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terrain, sa plus ou moins grande perméabilité; recueillir audessus et tout autour 2 à 4 kilogr. de terre; constater sa position, son état de conservation; l'enlever avec précaution et la déposer sur une table préalablement dressée dans le lieu le plus élevé, le plus aéré du cimetière. Enfin prendre 2 autres kilogrammes de terre au-dessous de la bière et dans un endroit éloigné où il n'y a pas eu de sépulture. Ces diverses portions de terre sont renfermées dans autant de vases distincts, étiquetés, scellés, numérotés, etc.

2° Après avoir constaté l'état des planches, de la serpilière, des vêtements, en avoir déposé quelques fragments dans un vase, surtout les parties humides salies par les matières des ouvertures naturelles, reconnu l'identité et constaté l'état extérieur du corps, le degré de putréfaction, on procède à l'autopsie comme il est dit page 52.

3o Si la bière est effondrée, en partie détruite, ainsi que les vêtements, si enfin les parties molles du corps ne forment qu'une sorte de détritus, de cambouis, de manière à ne pouvoir distinguer les organes les uns des autres, il faut recueillir séparément dans la fosse même les portions de bière, de vêtements, du détritus correspondant à chaque région du corps, de l'abdomen, du bassin, de la poitrine, de la tête, même les os, surtout les grosses extrémités de l'humérus, du fémur, et les renfermer dans autant de vases.

4° Lorsque les matières sont en pleine décomposition, dans les cas d'autopsie, d'exhumation, même d'analyse, il y a quelques précautions à prendre pour être le moins incommodé que possible : 1° y procéder le matin, si c'est en été, après avoir pris quelques aliments ou boissons toniques stimulantes; 2° les faire dans un lieu bien aéré, de manière à ce que le vent puisse emporter les matières gazeuses; on pourrait établir une espèce de ventilation, à l'aide d'un fourneau allumé, muni d'un tuyau · d'appel, qui plongerait dans la fosse ou l'air méphitique, comme nous l'indiquons pour le curage des égoûts, tom. II : précaution indispensable, dans une fosse commune; 3° se munir de

quelques kilogrammes d'hypochlorite de chaux sec, en dissoudre environ 32 gram. par kilogr. d'eau, soluté avec lequel on arroserait le sol, on se laverait les mains par intervalles. On pourrait en suspendre un petit flacon au cou. Des capsules d'hypochlorite, légèrement humecté, seraient déposées sur la table. Dans les exhumations, les fossoyeurs doivent se remplacer ou suspendre de temps en temps le travail. Avec ces précautions on peut les faire sans être incommodé. Dans les cas d'autopsie chez les noyés elles ne remplissent qu'incomplétement le but; d'après M. Devergie, l'odeur du chlore, associée à celle des matières gazeuses, n'en est que plus désagréables. Dans tous les cas, il importe de donner préalablement issue aux gaz condensés dans les cavités du corps, dans les vases, etc.

ALTÉRATIONS CADAVÉRIQUES SPONTANÉES.

Dans la toxicologie générale et le cours de ce traité, nous donnons les caractères distinctifs entre les divers états morbides et les empoisonnements. Cet article sera consacré aux altérations cadavériques et spontanées qui peuvent donner lieu aux mêmes erreurs. Malheureusement la science est fort peu avancée à cet égard, surtout lorsque le cadavre est en putréfaction. Cependant, en ayant égard aux circonstances antérieures, aux caractères physiques des lésions, à leur siége, aux modifications de structure, comparativement à celle des tissus continus ou contigus, on peut arriver, si ce n'est à une certitude complète, du moins à des données plus ou moins probantes. Après la cessation de la vie, les liquides, le sang, tendent à s'infiltrer dans les tissus, à se porter vers les parties les plus déclives, à y produire des hypostases, des colorations sanguines, des lividités cadavériques, etc.

LIVIDITÉS CADAVÉRIQUES. Sur les tissus membraneux, ce sont des taches violacées, lie de vin, brunes ou noires, de forme et d'étendue variables. Celles de la peau occupent le tissu

muqueux. La couleur noire du réseau capillaire contraste avec la décoloration de l'épiderme et du derme, et, à la pression, le sang s'en écoule par gouttelettes. Elles prennent le nom de vergetures lorsqu'elles sont sillonnées de lignes blanches, dues à ce que, comprimées par les aspérités du sol, des vêtements, le sang n'a pu s'y épancher. Les lividités du tube intestinal siégent aussi sur les parties les plus déclives, en occupent toute l'épaisseur; leur couleur contraste avec celle des autres parties, qui, quelquefois, sont exsangues. Leur circonférence est parfaitement limitée; elle n'offrent ni l'aspect arborisé, capilliforme, pointillé, piqueté, strié, ni les modifications de texture, la congestion des vaisseaux que présentent les lésions résultant de l'action d'un poison.

Le cœur, les gros vaisseaux, le canal de l'urètre et autres conduits muqueux, les portions du tube intestinal en contact avec le foie, la rate ramollis, peuvent présenter des hypostases sanguines, des colorations dues aussi à des phénomènes d'imbibition, car elles se produisent artificiellement avec le sang. Elles se distinguent aux mêmes caractères des congestions actives. La vésicule biliaire, la bile peuvent colorer en jaune le tube intestinal, en imposer pour des taches d'iode, d'acide azotique.

Les organes parenchymateux (poumons, foie, rate, reins, etc.) offrent souvent dans leurs parties déclives des hypostases sanguines; comme le sang n'y est qu'épanché, la texture de l'organe n'est pas altérée, et on peut l'en séparer par des lavages: en, ce cas, il serait peut-être possible de les confondre avec celles qui résultent de la liquéfaction du sang dans la dernière période de l'empoisonnement, si celles-ci n'offraient un caractère plus général par leur siége, leur étendue, etc. L'état congestionnel produit par les gaz asphyxiants, les narcotiques, est aussi moins limité et il y a plénitude des vaisseaux. Dans les cas de phlegmasie, le sang est en quelque sorte combiné avec les tissus, qui sont comme hépatisés, et on ne peut l'en séparer par les lavages.

RAMOLLISSEMENTS PULTACE ET GELATINEUX. Le premier est ordinairement spontané, sans symptômes appréciables pendant la vie, s'observe surtout chez l'adulte, est plus fréquent en été qu'en hiver, siége sur la muqueuse de la partie splénique de l'estomac, laquelle est réduite en une pulpe brunâtre, sans épaississement des parois (M. Cruveilhier). Le ramollissement gélatineux peut dépendre d'un travail morbide, se manifester pendant la vie, par des vomissements bilieux, muqueux, avec constipation, soif, assoupissement, amaigrissement rapide, s'il siége à l'estomac; avec diarrhée et sans vomissement, si c'est à l'intestin; alors il occupe les diverses portions du tube intestinal, offre des traces 'd'arborisations, de phlegmasie, consiste dans l'infiltration d'une matière molle entre les fibres des tissus, qu'il transforme en une gélatine transparente. Lorsqu'il est spontané, il siége dans les parties les plus déclives, qui sont plus épaisses, réduites en une espèce de matière gélatiniforme, sans traces de travail phlegmasique, Il peut envahir la totalité de l'estomac, de l'intestin, sans manifestation pendant la vie. Ces deux genres de lésions sont excessivement rares dans l'empoisonnement. Nous les avons notées seulement avec l'acide oxa.lique sur les animaux, et encore lorsque l'autopsie était différée. Dans une expertise légale, à Riom, les experts ont trouvé une portion de l'estomac gélatinisée, et n'ont pas voulu se prononcer si la lésion était cadavérique ou due à l'arsenic. Lorsque le ramollissement est le résultat de la putréfaction, il est rare que les diverses parties de l'organe ne soient pas aussi envahies.

Des perforations, des ulcérations dépendant soit d'un travail phlegmasique, par conséquent à manifestation symptô– matique, soit spontanées ou sans symptômes évidents, soit succédant aux ramollissements précédents, peuvent siéger sur les diverses parties du tube intestinal. Le caractère des lésions, le travail phlegmasique, la congestion des vaisseaux, les colorations spéciales, etc., qui accompagnent les perforations, les

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ulcérations déterminées par les poisons, leur forme spéciale, serviront à établir le diagnostic.

Enfin des gaz résultant de l'altération spontanée des aliments, des liquides, des tissus, peuvent se développer soit dans le tube intestinal, en chasser les matières dans le pharynx et faire supposer la mort par asphyxie; soit dans les organes et les rendre emphysémateux; soit dans les gros vaisseaux, rendre le sang mousseux comme dans l'empoisonnement par les anesthésiques; ou bien en expulsant ce liquide du cœur, des gros vaisseaux, produire dans les organes des hypostases, des colorations, des arborisations qu'on pourrait attribuer à l'action du poison.

Il suffit d'avoir signalé ces diverses altérations cadavériques et spontanées, leurs caractères spéciaux, pour éviter ces causes d'erreur. Dans les cas douteux, l'analyse doit toujours intervenir.

LÉGISLATION RELATIVE

1o A l'empoisonnement.

Cod. pén., art. 301. Est qualifié empoisonnement tout attentat à la vie d'une personne, par l'effet des substances qui peuvent donner la mort plus ou moins promptement, de quelque manière que ces substances aient été employées ou administrées, et quelles qu'en aient été les suites,

Cod. pén., art. 302. Tout coupable d'assassinat, de parricide, d'infanticide et d'empoisonnement, sera puni de mort.

Cod. pén., art. 317, § 1... § 2... § 3... § 4. Celui qui aura occasionné à autrui une maladie ou incapacité de travail personnel, en lui administrant volontairement, de quelque manière que ce soit, des substances qui, sans être de nature à donner la mort, sont nuisibles à la santé, sera puni d'un emprisonnement d'un mois à cinq ans, et d'une amende de 16 francs à 500 francs; il pourra, de plus, être renvoyé sous la surveillance de la haute police pendant deux ans au moins et dix ans au plus. - § 5. Si la maladie ou incapacité de travail personnel a duré plus de vingt jours, la peine sera celle de la réclusion. 86. Si le coupable a commis, soit le délit, soit le crime spécifié aux deux paragraphes ci-dessus, envers un des ascendants, tels qu'ils sont désignés en l'art. 312, il sera puni, au premier cas, de la réclusion, et au second cas, des travaux forcés à temps,

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20 Aux certificats.

Art. 434. Cod. Nap. Tout individu atteint d'une infirmité grave et dûment justifiée, est dispensé de la tutelle; il pourra même s'en faire décharger, si cette infirmité est survenue depuis sa nomination.

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