Images de page
PDF
ePub

acides solubles. Les proto-sels précipitent, 1° en noir, par l'acide sulfhydrique; 20 en noir, par la potasse, l'ammoniaque; 3° en gris ou jaune-verdâtre, par l'iodure de potassium; 4o en blanc, par l'acide chlorhydrique, les chlorures solubles; 5 une lame de cuivre décapée, la pile de Smithson en déposent le mercure. Les deuto-sels offrent les mêmes réactions que le sublimé. Les proto et les deuto-sels sont décomposés dans un tube et donnent du mercure; les sulfates avec dégagement d'acidé sulfureux; les nitrates avec des vapeurs nitreuses; le sous-deuto-sulfate (turbith minéral) est jaune-citron. Le sous deuto-nitrate (turbith nitreux) jaune-canari. Tous deux sont transformés par un soluté de potasse en nitrate, sulfate de Potasse et en bi-oxyde de mercure. Les acétates, tartrates, etc., sont peu employés.

Les sels solubles de mercure, les nitrates surtout, sont aussi actifs que le sublimé et peuvent de même intoxiquer par leur application à l'extérieur. M. Breschet a vu le ptyalisme se déclarer, le lendemain du jour où il avait cautérisé, pour la première fois, le col de l'utérus, avec le nitrate acide de mercure. Ce sel, employé en frictions sur la cuisse et la hanche, en outre de son effet caustique, a déterminé une salivation. abondante, la suspension de la sécrétion urinaire pendant 5 jours, etc. Un homme de 70 ans avale une solution concentrée de nitrate acide de mercure : les principaux symptômes sont douleurs brûlantes dans la bouche et l'estomac, vomissements muqueux, déjections alvines, souplesse du ventre, mort en 2 heures et 1/2 (Rigsby). Un garçon boulanger, preud la valeur d'une cuillerée à thé d'un soluté de 7 p. de mercure dans 8 p. d'acide azotique, auquel il ajoute du verdet. Bientôt après, malaise, vomissements, selles fréquentes, douleurs atroces daus la bouche et le pharynx; hoquet violent et continuel; face pâle; anxiétés; extrémités froides; pouls petit, imperceptible; ventre relâché; lèvres livides; sensation de brulûre dans toute l'étendue du tube intestinal, surtout à la région épigastrique qui est tendue; mort en trois heures, sans trouble de l'intelligence. Autopsie, 12 heures après. Face bouffie, bleuàtre; langue rude, vésiquée à la partie postérieure, ainsi que l'é

piglotte, larynx et trachée-artère, rouges, injectés; pharynx d'un rose foncé, taché çà et là d'un rouge pourpre et de croûtes ou escarres dures, brunâtres, irrégulières, de la grosseur d'une fève. Mêmes lésions, à la partie inférieure de l'œsophage. Estomac presque vide, ses parois épaissies; la muqueuse, d'une teinte rosée foncée, offrait, dans la région cardiaque, des taches analogues à celles du pharynx, ou ramollies et réduites en pulpe brunâtre. Mêmes altérations dans le duodenum, mais à un degré moindre. Les intestins étaient d'un rouge terne à l'extérieur. Les autres viscères abdominaux et thorachiques sains. La tête n'a pas été ouverte.

*|

Ces faits démontrent que le nitrate acide de mercure est aussi actif et même plus que le sublimé, mais il faut faire la part de l'acide azotique. Quant aux autres sels mercuriels, ils sont probablement moins actifs, en raison de leur moins grande solubilité ou causticité. Les turbith nitreux etminéral agiraient peut-être comme le bi-oxyde s'ils ne sont plus actifs. Nous traiterons du cyanure aux préparations cyaniques.

Réflexions. Dans les recherches légales, ces composés mercuriels étant insolubles dans l'eau ou transformés, par ce liquide, en sous-sels insolubles, il sera facile, en raison de leur densité, de les isoler des dépôts des matières alimentaires, de la surface du tube intestinal, par des lavages, comme nous l'avons indiqué pour l'acide arsénieux. Mais, comme les préparations solubles sont précipitées par les matières organiques, forment avec elles des composés insolubles; que, d'après Kramer, le sulfure, préparation la plus insoluble, est absorbé; qu'enfin, d'après M. Mialhe, tout composé mercuriel est transformé en sublimé sous l'influence des chlorures alcalins, il faudra aussi agir sur les parties liquides et solides des aliments, sur le tube intestinal, sur le foie, la rate, les reins, les urines, etc., comme dans l'empoisonnement par le bi-chlorure de mercure. Car, d'après ce dernier chimiste, ce sel peut se rencontrer dans ces matières, dans ces organes, quoiqu'on ait administré toute autre préparation mercurielle. M. Miałhe a été conduit à cette théorie par le fait suivant.

Un médecin avait prescrit à un enfant 12 paquets composés chacun de 25 centigrammes de chlorhydrate d'ammoniaque, autant de sucre et 7 centigrammes 5 milligrammes de protochlorure de mercure. L'enfant succomba après avoir pris plusieurs de ces paquets. Le pharmacien fut accusé d'erreur; mais Peten Koffer démontra qu'il s'était formé du sublimé sous l'influence de deux chlorures et de l'eau. M. Mialhe a vérifié ce fait, et s'est assuré que les autres composés mercuriels étaient dans le même cas. Voici d'ailleurs le résultat de ses expériences. to Tous les mercuriaux solubles et insolubles (autres que le sublimé) sont transformés en bi-chlorure sous l'influence des chlorures alcalins, de sodium, de potassium, et surtout du chlorhydrate d'ammoniaque, de l'acide chlorhydrique, etc. L'air, l'oxygène favorisent, accélèrent, déterminent même quelquefois cette transformation. 2o La quantité de sublimé formée varie selon la nature du composé; elle est d'autant plus forte que la proportion du chlorure alcalin est plus considérable. Avec les préparations bi-oxydées, les cyanures, la transformation est complète, immédiate; avec les autres mercuriaux, elle n'est que partielle. Les proto-sels passent d'abord à l'état de proto-chlorure. 60 centigrammes (12 grains) de proto-chlorure, de proto-sulfate, d'acétate, de tartrate, donnent chacun environ 15 milligram. de bichlorure. Le proto-nitrate en fournit un peu moins. Le proto-iodure exige le contact de l'oxygène, et forme à peine autant de sublimé que le proto-chlorure. Le mercure qui en donne fort peu, exige aussi la présence de l'oxygène, une température un peu élevée et que le soluté de chlorure alcalin soit concentré. Il en est de même du sulfure. Le bi-oxyde en fournit à peu près 10 fois autant que le proto-chlorure; le bi-iodure encore plus; et le turbith nitreux, un peu moins. Dans ces réactions, l'oxygène de la préparation mercurielle oxyde le métal du chlorure alcalin, et le chlore se combine avec le mercure. Si c'est une préparation mercurielle non oxydée, l'oxygène est fourni par

l'air.

M. Mialhe a exécuté ces expériences dans des vases inertes.

Il pense que ces réactions s'opéreraient de même dans nos organes, par les chlorures qu'ils contiennent normalement ou qui proviennent des aliments, Douze heures après avoir déposé sur sa langue 6 décigrammes de proto-chlorure de mercure, une goutte de son urine filtrée, placée sur une lame de cuivre bien décapée, l'a argentée. Cette théorie peut être vraie, mais elle ne concorde pas toujours avec les faits pratiques, car une dose de proto-chlorure de mercure, insuffisante pour produire la quantité de sublimé donnée comme médicament, quelques frictions mercurielles, produisent l'hydrargyrie. Quoi qu'il en soit, toujours est-il que les préparations mercurielles insolubles, les moins susceptibles de subir cette transformation, sont absorbées, puisque Kramer a retiré du mercure du sang des animaux auxquels il avait donné le sulfure. D'après MM. Guibourt, Laroque, etc., les chlorures fixes de potassium, de sodium, de calcium, dissoudraient à froid le proto-chlorure de mercure et ne le transformeraient en sublimé qu'à chaud, tandis que l'hydro-chlorate d'ammoniaque posséderait cette dernière propriété à froid et à chaud. Les préparations mercurielles insolubles seraient donc absorbées par l'intermédiaire des chlorures alcalins, qu'elles soient ou non transformées en sublimé.

En résumé: 1o toute préparation mercurielle solide, chauffée dans un tube de verre avec de la potasse ou du flux noir, est décomposée en mercure, qui se condense en globules sur les parois du tube, et en chlorure, sulfure, iodure, bromure, sul-fate, nitrate de potasse, selon l'espèce de préparation; 2o toute préparation mercurielle liquide argente une lame de cuivre décapée, de laquelle on peut séparer le mercure par sublinia tion; 30 décéler les mercuriaux combinés avec les matières alimentaires, les tissus du tube intestinal, dans le foie, la rate, les reins, les urines, etc., après avoir détruit la matière organique par le procédé du chlore ou de l'acide sulfurique, il faut en précipiter le mercure par la lame de cuivre.

pour

[ocr errors]

Questions médico-légales.

Les empoisonnements criminels par les mercuriaux sont assez rares. Il serait en effet difficile de masquer la saveur désagréable des composés solubles, même par les matières alimentaires. C'est presque toujours par suicide et surtout par erreur qu'a lieu l'intoxication, et, ordinairement, parce que le médecin a prescrit, le pharmacien a donné du deuto pour du proto-chlorure de mercure. Cette erreur devient même assez souvent le sujet de discussions judiciaires; et, si tous les cas, cités par les journaux, étaient bien détaillés, bien circonstanciés, on pourrait en composer une bonne monographie toxicologique. Ajoutons enfin que les préparations mercurielles, par leur emploi dans les arts ou en médecine, peuvent donner lieu à des accidents plus ou moins graves, et devenir aussi le sujet d'une expertise légale. Les circonstances dans lesquelles le médecin est appelé à rapporter, les questions qu'il peut avoir à résoudre peuvent donc être très-variées et même quelquefois mettre sa sagacité en défaut.

A. Sans parler des cas ordinaires, ceux dans lesquels il faut constater le sublimé ou autre préparation soluble dans les aliments, nous ferons remarquer que quelquefois on ne trouve pas ces poisons dans la partie liquide des matières de l'estomac ; c'est ce qui est arrivé à Barruel, chez une femme qui s'était intoxiquée volontairement avec environ 12 gram. (3 gros) de sublimé. Il retira seulement du mercure des parties solides. La femme succomba en vingt et une heures, et l'autopsie fut pratiquée dix-sept heures après la mort. Dans l'observation XI, le docteur Taylor, chez une personne qui s'était empoisonnée en croquant 8 gram. (2 gros) de sublimé, n'a pu déceler ce poison ni dans la partie solide ni dans la partie liquide des matières de l'estomac, à l'aide de la petite pile. Les lésions du tube intestinal assez intenses, étaient si peu caractéristiques, que, dit-il, dans un cas criminel, par l'analyse et les altérations pathologiques, il eût été impossible d'affirmer qu'il y avait empoisonnement. Ces faits que le médecin expert ne doit pas

« PrécédentContinuer »