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comme remplissant plus immédiatement le but et plus faciles à 'se procurer. Ils pourraient, à la rigueur, être remplacés par le lait, le bouillon, les liquides mucilagineux, donnés en abondance. Deux cents malades de l'hôpital des vénériens prirent, par erreur du pharmacien, une plus grande quantité de săblimé que ne l'indiquait la prescription. Tous éprouvèrent des douleurs épigastriques et abdominales déchirantes, des vomissements copieux avec constriction à la gorgé. Cullerier leur administra sur-le-champ une grande quantité de lait, des boissons mucilagineuses, et d'eau tiède (7 à 8 litres à chacun, en 7 à 8 heures). Ces symptômes se dissipèrent en ce laps de temps, et tous furent sauvés. Douze conservèrent des douleurs épigastriques pendant 15 jours. Le fer, le zinc, l'or seraient certainement les meilleurs contre-poisons, parce qu'ils précipitent le mercure à l'état de métal ou inerte; mais la difficulté de se les procurer de suite, de les administrer de manière à "ce qu'ils soient bien suspendus dans les véhicules, s'opposeront le plus souvent à leur emploi. Dans un empoisonnement aussi grave, ce serait perdre un temps bien précieux que d'attendre, que de rester dans l'inaction.

CARACTÈRES ET EFFETS DES AUTRES MERCURIAUX.

Les préparations mercurielles, autres que le sublimé, sont bien rarement employées comme toxiques, et la science ne possède que quelques observations d'empoisonnement par les nitrates, le bi-oxyde, le proto-chlorure et le cyanure de mercure; eucore est-ce par suicide, par imprudence ou par erreur. Nous n'entendons pas parler de l'hydrargyrie, des effets spéciaux, auxquels nous consacrerons un article à part aux faits pratiques.

10 Mercure. Vif-ARGENT. Métal liquide, blanc-gris-bleuâtre avec reflet métallique; inaltérable à l'air, il s'y bi-oxyde dans un espace circonscrit, à une chaleur très-prolongée. Volatil à toutes les températures, il bout et se vaporise complétement à 360o. Insoluble dans l'eau, il paraît cependant communiquer

à ce liquide, par ébullition, des propriétés toxiques pour les helmintes. Insoluble dans l'alcool, l'éther, les huiles, il se divise dans les corps gras, visqueux, oléo-résineux et leur donne une couleur gris-bleuâtre. Attaque à froid par l'acide azotique, l'eau régale, et à chaud par l'acide sulfurique, il forme des proto ou des deuto-sels.

Considéré comme poison par les anciens, le mercure n'agit comme tel qu'à l'état de vapeur, ou par un contact plus ou moins prolongé avec nos organes, autrement dit lorsqu'il est absorbé. Dans le dernier siècle, on le donnait à la dose de 120 à 500 grammes et plus, même pendant plusieurs jours, dans les cas de volvulus, de hernie étranglée, de coliques, de constipation opiniâtre, pour dissoudre, entraîner les pièces de monnaie engagées dans le tube intestinal, sans accident, lorsqu'il était rendu par les selles; mais, à l'état de vapeur, par un séjour assez prolongé sur la peau, dans le tube intestinal (5 à 7 jours), il peut développer tous les accidents de l'hydrargyrie, des tremblements, la paralysie, etc. (voyez Faits pratiques). Il n'est point irritant local.

2o PROTO ET BI-OXYDE DE MERCURE. L'oxyde noir, considéré comme un proto, est un mélange de bi-oxyde et de mercure visible à la loupe. Le bi-oxyde anhydre, précipité rouge, est en poudre écailleuse, rougeâtre, et jaune-rougeâtre lorsqu'il est hydraté. Ces oxydes sont inodores, d'une saveur métallique, un peu solubles dans l'eau. Chauffés dans un tube, ils se décomposent en oxygène, reconnaissable à ce qu'il rallume une bougie en ignition, et en globules de mercure, qui se condensent sur les parois du tube. L'acide chlorhydrique dissout le bi-oxyde et transforme l'oxyde noir en bi-chlorure et en proto-chlorure insoluble.

D'après M. Orfila, le bi-oxyde, à l'état d'hydrate, cst toxique pour les chiens, à la dose d'environ 10 à 20 centigr. 16 grammes de précipité rouge, déposé sur le tissu cellulaire de la cuisse d'un chien, l'intoxiquent en 4 jours et 1/2, sans autre symptôme qu'une faiblesse générale. L'estomac est blafard, livide; la muqueuse rectale, boursouflée, ramollie (Smith).

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Un homme, tourmenté de mal de tête, prend, par mégarde, du précipité rouge: bientôt après, coliques atroces, vomissements considérables, tremblements; sueurs froides (Plouquet). Christison rapporte un cas où il y eut vomissements, stupeur, ralentissement du pouls, sueurs froides, crampes violentes dans les membres, selles, dysurie, et, vers le troisième jour, ptyalisme. Rétablissement. Une demoiselle avale, pour se suicider, une forte dose de précipité rouge : douleurs gastriques et abdominales violentes, fortes coliques, vomissements, selles abondantes, crampes très-douloureuses dans les membres inférieurs, figure grippée, ventre dur, contracté, peau froide, couverte de sueur, etc. Ces accidents cédèrent promptement aux boissons lactées, aux lavements émollients et laudanisés (Devergie). D'après Desbois de Rochefort l'application du précipité à l'extérieur pourrait occasionner des accidents graves.

30 PROTO-CHLORURE DE MERCURE, chloride mercureux, mercure doux, panacée mercurielle, précipité blanc. En morceaux très-p -pesants, lisses d'un côté, cristallins de l'autre ; ou en poudre blanche, blanc jaunâtre, inodore; insipide d'abord, il donne une saveur métallique après quelques instants. Complétement vaporisable sur les charbons en vapeurs blanches, qui, reçues sur une lame de cuivre décapée, l'argentent par frottement. Chauffé dans un tube à réduction avec la potasse ou le flux noir, il donne, comme le sublimé, du mercure en globules et du chlorure de potassium. Les solutés de potasse, de soude, l'ammoniaque le changent en chlorure alcalin, et en oxyde noir. L'acide sulfhydrique le noircit. Enfin il brunit à la lumière solaire et diffuse.

Il règne beaucoup d'incertitude sur les effets du proto-chlorure de mercure, ou plutôt, sur la dose toxique, laquelle, d'ailleurs paraît varier selon l'état morbide, le mode d'administration. Il agit comme purgatif à celle de 50,60 centigr., et peut même être donné comme tel, sans inconvénient, à plus haute dose (Trousseau). Cependant quelquefois il produit des superpurgations, des coliques, etc. Dans le choléra indien, la fièvre jaune, etc., les médecins anglais et américains en ont donné

plusieurs grammes par jour, par prises de 25,50 centigr. (5 à 10 grains), et, dans un cas, 800 grains en 8 jours, sans qu'il ait provoqué ni selles, ni salivation. Or, quelques centigram., selon les idiosyncrasies, peuvent produire ce dernier effet. Nous avons vu une femme être prise d'une salivation abondante, avec fétidité insupportable de l'haleine, après deux prises de calomel de 5 centigr. chaque. Hoffmann cite deux enfants de 12 à 15 ans, intoxiqués par 75 centigr. (15 grains) de calomel; l'un d'eux eut des vomissements, des tremblements, de l'agitation, et succomba le sixième jour; l'autre eut une anxiété extrême et des vomissements noirs. 15 gram. (1/2 once) de calomel, pris accidentellement, ont produit des vomissements, un sentiment de brûlure dans la gorge, vingt selles par jour, une prostration excessive, et la mort en vingt-quatre heures (Ledelius). Chez une femme, 14 drachmes ont donné lieu à des douleurs abdominales aiguës, à des vomissements, à des selles fréquentes, symptômes qui furent combattus par une émulsion mucilagineuse. Survint ensuite une salivation abondante, et la malade se rétablit en trois semaines,

Ces faits démontrent que le proto-chlorure de mercure, quoique insoluble, est toxique; que la dose varie selon le mode d'administration, l'état morbide, les idiosyncrasies; mais, malheureusement, ils sont très-incomplets, et il n'est pas sûr que, dans tous ces cas, on ait employé identiquement le même composé, et, probablement, les effets du proto-chlorure dif- ́ fèrent selon son mode de préparation. Il pourrait bien se faire aussi que dans quelques-uns de ces cas, il fût associé à du sublimé. Une plus forte dose produit quelquefois des accidents moins graves qu'une plus faible, sans doute parce qu'elle est plus promptement expulsée par les selles. M. Orfila, tout en admettant, comme M. Mialhe, que le proto-chlorure est transformé en sublimé (voyez ci-après), croit cependant qu'il peut agir comme toxique, à la dose de quelques grammes, sans qu'il soit nécessaire d'admettre cette transformation.

4° PROTO-ET BI-IODURES DE MERCURE. Iodides mercureux et mercurique. Solides, en poudre floconneuse. Le premier

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est jaune-verdâtre, insoluble dans l'eau, l'alcool, soluble dans l'éther; le second, rouge-carmin, soluble dans les deux derniers véhicules, inodore, d'une saveur âcre, caustique. Chauffés dans un tube avec de la potasse, ils sont transformés en iodure de potassium (voyez ce corps), et en globules mercuriels. Les acides sulfurique, azotique, en dégagent, à chaud, des vapeurs violacées qui bleuissent l'amidon. En raison de leur effet caustique, de leur assez prompte transformation en sublimé, et des accidents qu'ils occasionnent quelquefois comme médicaments, ils seraient probablement toxiques à dose faible; mais nous manquons de faits.

5o PROTO ET BI-BROMURE DE MERCURE. Bromides mercureux et mercurique. Le proto est en poudre jaune verdâtre, insoluble dans l'eau et dans l'alcool; le deuto, cristallisé en aiguilles soyeuses, soluble dans l'eau, l'alcool, l'éther, fusible, volatil, d'une saveur âcre, styptique. Tous deux sont réductibles à chaud par la potasse en mercure et en bromure de potassium (Voyez ce sel ). Ils agissent probablement comme le proto et le bi-chlorure.

6 Sulfures de MERCURE. Le sulfure noir, composé de mercure et de bi-sulfure, est en poudre; le sulfure rouge, cinabre, en masses friables, composées d'aiguilles brillantes, d'un rouge violacé, ou rouge carmin lorsqu'il est en poudre (vermillon ). A chaud ces sulfures sont réduits par la potasse en mercure et sulfure de potassium ( voyez ce sel).

Appliqué sur le tissu cellulaire d'un chien ou ingéré dans l'estomac, le sulfure rouge du commerce en poudre est toxique en 2 ou 4 jours, à la dose de 2 à 8 grammes. La muquéuse gastrique offre des taches gangréneuses nombreuses et des ulcérations. D'après M. Devergie, ce composé mercuriel, bien lavé, serait sans action, mais il ne cite pas de faits à l'appui: ensuite Kramer a retiré du mercure du sang des animaux auxquels il avait administré le sulfure de mercure, ce qui indiquerait qu'il n'est point inerte.

70 SELS DE MERCURE. Il y a des proto et des deuto-sels. Ils sont décomposables par l'eau en sous-sels insolubles et en sels

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