sublimé. M. Peligot n'a pu déceler non plus le mercure dans le lait d'une ânesse à laquelle il donnait de ce poison.

Tel était l'état de la question, lorsque M. Orfila s'est livré à quelques expériences pour la résoudre. Il a empoisonné des chiens avec 2, 4, 8 gram. de sublimé dissous, a lié l'œsophage et la verge, les a tués 2 heures après, et a retiré du mercure du foie, par le procédé du chlore et de l'eau régale, et surtout, par le procédé de carbonisation par l'acide sulfurique. Mêmes résultats avec un chien auquel il a donné 5 centigr. de sublimé et qu'il a tué 30 heures après. Les résultats ont été douteux ou négatifs en opérant sur 230 gram. de sang tiré de la veine, 20 minutes, 2 heures après l'intoxication. L'urine a

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