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pas besoin de faire remarquer que le traitement médical doit être secondé par le régime hygiénique: habitation dans un lieu un peu élevé, sec et chaud; vêtements secs ou de flanelle sur la peau, souvent renouvelés; un exercice convenable quand il est possible; une alimentation tonique, succulente et graduée selon l'état de la bouche, les forces du malade, etc. Tel est enfin le traitement qui nous paraît le plus convenable, en laissant à la sagacité du médecin l'opportunité de l'application de ces divers agents thérapeutiques.

EMPOISONNEMENT PAR LES PRÉPARATIONS CUIvreuses.

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Très-importantes à connaître, non qu'elles soient fréquemment employées comme poisons, mais parce qu'étant usitées dans les arts, servant d'ustensiles de cuisine, elles deviennent, assez souvent, la cause des accidents graves ou mortels. Le cuivre, les oxydes, les carbonates, les acétates, l'arsénite, le sulfate doivent nous occuper spécialement.

CUIVRE. Métal rougeâtre, brillant, ductile, rayable par les corps durs, d'une odeur particulière lorsqu'il est frotté. Fusible à 27o pyromet. Sa densité est de 8,788. 1o Il se dissout à froid dans l'acide azotique avec dégagement de vapeurs nitreuses; le soluté ou azotate de cuivre est verdâtre et offre les réactions des sels de cuivre. 20 Immergé dans un flacon complétement rempli d'ammoniaque et hermétiquement fermé, il s'y dissout en partie, forme de l'ammoniure de cuivre incolore, qui se colore en bleu au contact de l'air, en passant à l'état d'ammoniure de bi-oxyde.

Le cuivre conserve son éclat à l'air sec, dans l'eau distillée et l'eau ordinaire, lorsqu'il est complétement immergé dans ces liquides; il brunit à l'air humide, et, s'il est mouillé, passe à l'état de bi-oxyde carbonaté (verdet naturel). Les vases en cuivre, bien décapés, dans lesquels ont fait bouillir de l'eau, du lait, du café, du thé, de la bière, et même des matières grasses ou acides, ne seraient point attaqués, d'après quelques auteurs. Cependant, 2500 gram. de vin blanc, porté à l'ébul

lition dans une bassine en cuivre décapé, laissent, après évaporation, d'après Eller, un résidu pulvérulent, qui, dissous dans l'acide acétique, donne environ 1 gram. d'acétate de cuivre. Il a obtenu à peu près les mêmes résultats avec la même quantité d'eau, tenant en solution 130 gram. de sel commun; mais s'il ajoutait du bœuf, du lard, du poisson, la liqueur ne renfermait pas de cuivre; d'où Eller conclut que ces matières alimentaires annulent l'effet du chlorure de sodium sur le métal. M. Orfila, ayant répété cette dernière expérience, a constaté la présence du cuivre dans le bouillon, ainsi que dans le - bœuf. Il n'a pu même séparer complétement le cuivre du bœuf par l'ébullition dans l'eau; ce qui indiquerait qu'il y est en partie combiné. Il eût été important de s'assurer si cette viande était toxique. D'après lui, l'assertion d'Eller n'est exacte que lorsqu'on emploie peu de sel et beaucoup de viande. Il serait nécessaire de répéter ces expériences avec la plupart des aliments, des boissons, et d'autres sels neutres, de les vérifier, afin d'avoir des idées précises à cet égard. En admettant, ce qui n'est pas encore bien prouvé, que la plupart des matières alimentaires n'attaquent pas à chaud les vases de cuivre bien décapés, ou du moins, pas assez pour en rendre l'usage dangereux, il n'en est point ainsi, si on les laisse refroidir, si on les conserve dans ces vases; alors le cuivre passe à l'état de bioxyde, qui est entraîné ou dissous par les aliments, surtout 's'ils sont acides ou gras, et c'est ainsi que ces vases deviennent nuisibles. Ces notions chimiques recevront leur application toxicologique plus tard.

OXYDES DE CUIVRE. Le sous-oxyde ou oxyde brun est cette couche qui se forme sur le cuivre, par un séjour prolongé dans l'air humide. Le proto ou oxyde cuivreux anhydre est en poudre, de couleur chocolat, et d'un jaune rougcâtre, s'il est hydraté. Il passe à l'état de deutoxyde à l'air humide et se dissout dans l'acide chlorhydrique sans se bi-oxyder. Le deuto, ou oxyde cuivrique anhydre est en poudre noire, et d'un blanc bleuâtre lorsqu'il est hydraté. Ces trois oxydes sont : • insolubles dans l'eau et réductibles par le flux noir à une

température très-élevée; 2o solubles à froid dans l'acide azotique (les deux premiers avec dégagement de vapeurs nitreuses), et donnent un azotate de bi-oxyde qui offre les réactions cuivriques; 3° les sous et protoxyde se comportent avec l'ammoniaque comme le cuivre, tandis que le bi-oxyde donne, immédiatement, un ammoniure coloré en bleu.

CARBONATE DE CUIVRE. Il se produit accidentellement sous forme de taches bleuâtres sur les instruments, les ustensiles de cuivre, mouillés et exposés à l'air, et porte le nom de verdet artificiel. Le carbonate naturel est de forme variable et d'un vert plus ou moins foncé. Le bi-carbonate est verdâtre. Tous les trois possèdent les mêmes caractères chimiques que le bi-oxyde de cuivre hydraté, si ce n'est qu'ils font effervescence et dégagent de l'acide carbonique avec les acides.

PHOSPHATE DE CUIVRE. Le neutre est en poudre blancbleuâtre, indécomposable par la chaleur. L'eau le transforme en phosphate acide soluble et en sous-phosphate insoluble, qui se dissout dans les acides nitrique, chlorhydrique, etc., et donne des solutés vert-bleuâtres, offrant les caractères de sels de cuivre.

ACÉTATES DE CUIVRE. Le bi-oxyde de cuivre forme cinq composés salius avec l'acide acétique, dont deux surtout sont employés en médecine et dans les arts. 1o l'acétate neutre, verdet cristallisé, cristaux de venus, est en prismes rhomboïdaux, d'un vert émeraude. Il se couvre d'une efflorescence verdâtre et perd sa trausparence à l'air. 2o Le sous-acétate bi-basique, verdet, verdet-gris ou artificiel, est en plaques lamelleuses, mêlées à des fragments de cuivre, à des impnretés; mais, le plus souvent, dans les pharmacies, on le distribue en poudre blanc-beuâtre.

Ces deux acétates, chauffés dans un petit tube de vrre, se décomposent, dégagent des vapeurs blanches et vertes à odeur caractéristique d'acide acétique ou de vinaigre radical, laissent les parois du tube tapissées d'une couche cuivreuse, et, pour résidu, une poudre brun-marron, composée de protoxyde et de parcelles cuivreuses. L'expérience peut être faite dans la

cavité d'un charbon, et l'on peut, à l'aide du chalumeau, obtenir un petit culot de cuivre. L'acide sulfurique en dégage aussi l'acide acétique. L'acétate neutre est complétement soluble dans l'eau, le sous-acétate en partie seulement; si c'est à froid, il reste un dépôt blanc-bleuâtre (bi-oxyde de cuivre hydraté), et si c'est à chaud, une poudre noire (bi-oxyde de cuivre anhydre). Dans les deux cas le soluté est vert-bleuâtre et offre les réactious des sels de cuivre.

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SULFATE DE CUIVRE OU CUIVRIQUE, Couperose bleue, vitriol bleu ou de Chypre. En cristaux rhomboï laux ou en prismes quatre faces, d'un bleu-foncé brillant. Il s'effleurit à l'air et se couvre d'une poussière blanche. Chauffé dans un tube ou sur un charbon, il fond, se boursoufle, perd son eau de cristallisation, blanchit, dégage de l'acide sulfureux et se convertit en poudre noire (bi-oxyde de cuivre anhydre). Il se dissout dans quatre parties d'eau froide; son soluté est coloré en vertbleuâtre.

ARSENITE DE CUIVRE, vert de schéele, vert de schweinfurt: en poudre ou en petits carrés, d'un vert d'herbe plus ou moins foncé; insoluble dans l'eau, il fond sur les charbons ardents, dégage l'odeur alliacée, et laisse pour résidu un globule métallique d'un gris d'acier, cassant (alliage d'arsenic et de cuivre). Chauffé avec un soluté de potasse, il se décolore et ́donne un arsénite de potasse soluble qui, après filtration, offre toutes les réactions des solutés d'acide arsénieux, et un dépôt brunâtre de bi-oxyde de cuivre anhydre, qui, dissous dans un peu d'acide azotique ou acétique, offre la couleur et les réactions des sels de cuivre.

? Nous citerons encore, mais comme moins importants: 1o le nitrate cuivrique qui est en cristaux bleus, très déliquescent et très soluble dans l'eau: peu usité, il sert à composer les cendres bleues, formées, d'après Pelletier, d'hydrate de bioxyde de cuivre et de chaux carbonatée; 2° l'hydrochlorate de cuivre ou bi-chlorure qui est solidè et de couleur verte'; ·3o les sulfate, nitrate, etc. de cuivre ammoniacaux, l'ammóniure de bi-oxyde de cuivre, préparations ordinairement li

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quides d'un très-beau bleu, à odeur ammoniacale; elles dégagent cette odeur quand on les chauffe avec de la potasse, il se dépose du bi-oxyde de cuivre, et l'acide du sel reste combiné avec la potasse. Enfin le borate, l'oxalate etc., sont blanc-bleuâtres et insolubles.

Caractères chimiques des solutés de cuivre.

Les préparations cuivreuses sont solubles dans l'eau (sulfates, acétates, nitrates, chlorures, etc.), ou le deviennent par l'intermédiaire de l'acide nitrique (cuivre, oxydes, carbonates, phosphates, arsénites), leurs dissolutions, de couleur vertbleuâtre, ou d'un bleu plus ou moins foncé, ont une saveur styptique, cuivreuse, particulière, et offrent les réactions sui

vantes.

10 Acide sulfhydrique et sulfhydrates. Précipité brunnoir (sulfure de cuivre). Ces réactifs s'arrêtent à 1/60,000.

2o Potasse, soude, ammoniaque et leurs carbonates. Précipité blanc-bleuâtre (hydrate de bi-oxyde de cuivre), insoluble dans les deux premiers réactifs, soluble dans l'ammoniaque et son carbonate, auxquels, il donne une couleur d'un très-beau bleu, brillante (sel de cuivre ammoniacal). Pour obtenir ces deux caractères, ces derniers réactifs ne doivent être versés que peu à peu. Ils s'arrêtent à environ 1/14,000.

30 Cyanure jaune de potassium et de fer. Précipité brunmarron, insoluble dans l'acide chlorhydrique (cyanure de fer et de cuivre). Il s'arrête à 1180,000.

40 Une lame de fer bien décapée, plongée dans une dissolution cuivrique préalablement acidulée, se couvre d'une couche rougeâtre ou cuivreuse. On peut constater, aussi cette réaction en déposant une goutte du soluté sur une lame de fer, sur un couteau, un canif, une clef, aussi bien décapés, et non huileux. La réaction s'arrêterait, d'après M. Devergie, à 1/6,000. Cette estimation est probablement au-dessous de la vérité, car M. Orfila a trouvé ce réactif aussi délicat que le cyanure jaune de potassium et de fer. D'après M. Boutigny, on

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